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FRANC-ARCHER s. m. Soldat d’une milice établie par Charles VII, et qui se composait d’hommes dont chacun était fourni par une paroisse.

— Encycl. Il n’y a jamais eu de francs-archers à cheval. Le nom des francs-archers différait de celui des autres archers à pied, parce qu’ils étaient exempts de taille, de guet et de garde, ce qui leur tenait lieu de solde.

« Cette exemption tenait lieu d’une paye royale ; car ils n’étaient pas rétribués par l’Etat. C’est pourquoi les écrivains les ont regardés comme le type de notre garde nationale. Mais la comparaison n’est pas juste, parce qu’ils vivaient, en temps de guerre, sur l’extraordinaire des guerres. » (Bardin, Dictionnaire de l’armée de terre.) Les francs-archers recevaient, à l’armée, une solde de 4 livres par mois, suivant Velly ; 50 sous, suivant Bontemps, et 18 livres, suivant Servan.

Charles VII institua les francs-archers par l’édit de Tours du 28 avril 1448. Chaque paroisse de 50 feux était obligée de tenir en armes un homme apte à faire campagne, le plus avisé pour l’exercice de l’arc. Ces francs-archers étaient aussi nommés archers de réserve dans l’édit, et devaient s’exercer, les dimanches et fêtes, à tirer de l’arc ou à berser (décocher un trait), suivant une expression du temps. L’édit de Tours «est le premier réglement où le mot tactique soit sous-entendu, et où le mot exercice soit mentionné. Cet exercice était le papegeai. (Bardin, Dictionnaire de l’armée de terre.) Nous trouvons encore, dans l’ouvrage du même auteur, la manière dont on choisissait ce franc-archer par paroisse : « Sur 60 hommes valides et d’un âge convenable, la paroisse en tirait un au sort ; elle lui faisait prêter serment ; elle l’armait, l’habillait, l’équipait aux frais des cinquante-neuf paroissiens que le sort n’avait pas atteints. Telle est l’origine du tirage à la milice. » Charles VII avait donc à son service, et accourant à son appel, une armée entretenue par le peuple.

Charles VII ne put tirer parti des francs-archers : il les abolit. Louis XI les rétablit (1466) en corps de 14,000 ou 16,000 hommes, divisé en 28 compagnies de 500 hommes, sous les ordres, chacune, d’un capitaine. Quatre capitaines généraux commandaient chacun un corps de sept compagnies. Ces francs-archers, nommés aussi soldats à gages ménagers, et ceux qui étaient nourris par les villafges, francs-taupins ou francs-taupiers, suivirent Louis XI dans toutes ses guerres, mais n’assistèrent qu’à une seule grande bataille, où ils furent battus, à Guinegatte, en 1479. Malgré leur médiocrité comme soldats, leur peu d’instruction, leur indiscipline, les francs-archers, n’étant pas des hommes taillables, prétendaient être nobles, et ils constituèrent la noblesse archère. Louis XI les abolit en 1480 ; Charles VIII les rétablit en 1485, mais Louis XII les supprima définitivement en 1509. Leur existence, comme on le voit, avait été courte. Il faut pourtant dire que l’institution ne disparut pas néanmoins entièrement. Quelques villes continuèrent à avoir des francs-archers pour leur garde particulière, et l’ordonnance du 11 août 1578 reconnut quatre francs-archers par bande. « L’armure complète d’un franc-archer se composait de la salade ou casque léger, de la jacque, vêtement rembourré de coton ; de la brigandine, corselet garni de lames de fer ; de la vouge, épieu de la longueur d’une hallebarde, et dont le fer ressemblait à un carreau ; de la rondelle, bouclier rond ; de la trousse, espèce de carquois rempli de flèches, au nombre d’au moins dix-huit ; de la dague (long poignard), et enfin d’une épée. » (Le comte de Chesnel, Encyclopédie militaire et maritime.)

La France et ses rois ne furent pas les seuls à avoir des francs-archers ; la Bretagne et ses ducs eurent aussi des corps portant le même nom.


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