Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/ESTRÉES (Jean, marquis D’), grand maître de l’artillerie de France

Administration du grand dictionnaire universel (7, part. 3p. 985-986).

ESTRÉES (Jean, marquis D’), grand maître de l’artillerie de France, né en 1486, mort en 1571. Il servit successivement sous François Ier, Henri II, François II et Charles IX. Le marquis d’Estrées donna de nombreuses preuves de sa valeur à Marignan (1515), pendant la conquête du Milanais, et à la bataille de Pavie (1525), auprès de François Ier qui le nomma gentilhomme de son hôtel en 1533 ; puis il assista à l’affaire de Cérisoles et à la conquête du Montferrat. Sous Henri II, il devint grand maître et capitaine général de l’artillerie de France (1550), et capitaine de cinquante hommes d’armes des ordonnances (1556). Maintenu dans ses fonctions par François II et par Charles IX, il fut nommé par ce dernier prince lieutenant général à Orléans. Brantôme fait de la capacité et de la bravoure de d’Estrées l’éloge le plus pittoresque. « Il alloit, dit-il, à la tranchée tête levée, la plupart du temps à cheval, monté sur une grande haquenée alezane qui avoit plus de vingt ans, et qui étoit aussi assurée que le maître ; car, pour les canonnades et arquebusades qui se tirassent dans la tranchée, ni l’un ni l’autre ne baissoient jamais la tête, et ils se montroient par-dessus la tranchée la moitié du corps, car il étoit grand et elle aussi. » Jean d’Estrées fit faire de grands progrès à la fabrication des bouches à feu. Il avait embrassé la Réforme calviniste. — Son fils, le marquis Antoine d’Estrées, était gouverneur de Noyon lorsqu’il fut assiégé dans cette ville par le duc de Mayenne en 1593. Il s’y conduisit de la façon la plus brillante, défendit la place pendant trois semaines et fit subir de telles pertes aux assiégeants que, après la capitulation de Noyon, le duc de Mayenne se trouva dans l’impossibilité d’aller secourir les Parisiens. En récompense de sa belle conduite, Henri IV donna à d’Estrées le gouvernement de l’Île-de-France et de La Fère, puis lui conféra, en 1597, la charge de grand maître de l’artillerie, dont d’Estrées se démit en faveur de Sully en 1600. On ignore la date de sa mort, comme celle de sa naissance.