Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Paul (VISION DE SAINT), poëme inédit du XIIIe siècle, par Adam de Ros, trouvère normand

Administration du grand dictionnaire universel (12, part. 2p. 420).

Paul (VISION DE SAINT), poëme inédit du XIIIe siècle, par Adam de Ros, trouvère normand, publié par Ozanam dans son livre intitulé : Dante et la philosophie catholique au XIIIe siècle. C’est la troisième pièce d’un recueil manuscrit de légendes rimées, qui existe à la Bibliothèque nationale, sous le titre de Vie de saint Lauréat. L’écriture est d’une plume habile du XIIIe siècle, mais le texte est souvent corrompu. C’est un document important pour servir à l’histoire de la langue française, quoique la versification en soit froide et languissante.

Voici l’analyse qu’en a faite Ozanam : « Une tradition dont l’origine ne se retrouve pas dans les écritures apocryphes, rédigée en latin avant le milieu du XIe siècle, par un Français des provinces méridionales, fournit au moine anglo-normand, Adam de Ros, le sujet de ce poëme : L’archange saint Michel conduit l’Apôtre des nations dans ce lieu, l’enfer, dont il doit prêcher les terreurs. Devant le seuil, un arbre enflammé se dresse, gibet aux mille bras où sont suspendues les âmes des avares. Plus loin brûle une fournaise couronnée de sombres tourbillons. Un large fleuve roulant des démons dans ses flots s’enfonce sous les arches du pont fatal, que les justes réconciliés franchissent, mais qui fuit sous les pas des pécheurs. Plongés à des profondeurs inégales, selon la gravité de leurs crimes, apparaissent les envieux, les adultères, les dissipateurs, les sectaires armés pour la ruine de l’Église. D’autres tourments attendent les usuriers, les exacteurs et tous ceux qui n’eurent souci de Dieu, ni pitié des pauvres. Les vierges infidèles, vêtues de noirs vêtements, sont livrées aux embrassements hideux des dragons et des couleuvres. Les juges iniques errent entre des feux toujours allumés et une muraille glaciale. Des chaînes douloureuses chargent les mains des mauvais prêtres. Enfin, le puits scellé des sept sceaux renferme dans une infecte sépulture ceux qui nièrent les mystères de la foi. À ces tristes spectacles vient se mêler l’apparition d’une âme élue que les anges portent dans la gloire. La cour céleste retentit de joyeux cantiques : les damnés y répondent par leurs gémissements. Saint Paul et son guide s’émeuvent et entonnent une prière que répètent tous les saints. La justice éternelle se laisse fléchir : elle accorde aux réprouvés l’interruption régulière de leurs souffrances. Chaque semaine, au jour du Seigneur, la trêve de Dieu s’étend sur ses ennemis. »

Cette légende est évidemment le fond de la descente aux enfers qu’on trouve dans le poème de Dante.