Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Saint-Paul-Saint-Louis (ÉGLISE)

Administration du grand dictionnaire universel (12, part. 2p. 423).

Saint-Paul-Saint-Louis (église), située à Paris, rue Saint-Antoine. En 1580, les jésuites établirent leur maison professe à Paris, rue Saint-Antoine, près des débris de l’enceinte de Philippe-Auguste. Louis XIII, qui se montra toujours favorable à cette société, remplaça la petite chapelle de leur maison par une vaste église dont il posa la première pierre en 1627. Un jésuite, le Père Martel-Ange, s’était proposé de construire l’édifice sur le plan de la belle église du Gesù de Rome, due au célèbre Vignole ; on choisit, de préférence, le projet du Père Derrand, autre jésuite. Le portail fut élevé en 1634, aux frais du cardinal de Richelieu. Le monument fut achevé en 1641, et Richelieu y célébra la première messe ; toutefois, la dédicace n’eut lieu qu’en 1676, sous l’invocation de saint Louis. Lorsque, en 1767, les jésuites furent chassés de France, leur maison professe passa au pouvoir des chanoines réguliers de la rue Culture-Sainte-Catherine, qui, eux-mêmes, se virent supprimés en 1790. Après la démolition de l’église Saint-Paul (v. l’art. précédent), le culte de ce saint fut transporté dans l’église Saint-Louis, qui prit alors le titre de Saint-Paul-Saint-Louis.

L’église Saint-Paul-Saint-Louis est un des plus parfaits modèles de ce mauvais goût auquel on a donné, avec raison, le nom de style jésuite. Partout où ils ont bâti, les jésuites ont confondu la richesse avec l’élégance, la lourdeur avec la majesté ; mais, nulle part, ils n’ont accumulé les ornements à contre-sens avec une aussi large profusion que dans l’église dont nous nous occupons.

Cet édifice est en forme de croix romaine, avec dôme sur pendentifs au centre de la croisée. Il est précédé d’un portail composé de trois ordres superposés ; deux corinthiens et un composite ; huit colonnes aux deux premiers ordres et quatre au troisième ; des niches garnies de statues, des guirlandes, les emblèmes de l’ordre de Jésus, des vases flamboyants, des corniches denticulées, des enroulements et toute espèce, d’autres accessoires complètent la décoration de cette composition bizarre, qui se termine par un fronton triangulaire surmonté d’une croix.

Si l’on en croit Piganiol de La Force, il y avait peu d’églises dans le monde chrétien qui fussent aussi riches en orfèvrerie et en ornementation. Là encore, la richesse et la puissance de l’ordre s’étalaient dans un immense déploiement de luxe ; toute l’église resplendissait de marbres précieux, d’or, d’argent, de pierreries.

Sous l’église se trouve le caveau sépulcral des pères jésuites ; le prédicateur Bourdaloue et le savant Daniel Huet, évêque d’Avranches, y furent inhumés.