Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/JEAN II, roi de Portugal

Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 3p. 931).

JEAN II, roi de Portugal, né à Lisbonne en 1445, mort en 1495. Il épousa à seize ans sa cousine Léonor de Lancastre, eut une jeunesse dissipée, puis se conduisit brillamment dans l’expédition d’Azila (1471), où il reçut l’ordre de la chevalerie, à la prise de Tanger, et en 1476 à la bataille de Toro. Son père l’initia ensuite au gouvernement, et dès lors il s’occupa entièrement des affaires publiques. Chargé du pouvoir pendant le voyage que fit en France son père Alphonse V, il y fit preuve de tant d’habileté, qu’Alphonse, à son retour, le lui laissa, se bornant a garder le titre de roi. À la mort d’Alphonse (1481), Jean II lui succéda. Décidé à humilier les grands toujours séditieux, il fit condamner à mort le duc de Bragance, son beau-frère, et tua de sa main Viteo, chef d’un complot dirigé contre lui. Malgré ces actes d’une cruelle sévérité, le titre de Prince parfait, que lui ont conservé les Portugais, n’est point tout à fait une exagération nationale. Sévère dans l’administration de la justice, réformateur intelligent, protecteur de l’agriculture, de l’industrie et des sciences, Jean II peut être considéré comme un des plus grands princes de la Péninsule. Il montra une sollicitude constante pour l’amélioration du sort des classes populaires, en même temps qu’il réprimait impitoyablement les complots de la noblesse, et qu’il diminuait ses privilèges. Entouré de savants, de géographes, de mathématiciens et de navigateurs, il préluda aux grandes expéditions maritimes qui devaient placer le Portugal si haut, et envoya des explorateurs jusqu’aux Indes. C’est sous son règne que le cap de Bonne-Espérance fut reconnu. On lui reproche cependant d’avoir méconnu Christophe Colomb, qui se consuma pendant plusieurs années à Lisbonne, sans pouvoir vaincre le dédain du roi pour ses projets.