Heures perdues/Aurea Mediocritas

Imprimerie générale A. Côté (p. 77-78).


AUREA MEDIOCRITAS


Quand l’homme d’état cherche, ô fardeau qui le ploie !
À combler du budget l’énorme déficit,
Moi, dans mon rôle obscur, je répète avec joie :
Deus hæc otia fecit !


Mais ce n’est pas le dieu d’Horace ou de Virgile,
Un mortel comme moi qui tombera demain.
Mon bonheur ne tient pas dans un vase fragile
Qui peut se briser dans ma main !



Je n’ai pas à courber le front devant Mécène.
Libre de tout souci, j’accomplis mon devoir
Sans jamais m’informer, en secouant ma chaîne,
Si mon œuvre plait au pouvoir.


Le Dieu qui m’a donné cette douce retraite,
Ce repos bienfaisant et ces graves loisirs
N’eut pour me rendre heureux, dans son œuvre discrète,
Qu’à borner un peu mes désirs.


Or voilà le secret du bonheur sur la terre.
Désirez peu ; la joie illumine vos fronts.
Plus que les vins mousseux l’eau du roc désaltère
La rude soif des vignerons !