Guy Mannering, ou l’astrologue
Traduction par Albert Montémont.
Ménard (Œuvres de Walter Scott, volume 6p. 33-41).


CHAPITRE III.

L’HÉRITIER.


Les histoires de tous les âges ne racontent-elles pas des présages merveilleux, d’étranges événements arrivés dans les affaires du monde, vus d’avance par les astrologues, les devins, les chaldéens, les savants genethliacs, et ceux qui ont écrit les almanachs ?
Butler. Hudibras.


L’état de la maîtresse de la maison fut allégué à Mannering comme une excuse, d’abord de ce qu’elle ne paraissait point pour recevoir son hôte, ensuite de ce qu’on ne lui offrait point tout ce qui devait environner sa réception ; ce fut aussi un motif pour faire venir une bonne bouteille de vin d’extra.

« Je ne pourrai bien dormir, dit le laird avec les sentiments inquiets d’un père en un tel moment, que lorsque j’aurai appris que mon épouse est délivrée ; et si vous n’avez pas trop sommeil, monsieur, et si vous voulez faire à Dominie et à moi l’honneur de vous asseoir avec nous, je suis sûr que nous ne vous retiendrons pas bien tard. Luckie Howatson est très expéditive : c’est une jeune fille qui jadis fut dans la même position ; elle n’habitait pas loin de ces environs. Vous n’avez que faire de secouer la tête et de soupirer, Dominie : je suis sûr que les droits de l’Église ont été tous acquittés, et qu’est-ce qu’un homme peut faire de plus ? Et cela arriva avant qu’elle eût une chemise sur le corps, et l’homme qui l’a épousée depuis ne l’en estime pas une épingle de moins pour cette malheureuse aventure. Ils demeurent, monsieur Mannering, sur le bord de la mer, à Annan, et c’est un joli couple, bien rangé, avec six garçons aussi beaux que vous pourriez désirer en voir barboter dans une mare d’eau salée ; le petit Godfrey, qui a ses cheveux bouclés, c’est l’aîné, et qui vient très bien, comme je pourrais dire, est à bord d’un yacht de l’excise ; j’ai un cousin employé dans l’excise, c’est l’officier commissionné Bertram. Il a eu sa commission dans cette grande querelle pour le comté, dont vous devez avoir entendu parler, car elle fut discutée devant la chambre des communes ; et aujourd’hui j’aurais bien voté pour le laird de Balruddery ; mais, voyez-vous, mon père était un jacobite, et avait été dehors[1] avec Kenmore : aussi ne prêta-t-il jamais serment, et je ne sais pas bien comment cela se fit ; mais malgré tout ce que je pus faire et dire, ils me rayèrent de la liste, quoique mon agent, qui avait un vote sur mon bien, se fût mis du bon côté en donnant sa voix au vieux sir Thomas Rittlecourt. Mais, pour revenir à ce que je disais, Luckie Howatson est très expéditive ; car cette jeune fille… »

Ici les phrases décousues et à perte d’haleine du laird furent interrompues par la voix d’une personne qui montait l’escalier de la cuisine, et qui chantait à gorge déployée. Les hautes notes étaient trop aiguës pour un homme, les basses trop sonores pour une femme. Les paroles, autant que Mannering put les distinguer, semblaient être celles-ci :

Heureux moment, heure si désirée !
La dame est-elle délivrée ?
Fille ou garçon, n’importe, qu’à la fois
On lui donne une messe et maints signes de croix.

« C’est Meg Merrilies, l’Égyptienne, aussi sûr que je suis un pécheur, » dit M. Bertram. Dominie soupira profondément, décroisa ses jambes, ramena vers lui son gros pied mal fait qu’il avait avancé dans sa première posture, le plaça perpendiculairement, et étendit l’autre jambe par dessus, tout en lâchant deux énormes bouffées de fumée de tabac. « Pourquoi soupirer ainsi, Dominie ? Je suis sûr que Meg ne chante rien de mal.

— Ni rien de bon non plus, » répondit Dominie Sampson d’une voix dont la rudesse discordante était très en harmonie avec son extérieur bizarre. Ce furent les premiers mots que Mannering lui entendit prononcer ; et comme il avait cherché avec quelque curiosité à savoir si cet automate mangeant, buvant, se remuant et fumant, avait aussi le don de la parole, il fut très aise en entendant ces sons rauques sortir de sa bouche. Mais dans ce moment la porte s’ouvrit, et Meg Merrilies entra.

Sa vue fit tressaillir Mannering. Elle avait six pieds de haut[2], portait une redingote d’homme, d’un drap gris, par dessus ses autres vêtements, et tenait à la main un grand bâton de prunier ; son équipement, sous tous les rapports, si l’on en excepte ses jupons, lui donnait l’air plutôt d’un homme que d’une femme. Ses cheveux noirs en désordre, comme les serpents de la Gorgone, s’échappaient d’un chapeau à l’ancienne mode, appelé un bon grâce, et relevaient le singulier effet de ses traits rudes et ravagés par le temps, qu’ils cachaient en partie, tandis que son œil sauvage, roulant dans son orbite, indiquait une folie réelle ou affectée.

« Eh bien, Ellangowan, dit-elle, cela n’aurait-il pas été une belle chose, que milady eût été dans son lit, et moi à la foire de Drumshourloch, sans que j’en susse rien. Qui donc aurait écarté les mauvais esprits, je vous le demande ? Et les fées et les ogresses, qui les aurait éloignées du bel enfant ? grâces soient avec lui ! ou qui aurait dit le charme de sainte Colme pour lui ? le cher enfant ! » Et, sans attendre une réponse, elle commença à chanter :

Trèfle, herbe de Saint-Jean, anet, fraîche verveine,
Des sorciers font braver la haine,
Pourvu qu’au jour de Saint-André
On jeûne de plein gré.

Que saint Michel avec son glaive,
Que sainte Bride avec son rat,
Et sainte Colme avec son chat,
Satan, rendent ta force aussi vaine qu’un rêve !

Elle chanta ce charme d’une voix rude, et d’un ton haut et perçant, et fit trois cabrioles avec tant de vigueur et d’agilité, qu’elle toucha presque le plafond de la chambre ; elle ajouta : « Et maintenant, laird, ne me ferez-vous pas donner une tasse d’eau-de-vie ? — Vous l’aurez, Meg ; asseyez-vous là, contre la porte, et dites-nous les nouvelles que vous avez apprises à la foire de Drumshourloch. — Vrai, laird, vous y manquiez surtout, ainsi que des gens comme vous ; car il y avait, outre moi, quelques belles jeunes filles, et un diable pour leur faire des présents. — C’est bien, Meg ; et combien d’Égyptiens a-t-on envoyés à la Tolbooth[3] ? — Trois seulement, laird, car il n’y en avait pas davantage dans la foire, outre moi, comme je vous l’ai déjà dit : pour moi, je me suis sauvée, car il ne fait pas bon avoir affaire à des gens querelleurs. Et il y a Dunbog qui a chassé Red Rotten et John Young de ses terres ; malédiction sur lui ! Il n’est pas gentilhomme, il n’a pas une goutte de sang de gentilhomme dans les veines, sans cela il n’aurait point envié à de pauvres gens l’abri d’une misérable chaumière, ni les chardons de la grande route pour nourrir leurs ânes, et les écorces des bouleaux pourris pour faire bouillir leur parritch[4]. Mais il y a quelqu’un au-dessus de tout cela, et nous verrons si le coq rouge ne chante pas sur sa belle grange un matin avant le point du jour. — Silence, Meg, silence, il n’est point prudent de parler ainsi.— Que veut-elle dire ? demanda Mannering à Sampson à voix basse.

— Incendie, répondit le laconique Dominie. — Qui est-elle, que fait-elle, au nom de Dieu ? — Coureuse, voleuse, sorcière et Égyptienne, répondit Sampson. — Oh ! vraiment, laird, continua Meg Merrilies pendant cet a parte, ce n’est qu’à vous aussi qu’on peut ouvrir son cœur. Voyez-vous, on dit que Dunbog n’est pas plus gentilhomme que le manœuvre qui a bâti la belle maison de la plaine. Mais parlez-moi de vous, laird, voilà un véritable gentilhomme, depuis des siècles, et qui n’a jamais chassé de pauvres gens de ses terres comme s’ils étaient des chiens malades : aussi aucun de nos gens ne toucherait à ce qui vous appartient, quand même vous auriez autant de chapons qu’il y a de feuilles sur l’arbre du rendez-vous. Et maintenant, qu’un de vous mette là sa montre et me dise la minute exacte de la naissance de l’enfant, afin que je tire son horoscope. — Oui, Meg, mais nous n’avons pas besoin de votre secours, car voici un étudiant d’Oxford qui sait mieux que vous comment il faut tirer son horoscope ; il le fera en consultant les étoiles. — Certainement, monsieur, dit Mannering en entrant dans la bonne humeur de son hôte, je calculerai son thème de nativité suivant les règles de la triplicité, prescrites par Pythagore, Hippocrate, Dioclès et Avicenne. Ou je commencerai ab hora quœstionis, comme Haly, Messahala, Ganwehis et Guido Bonatus l’ont conseillé. »

Une des grandes recommandations de Sampson à la faveur de M. Bertram, était qu’il ne découvrait jamais les tentatives les plus grossières qu’on faisait pour lui en imposer, en sorte que le laird, dont les humbles efforts pour être plaisant se bornaient principalement à ce qu’on appelait alors bites et bams, et ce qu’on nomme aujourd’hui hoaxes et quizzes[5], avait le plus beau sujet de faire de l’esprit aux dépens de Dominie qui ne soupçonnait jamais rien. Il est vrai qu’il ne riait jamais, et ne se joignait point aux éclats de rire que sa simplicité faisait naître ; l’on dit même qu’il n’avait jamais ri qu’une fois dans sa vie, et dans cette mémorable occasion son hôtesse fit une fausse couche, causée en partie par la surprise qu’elle éprouva, et en partie par la frayeur que lui occasionnèrent les grimaces affreuses qui accompagnèrent ce rire inaccoutumé. Le seul effet que produisait sur ce taciturne personnage la découverte qu’on l’avait abusé, était de lui arracher cette exclamation : « Prodigieux ! » ou, « Très facétieux ! » qu’il prononçait syllabe par syllabe, mais sans remuer un muscle de sa figure.

Dans la présente occasion, il tourna son visage maigre du côté du jeune astrologue, et le regarda fixement comme s’il eût douté qu’il l’eût bien entendu répondre à la question de son patron.

« Je crains bien, monsieur, lui dit Mannering en se tournant aussi vers lui, que vous ne soyez une de ces malheureuses personnes qui, parce que leurs yeux aveugles ne peuvent pénétrer les sphères célestes et y découvrir les décrets du ciel pour l’avenir, ferment leur cœur à la conviction par préjugé et mépris.

— En vérité, monsieur, répondit Sampson, je pense avec sir Isaac Newton, chevalier et maître de l’hôtel des monnaies du roi, que la prétendue science de l’astrologie est à la fois vaine, frivole et trompeuse. » Après avoir prononcé cet oracle, ses lèvres se refermèrent.

« Réellement, reprit le voyageur, je suis fâché de voir un gentleman de votre instruction et de votre gravité dans un aveuglement aussi étrange et aussi profond. Vous osez opposer le court, le moderne, et je puis le dire, le commun nom d’Isaac Newton, à des noms d’une autorité aussi grande que ceux des Dariot, des Bonatus, des Ptolémée, des Haly, des Etzler, des Dieterick, des Naibod, des Harfurt, des Zaël, des Taustettor, des Agrippa, des Duretus, des Maginus, des Origène et des Argol. Les chrétiens et les païens, les juifs et les gentils, les poètes et les philosophes, ne s’accordent-ils point à reconnaître l’influence des astres ! — Communis error, c’est une méprise générale, répondit l’inflexible Dominie Sampson. — Non pas, répliqua le jeune Anglais, c’est une opinion générale et bien établie. — C’est la ressource des imposteurs, des charlatans et des fripons, dit Sampson. — Abusas non tollit usum ! L’abus d’une chose ne détruit pas le bon usage qu’on en peut faire. »

Durant cette discussion, Ellangowan était pris comme une bécasse dans son propre filet. Il regardait alternativement les deux interlocuteurs : en voyant la gravité avec laquelle Mannering attaquait son adversaire, et les connaissances qu’il déployait dans cette controverse, il commençait à croire qu’il agissait sérieusement. Pour Meg, elle fixait ses yeux égarés sur l’astrologue, influencée par un jargon plus mystérieux que le sien.

Mannering profita de ses avantages ; il accumula tous les termes bizarres de l’art que sa mémoire fidèle put lui fournir, et qui lui avaient été familiers dans sa première jeunesse, pour des raisons que nous mentionnerons ci-après.

Il parla des signes et des planètes dans leurs aspects sextiles, quaternaires, ternaires, conjoints ou opposés ; des demeures du ciel, avec leurs cornes, leurs heures et minutes ; il prononça les noms d’Almuten, d’Almochoden, d’Anahibazon, de Catahibazon ; il lança mille autres noms aussi barbares à prononcer et d’une égale signification, et trois fois autant encore, contre Dominie, qui ne reculait pas, et que son incrédulité obstinée mettait à l’abri de cet orage qui fondait sur lui.

À la fin, la joyeuse nouvelle que lady Bertram venait de donner un fils à son époux, et qu’elle était (comme on le dit toujours) aussi bien que son état le permettait, vint mettre fin à la discussion. M. Bertram se hâta de se rendre dans la chambre de son épouse, Meg Merrilies descendit à la cuisine pour être sûre d’avoir sa part du groaning malt et du ken-no[6]. Mannering, après avoir regardé à sa montre et noté avec une grande exactitude l’heure et la minute de la naissance, pria Dominie, avec la gravité convenable, de le conduire dans un endroit d’où il pût observer les corps célestes.

Le maître d’école, sans lui répondre, se leva, et ouvrit une porte à moitié masquée par une glace ; elle conduisait sur une terrasse à l’ancienne mode, derrière la maison moderne, et communiquait avec la plate-forme sur laquelle gisaient les ruines du vieux château. Le vent venait de s’élever ; il chassait devant lui les nuages qui obscurcissaient auparavant le ciel. La lune était levée et dans son plein, et tous les petits satellites brillaient dans un ciel sans nuages. La scène que leur lumière présentait aux yeux de Mannering était inattendue et frappante.

Nous avons dit que sur la fin de sa course le voyageur s’était approché du rivage de la mer, sans savoir à quelle distance il en était. Il voyait alors les ruines du château d’Ellangowan, situées sur un promontoire ou saillie de rocher, qui formait d’un côté une baie petite et sûre contre les flots de la mer. La maison moderne était placée plus bas, quoique tout près, et derrière elle le terrain descendait à la mer par une pente couverte de verdure, divisée en chaussées par des terrasses naturelles sur lesquelles étaient quelques vieux arbres, et qui aboutissait à la grève. L’autre côté de la baie, en face du vieux château, était un promontoire pittoresque couvert surtout de taillis, qui, sur cette côte favorisée, croissent presque dans la mer. La chaumière d’un pêcheur paraissait au milieu des arbres ; même à cette heure de la nuit où tout est comme dans le silence de la mort, on voyait çà et là des lumières s’agiter sur le rivage ; c’était probablement l’équipage du lougre[7] contrebandier de l’île de Man, qui était à l’ancre dans la baie. Lorsque la chandelle que Mannering tenait à la fenêtre fut aperçue du vaisseau, le cri de Gare le faucon[8] — ! attention à la lumière ! alarma ceux qui étaient sur le rivage, et les lumières disparurent à l’instant. Il était une heure après minuit, et la vue était magnifique de ce côté ; les vieilles tours grises du château ruiné, moitié conservées, moitié renversées, d’un côté portant les marques des ravages du temps et de la rouille, de l’autre couvertes en partie d’un manteau de lierre, s’étendaient le long du rocher obscur qui s’élevait à la droite de Mannering. Devant lui était la baie tranquille, dont les petites vagues brillantes étincelaient aux rayons de la lune, roulaient en ondes sinueuses à sa surface, et venaient, en bouillonnant avec un doux murmure, se briser sur le rivage boisé. À sa gauche, des forêts s’avançaient au loin dans l’Océan, se balançant et prenant à la clarté de la lune les formes les plus variées et les plus ondoyantes ; elles offraient cette variété d’ombre et de lumière, intéressant mélange de clairières et de taillis, sur lesquels l’œil aime à se reposer, charmé de ce qu’il voit, et curieux de pénétrer plus avant dans les détours de ces sites boisés. Au dessus de sa tête roulaient les planètes, chacune dans son orbite liquide de lumière, et distinguée par sa clarté des étoiles inférieures ou plus éloignées. L’imagination peut si étrangement abuser ceux-là même par la volonté desquels elle a été excitée, que Mannering, tout en regardant ces corps brillants, penchait presque entièrement à leur accorder l’influence que la superstition leur attribue sur les événements humains. Mais Mannering était un jeune amant, et il pouvait peut-être aussi lui-même être influencé par les sentiments si bien exprimés par un poète moderne :

La Fable est le berceau, le monde de l’Amour :
Talismans et férie embellissent sa cour ;
L’Amour se plaît à voir les esprits et les songea.
Comme des déités ou d’aimables mensonges.
Des poètes anciens les riches fictions,
La douce humanité de leurs religions,
La beauté, le pouvoir, la majesté suprême,
Qui peuplaient l’Hélicon ou les bois d’Acadème,
Les bords d’une fontaine ou bien des clairs ruisseaux,
Ou l’étendue immense et l’abîme des eaux :
Tout s’est évanoui ; tout, privé d’existence,
À peine occupe encor l’humaine intelligence.
Mais toujours le langage est un besoin du cœur.
Et des vieux noms revient le souvenir flatteur.
Des astres maintenant ils occupent la sphère,
Ces esprits et ces dieux qui partagent la terre
Avec l’atome humain comme avec un ami,
Et de ce ciel d’azur, découvert à demi,

Ils versent aux amants leur propice influence.
Aujourd’hui même encore, amusant l’espérance,
C’est Jupiter qui donne à l’homme la grandeur,
Et Vénus la beauté, la grâce et la candeur.

Ces réflexions donnèrent bientôt naissance à d’autres. « Hélas ! murmura-t-il, mon bon vieux précepteur, qui avait coutume de prendre tant de part aux disputes entre Heydon et Chambers au sujet de l’astrologie, aurait regardé cette scène avec d’autres yeux, et il aurait sérieusement essayé de découvrir, par la position de ces corps lumineux, leurs effets probables sur la destinée de l’enfant nouveau-né, comme si le cours ou les émanations des astres pouvaient dompter, ou au moins s’accorder avec les décrets de la divine Providence. Que le repos soit avec son âme ! il m’a donné assez de connaissances pour dresser un thème de nativité, et je veux m’en acquitter aujourd’hui. » À ces mots il nota la position des principaux corps planétaires et rentra dans la maison. Le laird revint dans le parloir, et lui annonça avec une grande joie que l’enfant était un beau et vigoureux petit garçon. Il paraissait disposé à rester plus long-temps à table. Mannering allégua sa fatigue ; cette excuse fut admise par le laird, qui le conduisit à la chambre où il devait passer la nuit.

  1. Aller dehors signifie prendre les armes pour les Stuarts. a. m.
  2. Le pied anglais n’est que de onze pouces de France. a. m.
  3. Nom des prisons en Écosse. a. m.
  4. Pudding d’avoine, mets fort commun en Écosse. a. m.
  5. Mots synonymes de mystification. a. m.
  6. Le groaning malt dont il est parlé dans le texte est de l’ale qu’on brasse exprès pour boire dès que l’accouchée est délivrée. Le ken-no a une origine plus ancienne, et peut-être cette coutume vient-elle des cérémonies secrètes des mystères de Bona Dea. Un énorme et excellent fromage est fait par les femmes de la maison, qui affectent an grand secret, pour le repas des commères qui attendent l’heureux moment. Tel est le ken-no, ainsi appelé parce que (on le présume ainsi) son existence doit être secrète pour tous les hommes de la maison, et surtout pour le mari et le maître. Il devait donc se conduire comme s’il n’en savait rien, et sembler désirer que les convives femelles allassent se mettre à table, et paraître surpris de leur refus obstiné. Mais à peine avait-il le dos tourné que l’on apportait le ken-no ; et après qu’on s’en était rassasié en l’arrosant convenablement de groaning malt, le reste était partagé entre les commères, et chacune emportait sa part chez elle en affectant le même secret.
    (Groaning malt signifie drèche des gémissements, et ken-no, je ne sais pas : deux noms tirés de la cérémonie pour laquelle ils étaient préparés.a. m.).
  7. Espèce de bâtiment marchand. a. m.
  8. Ware hawk, ce qui répond à Garde à vous ! a. m.