Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/RICHARD Ier, Cœur de Lion, roi d’Angleterre

Administration du grand dictionnaire universel (13, part. 4p. 1179-1180).

RICHARD Ier, Cœur de Lion, roi d’Angleterre, né à Oxford en 1157, tué à Chalus (Limousin) le 16 avril 1199. Il était fils de Henri II et d’Éléonore de Guyenne. Dès sa première jeunesse, il se fit remarquer par un esprit irascible, fier, impétueux, par un caractère perfide et cruel, et surtout par sa bravoure et par son adresse dans les exercices militaires. À douze ans, il reçut en apanage le duché d’Aquitaine et il n’en avait que seize lorsque, en 1173, il se mit en révolte ouverte contre son père pour lui arracher la couronne. Henri II parvint à triompher de la ligue formidable qui s’était formée contre lui et dans laquelle se trouvaient, avec ses enfants, un grand nombre de barons anglais, le roi de France Louis VII et le roi d’Écosse. Bien que battu, Richard n’en obtint pas moins, lorsque la révolte fut comprimée (1174), une partie des revenus du Poitou. Peu après, il se mit à voyager sur le continent, à la recherche d’aventures, se distingua dans des tournois et se rendit tellement odieux par ses violences dans ses possessions d’Aquitaine, que les barons de ce pays se soulevèrent contre lui (1183). Pour les soumettre, il dut recourir à l’intervention de son père ; mais, fils toujours ingrat, il ne lui tint nul compte de ce service et s’allia contre lui avec Philippe-Auguste. Encore une fois, Henri II dut faire la guerre à son fils (1188) ; mais, trahi par la fortune, il fut vaincu, dut subir les conditions du vainqueur et expira peu après (6 juillet 1189) en le maudissant. Richard Cœur de Lion monta alors sur ce trône d’Angleterre objet de ses ardents désirs. À l’occasion de son couronnement (13 septembre 1189), le peuple pilla et massacra les juifs de Londres sans que Richard fît rien pour mettre un tenue à cette boucherie, et les mêmes scènes d’horreur se reproduisirent dans toutes les villes de l’Angleterre.

Avant de monter sur le trône, Richard avait résolu de se croiser avec Philippe-Auguste et d’arracher la terre sainte à Saladin. Devenu roi, il voulut aussitôt mettre son projet à exécution. Comme il avait besoin de beaucoup d’argent, il s’empara des trésors amassés par son père, vendit des dignités, des charges, tant en Angleterre qu’en Normandie, équipa une armée choisie, fit appel aux chevaliers de ses États et rejoignit à Vézelay, en Bourgogne, les troupes de Philippe-Auguste qui devait faire l’expédition avec lui (Ier juillet 1190). Là, ils décidèrent de se rendre d’abord en Sicile, mais en prenant des routes différentes. Arrivé dans cette île, Richard donna toute carrière à son caractère impétueux et violent ; par ses extorsions, il se rendit odieux au roi Tancrède et à ses sujets et commença ses démêlés avec Philippe-Auguste en refusant d’épouser sa sœur Adélaïde, dont il avait demandé la main, pour épouser Bérengère, fille du roi de Navarre, don Sanche. Philippe quitta aussitôt la Sicile et se dirigea seul avec son armée vers la Palestine. Peu après, Richard s’embarquait à son tour (10 avril 1191) ; mais, avant de gagner la terre sainte, il s’empara de l’Île de Chypre, dont Isaac Comnène lui avait refusé l’entrée, le détrôna, le fit prisonnier, emmena avec lui sa fille et rejoignit, le 10 juin, l’armée du roi de France qui continuait le siège d’Acre commencé depuis deux ans. Grâce aux efforts réunis des deux armées, à l’intrépidité de leurs chefs, la ville, à la suite d’assauts multipliés, dut enfin se rendre (12 juillet 1191). Mais, en rivalité constante de gloire et d’ambition, Philippe et Richard avaient fini par se brouiller complètement et étaient devenus des ennemis mortels. Aussitôt la ville prise, le roi de France, ne pouvant plus supporter le contact de son terrible rival, repartit pour l’Europe avec son armée et le laissa continuer la croisade. Au milieu des autres princes, Richard voulut commander en maître absolu et les mécontenta tous par son orgueil insupportable. Il fit traîner dans la boue l’étendard du duc d’Autriche, donna l’ordre d’égorger 5,000 musulmans prisonniers, emporta Jaffa, Romla, Ascalon et donna de nouvelles preuves de son étonnante intrépidité dans plusieurs batailles. Cependant son armée, décimée par les combats, les maladies et la disette, diminuait sans cesse et, à mesure qu’elle s’affaiblissait, Saladin, qui la harcelait constamment, redoublait d’audace. À deux reprises, Richard tenta de s’emparer de Jérusalem et s’avança jusqu’à Béthanie ; mais chaque fois il dut battre en retraite devant la masse des ennemis. En même temps, le mécontentement augmentait parmi les croisés. À la suite de vifs débats, les Français qui étaient restés en Palestine quittèrent les Anglais et la position de Richard devint des plus critiques. Il dut se replier sur Jaffa qui était retombée au pouvoir des Sarrasins. Ce fut là surtout qu’il montra son héroïque audace, célébrée par les Arabes eux-mêmes. Avec quatre cents arbalétriers et dix chevaux seulement, il attaqua les musulmans, les mit en fuite, les poursuivit jusque dans la plaine où campait Saladin avec 15,000 hommes, soutint le premier choc, attaqua à son tour et remporta la victoire ; mais attaqué par une fièvre qui abattit sa puissante force physique, voyant l’impossibilité de continuer la lutte, il négocia avec Saladin une trêve de trois ans, se retira à Acre, où il parvint à rétablir sa santé, et quitta la Palestine le 9 octobre 1192, laissant le souvenir d’une valeur légendaire, mais n’ayant en rien amélioré la situation des chrétiens de la terre sainte.

Précédé de sa flotte, qui emmenait en Sicile, avec les débris de son armée, sa femme Bérengère et sa sœur, il s’embarqua sur un navire, après avoir donné l’Île de Chypre à Gui de Lusignan, fut battu par la tempête et jeté enfin sur les côtes de la Dalmatie. Comme il avait partout des ennemis, il résolut de poursuivre sa route à travers l’Allemagne sous un déguisement ; mais il fut reconnu, arrêté (11 décembre 1192) et conduit au duc Léopold qui, se souvenant de l’outrage qu’il en avait reçu, le retint prisonnier. Peu après, Léopold le livra, moyennant 60,000 livres, à l’empereur Henri VI. Celui-ci avait plusieurs griefs contre Richard et n’avait pu lui pardonner d’avoir soutenu Tancrède, usurpateur des droits de sa femme au trône de Sicile. En conséquence, il fit subir au roi d’Angleterre une dure captivité, d’abord à Mayence, puis à Worms et enfin au château de Trifels, dans le Tyrol. Lorsqu’on apprit en Angleterre que Richard était prisonnier en Allemagne, les Anglais, oubliant les légitimes griefs qu’ils avaient contre ce prince, ne se souvinrent plus que des éclatants faits d’armes accomplis par lui en Palestine. Pendant son absence, l’Angleterre avait été livrée aux exactions du chancelier et légat Guillaume de Lonchamps, que Jean sans Terre, frère de Richard, exila du royaume. En apprenant la captivité de son frère, Jean, excité par Philippe-Auguste, résolut de s’emparer du trône. Il fit courir le bruit de la mort de Richard et prit en main l’autorité suprême pendant que Philippe envahissait la Normandie, Mais, en présence de la résistance de la noblesse, Jean, craignant de succomber s’il engageait la lutte, passa en France. Pendant ce temps, d’après une chronique contemporaine, Blondel, le fidèle écuyer de Richard, cherchait son souverain à travers l’Europe et finissait par découvrir le lieu de sa captivité. D’après une autre version qui paraît plus exacte, ce fut Guillaume de Lonchamps, chassé d’Angleterre par Jean sans Terre, qui réussit à découvrir la forteresse où Richard était enfermé. L’empereur Henri VI consentit alors à traduire son prisonnier devant la diète de Haguenau pour y être jugé (13 avril 1193). Là, il articula contre le roi d Angleterre plusieurs griefs, pour la plupart tirés de la façon dont il s’était conduit pendant la croisade à l’égard de Comnène, son beau-frère, du roi de France, du duc d’Autriche, etc. Richard parvint à se justifier de la plupart des accusations dont il était l’objet et Henri consentit à lui rendre la liberté, mais à la condition qu’il payerait une rançon de 100,000 marcs d’or. Pendant les longues négociations qui suivirent à l’occasion de cette rançon, pendant qu’en Angleterre on levait de lourdes contributions pour trouver la somme demandée, Philippe-Auguste, pour empêcher, selon ses expressions, le lion d’être déchaîné, offrait, d’accord avec Jean sans Terre, une somme plus forte à Henri VI pour qu’il retînt Richard prisonnier ; mais cette offre fut repoussée et, le 4 février 1194, Richard recouvra la liberté.

Le mois suivant, il débarqua dans son royaume, qu’il avait à moitié ruiné pour les préparatifs de son expédition et qu’il ruina de nouveau pour acquitter sa rançon et faire la guerre à Philippe-Auguste. À la tête d’une armée, il arriva en Normandie au mois de mai 1194, accorda son pardon à son frère Jean, qui vint lui faire sa soumission et fit à Philippe-Auguste une guerre longue et acharnée, dans laquelle furent commises d’horribles cruautés. Après plusieurs combats, dont le plus célèbre est celui de Gisors, dans lequel le roi de France, faillit être fait prisonnier (23 octobre 1194), les deux ennemis firent la paix. En 1198, le vicomte de Limoges ayant découvert un trésor considérable, Richard Cœur de Lion le réclama en sa qualité de suzerain. Sur le refus de ce dernier, il alla assiéger le château de Chalus, où il pensait qu’on avait caché le trésor. Mais, au moment où il examinait la place, un archer, nommé Gourdon, lui lança une flèche qui l’atteignit à l’épaule ; la gangrène se déclara et la blessure devint mortelle. Tous les défenseurs du château furent pendus, excepté Gourdon qu’on écorcha vif. On transporta le corps de Richard à Fontevrault, où il fut enterré. Comme il n’avait point eu d’enfants de Bérengère, son frère Jean sans Terre lui succéda. Ainsi finit, dans une misérable aventure, ce prince dont la poésie chevaleresque a célébré les exploits, mais qui fut en réalité le fléau de ses sujets. On a de lui quelques morceaux de poésie, notamment deux sirventes.

Richard en Palestine, roman de Walter Scott (1824). Ce roman, avec le Connétable de Chester, a été publié à part sous le titre général d’Histoire du temps des croisades. On l’a édité souvent sous son sous-titre, le Talisman. L’époque à laquelle se rattachent les faits est celle où le roi d’Angleterre tombe gravement malade en Palestine et recouvre la santé contre toute apparence. Walter Scott, par une fiction poétique vraisemblable pour ces temps chevaleresques, suppose que le roi est guéri, au moyen d’un merveilleux talisman (de là son sous-titre), par son puissant ennemi, le chef des musulmans, le magnanime Saladin, déguisé en esclave maure, sous le nom de El Hakin. Autour de cette situation, l’auteur groupe, avec la latitude accordée au roman, toutes les données historiques de nature à bien nous faire connaître les principales figures et les principaux événements de cette époque : Richard Cœur de Lion, sa femme Bérengère, Philippe, roi de France, Conrad, marquis de Montferrat, en un mot l’élite des croisés, revivent sous sa plume avec leurs physionomies respectives. Le mieux réussi de ces portraits est celui du héros du livre, Richard Cœur de Lion, le prince robuste, adroit, orgueilleux, intrépide et chevaleresque. La même exactitude historique se retrouve dans la peinture des dissensions qui divisent les chefs des croisés, dans celle des idées, des préjugés, des mœurs particulières aux deux armées en présence. Les personnages non historiques se trouvent mêlés aux premiers : mais quoique ayant vécu uniquement dans l’imagination féconde du romancier, ils offrent généralement un grand caractère de vraisemblance. Ils ont la couleur locale, une physionomie en rapport avec les convenances historiques. Au nombre de ces personnages, ceux qui ont le rôle le plus important sont Théodoric d’Engaddi et le chevalier écossais Kenneth. Théodoric d’Engaddi « celui qui marche dans le désert, l’ami de la croix, le fléau des infidèles, des hérétiques et des adorateurs du diable, » était un ancien pèlerin qui, après avoir été un brave et vaillant soldat, sage dans les conseils et heureux les armes à la main, s’était retiré dans le désert, où il vivait en anachorète depuis de longues années, également respecté des croisés, qui le considéraient comme un saint et un prophète, et des musulmans qui le prenaient pour un fou ; or, dans leur croyance, un fou est un être sacré, cher à la divinité. Dans une circonstance, cet ermite prédit en ces termes à Richard Cœur de Lion sa destinée : « Ta vie sera courte, triste, remplie de mortifications et de calamités et troublée par la captivité. Tel sera l’espace qui te sépare encore du tombeau qui s’entr’ouvre pour te recevoir, tombeau dans lequel tu seras placé sans laisser de lignage pour te succéder, sans y être suivi par les larmes d’un peuple épuisé par tes guerres sans fin, sans avoir augmenté les connaissances de tes sujets, sans avoir rien fait pour augmenter leur bonheur. » Le chevalier Kenneth est un croisé qui, étant parti pour le camp de Saladin, à qui il a été chargé de porter une missive du conseil des chefs des croisés, fait la rencontre et la connaissance d’un musulman nommé Hamako et descend avec lui dans la retraite de l’ermite, où il voit des choses surprenantes et fantastiques. En outre, il y rencontre, dans une chapelle mystérieuse, la reine d’Angleterre venue en pèlerinage, avec sa belle-sœur Édith, pour demander la guérison du roi. Le chevalier, qui aime la princesse Édith et en est aimé, la reconnaît. La reine s’en aperçoit et imagine une plaisanterie qui manque de coûter cher au pauvre amoureux. À peine de retour au camp des croisés, le chevalier avait été chargé par Richard de veiller sur la bannière anglaise ; il abandonne une nuit ce poste d’honneur pour se rendre à un rendez-vous qu’Édith est censée lui avoir donné. Pendant son absence, Conrad, marquis de Montferrat, s’étant pris de querelle avec Richard, se venge en faisant lacérer et fouler aux pieds la bannière anglaise. À cette nouvelle, Richard considère le chevalier comme un lâche ou comme un traître et ne lui laisse la vie que sur les supplications de la reine, d’Édith, du moine d’Engaddi et de l’esclave maure, c’est-à-dire de Saladin. Plus tard, Kenneth est reconnu pour le fils du roi d’Écosse et épouse Édith.

La lecture de ce roman, malgré quelques longueurs, est très-attachante. Ici, comme en ses autres ouvrages, Walter Scott excelle dans la description et dans la peinture des scènes vivantes. Le tournoi dans le camp de Saladin et les fêtes qui l’accompagnent forment un tableau orné des plus riches couleurs, qu’on croirait empruntées aux tons chauds du ciel d’Orient.

Richard Cœur de Lion, comédie en trois actes, en prose, mêlée d’ariettes, paroles de Sedaine, musique de Grétry ; représentée pour la première fois par les comédiens ordinaires du roi le 21 octobre 1784, selon Sedaine, et le 25 octobre 1785, d’après les indications données par Grétry dans ses Essais. La direction actuelle de l’Opéra-Comique n’étant pas en mesure de donner des renseignements historiques exacts sur les pièces de son répertoire, il nous a fallu chercher ailleurs l’explication de ce défaut de coïncidence. Les dates données par le compositeur dans ses Essais sont souvent fautives. La pièce de Richard Cœur de Lion a été représentée le 21 octobre l784. Elle a été mise en quatre actes le 21 décembre 1785, puis réduite de nouveau à trois actes le 29 décembre suivant. Le poème est un des plus développés du répertoire de l’ancien Opéra-Comique, et quoique rempli d’invraisemblances, d’anomalies, d’anachronismes, de naïvetés presque ridicules, il intéresse encore après quatre-vingts ans d’existence. C’est qu’à une action forte et simple, qui est la délivrance d’un roi prisonnier, l’auteur a su mêler des épisodes qu’il avait le don d’exposer avec un ton de vérité et un naturel charmants. Le drame proprement dit est aussi mal conçu au point de vue littéraire que mal exprimé par le musicien. Ce n’était pas l’avis de Grétry, qui prétend dans ses Essais sur la musique, avoir fait un ouvrage dont le mérite principal est l’unité. Il poussait l’illusion jusqu’à s’imaginer qu’il écrivait dans « le vieux style » (sic), qu’il était assez maître de sa manière pour en approprier l’expression aux temps, aux caractères, aux âges et même au degré de culture intellectuelle de ses personnages. Écoutons-le parler : « La musique Richard, sans avoir, à la rigueur, le coloris ancien d’Aucassin et Nicotette, en conserve des réminiscences. L’ouverture indique, je crois, assez bien que l’action n’est pas moderne. Les personnages nobles prennent à leur tour un ton moins suranné, parce que les mœurs des villes n’arrivent que plus tard dans les campagnes. Le musicien, par ce moyen, peut employer différents tons, qui concourent à la variété générale. L’air : Ô Richard ! ô mon roi ! est dans le style moderne, parce qu’il est aisé de croire que le poëte Blondel anticipait sur son siècle par le goût et les connaissances. Le trio : Quoi ! de la part du gouverneur ! reprend une forme de contre-point convenable à sir Williams. Blondel, toujours attentif à saisir le ton de chacun, se vieillit dans les traits de la musique où il dit :

La paix, la paix, mes bons amis. »

C’est l’habitude des poètes et des artistes. Ils s’évertuent à chercher des effets dont le public se soucie fort peu ; ils croient les avoir trouvés, et ils admirent leurs stériles efforts. Les qualités natives de leur génie se manifestent ailleurs et autrement qu’ils ne l’ont voulu.

L’opéra de Richard Cœur de Lion marque le point culminant de la carrière musicale du compositeur. Il avait donné précédemment la Caravane et l’Épreuve villageoise. Il n’écrivit plus après que des ouvrages médiocres ou qui parurent tels, parce qu’ils n’offrirent pas de beautés supérieures. Tout le monde est d’accord pour louer la fraîcheur et la grâce des couplets d’Antonio : La danse n’est pas ce que j’aime ; la noblesse de l’air : Ô Richard ! ô mon roi ! la finesse de la chansonnette de Blondel : Un bandeau couvre ses yeux, avec le délicieux ensemble à contre-temps qui suit ; la rondeur gauloise des couplets : Que le sultan Saladin.

Le grand air du second acte, chanté par Richard : Si l’univers entier m’oublie, commence par une phrase d’un magnifique mouvement que le compositeur n’a pas su conduire jusqu’à la fin. On sent que le souffle lui a manqué. L’exclamation : Ô mort ! est sourde et bizarre, tombant sur un la bémol grave en dehors du registre vocal. Nous arrivons au thème saillant de l’ouvrage, au célèbre duo entre Richard et Blondel : Une fièvre brûlante, qui a toujours produit un grand effet au théâtre. Grétry, cette fois, ne s’est pas trompé sur le mérite de son inspiration, car la phrase principale a été employée jusqu’à neuf fois dans les trois actes, avec diverses combinaisons. Le chœur qui termine le second acte : Sais-tu ? connais-tu ? a du mouvement et du caractère. La scène quatrième du troisième acte offre un ensemble remarquable, et l’émotion s’empare des spectateurs lorsque Blondel chante cette belle phrase : Sa voix a pénétré mon âme ; je la connais, oui, oui, madame. N’oublions pas la ronde de la noce : Eh ! zig, et zog, quand les bœufs vont deux à deux, qui à bon droit a tant égayé nos pères. Richerd et la Dame blanche offrent, malgré la différence des genres et des époques, des qualités toutes françaises qui les maintiendront encore longtemps au répertoire.

Cet ouvrage a été repris à l’Opéra-Comique le 27 septembre 1841, avec une nouvelle instrumentation écrite par Adolphe Adam, qui a ajouté au duo d’Une fleur brûlante un trémolo de violon qui a obtenu un grand succès auprès des habitués sensibles à ce genre de remplissage. Cette imitation des battements d’un pouls fébrile n’est à nos yeux qu’un enfantillage de plus à ajouter au bagage de l’ingénieux musicien. Une derniers reprise, au même théâtre, a eu encore lieu en octobre 1873. Les reprises qu’on a faites de cet opéra au Théâtre-Lyrique ont été aussi très-suivies.

Nous donnons trois morceaux tirés de Richard Cœur de Lion et devenus populaires.

Ô Richard ! ô mon roi !

Moderato.

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une fièvre brûlante. 1" Strophe.

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DEUXIÈME STROPHE.

BLONDEL. Dans une tour obscure, Un rui puissant languit, Son serviteur gémit De sa triste aventure.

RICHARD.

Si Marguerite était ici,

Je m’écrirais : Plus de souci,

Un regard de ma belle, etc.

QUAND LES BŒUFS VONT DEUX À DEUX.

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Refrain. Et zig et zig et zig et zog, Et

fric et fric et froc ! Quand les bœufs vont deux a

Fin.

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deux Le la ■ bou- ra-’ge en va mieux ! 1er Couplet.

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Sans ber - ger, si la ber - gè - re Est dans

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el-leesten-nuyeux. Mnissi le ber-gerSylvandre, Au-près d’el - le vient

rendre, Tout s’a - ni-me àl’entour d’eux !

DEUXIÈME COUPLET.

Qu’en dites-vous, ma commère ? Et qu’en pensez-vous, compère ? Rien ne se fait bien qu’a deux. Les habitants de la terre, Hélas ! ne dureraient guère. S’ils ne disnient pas entre eux Et zig et zig, etc.

Richard en Palestine, opéra en trois actes, paroles de Paul Foucher, musique d’Adolphe Adam ; représenté à l’Opéra le 7 octobre 1844. Le livret retrace plusieurs épisodes des croisades. La musique est froide et sans couleur. Nous mentionnerons, parmi les morceaux un peu saillants de cet ouvrage médiocre, la mélodie chantée par Richard : Air pur qui vient de la patrie, le duo de Bérengère et de Kenneth : En votre cœur, lorsque étouffée, et le trio du second acte : Que vois-je, ô ciel !