Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/abcès s. m.

Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 1p. 16).

ABCÈS s. m. (ab-sè — du lat. absessus, division, séparation). Méd. Amas de pus formé dans une cavité accidentelle ou naturelle du corps : Racine mourut, d’un abcès au foie. Plusieurs sont proches de mourir, qui ne sentent pas la fièvre prochaine ou l’abcès prêt à se former. (Pasc.) Il avait dans la poitrine un abcès qui s’est crevé tout d’un coup et l’a étouffé. (Mme de Sév.) Il lui perça une espèce d’abcès à la région du foie. (L. Racine.) Il y avait longtemps que Madame était malade d’un abcès qui se formait dans le foie. (Volt.) Deux jours après, l’abcès perça de lui-même. (Volt.)

C’est une épée, un glaive favorable,
Qui dans ses mains, malgré lui secourable,
M’ouvrant le flanc pour abréger mon sort,
Perce l’abcès qui me donnait la mort.
J.-B. Rousseau.

Encycl. Les abcès sont toujours la conséquence d’une inflammation. Si cette inflammation est franche, aigüe et à marche rapide, l’abcès est dit chaud, aigu ou phlegmoneux ; si au contraire elle se développe lentement et presque sans causer de douleur, l’abcès prend le nom de froid ou de chronique. Lorsque le pus formé dans un point subit une sorte de migration, s’accumule dans un tissu primitivement sain, il forme un abcès par congestion ; lorsque l’abcès constitue à lui seul toute la maladie, on l’appelle idiopathique ; lorsqu’il se trouve lié à la présence d’une affection morbide dont il est une manifestation, il se nomme symptomatique. Il est dit constitutionnel, s’il se développe sous l’influence d’une maladie constitutionnelle ; métastatique, s’il se produit par une sorte de transport subit du pus, dans un point éloigné d’une partie qui est en état de suppuration. — Le signe le plus positif d’un abcès est une tumeur à laquelle on peut communiquer un mouvement de fluctuation. L’abcès diffère de l’épanchement purulent en ce que, dans ce dernier, le pus est accumulé dans une cavité naturelle ; de l’infiltration purulente, en ce que dans l’infiltration, le pus n’est pas séparé des tissus par une membrane de nouvelle formation ; du kyste purulent, en ce que la membrane du kyste est plus épaisse, — Un abcès qui ne se cicatrise pas devient un ulcère. — La gravité des abcès varie avec leur cause, leur nature, leur siège, leur étendue. Le traitement consiste à débarrasser la partie du pus qu’elle contient et à favoriser le rapprochement et l’adhérence des parois de la poche. On peut hâter ou différer l’ouverture d’un abcès aigu, en raison de circonstances diverses. Pour ouvrir un abcès froid, on attend généralement que la tumeur devienne gênante. Quant aux abcès par congestion, ils exigent la plus grande prudence et ne doivent être ouverts que lorsqu’ils ont acquis une étendue considérable. L’instrument tranchant convient pour l’ouverture des abcès chauds ; l’emploi d’un caustique pour celle des abcès froids et des abcès par congestion. — On donne souvent, par extension, le nom d’abcès à des amas d’urine, de matières stercorales, etc., qui se trouvent hors des voies qui leur sont destinées : de là les abcès urineux, stercoraux, etc. Le mot dépôt est plus convenable s’il ne s’y trouve pas de pus.