Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/JULIEN (Stanislas), orientaliste français

Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 3p. 1105).

JULIEN (Stanislas), orientaliste français, né à Orléans en 1799, mort à Paris en 1873. Son père, qui était mécanicien, le fit élever au petit séminaire d’Orléans. Doué d’une aptitude extraordinaire pour les langues, il apprit presque seul le grec, puis la plupart des langues d’Europe, et entra en relation, à Paris où il était venu habiter, avec le professeur Gail, qui le choisit, en 1821, pour le suppléer dans sa chaire de langue et de littérature grecques au Collège de France. Vers cette époque, il étudia le chinois, qu’il apprit avec sa facilité habituelle en suivant les cours d’Abel Rémusat, puis il se familiarisa avec le mandchou et le sanscrit. Les nombreuses traductions qu’il ne cessa de publier depuis cette époque lui acquirent une grande réputation, surtout comme sinologue, et il fut successivement nommé sous-bibliothécaire de l’Institut (1827), fonction dont il ne tarda pas à se démettre, professeur de chinois au Collège de France en 1832, membre de l’Académie des inscriptions en 1833, conservateur adjoint, chargé spécialement du dépôt chinois, à la Bibliothèque nationale (1839), enfin administrateur du Collège de France (1859). Il devint en outre membre de la plupart des académies et sociétés savantes de l’Europe et commandeur de la Légion d’honneur (1863). « Stanislas Julien, dit M. de Rosny, a puissamment contribué aux progrès de la sinologie en faisant venir de Chine de nombreuses séries d’ouvrages, aussi utiles que variés, pour l’étude des différentes branches de la littérature chinoise. » Pendant un grand nombre d’années, il amassa des matériaux pour un dictionnaire chinois monumental, qu’il n’eut pas le temps d’achever. Il a laissé peu d’ouvrages originaux. Indépendamment d’un grand nombre de notices et de mémoires insérés dans le Journal asiatique et les Comptes rendus de l’Académie des inscriptions, il a publié : Vindiciæ philologicæ in linguam sinicam, dissertatio (1830) ; Dissertations grammaticales sur certaines règles de position en chinois (1841) ; Exercices pratiques d’analyse, de syntaxe et de lexicographie chinoises (1842, in-8o) ; Simple exposé d’un fait honorable odieusement dénaturé (1843) ; Méthode pour déchiffrer et transcrire les mots sanscrits qui se trouvent dans les livres chinois (1861, in-8o), écrit dans lequel il expose un système ingénieux qui lui était personnel. C’est à ses traductions, généralement réputées très-exactes, que Stanislas Julien a dû sa réputation dans le monde savant. Nous citerons particulièrement : l’Enlèvement d’Hélène (1823, in-8o), poème de Coluthus, traduit en latin et en français ; Meng-Tseu vel Mencium… (1824-1826, 2 vol. in-8o), avec texte chinois lithographié et une traduction latine ; Hoei-lan-ki ou l’Histoire du cercle de craie (1832), drame chinois ; Tchao-chi-kou-elu ou l’Orphelin de la Chine (1834), drame suivi de nouvelles et de poésies traduites du chinois ; Pé-che-tsing-ki ou Blanche et Bleue (1834), roman ; Kan-ing-pien ou le Livre des récompenses et des peines (1835, in-8o), en chinois et en français ; Résumé des principaux traités chinois sur la culture des mûriers et l’éducation des vers d soie (1837) ; Lao-tseu Tao-te-King ou le Livre de la voie et de la vertu (1841), texte chinois avec traduction française ; Histoire de la vie de Hiouen Thsang et de ses voyages dans l’Inde (1853) ; Histoire et fabrication de la porcelaine chinoise (1856) ; Mémoires sur les contrées occidentales (1857-1858, 2 vol.), traduits du chinois ainsi que les deux ouvrages précédents ; Avadanâs, contes et apologues indiens, suivis de fables, poésies et nouvelles chinoises (1859, 3 vol.) ; les Deux filles lettrées (1860, 2 vol.) ; Yu-kiao-ti ou les Deux cousines, roman (1863, 2 vol) ; San-Tseu-King, texte chinois (1864), etc.