Histoire d’un voyage faict en la terre du Brésil/Préface de l’éditeur


PRÉFACE DE L’ÉDITEUR


NOTICE BIOGRAPHIQUE.



JEAN de Léry naquit en 1534 à la Margelle, près de l’abbaye de Saint-Seine de Bourgogne. On ne connaît rien de ses premières années. Il appartenait sans doute à quelque famille de bourgeois, peut-être même de petits gentilshommes ; car ce sont eux qui, les premiers, embrassèrent la Réforme en Bourgogne, et les parents de Léry étaient dévoués aux idées nouvelles. On sait avec quelle rapidité se propagèrent ces opinions dans notre pays. La France semblait un pays prédestiné à la Réforme. Depuis longtemps l’Université et le Parlement attaquaient le despotisme pontifical et réclamaient l’établissement d’une Église nationale. Le roi François Ier ne s’était pas encore prononcé, mais il protégeait Rabelais et Marot ; il permettait à Calvin de lui dédier son Institution chrétienne ; sa sœur, Marguerite de Navarre, et plusieurs de ses courtisans professaient ouvertement la Réforme, et sa maîtresse, la duchesse d’Étampes, était soupçonnée d’hérésie. La nouvelle doctrine se propageait donc et s’organisait au grand jour. Il est vrai que la paix religieuse ne dura pas longtemps ; mais la persécution n’arrêta pas les progrès de la Réforme, surtout lorsque, aux portes de France, dans une cité qui venait de conquérir sa liberté politique, à Genève, Calvin fonda une sorte de théocratie démocratique et appela à lui tous les hommes de bonne volonté. Cet appel fut entendu. De France, d’Italie, d’Angleterre, d’Espagne et même de Pologne, accoururent de nombreux prosélytes. Genève devint comme la citadelle du protestantisme, et c’est à cette source brûlante de conviction et d’éloquence que vinrent puiser leurs inspirations d’ardents missionnaires, qui répandirent ensuite au loin la doctrine et les idées du maître.

Jean de Léry fut un de ces missionnaires. Tout jeune encore, il avait à peine dix-huit ans, nous le trouvons à Genève, attaché aux pas de Calvin, suivant ses cours de théologie et ses prédications. Un des écrivains qui ont laissé sur la vie de notre auteur quelques détails, malheureusement trop concis, Senebier, rapporte que Léry était déjà pasteur dès 1555. Mais il se trompe. Calvin ne lui aurait jamais confié à vingt et un ans, et dans une ville comme Genève, les importantes fonctions de pasteur. D’ailleurs Léry, dans sa Relation d’un voyage au Brésil, déclare expressément que les deux pasteurs chargés de la direction spirituelle de l’expédition dont il faisait partie se nommaient Richier et Chartier, et que lui, « tant pour la bonne volonté que Dieu lui avoit donnée dès lors de servir à sa gloire, que curieux de voir ce monde nouveau, fut de la partie ». En 1555, Léry n’était donc et ne pouvait être qu’étudiant en théologie. Il se préparait sans doute à consacrer à la prédication du nouvel Évangile l’ardeur et la foi qui débordaient en lui, mais il était trop jeune encore pour devenir un des acolytes du Réformateur.

Calvin lui fournit tout à coup l’occasion de rendre à la Réforme un service signalé. Le Conseil de la République venait de recevoir une lettre d’Amérique que lui adressait Durand de Villegaignon, chevalier de Malte, vice-amiral de Bretagne et fondateur d’une colonie française dans la rade où se bâtira plus tard Rio-de-Janeiro. Cet étrange personnage, après avoir rempli l’Europe et l’Afrique du bruit de ses exploits et de sa fatigante activité, tour à tour soldat vaillant, marin habile, ingénieur et diplomate, ne s’était-il pas avisé de créer une France américaine et d’y appeler, comme dans un champ d’asile, tous ceux de ses compatriotes qui voudraient jouir de la liberté de conscience, tout en restant fidèles à la métropole ? Les écrivains protestants ont affirmé que Villegaignon, en affichant ces sentiments de tolérance, n’avait cherché qu’à mieux abuser leurs coreligionnaires ; les écrivains catholiques ont prétendu que Villegaignon était sincère et voulait réellement accorder le libre exercice de leur culte à tous ceux qui répondraient à son appel. Toujours est-il que, moitié par désir de mieux connaître les doctrines nouvelles, moitié pour augmenter les ressources de la colonie en y introduisant des colons libres et intelligents, le vice-roi de la France antarctique écrivit directement à Calvin, qui avait été son condisciple à l’Université de Paris, et lui communiqua ses projets. Calvin accueillit avec empressement la demande imprévue de Villegaignon.

C'était pour lui une satisfaction d'amour-propre et un apaisement de conscience que de propager sa doctrine au nouveau monde par l'intermédiaire d'un chevalier de Malte. Il eut bientôt déterminé un ami particulier de Coligny, du Pont de Corguilleray, à conduire au Brésil, malgré son grand âge, la colonne génevoise. Deux ministres, Richier et Chartier, le suivirent. Avec eux s'enrôlèrent quatorze Génevois, parmi lesquels Jean de Léry, le futur historien de l'expédition.

Les diverses péripéties du voyage, l'accueil de Villegaignon, les premiers travaux et les premières disputes, les discussions théologiques et les dissentiments de tout genre, les hostilités déclarées, le départ des Génevois et le supplice de quatre d'entre eux, tous ces dramatiques épisodes sont racontés avec force détails dans la Relation. Nous ne pouvons que renvoyer le lecteur à cet intéressant ouvrage.

A peine débarqué en France, à la fin de 1558, Léry retourna aussitôt à Genève pour y achever ses études de théologie et recevoir l'imposition des mains. Bien qu'il eût profité de son séjour au Brésil pour ramasser de curieuses notes et observations, il ne songeait pas à publier le récit de son voyage ; mais, à la prière de l'avocat Jean Crespin, réfugié comme lui à Genève, qui préparait alors la réimpression de son fameux ouvrage : Histoire des martyrs persécutés & mis à mort pour la vérité de l'Evangile depuis le temps des apostres iusqu'à present, il rédigea une notice sur la Persécution des fidèles en la terre de l'Amérique. Cette notice est d'ordinaire attribuée à Crespin, mais elle fut réellement écrite par Léry, comme le prouve le passage suivant de son Voyage au Brésil : « La confession de foy de ces trois bons personnages fust enregistrée au catalogue de ceux qui, de nostre temps, ont constamment enduré la mort pour le tesmoignage de l'Evangile de ceste mesme année 1558. Ie la baillay à Iean Crespin, imprimeur ; lequel, avec la narration de la difficulté qu'ils eurent d'aborder en la terre des sauvages, aprez qu'ils nous eurent laissez, l'insera au livre des martyrs, auquel ie renvoie les lecteurs. »

Ce fut le premier ouvrage de Léry. Reçu bourgeois de Genève le 5 août 1560 et nommé pasteur, il fut alors envoyé à Belleville-sur-Saône, près de Lyon, pour y exercer ses nouvelles fonctions. À ce moment, la régente Catherine de Médicis semblait pencher vers le protestantisme. Elle mettait en liberté les détenus pour cause de religion, rappelait les bannis, faisait entrer Condé au Conseil et permettait à l’évêque de Valence « de prêcher devant le Roy sur tous les points, aussi clairement que s’il estoit en pleine Genève ». Tout donc semblait se préparer pour un changement de religion, et le chancelier de l’Hospital, par son édit de 1562, accordait aux calvinistes l’exercice légal de leur culte. Mais il était allé trop loin, ou du moins trop vite dans la voie des concessions : la masse du peuple était restée attachée à ses vieilles croyances, et le clergé gardait encore son influence. De plus, les protestants abusaient de leur triomphe. Ils s’imaginaient qu’il suffisait de forcer la main au Gouvernement pour qu’il se déclarât en leur faveur. À ces imprudentes provocations, les catholiques répondirent par le massacre de Vassy (1er mars 1562), et la première de nos huit guerres civiles commença.

Cette guerre mit en feu toutes nos provinces, surtout celles du Midi. « Il seroit impossible de vous dire, écrit un contemporain, quelles cruautés barbaresques sont commises de part & d’autre. Où le huguenot est maître, il ruine toutes les images, démolit les sépulcres & tombeaux, mesme celui des Roys, enlève tous les biens sacrés & voués aux églises. En contre échange de ce, le catholique tue, meurtrit, noye tous ceux qu'il connoît de ceste secte, & en regorgent les rivières. » A Belleville dominaient les protestants. Soutenus par le légendaire baron des Adrets, ils prirent plaisir à ravager et à détruire statues et églises. Leur fureur iconoclaste ne respecta même pas les souvenirs patriotiques. Calvin réprouvait ces exagérations. On a de lui une lettre aux pasteurs de Lyon, où il qualifie ces ravages de zèle inconsidéré. Léry partageait les opinions de son maître. De concert avec son collègue Flavard, il fit tous ses efforts pour épargner les églises catholiques de Belleville, lorsque les bandes du terrible baron des Adrets, après avoir démoli à Lyon les vénérables basiliques de Saint-Just et Saint-Irénée, et jeté au Rhône les reliques de cet apôtre des Gaules, se présentèrent à Belleville pour en saccager les édifices consacrés au culte catholique. Léry ne réussit pas à comprimer leurs fureurs et dut assister à la destruction des églises.

Lors de l'horrible tumulte qui suivit la guerre fratricide de 1562, nous perdons la trace de Léry. On sait pourtant qu'il retourna à Genève, sans doute après la conclusion de la paix d'Amboise (1563). Bien que sincèrement attaché à ses croyances, Léry n'était pas un fanatique. Sous prétexte de religion, tant d'horreurs avaient été commises de part et d'autre, qu'il était comme dégoûté de toute propagande. C'est à ces sentiments de lassitude et de découragement que nous devons sa Relation d'un voyage au Brésil. Il composa cet ouvrage, sur les instances de ses amis, dans les loisirs que lui laissa la paix d'Amboise ; mais il ne l'imprima pas tout de suite. Il avait, en effet, communiqué son manuscrit à l'un de ses amis, qui le lui renvoya par des serviteurs assez maladroits pour l'égarer. Léry fut obligé de recommencer son œuvre de souvenir, mais une sorte de fatalité s'acharnait après ce manuscrit. Il le perdit une seconde fois, et c'est en 1576 seulement qu'il rentra en possession de son premier manuscrit, qu'on retrouva à Lyon, et put enfin le publier.

Dans l'intervalle, Léry avait été nommé pasteur, d'abord à Nevers (novembre 1564), puis à La Charité. Nous ne savons rien de son ministère apostolique. Il assistait au synode de Nîmes en 1572. Lors de la Saint-Barthélemy, il était à La Charité, endormi, comme presque tous ses coreligionnaires, dans une fausse sécurité. Les odieuses scènes de Paris se répétèrent en province. La Charité ne fut pas épargnée. Dès la fin d'août, les Italiens du duc de Nevers surprenaient la ville et y égorgeaient vingt-deux protestants. Léry était une victime toute désignée. Il s'échappa par miracle, avec son collègue Pierre Melet, et trouva un refuge dans la forte place de Sancerre. « C'est là, comme il l'écrivit dans sa Relation du siége de Sancerre, que les poures fidèles des villes voisines, de Bourges, de La Charité, Gien, Orléans, & de plusieurs autres, après estre reschappez, comme povres brebis de la gueule des loups, s'y estoient retirez, pour eviter la furie de ceux qui avoyent executé leur rage plus que barbare sans aucun respect sur tous ceux qu'ils avoient peu atteindre. » Sancerre était alors une imposante citadelle. Ses habitants, dévoués à la Réforme, accueillirent avec empressement les fugitifs et se disposèrent à résister jusqu'à la dernière extrémité aux troupes catholiques. Les riches bourgeois auraient voulu se soumettre. Ils essayèrent même de livrer le château au gouverneur du Berry : mais les ouvriers, les vignerons et les fugitifs chassèrent les traîtres et se mirent ouvertement en insurrection. Le maréchal de la Chastre, à la tête de quelques milliers d'hommes, fut chargé de s'emparer de la petite ville, dont la résistance pouvait devenir contagieuse, et qui était comme un point de ralliement pour les protestants du Centre. Il la battit furieusement et tenta plusieurs assauts qui furent repoussés. Léry soutenait les courages et donnait l'exemple de la fermeté. Plus d'une fois son expérience servit aux assiégés. C'est lui qui leur apprit à se servir dans les corps de garde des hamacs brésiliens, où ils pouvaient se reposer sans quitter leur équipement. Le maréchal dut convertir le siège en blocus et attendre le succès final de l'épuisement des Sancerrois. En effet, la famine se déclara bientôt. Léry, qui, lors de son retour du Brésil, avait déjà éprouvé les horreurs de ce fléau, essaya de le conjurer. Il apprit aux défenseurs de la place à tromper leur faim en faisant bouillir le cuir de leurs chaussures. Tant d'efforts furent inutiles. Il fallut enfin capituler. Les conditions furent honorables. Le maréchal exigeait le démantèlement de la place et une rançon de 40,000 livres pour ses soldats, mais il garantissait la vie et les biens aux hommes, l'honneur aux femmes, la liberté de conscience à tous. La capitulation fut observée. Tous les réfugiés purent regagner paisiblement leur domicile. Léry reçut même une escorte d'honneur. « Le maréchal commanda au capitaine Fontaine de me mener seulement au lieu que i’avoys esleu, & luy rapporter nouvelles de moy. Ainsi doncques, le lendemain matin, ledict capitaine Fontaine… nous mena en toute seureté à Blet, lieu que i’avois choisi, au gouvernement de Monsieur de la Chastre pour me retirer. »

Ce fut le dernier acte de la vie militante de Léry. Il se retira ensuite à Genève, auprès du fils de l’amiral Gaspard de Coligny, et, tout en surveillant la réimpression des nombreuses éditions et les traductions de son livre, composa l’intéressante et dramatique Relation du siége de Sancerre. Il ne paraît pas être rentré en France, même après l’Édit de Nantes, mais il resta attaché de cœur à ses anciennes ouailles, car, en 1577, pendant la septième guerre de religion, lorsque le duc d’Anjou s’empara de La Charité, il composa peut-être, sous le voile de l’anonyme, le Discours du siége tenu devant La Charité, en 1577. En tout cas, le I. D. L., gentilhomme françois, qui signa ce livre, pourrait bien être Jean de Léry, ancien pasteur à La Charité, qui s’apitoyait sur les malheurs de ceux qu’il avait jadis essayé de guider dans la voie du salut.

Berne fut la dernière résidence de Léry. C’est dans cette ville qu’il mourut en 1611.


NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.


La première édition du livre que nous réimprimons porte le titre suivant : Histoire d'un voyage faict en la terre du Bresil, autrement dite Ameriques contenant la navigation & choses remarquables vues sur mer par l'auteur : le comportement de Villegagnon en ce pais là : les meurs & façons de vivre estranges des sauvages ameriquains : auec un colloque de leur langage : ensemble la description de plusieurs animaux, herbes & autres choses singulières ; & du tout inconnues par deça : dont on verra les sommaires dans les chapitres au commencement du livre. Le tout recueilli sur les lieux par Iean de Léry, natif de la Margelle, terre de Sainct-Sene, au duché de Bourgogne. A la Rochelle, par Antoine Chuppin. 1578. 1 vol. in-8, avec figures en bois, dont une est répétée.

M. Ternaux, dans son Catalogue d'ouvrages sur l'Amérique, cite une autre édition imprimée à Rouen la même année et dans le même format. Tout porte à croire que c'est le même ouvrage, avec une indication de lieu différente.

La seconde édition porte le même titre, avec ces mots en plus : Reveue, corrigée & bien augmentée en ceste seconde édition, tant de figures qu'autres choses notables sur le suiet de l'auteur. Elle fut imprimée à Genève pour Antoine Chuppin en 1580. C'est un volume petit in-8, qui comprend une préface de ij feuillets non numérotés, et 382 pages avec 8 planches, dont une répétée, plus une table des matières de 7 feuillets non numérotés. Certains exemplaires ne portent pas l'indication du lieu, ce qui semblerait indiquer au moins deux tirages. L'ouvrage de Léry est d'ordinaire suivi du Brief Discours & Histoire d'un voyage de quelques François à la Floride, etc., par Urbain Chauveton, opuscule de 104 pages numérotées à part. Cette addition au Léry n'est pas un caprice de collectionneur : elle se retrouve dans presque tous ceux des exemplaires de 1580 qui portent les mots : à Genève. Cette seconde édition est celle que nous avons reproduite, mais en ayant soin de noter au passage les additions et corrections. Elle est de beaucoup préférable à la précédente. L'imprimeur Chuppin en avertit soigneusement et naïvement le lecteur : « D'autant que l'auteur de cette histoire ne l'a pas seulement augmentée en plusieurs lieux, & enrichie de choses bien remarquables, & dignes de memoire, & mesme suyvant la promesse qu'il avoit faicte en sa preface, l'a ornée & embellie de figures en ceste seconde impression : mais aussi... il l'a outre cela si diligemment reveüe, corrigée & dressée, voire si bien esclairci les matieres qu'il traite en toutes les pages, que le tout ecrit ensemble... semblera comme une nouvelle histoire... i'ai voulu advertir tous ceux qui ont desià vu la premiere, que ceux qui ne sçavent encores que c'est qu'elle contient, ils y trouveront beaucoup plus de contentement qu'en la precédente. »

C'est probablement sur cette édition qu'a été faite la troisième. Genève. Antoine Chuppin. 1585. Petit in-8o avec figures. 34 feuillets préliminaires, 427 pages, plus 8 feuillets pour la table et les errata.

Nous en dirons autant pour l'édition de 1594, la quatrième. Genève. Pour les héritiers d'Eustache Vignon. Petit in-8o. 22 feuillets préliminaires, 382 pages de texte et 6 feuillets pour la table.

La cinquième édition est de 1599. Pour les héritiers d'Eustache Vignon. Petit in-8o de 36 feuillets préliminaires et 478 pages. Elle reproduit la précédente, mais est dédiée à Mme la princesse d’Orange. En la comparant à la deuxième édition, nous remarquerons qu’on y a ajouté un avertissement de l’auteur, retouché la préface et supprimé la table des matières.

La sixième édition est de 1600 et reproduit exactement la précédente.

La septième édition d’après Mensel, Bibliotheca historica (t. III, part. ll, p. 50), serait de 1677.

Les éditions postérieures, s’il en existe, ont échappé à nos recherches. Il semble que, depuis l’année 1667, on se soit contenté de reproduire par extraits l’œuvre de Léry. Nous en retrouvons des fragments, par exemple, dans le tome IV de la collection de Purchas, Pilgrims containing a history of the world in sea voyages and land travels by Englishmen and others ; et dans la collection intitulée Histoire des naufrages.

La Relation de Léry a été plusieurs fois traduite en latin. La première édition est de 1586. Historia navigationis in Brasiliam quæ & America dicitur. Genevœ, &c. E. Vignon. 1586. Petit in-8 avec figures. La seconde fut imprimée en 1594, toujours à Genève, et cette fois chez les héritiers d’Eustache Vignon. Elle présente quelques différences insignifiantes dans le titre. Nous avons encore trouvé mentionnées, mais sans pouvoir nous les procurer, deux éditions en 1600 et en 1642. La traduction latine la plus connue fut insérée dans la fameuse collection des Grands & des Petits Voyages, par Théodore de Bry. Francfort, 1592. 3me volume. En voici le texte exact : Navigatio in Brasiliam America, qua auctoris navigatio, quæ memoriæ prodenda in mari viderit, Brasiliensium vitius & mores a nostris valde alieni, animalia etiam, arbores, herbæ, reliqua singularia a nostris penitus incognita describuntur : adiectus insuper dialogus, eorum lingua conscriptus ; a Ioanne Lerio Burgundo gallice primum scripta, deinde latinitate donata. Variis autem figuris illustrata per Theodorum de Bry. Francofurti Venales reperiuntur in officina Theodori de Bry. Cette traduction n'est le plus souvent qu'une paraphrase : elle omet tout ce qui intéresse directement Villegaignon et la colonie française, et ne s'occupe que de généralités. Toutes les fois que l'auteur anonyme de cette traduction trouve le moyen de disserter sur tel ou tel passage des auteurs anciens qui se rapproche de Léry, il ne manque pas cette occasion d'étaler sa lourde et pédantesque érudition. Ce sont déjà les procédés de la science allemande.

Nous ne connaissons pas d'autre traduction de l’ouvrage de Léry, ou du moins nous n’en avons pas rencontré dans nos recherches à travers les bibliothèques de Paris et de la province.

La nouvelle édition, que nous présentons au public, est la reproduction intégrale de la seconde : mais nous avons pris soin de signaler les différences principales que nous avons remarquées dans les autres éditions, et nous avons cherché, par nos annotations historiques et géographiques, et nos rapprochements avec les principaux auteurs qui se sont occupés du Brésil, spécialement avec les contemporains de Léry, à compléter et à expliquer l’intéressante relation de celui qu’on a surnommé avec autant d’esprit que de raison le Montaigne des voyageurs.


Paul Gaffarel.      



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