Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/ROBERT II, Courte-Cuisse ou Courte-Heuse (quelques auteurs le nomment aussi Courte-Botte), duc de Normandie, fils aîné de Guillaume le Conquérant

Administration du grand dictionnaire universel (13, part. 4p. 1250).

ROBERT II, Courte-Cuisse ou Courte-Heuse (quelques auteurs le nomment aussi Courte-Botte), duc de Normandie, fils aîné de Guillaume le Conquérant, né vers 1060, mort en 1134. En partant pour l’Angleterre, Guillaume s’était engagé, si le succès couronnait son expédition, à laisser la Normandie à son fils. Comme il refusait de tenir sa parole, Robert souleva cette province, mais fut vaincu et forcé de fuir. Assiégé par Guillaume dans le château de Gerberoi, il eut le malheur, dans une sortie, de blesser son père sans le connaître. N’ayant pu obtenir le pardon de cet attentat involontaire, il s’enfuit de nouveau et ne reçut l’investiture de la Normandie qu’à la mort de Guillaume (1087). Il voulut alors disputer le trône d’Angleterre à son frère Guillaume le Roux ; mais ses sujets refusèrent de l’appuyer dans ses projets ; Guillaume le Roux entra en Normandie et Robert, pour obtenir la paix, dut lui céder plusieurs villes. Après avoir chassé les Anglais de la Normandie en 1094, il résolut de prendre la croix et d’aller en Palestine. Pour subvenir aux frais de l’expédition, il engagea son duché à son frère Guillaume (1096), puis traversa l’Italie, rejoignit les croisés à Constantinople (1097) et se signala par sa valeur, particulièrement à Antioche et au siège de Jérusalem, où il pénétra un des premiers. Après avoir refusé le trône qu’on lui offrait, il revint en Europe et épousa, en Italie, la fille du duc de Conversano. En 1100, il entama une nouvelle lutte contre son plus jeune frère, Henri, qui, à la mort de Guillaume, s’était emparé de la couronne d’Angleterre. Il débarqua en Angleterre (1101) et tout semblait favoriser son entreprise lorsque, à la suite d’une entrevue avec son frère, il lui céda ses droits à la couronne moyennant une redevance annuelle de 3,000 marcs d’argent. Quelque temps après son retour en Normandie, des barons anglais, poursuivis pour avoir embrassé sa cause, lui demandèrent d’intercéder en leur faveur. Il retourna en Angleterre, où son frère obtint de lui qu’il renonçât à sa pension de 3,000 marcs et le renvoya en Normandie après lui avoir fait subir plusieurs humiliations. Son luxe effréné, ses débauches, sa profonde incurie, le désordre qui régnait dans la direction des affaires, abandonnées à d’indignes favoris, lui aliénèrent à la fois la noblesse et le peuple. Henri d’Angleterre profita de cet état de choses pour débarquer en Normandie avec son armée (1105), brûla Caen, obtint la reddition des principales villes normandes et battit complètement, près de Tinchebrai (27 septembre 1105), Robert, qui demeura son prisonnier. Enfermé au château de Cardiff, le duc de Normandie, à qui son frère avait fait crever les yeux, y resta prisonnier jusqu’à sa mort. Il avait eu, de son mariage avec Sibylle de Conversano, un fils, nommé Guillaume, qui obtint de Louis le Gros le Vexin pour apanage.