Hélika/La caverne des fées

Eusèbe Sénécal, imprimeur-éditeur (p. 98-106).

CHAPITRE XXI

la caverne des fées.


Ceux qui ont visité Ste. Anne de la Grande Anse n’ont pu s’empêcher de remarquer une montagne allongée de douze à quinze arpents qui se trouve à une petite distance du fleuve. Son dos s’arrondit mollement en se prolongeant ; elle n’est pas très élevée, mais assez pour que, du haut de son sommet, la vue domine le paysage magnifique qui l’environne.

Rien du plus agréable que de contempler son versant nord, boisé d’arbres variés et magnifiques. Des crêtes de rochers qui partent du haut et viennent jusqu’au bas vous représentent les cotes d’un immense cétacé dont la montagne a d’ailleurs l’apparence. L’une de ces crêtes présente vers le milieu un aspect plus âpre, plus hérissé. Elle a un pic qui domine les beaux arbres bordant les flancs de la montagne. Ce pic est aride et dénudé. Vers la partie ouest, il est coupé perpendiculairement. Il forme un contraste saisissant avec les autres bandes de rochers parallèles qui sont à demi cachés par une luxuriante végétation.

Depuis longtemps, les habitants de l’endroit m’assuraient qu’une caverne profonde, creusée dans ce pic, présentait dans son intérieur des dispositions tout à fait extraordinaires. Quelques-uns mêmes affirmaient, mais ceux-là, je suppose, n’étaient pas des plus hardis, que souvent des bruits étranges s’y faisaient entendre.

Je décidai un jour d’aller en faire l’examen. Je pris avec moi un de ceux qui l’avait déjà visitée et qui lui prêtait dans son imagination le caractère le plus féerique.

On y parvenait en gravissant une pente très abrupte. De grands arbres répandaient leur ombrage sur l’entrée spacieuse de la caverne. La chambre principale se trouvait éclairée par des fissures de la voûte à travers desquelles filtrait une douce lumière.

Au centre, une énorme pierre carrée à surface unie semblait représenter une table. Cinq ou six pierres échappées de la voûte, étaient disposées autour à la manière de tabourets. À deux pas plus loin une colonne de pierre, toute d’une pièce, s’élevait droite et perçait la voûte. Elle avait la forme des cheminées de nos habitations de campagne.

Cette caverne était divisée en plusieurs compartiments. Deux dans le fond étaient éclairés par les rayons du soleil qui y pénétraient par les ouvertures naturelles. Cette lumière donnait la vie aux petites fleurs qui en tapissaient les parois. Quelques vignes sauvages grimpaient le long des rochers, montaient jusqu’aux interstices et s’échappaient au dehors comme pour aller demander plus de sève au soleil.

À gauche, se trouvait une alcôve éclairée seulement par l’entrée. Au fond de cet alcôve et à angle droit on voyait un antre obscur, où il y avait un trou profond circulaire s’enfonçant tellement dans la montagne que j’essayai à le sonder avec une perche de dix-huit pieds sans aucun résultat. En approchant mon oreille de l’ouverture, j’entendis comme le bruit d’une forte chute d’eau.

Quelques années plus tard, lorsque je visitai la caverne, avec mon Adala à qui j’en avais parlé, l’intérieur en était complètement changé.

Des tremblements de terre avaient fait tomber une partie de la voûte. Ce n’était plus qu’une ruine de ce que j’avais vu.

Un jour, il y eut grand émoi dans le village. Deux hommes, en longeant le sentier au pied de la montagne, y avaient aperçu des flammes et une fumée qui s’en échappaient. On avait même vu deux ou trois ombres sur le sommet du rocher et ce ne pouvait être que des hommes. La frayeur était à son comble.

Des voisins vinrent le soir veiller chez moi, suivant leur habitude, et me racontèrent ce qui faisait le sujet de toutes les conversations.

Tous ceux qui fréquentaient ma maison étaient de braves gens doués d’un esprit sain et de la plus grande honnêteté, de plus d’un courage éprouvé.

Mais ce soir-là parmi eux se trouvait un autre homme qui, depuis trois à quatre jours, sous un prétexte ou sous un autre, venait me faire des visites fréquentes et fort assidues. Il habitait une cabane à quelque distance de chez moi. Elle était située sur la lisière immédiate des bois et aux pieds de ce qu’on appelait la Montagne Ronde.

Cette montagne est ainsi nommée parce qu’elle ressemble à un pain de sucre dont le sommet aurait été arrondi.

La renommée de cet individu était rien moins que recommandable. Les gens de l’endroit se disaient tout bas qu’il avait incendié plusieurs granges et qu’il ne vivait que de vols. À vrai dire, sa figure ne prévenait pas en sa faveur. Il avait un front bas et fuyant, d’épais sourcils où se joignaient ensemble et semblaient tirer au cordeau. Ses yeux étaient louches, ternes et sournois. Ils s’illuminaient quelquefois et jetaient alors un éclat fauve. Son nez aquilin se recourbait sur une bouche dont les lèvres étaient tellement minces qu’on les eut dites coupées comme une incision faite dans une feuille de papier. Lorsqu’il parlait, on pouvait voir quelques dents rares mais aiguës comme celles d’un serpent. Les muscles de la mâchoire inférieure présentaient à son angle un gonflement tel qu’en possède le tigre et tous les animaux féroces. Ce soir-là, il était en belle humeur et nous amusait par le récit d’un événement qui s’était passé chez lui dans la journée : Un fou était entré dans sa maison, y avait fait toutes les perquisitions possibles sous prétexte de chercher une poule qu’il disait avoir été dérobée et qui devait s’y trouver. Il s’était, parait-il, livré à mille extravagances tout en cherchant cette fameuse poule. Les excentricités du pauvre insensé telles que le « louche » ainsi nommerai-je l’individu, les rapportait, faisaient tordre de rire mes voisins.

Il en était au beau milieu de sa narration, lorsque la porte s’ouvrit. Un mendiant entra. Il se dirigea d’un pas délibéré vers la table, s’assit auprès, puis, tout en regardant l’assistance d’un air hébété, il demanda à manger en frappant du pied.

J’appelai la vieille indienne qui lui apporta de la nourriture. Il mangea avec avidité sans regarder personne. Lorsqu’il fut rassasié, il tira de sa poche une sale bouteille et alla en offrir un coup au louche, son plus proche voisin. Il y mit même beaucoup de persistance en le regardant fixement. Comme pour la forme seulement, il vint à moi, la bouteille à la main, fit mine de me la présenter et se plaçant de manière que la lumière se refléta sur sa figure, tout en tournant le dos aux autres, et mit un doigt sur sa bouche et me fit un clin d’œil.

Je tressaillis malgré moi ; si je l’avais pu je lui aurais sauté au cou. C’était mon brave ami, mon fidèle Baptiste pour moi seulement, pour les autres c’était le fou dont le louche nous entretenait à son arrivée.

Désappointé et comme insulté de ce que personne ne voulait prendre part à ses libations, il retourna auprès de la table et avala le contenu de sa bouteille. Dix minutes après, il était étendu sur le plancher tout auprès du louche et ronflait profondément.

Par complaisance je lui mis un oreiller sous la tête. Il ouvrit son œil intelligent ; me fit un nouveau clin d’œil en même temps qu’un signe imperceptible aux autres, d’observer le louche.

La conversation de ce dernier continuait intarissable sur le compte du fou.

Je compris que Baptiste nous ménageait quelque surprise. Effectivement pendant que le narrateur en était au plus beau de son récit, l’ivrogne, comme dans le milieu d’un rêve, d’une voix profondément avinée laissa échapper ces paroles : « J’ai vu l’ombre de ceux que j’ai tués, malheur ! »

À ces mots le louche s’arrêta et l’examina, mais le mendiant ronflait déjà. Sa narration continua avec moins d’entrain.

Néanmoins dix minutes après, de nouveaux souvenirs lui revenant, il recommença à parler et à rapporter encore des actions du fou lorsqu’un nom que celui-ci prononça attira mon attention : « Paulo est mort, c’était mon complice. » À ce nom, le louche, je ne savais pourquoi, fit un soubresaut comme s’il eût été piqué par une vipère. Je le vis pâlir et frissonner imperceptiblement, mais se remettant bientôt, d’un air dégagé, il alla prendre la chandelle sur la table et, tout en s’excusant, il l’approcha du mendiant et le regarda longtemps.

Celui-ci dormait du plus profond sommeil, un peu d’écume même lui sortait de la bouche. « Je pensais, dit-il, en posant la lumière à sa place, que le malheureux était malade, j’avais cru l’entendre se plaindre. »

Je remarquai toutefois que dès ce moment, le louche devint taciturne. Bien que l’heure ne fût pas très avancée, il nous souhaita le bonsoir et partit. Peu d’instants après son départ, le mendiant se leva et se traînant après les meubles, le jarret pliant, d’un pas titubant ; il se dirigea vers la porte fine je fus obligé de lui ouvrir tant il n’y voyait rien. À peine était-il dehors qu’on entendit le cri du merle siffleur. Bientôt après, le fou rentra en trébuchant, se recoucha, en peu d’instants ses ronflements sonores recommencèrent.

Mes voisins se retirèrent en nous disant bonne nuit à la vieille mère et à moi. Tout en allant les reconduire, je fermai les contrevents, pendant que ma vieille indienne Aglaous, éteignait les lumières trop vives. Elle aussi avait reconnu Baptiste, mais moi seul avait pu le remarquer sur sa figure.

Quand je rentrai, une entière transformation s’était faite chez le fou apparent. Il avait ôté sa perruque, fait disparaître une partie de ses haillons ; il causait familièrement avec l’Indienne et n’était pas plus ivre qu’un homme qui n’a bu que de l’eau. C’était aussi ce que contenait la bouteille.

Nous tombâmes dans les bras l’un de l’autre et après quelques informations, Baptiste s’empressa de me dire qu’il n’y avait aucun danger pour Adala du moins pour quelques jours.

Il me raconta le résultat de sa chasse à l’homme.

Depuis au-delà de huit mois qu’ils poursuivaient Paulo et son digne acolyte, il n’y avait eu que ruses et embûches des deux côtés. C’était à qui surprendrait et ne serait pas surpris.

Les deux scélérats avaient pris tous les moyens possibles pour que leurs traces ne fussent pas reconnues. Afin de faire perdre leurs pistes, ils avaient souvent monté et redescendu dans le cours des ruisseaux des distances considérables. Aussi les chasseurs eurent-ils bien du mal avant que de pouvoir les retrouver.

Enfin un jour, les sauvages se croyant à l’abri de toute poursuite avaient fait halte dans un endroit écarté pour prendre quelque nourriture, sans même avoir la précaution de dissimuler toute trace de passage.

Les Français et un trappeur canadien, qu’ils s’étaient adjoints, reconnaissaient par l’habitude de l’observation la piste d’un homme fut-il sauvage ou blanc.

D’ailleurs Paulo, qui avait perdu le gros doigt du pied gauche, imprimait sur le sol humide des marais une empreinte caractéristique.

Mes amis, en arrivant dans le lieu où le repas avait été pris, reconnurent d’une manière facile et certaine quels étaient ceux qui y avaient séjourné.

Dès ce moment, ils pouvaient les suivre plus aisément, connaissant la direction de leurs pas qu’ils ne prenaient plus même la peine de cacher.

Ils se dirigeaient évidemment vers un campement composé de sept sauvages renégats chassés de leurs tribus pour leur mauvaise conduite.

Il eût été difficile de trouver un homme plus énergique et plus déterminé que Baptiste. Les trois hommes de cœur qui l’accompagnaient étaient aussi braves que rusés. Leur nouvel associé s’appelait Bidoune.

Enfin, après une assez longue marche, ils arrivèrent auprès de ce campement et ils purent se convaincre que Paulo et son ami y étaient installés. Comme ils étaient sans défiance, Baptiste, avec des précautions infinies, réussit à s’approcher tout auprès et put saisir quelques mots de leur conversation.

Ils discutaient vivement un projet d’enlèvement analogue au premier. Paulo leur avait fait entrevoir quelle forte rançon le chef paierait pour le rachat de son enfant. Leur plan était tout mûri : à un moment donné, ils devaient se rejoindre chez le louche où des armes étaient déposées. C’est d’après ces renseignements que Baptiste avait cru devoir prendre le prétexte d’une poule perdue pour y faire des perquisitions.

Comme l’enlèvement était plus facile par le fleuve, un canot serait mis dans le voisinage dans lequel on embarquerait l’enfant pendant qu’une bande ferait en sorte d’attirer les poursuivants vers les bois.

Leur intention était de se diriger vers les îles de Kamouraska où ils se tiendraient cachés pendant une quinzaine de jours pour détourner les soupçons, puis ils se rejoindraient à l’Islot aux Massacres.

Ils devaient de plus incendier la demeure d’Hélika, saisir la vieille et le chef à qui, d’après les conventions, ils ne feraient aucun mal, les lier fortement tous les deux de manière à les mettre hors d’état de donner l’alarme.

Au récit de ce diabolique projet je voyais les yeux de l’Indienne briller comme des tisons ardents à l’idée des outrages que sa petite fille pourrait endurer parmi de tels brigands. Pour moi des transports de rage indicible me saisirent, d’un rude coup de poing je fis voler la table en éclats. Ah ! oui je sentais bien alors le sang de ma jeunesse se réveiller. Je voulais prendre mon fusil, courir au-devant d’eux et les tuer comme de misérables chiens enragés. La vieille mère aussi s’offrait de s’armer d’une carabine et de venir avec moi à leur rencontre. Tous les deux nous étions exaspérés, mais Baptiste plus calme réussit à nous tranquilliser.

Je lui demandai l’explication du cri du merle siffleur que nous avions entendu pendant sa sortie de la soirée. « Vous en saurez quelque chose demain matin, dit-il, l’invention n’est pas de moi, elle est du Gascon et du Normand. Soyez sans aucune inquiétude, nous veillons sur vous tous. »

L’étoile du matin allait paraître quand Baptiste, après nous avoir serré la main, se glissa sans bruit dans l’ombre comme s’il en eut été le génie.

Quelque temps après son départ et avant que le bedeau vint sonner l’angelus, vous eussiez pu voir un homme agenouillé sur les degrés du perron de l’église attendant en grande hâte qu’elle fut ouverte pour y entrer. Cet homme était tout défait. Sa figure était pâle et cadavéreuse. Il regardait de tous côtés d’un œil inquiet et inquisiteur. Lorsque le curé entra dans la sacristie pour dire la messe, il le supplia de vouloir bien le confesser.

C’est qu’en se rendant chez lui le soir, le louche, car c’était lui, avait vu et entendu des choses bien terribles.

Dans le sentier qu’il devait parcourir pour gagner son habitation, il passait à travers de grands arbres sombres et poussés entre deux rochers. Tout à coup, une boule de feu vint tomber à ses pieds. Il s’arrêta stupéfait, ses cheveux se dressèrent d’épouvante. À deux pas en face de lui, un être étrange, diabolique, ayant des yeux rouges, une bouche ouverte qui laissait apercevoir des dents de la longueur du doigt, était immobile au milieu du chemin. Il avait en guise de mains des pattes ressemblant à celles d’un ours avec des griffes beaucoup plus longues qui s’étendaient vers lui. Il put voir cette apparition à la lueur que jetait le globe de feu.

La tête du monstre était surmontée de deux cornes énormes.

Il entendit en même temps un bruit de chaînes. Il se tourna dans l’intention de rebrousser chemin, mais une seconde boule de feu tombait en arrière de lui. Un autre diable plus terrible encore, s’il était possible, que le premier, dont la bouche lançait des flammes, lui barrait le passage. Dans sa main, il tenait une fourche énorme tandis qu’au-dessus de sa tête, un troisième globe de feu roulait dans les airs en sifflant et laissait tomber sur lui une pluie d’étincelles.

« Le louche, dit le premier diable, dont la voix caverneuse ressemblait à s’y méprendre à celle des enfants des bords de la Garonne, Cadédious, mon bon, nous venons te chercher au nom de Satan. Tu as fait assez de mal comme cela, tu nous appartiens corps et âme. » L’autre voix en arrière reprenait : « Nous allons t’amener rejoindre Paulo en enfer, depuis une heure nous l’y avons conduit. » On entendait une autre voix avec un rire sec qui disait : « Nous allons en faire un fricot avec vous tous. » Puis les deux autres diables s’approchèrent de lui pendant que la boule de feu venait lui roussir les cheveux. Il allait s’affaisser lorsqu’il en ressentit la chaleur. Se signant à la hâte, il s’élança d’un bond prodigieux en avant d’un des diables qui effrayé sans doute par le signe de croix lui avait livré passage.

Il prit sa course, mais une course plus rapide que celle du meilleur lévrier, malheureusement les diables eux aussi courent fort vite et les boules de feu l’eurent bientôt rejoint, tantôt le précédant et le suivant. Pour les éviter, il faisait des sauts de bélier, poursuivi toujours par le même bruit de chaînes et les mêmes ricanements. Hors d’haleine, sentant ses jambes fléchir sous lui, il arriva enfin à sa cabane ; mais, à sa grande stupeur, elle était toute réduite en cendres. Il s’arrêta terrifié. Une détonation venant d’en haut lui fit lever les yeux. Il aperçut des globes de feu énormes et de toutes les couleurs qui menaçaient de lui tomber sur la tête. À cette vue, il reprit sa course désespérée poursuivi et toujours par les mêmes fanfares infernales.

Enfin à force de se signer et de recommander son âme à Dieu, il put faire disparaître tous les diables. Il gagna le village toujours en courant et alla se réfugier, comme on l’a vu, sur le perron de l’église.

Telle fut l’histoire qu’il raconta au bedeau et dont je donne ici le résumé.

Celui qui eût visité la caverne des fées le jour précédent aurait été étonné de voir le genre d’occupation auquel trois hommes se livraient.

Deux cousaient ensemble des morceaux d’écorce de bouleau percés de trous à l’endroit des yeux, de la bouche et ornés d’un nez énorme. De temps en temps, ils s’ajustaient ces masques sur la figure en riant de bon cœur à l’apparence qu’ils leur donnaient.

Bidoune, d’un autre côté, (car le lecteur a sans doute reconnu que la mascarade qui avait causé une si grande terreur au louche, était une pure invention du Gascon et de son ami pour débarrasser la paroisse de cet homme traître et méchant) adaptait au bout d’une perche un paquet d’étoupe. Des boules enduites de térébenthine étaient à côté de lui.

Tout en travaillant, on se distribuait les rôles. Bidonne devait grimper dans le haut d’un arbre pour lancer à point nommé la seconde boule préalablement enflammée. La première était réservée au Gascon qui la pousserait à coups de pieds en avant du louche pendant que Bidoune l’empêchait de retourner en arrière avec la sienne en poussant des rires homériques que le pauvre malheureux prenait pour des ricanements infernaux.

Il est inutile de dire que l’étoupe que Bidoune faisait jouer au bout de sa perche et qui laissait tomber des étincelles constituait le globe de feu venant des airs. Une simple figure avait produit la détonation.

La cabane avait été incendiée parce que Baptiste dans la recherche de sa poule y avait découvert les armes et les provisions nécessaires à l’enlèvement. Le canot, soigneusement caché dans les branches, les avirons, la hotte et des cordes y avaient été transportés et le tout avait brûlé ensemble.

Leur plan avait réussi, jamais le louche ne reparut dans ces endroits.

Les trois ombres de la Caverne des fées qui avaient causé tant d’effroi aux braves habitants de Ste. Anne, sont maintenant expliquées.