Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/abattis s. m.

Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 1p. 13).

ABATTIS (s. m. — rad. abattre). Amas de choses abattues, démolies, brisées : Cette rue est bouchée par un abattis de maisons. (Acad.) || Coupe faite dans un bois, dans une forêt : On a fait un grand abattis de chênes dans cette forêt. (Acad.) Cette vaste terre n’est donc qu’une forêt dans laquelle des sauvages ont fait quelques clairières et de petits abattis pour s’y domicilier. (Buff.) L’abattis d’arbres qui le blessait si vivement avait été fait sur le bord de la petite rivière. (G. Sand.)

Le Scythe retourné dans sa triste demeure, [heure, ]
Prend la serpe à son tour, coupe et taille à toute
Conseille à ses voisins, prescrit à ses amis
          Un universel abattis.          La Fontaine.

— Fig. Grande suppression, retranchement excessif, etc. : La Chambre était en train de retrancher sur le budget ; c’était un abattis de millions. (Marrast.) La fameuse nuit du 4 août fit un grand abattis dans la forêt des abus. (Siècle.) || Un philosophe du siècle dernier disait à une femme d’esprit : « Avouez, madame, que nous avons fait un terrible abattis dans la forêt des préjugés ? — Oui, répondit-elle, c’est pour cela que vous avez débité tant de fagots. » || Amas de choses confuses, sans ordre, et prises comme au hasard : La vraisemblance, la sincérité du personnage devenaient ce qu’elles pouvaient sous cet abattis de rimes sonores.

— Argot. Se dit du pied et de la main d’une personne : Il répliquait en allongeant ses abattis. (Cabassol.) Des pieds qu’on nomme abattis. (Balz.) || Par ext. et fam. Se dit des pieds et des mains d’une forte dimension.

— Masse de pierre que détache le carrier avant de la débiter.

— Chass. Se dit du gibier que l’on tue : Faire un abattis, un grand abattis de lièvres. (Acad.) J’en connais plus de vingt nichées : nous avons de quoi faire un bon abattis, je vous en réponds. (Vitet.) || Se dit en général de tous les animaux que l’on tue, que l’on détruit : On tuait pour tuer ; car comment profiter de ces abattis de colosses dont un seul a tant d’huile et tant de sang ? (Michelet.)

— Petit chemin que se font les jeunes loups auprès et autour du lieu où ils sont nourris.

— Art culin. Les pattes, la tête, le cou et les ailerons d’une volaille : Abattis d’oie, de dindon. || On dit aussi absol. : Un abattis en ragoût. Servir des abattis aux navets. || Peau, graisse et tripes de bêtes tuées par le boucher.

— Art milit. Espèce de barricade ou de retranchement fait à la hâte avec des branches d’arbres : Ce fut par des abattis que Miltiade, dans les plaines de Marathon, arrêta la cavalerie des Perses et neutralisa leur supériorité numérique. (Bachelet.)