Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Hugo (Charles-Victor), littérateur et publiciste, fils aîné du précédent

Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 2p. 440).

HUGO (Charles-Victor), littérateur et publiciste, fils aîné du précédent, né à Paris en 1826, mort à Bordeaux, au mois de mars 1871. Il fit de brillantes études au lycée Charlemagne, et obtint des succès au concours général. En 1848, Lamartine l’attacha au ministère des affaires étrangères et le prit comme secrétaire. Quelque temps après, Victor Hugo ayant fondé, avec Meurice et Vacquerie, le journal l’Événement, le jeune Charles en devint un des plus actifs collaborateurs, et attira particulièrement sur lui l’attention publique par un article sur la peine de mort qui le fit condamner à deux mois de prison, Dans ce procès, il eut pour défenseur son père, qui prononça un plaidoyer resté célèbre. À cette époque, en même temps que Charles Hugo, les autres rédacteurs de l’Événement, Paul Meurice, Auguste Vacquerie et François-Victor Hugo, étaient emprisonnés. C’est à ces prisonniers que Victor Hugo adressa une pièce de vers, insérée dans les Châtiments:

Mes fils, soyez contents ; l’honneur est où vous êtes.

…………

Ils vous ont condamnés ; que l’avenir les juge !
Toi, pour avoir crié : « La France est le refuge
Des vaincus, des proscrits ! » Je t’approuve, mon fils.
Toi, pour avoir, devant la hache qui s’obstine,

Insulté la guillotine,
Et vengé le crucifix !

Après le coup d’État de 1851, Charles Hugo voulut partager l’exil de son père. Il quitta la France, habita tantôt Jersey, tantôt la Belgique, et s’occupa à la fois de travaux littéraires et de photographie. En 1869, il fut, avec Paul Meurice et Vacquerie, un des fondateurs du Rappel, où il fit à l’Empire une guerre sans relâche, et dont il était encore un des plus actifs collaborateurs lorsqu’il mourut subitement à Bordeaux d’une congestion cérébrale. Son corps, transporté à Paris, fut conduit au Père-Lachaise le jour même de la révolution du 18 mars, Charles Hugo était un écrivain de talent. Il avait une imagination ardente et vive. Dans ses écrits littéraires, son style est souvent maniéré et précieux. Comme journaliste, il avait de la verve et du trait. On lui doit un certain nombre d’ouvrages : le Cochon de saint Antoine (1857) ; la Bohême dorée (1859) ; la Chaise de paille (1859) ; une Famille tragique (1860) ; une comédie en un-acte : Je vous aime (1861). Lorsque Victor Hugo publia les Misérables, M. Charles Hugo tira de ce roman un drame qui fut représenté à Bruxelles, mais qui n’obtint que très-peu de succès.