Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/attachement s. m.

Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 3p. 881).

ATTACHEMENT s. m. (a-ta-che-manrad. attacher). Sentiment d’affection, de sympathie, par lequel on s’attache à une personne : Atiot’r de /’attachement pour ses parents, pour ses camarades. C’est une bonne et honnête fille, qui me sert depuis vingt ans avec Rattachement d’une fille à son père plutôt que d’une domestique à son maître. (Boss.) D’où vient /’attachement qu’on a pour les confesseurs ? (M»i« de Sév.) J’ai été retenupar attachement pour vous, (Volt.) L’amitié’est, de tous les atta- ts, le plus digne de l’homme, et le seul

le dégrade point. (Buff.) £’attache- les soins gagnent le cœur, mais ils ne le guère. (J.-J. Rouss.) Plus l’homme augmente ses attachements, plus il multiplie ses peines. (J.-J. Rouss.) Je ne sens jamais tant Rattachement pour mes amis, que dans leurs peines. (J.-J. Rouss.) Vous ne rendez guère justice a mon attachement pour vous. (Mari v.) Octavius les remercia de leur fidélité et de leur attachement pour la mémoire de son oncle. (Vertot.) L’âme entière d’une femme repose sur i’attachement conjugal. (M""> do Staël.) Rien ne remplace Rattachement, la délicatesse et le dévouement d’une femme. (Chateaub.) Enfin, mon chagrin m’a fait apprécier l’étendue de mon attachement pour vous ; il est sans bornes. (Balz.) Ce fut un de ces m : ments suprêmes qui relient l’avenir au passé, qui clouent plus avant au cœur les attachements réels. (Baîz.) Il cachait son ambition sous les dehors de la piété et d’un attachement sans bornes à la patrie et à son souverain. (Mérimée.) Il faut être bien sûr de ses attachements pour oser les mettre à l’épreuve de la réflexion. (V. Cousin.) Il avait pour lui un attachement mêlé d’admiration. (V. Hugo.)

Jamais cœur corrompu n’aime sincèrement ;

11 ne faut pas compter sur son attachnnent. ■ 11-’révillb.

— Dans ce sens, se dit aussi des choses : Avoir de Rattachement à une secte, à un parti. Il a trop «Rattachement pour ses intérêts. On profite infiniment en se dépouillant de plus en plus de Rattachement à ce que l’on est et à ce que l’on a, pour s’attacher uniquement à- celui

d’oîi tout vient et en qui tout demeure. (Boss. J L’excès de Rattachement aux richesses, que nous ne sentons pas dans la possession, se fait sentir dans la perte. (Boss.) Elle survécut à ses grandeurs, afin qu’elle pût survivre aux attachements de la terre. (Boss.) La semence sainte trouve, dans les pauvres, bien moins d’opposition du côté des attachements de la chair et du sang que dans les grands et les riches du siècle. (Boss.) Nos pertes ne deviennent si douloureuses que par les attachements outrés qui nous liaient aux objets perdus. (Mass.) Les passiors et les attachements crtminels ont leurs dégoûts, leurs contre-temps, leurs bruits désagréables. (Mass.) Elle a sauvé son cœur des attachements grossiers et des mauvais usages du monde. (Floch.) La probité est un attachement à toutes les vertus civiles. (Vauven.) Tons les différents attachements ne sont que des manières de s’aimer soi-même. (M»» de Staël.)

Honteux attachements de la chair et du monde. Que ne me quittez-vous, quand je vous ai quittés ?

11 faut se dégager de ces attachements

Que la raison condamne et qui ilattent les sens.

— Se dit encorede l’amitié de l’homme pour les animaux et réciproquement : i’attachement du chien pour son maître. /.’attachement de Peltisson pour une araignée. La férocité, naturelle du chien a cédé à la douceur de la reconnaissance et de Rattachement. (Buff.) Comment partager le tendre attachement et l’admiration naïve de cet Arabe pour son cheval ? (M.-Brun.)

— Se dit particulièrement des liaisons de galanterie : On dit qu’il a un attachement. Jtf ne lui connais aucun attachement. Un homme peut tromper une femme par un feint attachement, pourvu qn il n’en ait pas ailleurs un véritable. (La Bruy.) Rattachement du cœur empêche les réflexions. (Bussy-Rab.) Le sentiment qui nous joint n’est point l’aveugle transport de caiurs passionnés, mais l’immuable attachement de deux personnes honnêtes et raisonnables. (J.-J. Rouss.)

— Forte et constante application : Attachement à l’étude. Attachement au travail. Rattachement de l’auditeur à l’action présente ne lui permet pas souvent de descendre à l’examen de cette justesse. (Corneille.) L’attachement au salut devant nous mettre souvent en danger de manquer à ces devoirs extérieurs du monde... (Bourdal.) Peut-on voir plus d'attachement à tous ses devoirs ? (Mme do Sév.)

— Phrénol. Penchant dont Gall a placé le siégo près do celui de philogéniture.

— Archit. Relevé des dépenses journalières d’un entrepreneur de travaux donnés par adjudication, fait par l’ingénieur chargé de la surveillance. Ces relevés servent de baso à l’examen des demandes d’acomptes faites par l’entrepreneur, dans le cours des travaux, et donnent, en outre, le moyen d’évaluer exactement la dépense pour d’autres travaux do même nature, il Relevé journalier des matériaux employés dans une construction, et qui, devant être cachés au regard par leur situation, ne pourraient être estimés et vérifiés plus tard, il Travaux par attachement, Travaux dont les dépenses effectives sont payées sur des états de journées et fournitures dressés par les ingénieurs. On les nomme aussi travaux par régie.

— Ane. art. milit. Action par laquelle on mettait le mineur en état do travailler à creuser la mine : Faire l’y

— Syn. Attachement, atlaebe. V. ATTACHE.

— SyO. Atlarhement, affection, amitié,

Affection.

Attachement a la (erre, Sonnet de A.-W.

Schlcgel, une des perles de la littérature allemande. « Souvent l’âme, fortifiée par la contemplation des choses divines, voudrait déployer ses ailes vers lu ciel. Dans le cercle étroit qu’elle parcourt, son activité lui semble vaine, et sa science du délire ; Un désir invincible la presse de s’élancer vers dos régions élevées, vers des sphères plus libres ; elle croit qu’au terme de sa carrière, un rideau va se lever pour lui découvrir des scènes de lumière ; mais, quand la mort touche son corps périssable, elle jette un regard en arrière, vers les plaisirs terrestres et vers ses compagnes mortelles. Ainsi, lorsque jadis Proserpine fut enlevée dans les bras de Pluton, loin des prairies de la Sicile, enfantine dans se3 plaintes, elle pleurait pour les fleurs qui s’échappaient de son sein. > Telles sont les pensées développées dans ce sonnet.

À propos de ce petit poëme et d’autres compositions du même écrivain, M™e de Staël

remarque que A.-W. Schlegel « ne se permet pas, dans ses poésies, la moindre expression, la moindre nuance que le goût le plus sévère puisse attaquer, t