Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/TALLEYRAND, surnom pris, dès le commencement du XIIe siècle, par les seigneurs de la famille des comtes souverains du Périgord

Administration du grand dictionnaire universel (14, part. 4p. 1419).

TALLEYRAND, surnom pris, dès le commencement du XIIe siècle, par les seigneurs de la famille des comtes souverains du Périgord. L’un des premiers qui prit ce surnom est Hélie V, qui se distingua par sa haine contre les Anglais, alors maîtres d’une partie de la France, entra dans la ligue des seigneurs français contre Richard Cœur de Lion, duc d’Aquitaine, combattit vaillamment les Anglais, fit hommage de son comté à Philippe-Auguste (1204), se rendit en Palestine et y mourut en 1205. Ses successeurs montrèrent le même attachement à la France. Parmi les plus remarquables, nous citerons les suivants : Roger-Bernard, mort en 1369, reçut de Philippe de Valois, en récompense du zèle dont il avait fait preuve en combattant contre les Anglais, la terre de Montrevel ; mais les Anglais s’étant emparés du Périgord, Roger-Bernard se vit contraint de se reconnaître leur vassal, et le prince de Galles lui rendit la ville de Périgueux. L’année qui précéda sa mort, Roger-Bernard, ainsi que les autres grands vassaux de la Guyenne, secoua le joug de l’Angleterre et revint sous l’autorité du roi de France. — Son fils, Archambaud V, eut de vifs démêlés avec les habitants de Périgueux, qu’il traita comme des rebelles. Ceux-ci en appelèrent au roi de France (1392), qui intervint. Archambaud, après avoir pris les armes pour soutenir ses droits, se soumit au roi, à qui il livra quatre châteaux forts (1394), fit quelque temps après une nouvelle levée de boucliers, fut assiégé et pris par le maréchal Boucicaut, conduit à Paris et condamné par le parlement au bannissement (1395), puis à perdre la tête et son comté (1398). Le roi lui ayant fait grâce de la vie, il passa en Angleterre, où il mourut en 1399. — Son fils, Archambaud VI, obtint du roi le comté de Périgord ; mais, ayant réclamé avec une extrême hauteur Périgueux et enlevé la fille d’un bourgeois de cette ville, le parlement le condamna à la peine du bannissement (1399), et, comme son père, il passa en Angleterre, où il termina sa vie en 1435. Le comté de Périgord, donné au duc d’Orléans, passa, en 1437, à Jean de Blois, puis à Antoine de Bourbon, et fut réuni à la couronne par son fils, Henri IV, en 1589. La branche cadette des comtes de Périgord, dont les membres se sont appelés sires, puis comtes de Grignols, et enfin princes de Chalais et de Talleyrand, s’est perpétuée jusqu’à nos jours. Nous allons consacrer des notices biographiques aux membres les plus remarquables de cette famille.