Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/STAËL-HOLSTEIN (Eric-Magnus, baron DE), diplomate suédois

Administration du grand dictionnaire universel (14, part. 3p. 1046).

STAËL-HOLSTEIN (Eric-Magnus, baron de), diplomate suédois, né en Ostrogothie en 1749, mort à Poligny, près de Lons-le-Saunier, en 1802. Sa famille était noble, mais possédait peu de fortune. De bonne heure il entra dans la diplomatie et fut envoyé comme conseiller d’ambassade à Paris. Instruit, ayant des idées très-ouvertes, du goût pour la philosophie, il sut se concilier à la fois les sympathies de la cour et des philosophes et fut accrédité comme ambassadeur, sur les instances de Marie-Antoinette (1783). Vers cette époque, il entra en relations suivies avec Necker, fut très-frappé de la haute intelligence de sa fille et obtint sa main (1786) ; mais cette union ne devait point être heureuse. Lorsque la Révolution éclata, le baron de Staël s’y montra très-favorable et se lia avec plusieurs députés de la Constituante. Gustave III, à qui les idées de réforme étaient essentiellement antipathiques, fut irrité de l’attitude de son ambassadeur, qu’il rappela au commencement de 1792. Au moment où ce diplomate arrivait à Stockholm, le roi de Suède venait d’être assassiné et le duc de Sundermanie était devenu régent. Ce dernier prince adopta une politique tout à fait contraire à celle de Gustave III. Le baron de Staël fut chargé d’aller reprendre possession de son poste d’ambassadeur à Paris, que venaient de quitter les représentants de toutes les puissances monarchiques. Lorsqu’il revint en France, Louis XVI avait péri sur l’échafaud et son beau-père et sa femme s’étaient réfugiés à l’étranger. Pour se concilier les sympathies populaires, le diplomate suédois fit un don de 3, 000 livres aux pauvres de la section de la Croix-Rouge, puis il négocia un traité d’alliance avec le comité de Salut public ; mais ce traité ne fut pas ratifié par son gouvernement. Il retourna en Suède, où il resta jusqu’au 9 thermidor. Renvoyé de nouveau en France, où il était le seul ministre d’un roi accrédité près de la grande République, il reçut le plus sympathique accueil, présenta ses pouvoirs à la Convention le 22 avril 1795 et prononça à cette occasion ces paroles : « Je viens de la part du roi de Suède au sein de la représentation nationale de France rendre un hommage éclatant aux droits naturels et imprescriptibles des nations. » À partir de ce moment, il eut sa loge dans l’Assemblée, dont il suivit assidûment les débats, et conserva son poste d’ambassadeur jusqu’en 1799, époque où le jeune roi Gustave-Adolphe le rappela. Depuis plusieurs années, le baron de Staël s’était séparé de sa femme. Leur caractère n’avait pu sympathiser. Pendant que Mme de Staël lui reprochait ses prodigalités excessives, il se plaignait de son côté de l’humeur dominatrice de sa femme. Toutefois, lorsque sa santé se fut profondément altérée, un rapprochement se fit entre eux. Il se proposait d’aller vivre dans la retraite, auprès de sa femme et de ses enfants, à Coppet, lorsqu’il mourut pendant le voyage.