Happe-Chair (Lemonnier)/Chapitre IX

Louis-Michaud (p. 87-96).
◄   VIII
X  ►



IX



L’hiver fut rude, cette année-là. Pendant deux semaines la neige tomba presque sans discontinuer. Huriaux, remis de sa male fièvre, partait dans la nuit, avant le chant des coqs, laissant Clarinette ramassée en boule dans la chaleur des draps, après avoir lui-même allumé le feu pour qu’elle ne gelât pas en quittant le lit. Tout l’automne, elle s’était levée en même temps que lui, se refaufilant sous les couvertures aussitôt après son départ ; mais maintenant il n’y avait plus moyen de la tirer de là : et plutôt que de l’entendre bougonner, les yeux éraillés, toute gourde de sommeil, c’était lui qui chargeait le poêle, moulait le café et passait l’eau sur le chausson. Chaque matin, il avait à se frayer un passage dans des neiges hautes de trois pieds, sous des tourmentes blanches qui lui fouettaient la face et les reins.

Au haut du versant, il s’arrêtait, respirait un bon coup, ayant dès lors pour se guider la rougeur de l’usine, avec l’éclaboussement de ses flammes dans les ténèbres pâles. Les bruits du laminoir montaient dans le sourd de l’atmosphère, émoussés mais distincts, parmi l’écrasant silence de mort où tout semblait enseveli. Et il lui semblait que le cri des passeurs, les commandements rauques des puddleurs à leurs fours, la chanson aigre des petits manœuvres agaillardis par l’approche du jour, toute cette rumeur de la pause de nuit tirant à sa fin lui arrivait des profondeurs d’un puits. Les toits de la chaudronnerie et des ateliers de machines s’enfonçaient en un vide blafard, tout blancs dans la blancheur des cours où des lanternes coulaient leur traînée rose ; du côté du hall seulement, une masse noire, énorme, soulignée par le feu, trouait la nuit. Chaque fois qu’un des fours béait, un tourbillon roux se ruait, toutes les ouvertures s’illuminaient à la fois comme des cratères, et des gerbes écarlates volaient par l’air, avec une réverbération brusque qui allumait la montagne.

Jacques calculait que dans un instant il serait rendu à destination : le cœur remonté, il dévalait la pente, lancé à grandes enjambées, roulait d’une haleine jusqu’à son creuset. C’est égal, on avait bon, après cette bataille dans la nuit, à écouvillonner sa sole, la peau mangée par le feu. Veste bas, les bras nus jusqu’aux épaules, il faisait jouer ses ringards d’une poigne ferme, alors que les autres, encore engourdis, avaient peine à se mettre en train. Et petit à petit un brouillard de clarté sale entrait par les issues, rasant le sol et laissant les voûtes dans une demi-nuit trouble : c’était un long crépuscule de douze heures pendant lequel on était obligé de garder la lumière électrique. Alors les projections vertes des lampes alternant avec les pâleurs grises du dehors, les figures sur les fonds se dressaient livides, comme des spectres.

Constamment les rafales chassaient à l’intérieur des volées de neige ; celles-ci passaient par les ouvertures mal bouchées et s’en venaient s’abattre le long de la ligne des fours ; quelquefois les hommes disparaissaient dans une trombe de fines poussières glacées. La plupart, d’ailleurs, dans ce terrible courant d’air du hall ajouré sur toutes ses faces, étaient raclés de vieilles toux qui les faisaient aboyer comme des chiens en d’horribles quintes époumonées. Chaque hiver, malgré sa vigueur, Huriaux avait la sienne, qui lui durait jusqu’à la pousse des feuilles. Son four étant plus mal exposé que les autres, il recevait les coups de vent en pleine nuque, tout aveuglé par les flocons qui grésillaient sur sa chair en feu, avec la sensation grièche de cuire dans un bain de glace. Sa balèvre s’était fendue d’une gerçure qui la coupait en deux comme une entaille de couteau ; la chair à vif saignait, irritée en outre par le charbon ; et il lui vint aussi une douleur sourde de rhumatisme qui lui cassait les bras à la hauteur des épaules. Il ne mollissait pas néanmoins, se raidissait contre la peine et, à l’heure où Clarinette là-bas se décidait enfin à quitter son lit, il avait abattu déjà ses deux charges.

Des jours entiers, blottie dans l’âtre près du poêle bourré à pleines pelletées, les mains presque toujours inactives, elle se consumait en un ennui lourd, avec des bâillements mornes, une stupeur de marmotte qu’elle amusait de grignotements de friandises.

Elle en vint à regretter presque cette vie à deux, toujours à deux, comme un verrou tiré sur les occasions de carrousse et de bombance. Mieux encore eût valu servir à la ville : on avait les dimanches pour rigoler, et quelquefois avec un peu d’entregent, on pinçait un bourgeois, qui vous collait des rentes. La grosse Didine, la fille du bouilleur Poret, dans une maison où elle était laveuse de vaisselle, avait débauché un vieux salaud de parent ; elle tenait, à présent, quelque part prés d’une église, dans une belle rue, un débit de cigares. C’était une gaillarde celle-là !

Autour d’eux vivaient une dizaine de ménages besogneux, le gros du hameau s’espaçant plus avant dans les champs. Huriaux s’était toujours bien accommodé de ce voisinage ; mais Clarinette, presque dès le début, s’était chamaillée pour des broutilles ; les femmes surtout lui en voulaient, la considérant comme une intruse dans leur coin de misère tranquille. Dans le vide des jours, toute seule au logis, elle se désola d’avoir quasi rompu avec tout ce petit monde ; rien qu’en franchissant le seuil, elle aurait trouvé à qui parler, au lieu de demeurer, comme elle le faisait, des heures entières à voir tomber la neige, derrière les vitres mates de buée. Elle finit par n’y plus tenir et, se souvenant qu’une des filles de la Raclou, la voisine la plus proche, faisait des journées de couture au village, elle se risqua un matin, alla frapper à leur porte. La mère Raclou la reçut d’un air rebours, la main sur le loquet, sans la faire entrer ; mais quand Clarinette lui eut dit qu’elle venait chercher pour des rapiéçages, elle se détendit. Justement la Flipine était sans travail, le mauvais temps la clouant à la maison : cette aubaine leur tombait à point.

— À vot’service, mame Huriaux, fit la vieille. V’là eune semaine qu’é’ s’mange les sangs à rin faire, l’cul dessus sa chaise. Et c’est pas pou’ lui dire des sottises, mais ça mange, des grands éfants comme ça !

Puis, se tournant vers l’escalier :

— Haï ! Flipine ! y a là mame Huriaux qu’é vint pou d’la couture.

— C’est bon, répondit une voix partie du haut. V’là qu’jarrive ! La Raclou avait avancé une chaise près du feu, et toutes deux, en attendant l’arrivée de la fille, parlaient de ce sacré hiver qui s’éternisait. La vieille se rappelait un autre hiver, celui de 68, qui avait gelé tous les arbres des routes, et où les hommes crevaient sur les chemins, comme des mouches. Son homme, à elle Clarinette, l’avait dur aussi tout de même, avec son métier de puddleur qui l’obligeait à détaler en pleine nuit. Et elle s’apitoyait sur sa condition, pleine d’admiration pour son caractère. Un si brave cœur ! Jamais saoul et qui gagnait de si grosses journées ! Ah ! ben oui, qu’on avait le droit d’être fière d’avoir mis la main sur un mari comme celui-là ! Clarinette approuvait de la tête, déclarait qu’il se serait ouvert les veines du corps plutôt que de lui refuser un plaisir ; malheureusement, il avait des manies, ses pinsons par exemple.

— C’est rin d’ça, m’chère, dit alors la mère Raclou, tant qu’i aura ses pinsons, i n’pensera nin au reste.

La Flipine qui descendait, mit fin à ces parlotes. C’était une grande fille de trente ans, plate, sans hanches, à tignasse rousse, la face plaquée d’éphélides, avec des yeux de chien à la chaîne sous d’épais sourcils rebroussés. Elle avait chaussé des sabots rembourrés de paille et tenait sous son bras son carreau de travail, une longue paire de ciseaux pendue à un cordon le long de son tablier.

— C’est ben honnête à vô, mame Huriaux, ed’venir m’quère par c’temps-là. On n’mettrait nin seulement un quin à l’porte.

Elles s’en allèrent ensemble dans le tourbillon des flocons, troussées jusqu’aux jarretières et les bas tout blancs de neige.

La Flipine s’extasia d’abord sur le luxe de la maison, admira surtout la pendule et le groupe de bergers. Puis Clarinette rechargea son feu, l’installa près de la fenêtre, posa devant elle, sur une chaise, un gros paquet de hardes. Sans perdre de temps, la tailleuse renversa son étui dans le creux de sa paume, en tira une aiguille qu’elle enfila, après avoir mouillé l’extrémité du fil, et se mit à l’ouvrage, courbée en deux, la tête presque sur ses genoux, dans le petit jour des vitres. Par moments elle geignait, les mains sur son ventre, se plaignant d’une colique qui ne la quittait pas depuis bientôt un an. Et Clarinette se rappelait une histoire qui avait couru sur son compte, une grossesse brusquement finie sans laisser de traces.

À midi, on prit le café et Flipine dévora à elle seule la moitié d’un pain, se rattrapant ainsi d’un coup du jeune forcé qui, depuis huit jours lui tordait les boyaux. Puis, dans l’après-midi, l’une et l’autre, reprises d’un besoin de manger, engloutirent le reste de la miche, les coudes sur la table, en un tête-à-tête de vieilles amies. La lampe allumée, la tailleuse se remit à ses aiguillées, s’interrompant seulement pour se passer les mains sur le ventre, toujours avec des lamentations à propos de sa colique. Quand la pendule sonna enfin six heures, Clarinette la renvoya, pour n’avoir pas d’explication à donner à Huriaux. Celui-ci, à sa rentrée, ayant demandé à Clarinette ce qu’elle avait fait pendant toute cette longue journée, elle lui montra comme sien le travail de la Flipine, avec une impudence gaie de tromperie.

Le lendemain, la tailleuse revint, puis les jours suivants, jusqu’à la fin de la semaine. La camaraderie avait grandi : Flipine continuait toutefois à l’appeler « mame Huriaux », par condescendance ; mais, à part cette nuance, elles s’étaient familiarisées l’une avec l’autre, au point de se raconter leur vie. Clarinette lui avait dit les polissonneries de l’usine, quand avec Phrasie, Dédèle et la Chalée, elles se cachaient derrière les palissades pour voir les hommes prendre leur bain, les gourmades constantes auxquelles elle avait été en butte chez son père, pourquoi la Félicité était allée vivre seule avec le fils de Cigognier, enfin sa connaissance avec Huriaux, sans omettre l’étourdissement qui, un jour, les avait côte à côte jetés dans les blés. Il ne lui était pas possible de garder un secret, même dans les affaires d’où sa considération dépendait, mettant un entrain d’impudeur à se déshabiller devant le monde, étalant les plaies de son existence avec une dépravation tranquille. Et, de son côté, Flipine ne demeura pas en reste de confidences : elle avait longtemps fréquenté « avec » un garçon boucher qui, après lui avoir promis le mariage, finalement l’avait plantée là, pour retourner dans son pays, quelque part en France, très loin. Depuis, elle en avait connu d’autres, mais aucun ne valait ce premier mâle, un beau gars avec des poings comme des marteaux. Elle avait fait son apprentissage à la ville, chez une grande couturière, une veuve qui recevait des vieux messieurs et qui l’avait renvoyée parce que l’un d’entre eux ayant voulu la caresser, elle s’était mise à pousser des cris. On est bête à treize ans : tout l’atelier ne l’était pas autant : elle se rappelait des petites dont les robes changeaient toujours. Quelquefois à présent, elle allait travailler dans les familles, à la ville ; le soir, avec une amie et son galant, on partait entendre au café-concert des machines comiques, chantées par des femmes décolletées.

Les commérages allaient ainsi leur train, alternés de petites lichées d’eau-de-vie ; souvent demi-grisées, elles passaient le temps à jouer aux cartes. Huriaux, lui, trouvait en rentrant la maison nette, chaque chose à sa place, sans aucune trace qui lui révélât le passage de la tailleuse.

Au bout de la huitaine, le dégel enfin fondit les neiges du plateau qui, sur toute son étendue, s’englua d’une boue molle, profonde, où les jambes s’empêtraient ; alors Clarinette n’y tint plus, se sentit le besoin de voir du monde. Toute légère, au sortir de sa morne hibernation, elle s’envola au Culot, sa robe retroussée par dessus son jupon de tiretaine, un gros parapluie à armature de cuivre sous le bras. La journée se passa en visites chez Zoé Piéfert, Philomène Simonard et la cousine Zébédé, prenant le café chez l’une, de la liqueur chez l’autre, et recommençant chez toutes les histoires qu’elle tenait de la Flipine. Quand elle sut que ce flot de saletés lui venait de la tailleuse, la grande Philomène, après s’en être grassement amusée, s’écria qu’elle eût à prendre attention à cette punaise, que c’était une mauvaise connaissance, et qu’elle n’entrait jamais dans les ménages que pour chiper leur homme aux femmes. Elle l’avait eue pendant trois jours chez elle, et tout le temps elle avait fait des agaceries à Simonard, tant que celui-ci en avait été dégoûté. Alors Clarinette écarquilla les yeux : elle n’aurait jamais cru cette souillon capable de ça ; d’ailleurs, quand à elle, ça lui était bien égal : elle était sûre de Jacques.

Elle acheva ses tournées par une station chez Malchair. Celui-ci se plaignit d’être délaissé, lui reparla du mobilier, enfin s’offrit à troquer, moyennant un supplément, le grotesque riflard qu’elle avait à la main contre un en-cas tout neuf à pomme d’agate. Mais elle hésitait, le parapluie ayant appartenu à la mère de Huriaux. Alors un homme de jolie mine, les cheveux plaqués à la capoul, avec une barbe finement frisée, qui s’appuyait du coude au comptoir, tête nue, une marmotte à échantillons étalée devant lui, se rapprocha, la bouche en croupion de poulet, et d’une voix graillonnante, lui vanta la marchandise. C’était une occasion : il s’y connaissait, lui-même ayant fait longtemps l’article ; jamais elle ne verrait la fin de son emplette. Malchair souriant, esquissa une présentation : c’était M. Ginginet, le voyageur d’une maison de Roubaix qui lui vendait ses toiles ; et comme l’homme à la marmotte s’inclinait cérémonieusement devant elle, toute rose de joues, un bout de calvitie à l’occiput, elle commença une salutation gauche, troublée par ses bonnes manières.

— Du moment que monsieur le dit…

Elle accepta le troc, tournée avec un rire gentil vers Ginginet, comme pour lui donner à entendre qu’elle prenait l’en-cas à cause de lui.

Cependant Malchair ne lâchait pas son idée du lit :

— Voyons, m’sieu Ginginet, c’est-il raisonnable ? J’offre toute une chambre à coucher à madame que voilà pour 300 francs, et elle me refuse.

Le compère eut une moue de surprise. Comment ! elle hésitait ! mais ça valait 350 francs au bas mot, et il palpait l’oreiller, poussait le lit sur ses roulettes, tout à coup se jeta sur le matelas qui enfonça sous le poids, lui offrant de se mettre à côté de lui pour juger de l’élasticité. C’est égal, elle n’était pas décidée ; elle repasserait dans quelques jours ; on en recauserait. Sur le point de s’en aller, elle tendit la main à Ginginet qui la serra fortement, comme à une ancienne connaissance, chuchotant dans un éternel sourire qu’il espérait bien la revoir. Comme elle tournait les talons, le patron de La Confiance la rattrapa, lui coula un cahier de papier dans la main, l’air paterne :

— C’est le petit compte, mame Huriaux. Un acompte me ferait plaisir.

Elle se rappela que depuis une semaine le tiroir était vide, le dernier argent ayant passé aux mains du boucher, qui avait menacé de couper le crédit ; et elle demeurait devant lui, interloquée, à chiffonner le cahier, les sourcils remontés par le saisissement.

— M’sieu Malchair, à combien qu’ça va, vot’note ? demanda-t-elle à la fin.

Il lui reprit le cahier des mains, lui établit une comptabilité à laquelle elle ne comprit rien, si ce n’est qu’elle lui devait plus de 250 francs, presque un mois des journées de son homme ! Jamais elle n’aurait cru sa dette montée à une telle somme ; et elle lui reparla de ses payements antérieurs. Deux fois le mois elle lui remettait la moitié de la quinzaine de Jacques, à peu près 50 francs, et l’avant-dernier mois, elle lui en avait remis 150.

Il n’en disconvenait pas, lui montrait à l’avoir le total des versements, mais rien qu’en épiceries, elle avait fait, depuis les six derniers mois, pour 300 francs d’achats, et son compte de bonbonaille s’élevait à 70 francs 65 centimes. Puis il y avait eu le chapeau, le châle, toute la toilette de noce ; et un doigt posé sur les chiffres, il lui détaillait chaque poste avec complaisance, la face fendue d’un large sourire aimable, allant d’une colonne à l’autre, le long des dix feuillets noirs d’écriture. Elle était atterrée, sans une parole sous cet écroulement de chiffres, ne sachant comment s’y prendre pour lui demander un délai nouveau. Lui la couvait de ses yeux ronds, devenus tout à coup très perçants, des yeux d’épervier qui tournoie au-dessus d’une proie ; et cette petite comédie de la facture n’ayant d’autre but que de la pousser à l’achat du mobilier, il lui fit une proposition :

— Voyons, mame Huriaux, n’vous chagrinez pas. C’est bien vrai que j’ai de gros paiements. Mais le père Malchair n’est pas un chien. Vous m’payerez 100 francs sur ma note au quinze du mois prochain et je vous laisserai du temps pour le reste. Seulement faudra prendre mon lit. Y a plus de dix personnes à qui j’ai refusé. J’voulais vous tenir parole. Na, est-ce gentil ?

Elle se crut sauvée, ne s’aperçut pas qu’elle s’engageait davantage, même remercia le marchand pour sa bonté. Malchair fit une grimace ambiguë. Ah ! oui, qu’il était bon, il ne savait rien refuser à ses clientes ; elle l’avait pour rien, son mobilier. Et, sur le point de rentrer dans sa boutique, il la rappela :

— Laissez-moi donc le petit compte, mame Huriaux. C’est pas la peine d’en commencer un nouveau, hein ?

Un brouillard gras, fumeux, était tombé sur les rues, toutes empouacrées de boue liquide dans la douceur de ce soir de dégel. Elle reprit le pavé qui la conduisait chez elle, inquiète de l’accueil que Huriaux ferait aux meubles, au fond heureuse de cette demi-violence de Malchair qui tout à coup l’obligeait à réaliser un désir toujours remis.