Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/France (Histoire de), de M. Emile de Bonnechose


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France (Histoire de), de M. Emile de Bonnechose (1834, 1er édit., 2 vol. in-8º ; Firmin Didot, 1869, dernière édition, 2 vol. in-8º). Le travail de l’historien s’arrêtait à la révolution de 1830 ; dans les éditions successives, il fut poussé jusqu’à 1848, et même, sous forme de sommaire, jusqu’à, la dix-huitième année du règne de Napoléon III. Cet ouvrage tient le milieu entre les grands recueils des historiens français, comme les Histoires de France de Sismondi, de Henri Martin, de Michelet, et les simples précis destinés à offrir seulement des résumés. Aussi complet que les premiers dans l’ensemble des faits, d’une sécheresse moindre que les seconds, il met le lecteur plus à l’aise et lui permet de voir dans l’histoire autre chose qu’une succession monotone de commencements et de fins de règnes, de défaites et de victoires.

Le livre de M. de Bonnechose est surtout remarquable par l’étude du développement des libertés municipales. Ennemi de la centralisation des pouvoirs, dans laquelle il voit pour la France, qu’elle soit monarchique ou républicaine, une cause de faiblesse et de décadence, il s’applique à démontrer quelle vitalité possédaient ses institutions à l’époque où chacune de ses provinces formait, sous la tutelle royale, une sorte de gouvernement. Pour lui, cette centralisation, qui date.de la seconde moitié du règne de Louis XIV, « a détruit ou comprimé les libertés nécessaires à l’équilibre des forces sociales ; au lieu de stimuler l’activité, la vigilance et l’énergie des membres de l’Etat, elle les a endormies ou paralysées ; en tendant à se substituer à l’action de tous, à dispenser chacun de vouloir, d’entreprendre et d’agir, elle a cessé d’être un progrès pour devenir un obstacle et un danger. » M. de Bonnechose appelle de tous ses vœux l’accroissement des ibertés communales ou plutôt la formation de sortes d’États provinciaux, qui feraient presque de la France une espèce de confédération féodale. Il regrette profondément que la Convention ait d’un trait de plume effacé l’histoire, glorieuse il est vrai, de nos provinces, et se refuse à voir les bienfaits que l’unité a apportés à notre nationalité. Tout en désirant comme lui qu’il soit fait de grands progrès dans le sens de la décentralisation, il est permis de s’éloigner de ses idées en ce qui concerne la grande œuvre unitaire de la Convention, œuvre nécessaire, que nul autre pouvoir n’aurait eu la force d’accomplir et qui a fait la France ce qu’elle est. Les nœuds puissants de la centralisation se relâcheront peu à peu, et l’unité n’en restera pas moins forte.

L’Histoire de France de M. E. de Bonnechose, comme le Précis de MM. Cayx et Poirson, est surtout destinée aux établissements universitaires. Il y faut plutôt chercher un ensemble complet des événements, d’après les historiens, que des points de vue nouveaux et des découvertes originales. En dehors de ses opinions sur le rôle en France des libertés municipales, M. de Bonnechose ne s’écarte en rien, dans la narration des faits, des doctrines usitées dans les livres universitaires.


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