Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/MARIE-AMÉLIE DE BOURBON, reine des Français

Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 4p. 1193).

MARIE-AMÉLIE DE BOURBON, reine des Français, née à Caserte en 1782, morte à Claremont en 1866. Elle était fille de Ferdinand IV, roi des Deux-Siciles, et de Marie-Caroline, si célèbre par sa haine contre les Français et par ses déportements. Elle fut élevée avec soin par Mme d’Ambrosio, suivit sa mère à Païenne, en 1798, lorsque les Français conquirent Naples, passa de là à Vienne, où elle resta deux ans, et retourna en 1802 à Naples, qu’elle quitta bientôt pour aller en Sicile. C’était une princesse bonne, pieuse, douée de toutes les vertus domestiques. Le duc d’Orléans, alors banni de France, vit Marie-Amélie, l’aima, en fut aimé et l’épousa à Palerme le 25 novembre 1808. De cette union, qui fut constamment heureuse, naquirent un grand nombre de princes et de princesses, qui durent en partie aux soins vigilants de leur mère une éducation libérale. La Restauration rouvrit au duc d’Orléans les portes de sa patrie. Arrivée en France en 1814, la duchesse y séjourna peu de temps, se rendit en Angleterre et revint à Paris en 1817. Lorsque éclata la Révolution de 1830, elle éprouva, dit-on, une certaine répugnance à monter sur le trône, car elle craignait qu’on ne vît dans son mari qu’un usurpateur. Devenue reine des Français, elle se tint complètement à l’écart des affaires politiques, et resta ce qu’elle avait toujours été, une épouse irréprochable, une mère tendre, entièrement occupée de sa famille, une femme compatissante et d’une inépuisable charité. Cette princesse se vit cruellement frappée dans ses affections les plus chères. En 1839, elle perdit la princesse Marie, qui s’était fait connaître comme un sculpteur distingué et en 1842 elle eut la douleur de voir expirer dans ses bras son fils aîné, le duc d’Orléans. Lorsque la révolution du 24 février 1848 eut renversé la monarchie de Juillet, Marie-Amélie accompagna seule Louis-Philippe en Normandie, puis en Angleterre, et se fit remarquer par son attitude courageuse et digne ; à partir de ce moment, sous le nom de comtesse de Neuilly, elle habita le château de Claremont, où elle ferma, en 1850, les yeux de celui dont, pendant quarante ans, elle avait été la compagne dévouée. Bien que, comme par le passé, elle se tînt à l’écart des affaires politiques, elle manifesta, dit-on, le désir de voir s’opérer un rapprochement entre sa famille et le duc de Bordeaux, représentant de la branche aînée de Bourbon. Elle avait eu de son mariage cinq fils, le duc d’Orléans, le duc de Nemours, le prince de Joinville, le duc d’Aumale, le duc de Montpensier, et trois filles, la princesse Marie, la princesse Louise, qui devint reine des Belges, et la princesse Clémentine, mariée au prince de Saxe-Cobourg. M. Trognon a publié une Vie de Marie-Amélie, reine des Français (1871, in-8o).