Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/RÉVOLUTION FRANÇAISE

Administration du grand dictionnaire universel (13, part. 3p. 1113).

RÉVOLUTION FRANÇAISE. En résumant à larges traits cette grande histoire, qui comprend les faits les plus mémorables des temps modernes, nous aurons à tenir compte des innombrables articles spéciaux qui, dans ce dictionnaire, sont consacrés au même sujet et qui sont relatifs aux événements, aux épisodes, aux journées, aux principaux personnages, aux assemblées, aux institutions, aux mille particularités diverses, etc., que le lecteur trouvera en suivant l’ordre alphabétique. On comprend que cette division était impérieusement indiquée, autant pour faciliter les recherches particulières sur un sujet donné, nécessité de premier ordre, que pour ne pas surcharger le récit général de longues digressions et d’une trop grande richesse de détails.

De même, et pour suivre fidèlement cette méthode rationnelle, nous renverrons aux articles qui traitent de l’organisation de l’ancienne France et nous aborderons 1789 sans aucun préambule, sans obséder le lecteur de ces verbeuses et banales considérations sur les causes de la Révolution, dont on a tant abusé ; nous entrerons enfin de plain-pied dans cette période éclatante et tragique qui marque la fin d’un monde et qui servira d’ère à la chronologie de l’avenir, dans cette arène où combat la liberté, en pleine vie, en pleine lutte, avec le XVIIIe siècle, avec les philosophes et les hommes nouveaux.

À cette heure, en réalité, la vieille France est morte ; bien avant d’être submergée par la tempête révolutionnaire, elle s’était tuée elle-même par l’excès de son principe, c’est-à-dire par l’injustice et l’autorité sous toutes leurs formes. La France nouvelle naît et grandit au milieu des orages, au milieu des luttes contre les derniers représentants de l’Europe féodale et monarchique. C’est le tableau de ce combat que nous allons esquisser. Il s’agit de la conquête du droit, de la justice, de l’égalité devant la loi, de toutes les libertés légitimes. Cette lutte mémorable intéresse donc l’humanité entière ; car c’était pour sa cause sacrée, pour son affranchissement que nos pères ont combattu, et la Révolution n’est pas un fait purement français, comme l’ont ridiculement prétendu quelques sophistes.

La plupart des chartes de liberté sont particulières à tel ou tel peuple ; les Droits de l’homme sont d’une vérité pratique dans l’univers entier ; tous les peuples ont puisé à cette source profonde, toutes les nations se sont enrichies de nos conquêtes. Jamais l’esprit cosmopolite de la France, dans le sens vraiment philosophique du mot, jamais ses facultés de haute généralisation n’avaient éclaté avec cette puissance. C’était un des résultats de la forte éducation du XVIIIe siècle. En reniant toutes les grossières superstitions du passé, en épurant, en affranchissant son esprit, cette noble génération avait bien mérité d’être l’institutrice des nations modernes. Elle eut alors la gloire de clore ce grand siècle par des œuvres que les peuples n’oublieront plus, car elles les ont fait entrer, à travers mille combats qui ne sont pas terminés, dans l’âge du progrès rationnel et régulier, dans l’ère de la science et de la raison.

Et maintenant, voici les réformateurs qui apparaissent sur la scène du monde ; le drame éclatant de l’émancipation humaine va s’ouvrir.