Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/PULAWY, ville de la Russie d’Europe (Pologne)

Administration du grand dictionnaire universel (13, part. 2p. 409).

PULAWY, ville de la Russie d’Europe (Pologne), gouvernement et à 42 kilom. N.-O. de Lublin, sur la Vistule ; 4,000 hab. Là se trouve un beau château qui appartenait primitivement au grand général de la couronne, Adam Sieniawski, et qui fut brûlé par les troupes de Charles XII de Suède. Pulawy devint, en 1730, un des nombreux domaines des princes Czartoryski qui, à cette époque, le relevèrent de ses ruines et, plus tard, réparèrent les dévastations commises par les Russes en 1831. Il doit surtout beaucoup à la princesse Isabelle Fleming, qui s’attacha à y rassembler les objets les plus précieux au point de vue historique et archéologique. Les jardins, d’un dessin admirable, contiennent une multitude de statues, de grottes mystérieuses, de labyrinthes, et un temple de la Sibylle, imitation de celui de Tivoli, construit sur une hauteur ; là se trouve un véritable musée, ouvert à toutes les gloires, à toutes les illustrations de la patrie ; la Pologne y retrouve avec orgueil et respect une représentation animée des diverses pages de ses annales. C’est là qu’on voit les dépouilles mortelles de Boleslas le Grand, le sabre de Wladislas Lokiétek, la table sur laquelle Casimir le Grand rendit tant de décisions importantes, un drapeau brodé par la reine Hedwige, deux épées d’une forme remarquable, hommage des chevaliers teutons à Wladislas Jagellon ; les cendres de l’immortel Copernic, créateur du nouveau système du monde ; l’armure des Sigismond, les flèches de Tarnowski, le crâne de Jean Kochanowski, le prince des poëtes polonais ; le glaive donné par Grégoire III à Étienne Bathori pour combattre les infidèles, les trophées et les restes de Jean Zamoyski, la tête de l’illustre Zolkiewski, rachetée aux Turcs par sa femme moyennant 2,400,000 francs (1620) ; le bras droit du vaillant Czamiecki, la bague de l’écusson de Chodkiewicz, etc.

Au sortir du temple de la Sibylle, on trouve une charmante maison gothique, dont les murs extérieurs offrent une brillante incrustation de pierres rares provenant de toutes les parties du globe ; le coup d’œil en est très-curieux. Le poëte français Delille, qui visita Pulawy, a célébré dans ses écrits ce lieu vraiment enchanteur : « J’ai cru, dit-il, que je trouverais dans ce pays des Sarnates habillés en peau d’ours, le bâton à la main et menant la vie errante des nomades ; j’ai trouvé Athènes sur les bords de la Vistule ! »