Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/JOUBERT (Barthélemi-Catherine), illustre général en chef des armées républicaines


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JOUBERT (Barthélemi-Catherine), illustre général en chef des années républicaines, né à Pont-de-Vaux (Ain) en 1769, tué à la bataille de Novi le 15 août 1799. Il étudiait le droit à Dijon en 1789. Enrôlé comme sergent en 1791, il fit les premières campagnes au Rhin et d’Italie, fut nommé chef de brigade (colonel) sur le champ de bataille de Loano (1795), donna des preuves de courage à Montenotte, Mondovi et Lodi, eut une grande part au succès de la journée de Castiglione, et se conduisit en héros à Rivoli. Chargé de pénétrer dans le Tyrol à la tête de trois divisions, il parvint, par une suite de manœuvres et de combats prodigieux dans ces montagnes sauvages, à séparer les généraux Kerpen et Landon de l’archiduc Charles et a soumettre le pays. Le succès de cette campagne de géants, ainsi que l’appelle Carnot, contraignit les Autrichiens à demander la paix. Joubert fut chargé par Bonaparte de porter au Directoire les drapeaux enlevés à l’ennemi. Nommé successivement général en chef des armées de Hollande (1798), de Mayence et d’Italie, il s’empara du Piémont sans coup férir, par un coup d’audace dont les annales militaires offrent peu d’exemples. Peu de temps après arrivèrent à son quartier général des commissaires du Directoire chargés de surveiller l’emploi des fonds levés sur le pays. Cette mesure, générale pour toutes les armées, avait pour but de mettre fin aux gaspillages commis dans les états-majors. Joubert crut y voir l’indice d’un soupçon injurieux, et donna sa démission. Schérer, son successeur, éprouva des revers ; Moreau, qui vint après, eut beaucoup de peine à se maintenir dans des positions défensives contre un ennemi deux fois plus nombreux, commandé par l’intrépide Souwaroff. Joubert fut remis à la tête de l’armée d’Italie. À peine est-il arrivé qu’il se voit obligé d’accepter une bataille dans des conditions très-défavorables. Pour animer le soldat, il se précipite au milieu de la mêlée ; mais il tombe presque aussitôt, frappé d’une balle au cœur. Le Corps législatif prit le deuil pour cinq jours ; Garat, Chénier et d’autres prononcèrent l’oraison funèbre du vaillant général. Son corps fut transporté à Toulon, au fort Lamalgue, qui prit alors le nom de Fort Joubert. On lui éleva un monument à Bourg et une statue dans le grand escalier du Sénat. Il est aujourd’hui hors de doute que la coterie des hommes d’État du Directoire avait jeté les yeux sur lui pour en faire le chef militaire du coup d’État qu’elle méditait, et que ce n’est qu'après sa mort qu’elle fit des ouvertures à Bonaparte. Eût-il consenti à jouer ce rôle ? Il serait permis d’en douter si les antécédents les plus irréprochables étaient toujours une garantie suffisante contre de semblables tentations. Joubert était extrêmement brave de sa personne.