C. O. Beauchemin et Fils (p. 83-93).

CHAPITRE X

la saint-barthélemy. l’inquisition d’espagne.


Le lendemain sur les neuf heures, le vapeur s’échouait de nouveau. Les passagers découragés virent qu’ils n’avaient de mieux à faire qu’à se former par groupes, les uns pour faire la partie de cartes ou de dominos, d’autres pour parler de nouvelles ou de politique. Un cercle d’amis, composé de dames et de messieurs, s’amusait au salon.

M. Lewis, qui était avec ces derniers, se mit à dire :

— Nous voilà arrivés dans un temps bien critique ; un ministre distingué du nom de Dumont donnait une conférence publique sur le « Catholicisme romain, » lorsqu’un des auditeurs catholiques se permit de le démentir hautement devant tout l’auditoire.

— Honte ! honte ! quelle audace ! s’écrièrent plusieurs.

— Oui, reprend M. Lewis, nous avons besoin de veiller et de combattre cette secte qui s’implante trop rapidement parmi nous ; mais, changement de propos, j’ai appris que ce M. Dumont s’était embarqué sur un des vapeurs de cette ligne pour se rendre à Saint-Louis : j’aurais été heureux d’être sur le même vapeur pour faire sa connaissance.

— Et moi, dit vivement M. Dumont, qui n’était qu’à quelques pas, je serai flatté de savoir à qui j’ai l’honneur de m’adresser ; je suis ce missionnaire dont vous venez de parler.

Je suis vraiment heureux de faire votre connaissance, dit M. Lewis en lui donnant une chaleureuse poignée de mains, mon nom est Lewis. Veuillez me permettre de vous présenter à ces dames et messieurs.

Après avoir salué, M. Lewis reprend :

— Connaissez-vous ce jeune homme qui discutait avec vous hier ? il m’a paru plein de connaissances en fait de religion.

— Ce jeune homme est mon fils, répond M. Dumont.

— Ah ! votre fils est donc catholique ?

— Oui, monsieur, je regrette d’être obligé de l’avouer, mais il n’y a pas de ma faute, il a été élevé par mes parents de Montréal qui sont catholiques ; il n’y a que deux ans qu’il est avec moi.

— Je comprends, il est jeune encore ; à présent qu’il est avec vous, il renoncera à ses erreurs avant longtemps.

— Je vous assure que je fais tout en mon pouvoir pour le convertir.

— Je n’en doute pas, Dieu bénira vos efforts ; mais veuillez donc nous le présenter.

M. Dumont ayant fait venir Gustave, le présenta aux personnes réunies.

— Veuillez donc nous raconter ce qui s’est passé lors de la conférence donnée par votre digne père dernièrement, dit M. Lewis, en s’adressant à Gustave ; nous étions justement à parler de cette affaire avant d’avoir eu le plaisir de faire votre connaissance.

— J’aimerais bien vous satisfaire, dit Gustave, mais, comme elle me rappelle un souvenir où j’ai pris une part que vous n’approuvez pas peut-être, vous voudrez bien m’excuser.

— Au contraire, dit M. Lewis, vous avez, en compagnie de votre aimable sœur, fait une belle et noble action en protégeant un vieillard menacé ; j’ajouterai que je suis loin d’approuver une société dont le but est hostile envers qui que ce soit ; cependant la conduite des catholiques, et surtout de ce vieillard dans cette affaire, est tout à fait contraire à la dignité d’un bon citoyen et d’un bon chrétien.

— Permettez-moi une question, monsieur, dit Gustave ; que feriez vous si un prêtre se permettait d’insulter votre épouse et vos filles dans une salle publique ?

— J’avoue que je protesterais afin de maintenir leur honneur et le mien.

— Et en cela, vous useriez de votre droit, n’est-ce pas ?

— Oui, oui, s’écrièrent plusieurs.

— On serait porté à croire que vous êtes catholique vous-même, par la chaleur que vous mettez à prendre leur défense, dit un des passagers, qui venait d’approcher ; cependant, l’intelligence et l’éducation dont vous faites preuve nous disent que vous ne pouvez appartenir à cette secte.

— Si j’ai de l’intelligence et de l’éducation, monsieur, dit Gustave avec fermeté, c’est dans le catholicisme que je les ai puisées, et je me glorifie d’être un de ses membres.

— Vous ne nierez pas toutefois, reprit le même interlocuteur, que les protestants sont de beaucoup supérieurs aux catholiques, et vous conviendrez que la plupart des catholiques sont ignorants et superstitieux.

— Et en quoi consiste cette supériorité des protestants sur les catholiques ? Est-ce parce qu’il va beaucoup de pauvres parmi eux ? L’ouvrier protestant l’emporte-t-il sur l’ouvrier catholique ? Dites-moi aussi, quelle est la nation qui a atteint le plus haut degré dans les sciences et les lettres ? N’est-ce pas la France catholique ? N’est-ce pas vers ce pays que se dirige celui qui veut parachever son éducation ? N’est-ce pas la France qui a toujours tenu et tient encore le haut de l’échelle intellectuelle ? N’est-ce pas à Rome, siège de la catholicité, que l’artiste peintre ou sculpteur va étudier afin d’immortaliser son nom ? Qui a fait les beaux monuments et les modèles inimitables d’architecture ancienne et moderne ? Ne sont-ce pas des catholiques ? De plus, je vous dirai que ce n’est pas la première fois que cette remarque m’a été faite, et cette opinion sur les catholiques paraît être générale parmi vous.

Ce qui m’étonne le plus chez vous, Américains, chez un peuple aussi remarquable par la régularité de sa vie, son hospitalité, son caractère doux et affable, ses manières distinguées et son amour pour la religion, un peuple, dis-je, qui donne les mêmes avantages au pauvre qu’au plus aisé, et qui est si jaloux de sa « liberté de jugement » en ce qui regarde le spirituel ; c’est de voir chez ce même peuple cette haine chez les uns et cette antipathie chez les autres, pour tout ce qui est catholique. Pour lui, le catholicisme est une horreur, une infamie qui ne devrait pas exister.

— N’a-t-on pas raison de désirer qu’il en soit ainsi ? dit M. Lewis ; n’est-ce pas ce que le papisme mérite ?

— Pourquoi donc ? reprit Gustave, que trouvez-vous de si horrible dans le catholicisme ?

— Vous m’étonnez, dit M. Lewis ; comprenez-moi bien, je ne veux pas parler du catholique, mais de l’Église papiste. N’avez-vous pas lu assez pour connaître toutes les atrocités commises par cette Église, la terreur qu’elle a répandue parmi les peuples qu’elle a gouvernés ? Ne voyez-vous point dans les récits que nous ont laissés nos pères, que cette Église est la fille de Satan, que le Pape est cet antéchrist annoncé par saint Paul ? N’est-ce pas elle qui a provoqué le massacre de la Saint-Barthélemy, les dragonnades des Cévennes et l’inquisition d’Espagne ? Ces faits seuls suffisent pour nous faire rejeter cette Église avec horreur et désirer son anéantissement complet.

— Pour mieux vous répondre, dit Gustave, j’aurai recours à un exemple, et je vous choisirai pour les principaux acteurs, si vous voulez me le permettre.

— Certainement, parlez, dirent plusieurs personnes désireuses de savoir ce qu’il pouvait répondre à ces graves accusations.

— Messieurs, dit Gustave, je vois ici un tribunal devant lequel je comparais comme un grand coupable ; vous, messieurs qui m’avez interrogé, êtes le juge, et vous tous qui m’entourez, êtes les témoins ; jusqu’à présent tous les témoins ont déposé contre moi, en m’accusant de tous les crimes possibles, et en ont jeté sur moi tout l’odieux et la responsabilité.

Ceux qui pourraient prouver mon innocence, ont reçu la défense de parler et même de se présenter, car témoins et juge ont juré ma perte ; rien n’a été oublié et tout a été mis en œuvre pour parvenir à ce but. J’ai beau protester, en appeler à la loyauté du juge, tout est inutile, je n’obtiens que la risée et la moquerie. Enfin la sentence est prononcée, je subis la peine réservée aux criminels. Eh bien ! mesdames et messieurs, je vous le demande, cette manière d’agir est-elle en conformité avec vos principes ? Approuveriez-vous un pareil procédé ?

— Non, non, répondirent plusieurs : ce ne serait pas juste.

— Cependant, dit Gustave, n’est-ce pas ce que vous venez de faire vous-mêmes ? Ne venez-vous pas de faire le procès de l’Église catholique ? N’avez-vous pas tous déposé contre elle en l’accusant de tous les crimes ? Ne l’avez-vous pas condamnée en désirant son anéantissement ?

— Arrêtez, jeune homme, dit M. Lewis avec émotion ; nous ne sommes pas les accusateurs ou les juges dans ce procès, nous répétons seulement ce que les historiens, qui devaient savoir mieux que vous ou moi, ont écrit en exposant les faits tels qu’ils se sont passés lorsque cette Église dominait sur la plupart des nations.

— Ce que ce jeune homme vient de dire est de toute vérité, dit M. Fairman, qui jusque-là avait laissé à Gustave la tâche de se défendre ; je sais très bien que vos pères vous ont nourris, dès votre enfance, de la lecture d’écrits faits par de certains historiens ou écrivains hostiles et intéressés à la perte du catholicisme. Voilà ce qui explique la bonne opinion que vous avez des catholiques et de leur Église.

— Notre opinion se base sur des faits, dit M. Lewis : il nous a suffi d’étudier les grands auteurs qui ont mis cette Église sous son vrai jour ; Joseph Milner, Jewel, Luther, Calvin, etc., s’accordent tous et nous démontrent que cette Église est tombée dans les erreurs les plus graves.

— Permettez-moi de vous dire, répondit M. Fairman, que les plus grands historiens, même protestants, tels que Gibbon, Leibnitz, Cobbett, Mosheim, Coleridge et autres, qui ont écrit l’histoire avec exactitude et sans trop de préjugés, nous démontrent clairement que des hommes hostiles à une Église qu’ils avaient abandonnée, parce qu’ils n’avaient pu obtenir les places et les honneurs qu’ils convoitaient, ont voulu se venger d’elle, en lui attribuant tous, les vices dont ils étaient esclaves eux-mêmes, et en jetant sur elle la responsabilité de tous les actes sanglants et malheureux commis par des rois et des princes cruels, uniquement parce que ces derniers étaient catholiques. Je ne vous demande pas de me croire, mais pour bien juger, il faut entendre les deux côtés ; vous en connaissez un, il vous faut connaître l’autre ; étudiez ces grands auteurs protestants, et quelques catholiques non moins renommés, et vous pourrez alors juger avec connaissance de cause, et surtout vous pourrez rendre justice.

— Mais à quoi nous servirait de lire ou d’étudier ces auteurs ? dit M. Lewis, le massacre de la Saint-Barthélemy, les dragonnades des Cévennes et l’inquisition d’Espagne sont autant de faits véridiques qui n’ont jamais été réfutés. Ne prouvent-ils pas que cette Église n’est pas de Dieu, qui n’approuve pas de telles atrocités ? De plus, vous ne pourrez jamais justifier sa conduite.

— N’aggravez donc pas votre position, en renouvelant des accusations fausses portées contre l’Église catholique. N’est-il pas reconnu aujourd’hui par tous les gens instruits, que le massacre de la Saint-Barthélemy fut un fait politique ? l’histoire ne le démontre-t-elle pas comme tel ? Voici ce qu’elle raconte :

Les protestants se rebellaient contre l’autorité royale ; Charles IX et sa mère (l’orgueilleuse Catherine de Médicis) étaient menacés dans leur vie et leur liberté par la conspiration d’Amboise ; ils se voyaient obligés de fuir devant la conjuration de Meaux. Poussée à bout, la reine voulut se débarrasser des rebelles ; elle profita de l’exaltation religieuse qui régnait alors en France, pour ordonner ce massacre.

La religion fut donc un prétexte, mais non pas la cause de ce fait regrettable, que pas un catholique n’approuve.

— Attendez, dit M. Lewis en l’interrompant, si votre Église n’avait pas approuvé ce massacre, le Pape n’aurait pas chanté lui-même, et fait chanter ailleurs, un « Te Deum » en actions de grâces.

— N’est-il pas également reconnu, dit M. Fairman, que si le Pape a fait chanter un « Te Deum, » c’est parce qu’il a été trompé ? Ne lui avait-on pas dit seulement que le roi et sa mère venaient d’échapper à un grand danger ? N’est-il pas aussi reconnu que les dragonnades des Cévennes furent un fait politique de Louis XIV ? Tout homme instruit ne sait-il pas que l’Église catholique était loin d’approuver les violences et les cruautés commises par les dragons de ce roi, qui outrepassèrent de beaucoup les ordres de leur maître ? Certes, les huguenots n’en ont pas cédé à leurs adversaires. Combien de couvents, d’églises et de villages n’ont-ils pas dévastés, pillés et brûlés, lorsqu’ils le pouvaient ? Combien de prêtres et de religieuses n’ont-ils pas massacrés ? Si vous avez lu l’histoire, vous devez savoir que les dragons du roi ont usé souvent de représailles ; vous devez surtout savoir que le clergé catholique de France et d’ailleurs, s’opposait à ces violences et à ces cruautés, quoique les huguenots entretinssent des relations continuelles avec l’Angleterre, l’ennemie déclarée de la France.

— Il fallait bien que les protestants de ce temps se révoltassent, dit M. Lewis, car les catholiques ne leur laissaient aucun repos ; on en voulait à leur vie et à leurs biens.

— Vous ne prouverez jamais que l’Église catholique, par la voix du Pape ou de ses pasteurs, ait ordonné de persécuter qui que ce soit, uniquement parce qu’il était protestant.

— Mais, l’inquisition d’Espagne n’était-elle pas dirigée par des prêtres et des moines de l’Église romaine ? et vous ne nierez pas, j’espère, les atrocités qui se sont commises pendant qu’elle était en vigueur.

— Cette inquisition d’Espagne n’était pas une institution catholique, et pour le prouver, je vous citerai encore des historiens protestants. Voici ce que disent le protestant Rancke et le très protestant Guizot :

L’inquisition espagnole a été, avant tout, une institution politique. Les rois d’Espagne, voyant dans l’hérésie le plus dangereux ennemi de la paix du royaume, la déclarèrent, à ce titre, crime de lèse-majesté ; ne pouvant juger eux-mêmes, ces rois établirent un tribunal ecclésiastique, pour s’enquérir de la foi du prévenu ; après l’avoir interrogé, ce tribunal le renvoyait aux autorités civiles, qui en faisaient ce que bon leur semblait.

Il est vrai que l’on peut blâmer les atrocités commises par cette institution, mais l’histoire prouve que les papes ne les ont jamais approuvées, qu’ils ont toujours essayé de modérer la rigueur et la férocité du caractère espagnol, et que s’ils n’ont pu abolir l’inquisition, c’est qu’elle ne relevait pas de leur pouvoir, étant une institution politique d’un royaume sur lequel ils n’avaient pas de juridiction temporelle. Donc, l’Église n’a pas plus approuvé ce fait, que les deux autres que vous lui imputez.

— Attendez ! le martyre de Jean Huss ne fut-il pas ordonné par le concile de Constance, composé d’évêques de l’Église romaine ?

— Le concile de Constance ne prononça que sur ses opinions hérétiques ; mais sa mort fut l’œuvre de l’autorité civile ; l’histoire le prouve et nous dit même que les catholiques de ce temps ont déploré sa mort.

— Ces faits n’en ont pas moins été commis par des catholiques ; et tout nous porte à croire que c’était un dogme de l’Église à laquelle ils appartenaient, que de persécuter ceux qui se détachaient d’elle pour embrasser le protestantisme.

— Vous me surprenez, monsieur, car cette proposition ne se trouve pas plus dans les doctrines de l’Église catholique que les nombreuses calomnies inventées contre elle ; l’autorité ecclésiastique s’est toujours prononcée sur la doctrine et non sur l’individu, et loin de réclamer le droit de persécution, elle l’a toujours repoussé. Voyez les ouvrages des théologiens catholiques, étudiez leurs doctrines, et vous verrez que je dis la vérité.

— Mais pourquoi ces persécutions, ces atrocités commises par les membres de cette Église ? N’était-il pas du devoir du pape ou des évêques de les empêcher, de les faire cesser, puisqu’elles étaient contraires à la doctrine de l’Église qu’ils représentaient ?

— Combien de fois faut-il que je le répète ? les papes et les évêques étaient impuissants, leurs protestations multipliées inutiles ; les rois et les gouvernants avaient déclaré l’hérésie crime de lèse-majesté, et pourquoi ? C’est parce que les protestants, dès qu’ils se voyaient un peu nombreux, se révoltaient contre l’autorité royale, et faisaient tout en leur pouvoir pour renverser un souverain catholique, afin de le remplacer par un des leurs.

— Vous ne pouvez pas prouver ce que vous dites, dit M. Lewis, le protestantisme est plus humain et plus éclairé que cela, il n’a jamais persécuté ou commis des atrocités comme les catholiques.

— Vous n’êtes pas sérieux, monsieur.

— Oui, je le suis.

— Il me fait peine de voir que vous faites preuve d’autant d’ignorance ; de plus, je vous dirai, que quand je me permets de discuter sur des questions aussi graves, je n’avance que ce que je peux prouver. Puisque vous voulez des preuves, je vais vous en donner plus que vous n’en désirez, et ce sera à vous de réfuter ce que je vais dire ; écoutez bien. C’est un fait notoire que les huguenots se révoltaient sans cesse contre leur roi légitime, et qu’ils entretenaient des relations continuelles avec les ennemis de la France catholique ; que Cramner, Ridlev, Latimer et autres protestants marquants ont tenu une conduite coupable envers la reine Marie Stuart, uniquement parce qu’elle était catholique ; que Knox, père des réformistes écossais, enseignait publiquement au parti protestant en Écosse, que ni promesse, ni serment ne peuvent obliger à obéir à un tyran, ou à le soutenir contre l’Église de Dieu, et son collègue Goodman ajoutait : Si les chefs s’éloignent de Dieu, qu’ils aillent à l’échafaud. Le rélèbre Buchanan soutenait la même doctrine lorsqu’il disait : Les peuples peuvent déposer leurs princes, s’ils persécutent la vérité. C’est encore un fait notoire qu’en vertu des lois pénales qu’on fit exécuter avec tant de rigueur en Angleterre, en Écosse et en Irlande, on vit se dresser dans ces pays des bûchers et des échafauds. Voici ce que dit à ce sujet le célèbre historien protestant Cobbett :

Des actes officiels du parlement constatent que par suite des bûchers et des échafauds dressés pour les catholiques, la population d’Angleterre fut décimée en moins de six ans.

Un autre fait notoire, c’est que vous-mêmes, Américains, ne voulez point un catholique pour président de cette république. Je n’en finirais plus, si je voulais vous citer tous les faits qui prouvent que les soi-disant réformateurs se sont, dès le commencement, révoltés contre toute autorité en dehors de leur croyance ; que ces mêmes réformateurs furent en partie la cause des atrocités que vous ayez mentionnées, et que vous ne pouvez attribuer à l’Église catholique ou à ses pasteurs.

— Grâces à Dieu, ces temps sont passés, dit M. Lewis en se levant pour ne pas continuer une discussion qui lui avait été si peu favorable, et j’espère qu’ils ne reviendront plus.

— Ce ne sera certainement pas le catholicisme qui les fera revivre, dit M. Fairman en s’éloignant.

Cette discussion avait fait une profonde impression sur ceux qui l’avaient entendue. Chacun se disait : il faut avouer que ces catholiques en connaissent autant, sinon plus que nous sur l’histoire.

Oui, peuple américain, si hospitalier et si bienveillant, si bon d’ailleurs, votre antipathie ou votre indifférence envers le catholicisme ne tardera pas à disparaître, lorsque vous aurez connu la noble mission qu’il remplit ici-bas, et qu’il remplit même au sein de vos belles et libres institutions.