Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/shako s. m.

Administration du grand dictionnaire universel (14, part. 2p. 657-661).

SHAKO s. m. (cha-ko — mot hongrois). Sorte de coiffure militaire dont la forme a varié, mais qui a toujours une visière et est faite d’un matière rigide.

Encycl. Cette coiffure fut importée en France par les Hongrois qui servirent notre pays sous le nom de hussards. Le caprice de la mode l’a donnée à la plus grande partie des troupes sans qu’on en ait constaté l’utilité. La toque tartare (shako) avait été imposée aux Albanais et aux Illyriens comme un signe de vassalité ; adoptée par les Hongrois émigrant dans toute l’Europe, elle devint la coiffure militaire par excellence et détrôna totalement le tricorne. Le shako, primitivement à flamme ou à queue, était un cylindre de 10 à 12 pouces de hauteur ; ce qu’on appelait la flamme était une queue prolongée et voltigeante dont on modifia la forme de diverses manières ; en dernier lieu, cette flamme était une longue bande de feutre noir, doublée de serge d’une couleur tranchante ; elle allait se rétrécissant, se terminait presque en pointe et était assujettie par sa partie la plus large au bas du shako, autour duquel ou pouvait l’enrouler. Les shakos à flamme furent abandonnés avant le Consulat pour le shako simple. La couleur de celui-ci a varié à l’infini, ainsi que sa forme. Il y en a eu de noirs, de rouges, de bleus. On en a vu en cône tronqué, en cône renversé, en cylindre, à couvre-nuque, à mentonnière, avec ou sans gourmette, avec ou sans plaque, à cordon natté ou à chevron, en cuir, en feutre, en carton, en coton, en drap, en toile imperméable, à culotte, avec ou sans visière, à cocarde, à bourdalou, à pompon, à plumet sur le devant ou sur la gauche, etc.

L’introduction du shako dans l’infanterie date de 1792. L’école de Mars prit la première cette coiffure à l’instar de quelques compagnies franches qui spontanément s’en étaient accoutrées ; une grande partie de l’infanterie imita cet exemple. En 1804, les grenadiers réunis à Arras reçurent cette coiffure. Ce fut le signal de l’abolition de la chevelure poudrée et des chapeaux. Le décret de 1806 (25 février) donna le shako à toute l’infanterie, excepté celle de la garde. On en avait élargi la calotte, on l’avait creusé en forme de coupe, comme pour en faire un réservoir en cas de pluie ; c’est le shako grotesque des vieux grognards de Charlet ; il ne sert plus aujourd’hui que comme déguisement du carnaval. Depuis 1830, le haut des shakos a graduellement perdu de sa largeur et l’on en est arrivé aux shakos modernes, coiffure simple, légère et peu coûteuse.