Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/ROBERT Ier, le Magnifique ou le Diable, duc de Normandie

Administration du grand dictionnaire universel (13, part. 4p. 1250).

ROBERT Ier, le Magnifique ou le Diable, duc de Normandie, mort à Nicée en 1035. Il succéda, vers 1028, à son frère Richard III, qu’il avait fait, dit-on, empoisonner ; il n’existe, au reste, aucune preuve de ce crime. Dès les commencements de son règne, il eut à réprimer les révoltes de ses grands vassaux. Robert agit contre eux avec une grande vigueur, les força à se soumettre et prit Évreux à son oncle, l’archevêque de Rouen. Quelque temps après, le puissant duc de Normandie rétablit dans ses domaines Baudouin IV, comte de Flandre, dépouillé par son propre fils ; puis il soutint Henri Ier, roi de France, contre sa mère Constance et en reçut l’investiture du Vexin, cession qui devint pour les ducs de Normandie une source de haines et de guerres. Après avoir forcé Alain, duc de Bretagne, à se reconnaître son vassal, l’aventureux prince prit en main la cause des rois d’Angleterre Alfred et Édouard contre Canut, roi de Danemark, et leur fit restituer la moitié de leur héritage (1034). Le désir d’expier les égarements de sa jeunesse lui fit entreprendre un pèlerinage aux lieux saints. Il traversa la France, l’Italie, se signalant partout par sa magnificence, s’arrêta longtemps à Rome, gagna Constantinople et de là se rendit à Jérusalem. Robert traversait, à son retour, Nicée lorsqu’il y mourut empoisonné, dit-on, par des hommes de sa suite qui voulaient s’emparer de ses richesses. Robert, qui ne s’était point marié, avait eu d’une bourgeoise de Falaise un fils naturel qu’il désigna pour lui succéder et qui devint célèbre sous le nom de Guillaume le Conquérant. V. Origines de Falaise, suivies d’une étude sur la légende de Robert le Diable, par Florent Richomme (1851). On sait que cette légende a servi de thème à l’un des plus beaux opéras de Meyerbeer.