Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/abbesse s. f.

Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 1p. 16).

ABBESSE s. f. (a-bè-se — rad. abbé.) Supérieure d’un monastère de filles ayant titre d’abbaye : On la fit abbesse, sans que, dans un âge si tendre, elle sût ce qu’elle faisait. (Boss.) Le corps d’Abailard fut porté au Paraclet, dont Héloïse était abbesse. (Hénault.) Pour moi, je mettrais la petite avec sa tante ; elle serait abbesse quelque jour ; cette place est toute propre aux vocations un peu équivoques : on accorde la gloire et les plaisirs. (Mme de Sév.) Nous vîmes entrer majestueusement l’abbesse à cheveux gris, armée de sa crosse. (De Broglie.)

Abbesse perpétuelle, Celle qui était nommée à vie. || Abbesse générale, Abbesse dont l’autorité s’étendait sur plusieurs abbayes.

— Le nom d’abbesse se donnait aussi à la supérieure d’un chapitre de dames, et lui conférait, à défaut d’une autorité réelle, une haute considération dans le monde et un rang très-élevé.

— Par antiphrase et triv., Femme qui tient une maison de prostitution, que l’on appelle alors couvent.

Encycl. L’institution des abbesses est postérieure à celle des abbés. Les abbesses étaient autrefois élues par leurs communautés ; on les choisissait parmi les plus anciennes et les plus capables de gouverner. Les abbayes de filles conservèrent longtemps en France ce droit d’élection, parce qu’elles n’avaient pas été comprises dans le Concordat entre Léon X et François Ier (V. abbaye). Les abbesses n’avaient que l’administration du temporel de leurs couvents ; pour le spirituel, elles relevaient de l’évêque diocésain. Un décret du concile de Trente porte que celles qu’on élit abbesses doivent avoir au moins quarante ans d’âge et huit ans de profession. Leur position et leurs immenses revenus leur donnaient un rang très-élevé dans le monde, et des familles puissantes, et même souveraines, se montrèrent souvent jalouses d’obtenir ce titre pour une fille de leur maison.