Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/TALLEYRAND-PÉRIGORD (Hélie DE), cardinal, fils d'Hélie VII, comte DE PÉRIGORD

Administration du grand dictionnaire universel (14, part. 4p. 1419).

TALLEYRAND-PÉRIGORD (Hélie DE), cardinal, fils d'Hélie VII, comte DE PÉRIGORD, né à Périgueux en 1301, mort en 1364. Destiné dès l’enfance à l’état ecclésiastique, il dut à son instruction, à ses talents et surtout à sa haute naissance un avancement rapide. Archidiacre de Périgueux et abbé de Chancelade, il fut, à vingt-trois uns, nommé évêque de Limoges, passa en 1328 au siège d’Auxerre et reçut en 1331, de Jean XXII, le chapeau de cardinal. À partir de ce moment, Talleyrand-Perigord joua un rôle considérable dans l’Église et exerça une grande influence dans le sacré collège. À la mort de Jean XXII (1334), il se trouva le chef des cardinaux français qui l’emportèrent dans le conclave sur la faction italienne et contribua successivement à la nomination de quatre papes : Benoît XII, Clément VI, Innocent VI, Urbain V. Après l’excommunication lancée contre l’empereur Louis V (1346), il parvint encore à faire nommer à sa place Charles de Luxembourg, à la suite de violents troubles excités dans Avignon par les divisions des cardinaux, qui faillirent même en venir aux mains. Accusé avec son neveu, Charles de Duras, de complicité dans le meurtre d’André, mari de Jeanne de Naples (1345), il ne se vit délivré des poursuites intentées contre lui près du saint-siége qu’après la réconciliation île la reine Jeanne avec son beau-frère, Louis de Hongrie, en 1352. Quatre ans plus tard, le pape Innocent VI l’envoya en qualité de légat en France. Le cardinal de Périgord se rendit auprès du roi Jean, fit d’inutiles efforts pour l’amener à relâcher le roi de Navarre, le suivit à Poitiers (1356), s’interposa entre les armées française et anglaise sur le point d’en venir aux mains, obtint un armistice de vingt-quatre heures, mais ne put amener les deux partis à un accommodement. Après la désastreuse bataille de Poitiers, le cardinal fut envoyé à Londres pour solliciter la liberté du roi Jean, et n’obtint d’Édouard III qu’une trêve de deux ans. En 1361, il se rendait auprès de Charles le Mauvais afin de négocier la paix entre lui et le régent, lorsqu’il fut arrêté par un chef de routiers, Arnaud de Cervoles, qui demanda pour sa rançon 40,000 écus et les obtint du pape Innocent VI. Sous le pontificat d’Urbain V, que le cardinal de Périgord avait puissamment contribué à faire élire (1362), ce dernier continua à exercer une grande influence et à jouer un rôle capital. Sur les entrefaites, le roi de Chypre, Pierre Ier, s’étant rendu à Avignon pour implorer l’assistance du souverain pontife contre les musulmans, Urbain résolut de prêcher une croisade, dont le roi Jean devait être le chef et Talleyrand le légat ; mais cette croisade resta à l’état de projet, et peu après le cardinal et le monarque moururent. Talleyrand, qui, suivant l’expression de Pétrarque, trouvait plus beau de faire des papes que de l’être, s’était enrichi dans le commerce et acquit la réputation du politique le plus capable de son temps et de l’homme le plus instruit dans les lettres profanes ; il protégea les lettres et fut l’ami de Pétrarque. Il aimait le luxe, la dépense, le plaisir et il était loin d’avoir une vive piété.