Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/DUMAS (Alexandre), romancier et l’auteur dramatique le plus fécond et le plus populaire de France, fils du précédent

Administration du grand dictionnaire universel (6, part. 4p. 1373-1375).

DUMAS (Alexandre), romancier et l’auteur dramatique le plus fécond et le plus populaire de France, fils du précédent, né, le 24 juillet 1803, à Villers-Cotterets (Aisne), mort à Puits, près de Dieppe, chez son fils, le 5 décembre 1870.

Voici, tracé par lui-même, le portrait de Dumas enfant : « Je faisais, dit-il, un assez joli marmot. J’avais de longs cheveux bouclés qui tombaient sur mes épaules et qui ne crêpèrent que le jour où j’eus atteint ma quinzième année ; de grands yeux bleus, qui sont restés ce que j’ai encore de mieux dans le visage ; un nez droit, petit et assez bien fait ; de grosses lèvres roses et sympathiques ; des dents blanches et assez mal rangées; là-dessous, enfin, un teint d’une blancheur éclatante, et qui tourna au brun à l’époque où mes cheveux tournèrent au crépu. »

Des trois choses que les capitaines français trouvaient sur leur chemin, la mort, la gloire, la fortune, le général Dumas n’avait rencontré que les deux premières. Sa veuve resta sans fortune et, à dix-huit ans, Alexandre Dumas dut entrer comme troisième clerc dans l’étude de Me Menesson, notaire à Villers-Cotterets.

« Je venais d’avoir vingt ans, raconte A. Dumas, lorsque ma mère entra un matin dans ma chambre, s’approcha de mon lit en pleurant, et me dit : « Mon ami, je viens de vendre tout ce que nous avons pour payer nos dettes. — Eh bien, ma mère ? — Eh bien, mon pauvre enfant, nos dettes payées, il nous reste deux cent cinquante-trois francs. — De rente ? » Ma mère sourit amèrement. « En tout ! — Eh bien, ma mère, je prendrai ce soir les cinquante-trois francs et je partirai pour Paris. — Qu’y feras-tu, mon pauvre ami ? — J’y verrai les amis de mon père : le duc de Bellune, qui est ministre de la guerre ; Sébastiani, Jourdan… » On s’occupa le jour même des préparatifs du départ.

Un ami de Mme Dumas obtint de M. Darné, électeur influent du département de l’Aisne, une lettre de recommandation pour le général Foy, dont il avait puissamment appuyé l’élection l’année précédente. Muni des cinquante-trois francs, Alexandre Dumas embrassa sa mère et se rendit au bureau des messageries. Il a raconté lui-même qu’avant de partir il joua au billard avec l’entrepreneur des diligences et lui gagna le prix de sa place, de sorte qu’il put arriver à Paris avec son petit trésor intact. Nous l’y trouvons installé dans un très-modeste hôtel de la rue Saint-Germain l’Auxerroîs. Il vit successivement Sébastiani, Bellune, Jourdan, anciens amis de son père, et n’en reçut qu’un accueil très-indifférent, accompagné de ces vaines promesses, avec lesquelles on éconduit un solliciteur qu’on ne veut ou qu’on ne peut obliger. A. Dumas fut plus heureux auprès du général Foy, probablement à cause de la lettre de M. Darné. Sous la Restauration, un électeur influent était un personnage, et les célébrités du jour traitaient avec lui de puissance à puissance. Voici comment Alexandre Dumas a raconté lui-même son entrevue avec le général Foy. « Voyons, que ferons-nous ? lui dit-il. — Tout ce que vous voudrez, général. — Il faut d’abord que je sache à quoi vous êtes bon — Oh ! pas à grand’chose. — Voyons, que savez-vous ? Un peu de mathématiques ? — Non, général. — Vous avez au moins quelques notions de géométrie, de physique ? — Non, général. — Vous avez fait votre droit ? — Non, général. — Vous savez le latin et le grec ? — Très-peu. — Vous vous entendez peut-être en comptabilité ? — Pas le moins du monde. » Et à chaque question, ajoute A. Dumas, je sentais la rougeur me monter au visage ; c’était la première fois qu’on me mettait ainsi face à face avec mon ignorance. « Donnez-moi votre adresse, dit le général Foy ; je réfléchirai à ce qu’on peut faire de vous. » A. Dumas écrivit son adresse. « Nous sommes sauvés, s’écria le général en frappant dans ses mains : vous avez une belle écriture. » Je laissai, dit Alexandre Dumas, tomber ma tête sur ma poitrine ; je n’avais plus la force de la porter ; une belle écriture !… voilà tout ce que j’avais ! » Trois jours après, le futur auteur d’Antony entrait dans les bureaux du duc d’Orléans, en qualité de simple expéditionnaire, aux appointements de douze cents francs. Il passa une année dans son modeste emploi, complètement ignoré et s’ignorant lui-même ; ses appointements venaient d’être portés à quinze cents francs ; il songea alors à refaire son éducation, et prit des leçons de physiologie, de chimie, de physique, d’un jeune médecin avec lequel il s’était lié intimement. Il passait une partie de ses nuits, soit à faire des études de linguistique, soit à lire les principaux auteurs de la littérature française. « Alors, dit-il, commença cette lutte obstinée de ma volonté, lutte d’autant plus bizarre qu’elle n’avait aucun but fixe, d’autant plus persévérante que j’avais tout à apprendre. Occupé huit heures par jour à mon bureau, forcé d’y revenir chaque soir de sept à dix heures, mes nuits seules étaient à moi. C’est pendant ces veilles fiévreuses que je pris l’habitude, conservée toujours, de ce travail nocturne qui rend mon œuvre incompréhensible à mes amis eux-mêmes, car ils ne peuvent deviner ni a quelle heure ni dans quel temps je l’accomplis. Cette vie intérieure qui échappait à tous les regards dura trois ans, sans amener aucun résultat, sans que je produisisse rien, sans que j’éprouvasse même le besoin de produire. Je suivais bien avec une certaine curiosité les œuvres théâtrales du temps dans leurs chutes ou dans leurs succès ; mais comme je ne sympathisais ni avec la construction dramatique, ni avec l’exécution dialoguée de ces sortes d’ouvrages, je me sentais seulement incapable de produire rien de pareil, sans deviner qu’il existât autre chose que cela. Vers ce temps, des acteurs anglais arrivèrent à Paris. Je n’avais jamais lu une seule pièce du théâtre étranger ; ils annoncèrent Hamlet ; je ne connaissais que celui de Ducis ; j’allai voir celui de Shakspeare. Supposez un aveugle auquel on rend la vue, qui découvre un monde tout entier dont il n’avait aucune idée ; supposez Adam s’éveillant après sa création… Oh ! c’était là ce que je cherchais… » Ce que Dumas ne raconte pas, c’est qu’avant son départ de Villers—Cotterets il avait déjà (d’après M. Eugène de Mirecourt, il est vrai) essayé de se faire vaudevilliste. La petite cité picarde abritait alors la famille de Leuven, exilée de Paris, en 1815, au retour des Bourbons. Adolphe de Leuven, qui avait déjà obtenu des succès, répondit un jour au jeune Dumas, qui manifestait un désir violent d’arriver à la fortune : « Faites-vous auteur dramatique. Le théâtre est une mine d’or, et je vous offre ma collaboration. » A. Dumas le prit au mot. Trois pièces ayant pour titres : le Major de Strasbourg ; un Dîner d’amis et les Abencérages, furent expédiées aux directions parisiennes et refusées partout. Cependant A. Dumas avait dit au général Foy : « Je vais vivre de mon écriture ; mais je vous promots de vivre un jour de ma plume ; » il s’agissait de tenir parole. Un vaudeville, fait en collaboration avec MM. de Leuven et Rousseau, porté d’abord au Gymnase, eut le sort des pièces expédiées de Villers-Cotterets. La Chasse et l’amour, tel était le titre de la pièce que l’Ambigu, trois mois plus tard, consentît à mettre à' l’étude, en stipulant pour chaque auteur quatre francs par soirée. Elle fut représentée le 22 septembre 1825.Voici un des couplets du vaudeville final ;

Heureux sous l’olivier chéri,
De la paix nous goûtons les charmes.
Sans craindra que quelque ennemi
Vienne nous proposer les armes.
Grâce aux temps passés, il comprend,
Par nos exploits héréditaires,
Que ce n’est pas impunément
Que l’on vient chasser sur nos terres.

Le théâtre de la Porte-Saint-Martin joua, le 21 novembre 1826, la Noce et l’enterrement, vaudeville de Vulpian, Lassagne et D… (Dumas). Ces deux ouvrages obtinrent du succès. La direction de la Porte-Saint-Martin octroya six francs par représentation à chacun des auteurs de la Noce et l’enterrement. A. Dumas, croyant déjà à son étoile, décida sa mère à quitter la province pour venir habiter avec lui un modeste appartement du faubourg Saint-Denis. Ajoutons ici que A. Dumas s’est toujours montré un admirable fils, et qu’il aimait jusqu’à l’adoration celle à laquelle il devait le jour. Au milieu de ses travaux, le jeune homme avait trouvé le temps de composer une tragédie intitulée : les Gracques, qu’il brûla lui-même, et une Conjuration de Fiesque, imitée de Schiller. L’avènement de l’école romantique encouragea le débutant, modeste encore. Il écrivit son drame de Christine à Fontainebleau. Un biographe dit que « l’idée de cette pièce lui fut suggérée par un bas-relief de Mlle de Fauveau, représentant Monaldeschi assassiné dans la grande galerie de Fontainebleau, par ordre de la reine Christine de Suède. » A. Dumas raconte, au contraire, qu’il en conçut le plan avec Frédéric Soulié, en lisant l’article de Christine dans la Biographie Michaud- Dans ce cas, il se serait contenté de peu. Les essais littéraires de l’expéditionnaire avaient été mis sous les yeux du duc d’Orléans, qui donna des ordres secrets pour qu’on le déchargeât du poids le plus incommode de ses fonctions bureaucratiques. On lui donna une pièce séparée, et, au bout de quelques mois, il se présenta chez le baron Taylor, commissaire royal, portant sous le bras le volumineux manuscrit de son drame de Christine. Le baron Taylor l’accueillit avec empressement. Cette Christine, recommandée par Charles Nodier et le baron Taylor, fut dédaignée d’abord par les sociétaires de la Comédie-Française. Sur la juste réclamation de l’auteur, on convint de part et d’autre de s’en rapporter à la décision de M. Picard. « Avez-vous de la fortune, demanda celui-ci au futur auteur d’Antany ? - Pas l’ombre, monsieur, répondit celui-ci. - Quels sont vos moyens d’existence ? — Une place de quinze cents francs. — Eh bien, mon ami, dit Picard, retournez à votre bureau. » Ce jugement un peu risqué ne découragea pas Dumas. Il se mit à étudier l’histoire de France, qu’il devait plus tard si singulièrement travestir. En parcourant les mémoires de L’Estoile, il fut frappé du récit de la mort de Saint-Mégrin et conçut l’idée do son drame de Henri III. En deux mois, la pièce fut écrite, présentée et reçue. « Ce fut toute une affaire, dit M. Alfred Nettement, dans son Histoire de la littérature française sous la Restauration. Les défenseurs de l’école classique du XVIIIe siècle, voyant les foyers de la tragédie menacés, tentèrent une sortie désespérée. Dans les bureaux mêmes du Constitutionnel, où l’on avait peu d’enthousiasme pour la légitimité de la royauté française, on signa une requête au roi en faveur de la légitimité d’Aristote. Le souverain fut supplié d’intervenir pour empêcher le scandale de la représentation de Henri III sur la scène de la Comédie-Française ; Charles X répondit avec beaucoup de bon sens aux promoteurs de ce coup d’État classique : « Messieurs, quand il s’agit de théâtre, je n’ai, comme tout bourgeois de Paris, que ma place au parterre. » On poursuivit donc les répétitions de Henri III, dont la première représentation fut annoncée pour le 10 février 1829. Dès le matin de ce jour si impatiemment attendu, Dumas alla chez le duc d’Orléans pour le prier d’assister à cette épreuve solennelle qui devait décider de son avenir. Le duc répondit que cela lui était difficile, pour ne pas dire impossible ; il avait je ne sais combien de princes à dîner ce jour-là. « Oh ! monseigneur, s’écria Dumas, c’est une chose bien malheureuse pour moi que cette impossibilité ! Il y a quatre ans que je pousse péniblement les jours devant moi pour arriver à cette soirée, et cela dans un but, c’est celui de vous prouver que j’avais seul raison contre tous, et même contre Votre Altesse. Il n’y a donc pas de succès pour moi, ce soir, si vous n’êtes pas là quand je l’obtiendrai. C’est un duel où je joue ma vie… Soyez mon témoin, cela ne se refuse pas. — Je ne demande pas mieux ; je serais même curieux de voir votre ouvrage, dont Vatout m’a dit beaucoup de bien ; mais comment faire ? — Avancez l’heure de votre dîner, monseigneur ; je retarderai celle du lever du rideau. — Le pouvez-vous jusqu’à huit heures ? — Je l’obtiendrai du théâtre. — Eh bien ! allez me retenir toute la première galerie. Je vais, moi, faire prévenir mes convives d’arriver à cinq heures au lieu de six. » Le duc d’Orléans, fidèle à sa promesse, arriva à huit heures précises, suivi d’un bataillon de princes, de princesses, d’ambassadeurs, de généraux : cette claque aristocratique donna le signal des bravos. « À partir du troisième acte, dit A. Dumas, ce ne fut plus un succès, ce fut un délire. Puis, lorsque Firmin reparut pour nommer l’auteur, le prince se leva lui-même, afin d’écouter, debout et découvert, le nom de son employé. » Ce que Dumas n’avoue pas, c’est que son drame de Henri III n’est qu’une habile compilation dont Anquetil, le Journal de Pierre de L’Estoile, Walter Scott et Schiller ont fait les frais. A. Dumas a copié presque littéralement, dans la première scène de son quatrième acte, la quatrième scène du second acte du Don Carlos de Schiller, ainsi qu’on peut s’en convaincre par la double citation suivante.

Schiller (Don Carlos, acte II, scène IV).

DON CARLOS, UN PAGE.

Don Carlos. — Une lettre pour moi… Pour qui cette clef ? Et toutes deux remises avec tant de mystère… Où t’a-t-où remis ceci ?

- Le Page. — Autant que j’ai pu le remarquer, la dame aime mieux être devinée que nommée.

- Carlos. — La dame ? Quoi ! Comment ? Qu’es-tu donc ?

- Le Page.— Un page de Sa Majesté, de la reine.

- Carlos, lui mettant la main sur la bouche. — Tu es mort, silence ! J’en sais assee.(Il lit.) Elle t’a elle-même remis cette lettre ?

- Le Page. — De sa propre main.

Dumas (Henri III, acte IV, scène Ire).

arthur, s.-mégrin.

- Saint-Mégrin — Cette lettre et cette clef sont pour moi, dis-tu ? Oui… À M.le comte de Saint-Mégrin. De qui les tiens-tu ?

- Arthur. — Quoique vous ne les attendissiez de personne, ne pouviez-vous les espérer de quelqu’un ?

- Saint-Mégrin. — De quelqu’un ? Comment ? Et qui es-tu toi-même ?

- Arthur. — Ne pouvez-vous reconnaître les armes de deux maisons souveraines ?

- Saint-Mégrin. — La duchesse de Guise ! (Lui mettant la main sur la bouche.) —Tais-toi ! je sais tout. (Il lit.) Elle-même t’a remis cette lettre ?

- Arthur. — Elle-même.

Ainsi de suite jusqu’au bout. Qu’en pense le lecteur ? demande M. de Mirecourt, qui fournit bien d’autres preuves ?

Henri III rapporta trente mille francs à son auteur, qui collabora, dit-on, au Roi Pétaud, parodie de sa pièce, afin d’en augmenter les produits. « Comme étourdi de son passage subit de l’obscurité à la gloire, M. Dumas, dit M. de Loménie, se plonge avec ardeur dans un luxe exagéré ; il porte des habits fantastiques, des gilets éblouissants, abuse de la chaîne d’or, donne des dîners de Sardanapale, crève une grande quantité de chevaux et aime un grand nombre de femmes. » Le lendemain, M. Dumas devenait bibliothécaire du duc d’Orléans.

La Comédie-Française ne parlait pas de mettre Christine à l’étude, lorsque Dumas reçut du directeur de l’Odéon la lettre suivante : « Mon cher Dumas, votre Christine restera indéfiniment enfouie dans les cartons de la Comédie-Française : portez-la à l'Odéon ; je vous promets de la faire jouer tout de suite, et je vous assure vingt pour cent sur la recette. Harel. » Dans l’analyse que nous avons donnée de cette pièce (v. Christine), nous avons dit comment, pour obliger un de ses confrères en littérature nommé Brunet, Dumas se rendit à la demande de Harel. La première représentation fut très-orageuse, et M. Caylas assure que, sans les cinquante ouvriers scieurs de long amenés par Frédéric Soulié, la pièce n’aurait pas eu trois représentations. « Cette fois, dit M. de Mirecourt, l’auteur dévalise les auteurs vivants. » En dépit de ces emprunts, Christine n’en reste pas moins une des œuvres les plus remarquables de son auteur. Ce drame était dédié au duc d’Orléans, qui essaya, mais en vain, d’obtenir de Charles X le ruban rouge pour M. Dumas. Aussi le dramaturge déjà célèbre accueillit-il les trois journées avec enthousiasme. • Joseph ! cria-t-il à son domestique, le 26 juillet 1830, allez chez mon armurier, rapportez-en mon fusil à deux coups et deux cents balles du calibre vingt. » Deux cents balles, Jésus ! Combien veut-il tuer d’hommes ? se demanda le timide Joseph. Un volume des mémoires de M. Dumas est consacré au récit de ses exploits pendant les trois jours. On lui décerna la décoration de juillet. « Dès ce moment, disait M. Dumas, je ne vis plus rien autre chose en ce monde que la politique, et j’oubliai totalement la littérature. » M. Dumas, qui a l’imagination vive, se voyait déjà ministre du roi citoyen. Sa déception fut extrême et il s’écriait presque comiquement : « Oh ! certes, après une révolution, on doit haïr les hommes ; mais après deux révolutions on ne peut plus que les mépriser ! » Il abandonna alors Paris pour aller organiser en Vendée la garde nationale, d’après les ordres de La Fayette. Il revint à Paris déclarer que cette organisation était impossibe. Pour mieux le prouver, il publia, dans la Revue des Deux-Mondes, la Vendée après le 20 juillet. « C’était le cœur du parti royaliste, dit-il ; je voulais en calculer les battements. Des cris de « Vive Charles X ! » m’accueillirent partout. Ce pays-là du moins est un pays loyal et qui ne change pas. » Cependant il ne renonçait pas, à ses idées d’ambition et écrivait à Louis-Philippe : « Sire, il y a longtemps que j’ai écrit et imprimé que, chez moi, l’homme littéraire n’était que la préface de l’homme politique… L’âge auquel je pourrai faire partie des membres d’une Chambre régénérée se rapproche pour moi. J’ai la certitude, le jour où j’aurai trente ans, d’être nommé député ; j’en ai vingt-huit, sire. » M. Dumas n’est point heureux dans ses prophéties. C’est lui qui, vingt ans plus tard, annonçait dans le Constitutionnel, d’après une somnambule extra-lucide, le retour de Henri V. Ce récit n’était pas moins amusant que les romans qui ont aidé à populariser le nom de leur auteur. On y trouvait la description de la rentrée à Paris de Henri V, escorté par… M. Alexandre Dumas fils, son confident et son ami. Le roi devenait, ce jour-là même, épris de la fille d’un menuisier ; il l’épousait et en avait deux fils, etc. M. Dumas trouvait toutes ces folies très-naturelles ! Faites des drames, monsieur Dumas, faites des drames, aurait-on pu lui dire en parodiant la réponse de Voltaire à maître André, car c’est là votre voie. M. Dumas avait terminé la lettre dont nous parlions plus haut par ce fier paragraphe : « Sire, le dévouement aux principes passe avant le dévouement aux hommes ; le dévouement aux principes fait les La Fayette ; je supplie Votre Majesté d’accepter ma démission de bibliothécaire. Rois et citoyens sont égaux devant le poëte ; il soulève le linceul des morts, le masque des vivants, il flagelle le ridicule et il stigmatise le crime. Je veux qu’on puisse me souffleter avec cette préface, si je professe jamais d’autres opinions. » On pourrait demander à M. Dumas ce que faisait à Florence, en 1842, à la cour du grand-duc de Toscane, le futur ami de Garibaldi. M. Dumas, se faisant appeler marquis de la Pailleterie, s’enivrait d’orgueil et de louanges, oubliant, non-seulement ses opinions, mais de plus la Comédie-Française, où l’on étudiait Lorenzino, sans pouvoir obtenir le retour à Paris de son auteur.

Voyant que Louis-Philippe s’obstinait à ne pas l’honorer d’un portefeuille, Dumas lui joua le tour pendable de composer un drame intitulé Napoléon Bonaparte.

« Ici, dit Mirecourt, commence la collaboration occulte. M. Dumas fait travailler les hommes de lettres ses confrères, et s’attribue toute la gloire du travail. Seul il signe le Napoléon, quand Cordelier-Delanoue, en est avec lui, et plus que lui, l’auteur. Seul il signe Charles VII, dont Gérard de Nerval et Théophile Gautier lui ont livré les cinq actes au grand complet. Seul il signe Antony, pièce due à la collaboration d’Émile Souvestre. »

Nous ne voulons pas suivre l’auteur des Contemporains dans le procès qu’il fait à Dumas : le Grand Dictionnaire n’aime pas médire, surtout d’une brave nature comme celle de Dumas.

Le bon côté de cette nature, c’était de n’avoir point de rancune. Il chercha donc à se réconcilier avec Louis-Philippe. Se trouvant un jour dans les galeries de Versailles au moment où le roi passait, il courut à sa rencontre et se prosterna tout d’une pièce. Louis-Philippe se laissa fléchir, se pencha vers le prosterné, lui saisit le bout de l’oreille et le releva devant toute la cour, en lui disant, d’un ton moitié paterne, moitié railleur : < Grand collégien ! » Trois mois après, on décorait M— Dumas comme auteur de l’Histoire des régiments. M. de Mirecourt raconte à ce sujet d’autres incidents qui nous paraissent dénués de vraisemblance. Louis-Philippe était trop habile politique pour traiter si cavalièrement un homme de l’importance de M. Dumas ; il savait transiger même avec les personnes qu’il n’aimait pas, toutes les fois qu’il pouvait retirer quelque bénéfice de ses transactions. M. Dumas était intimement lié avec le duc d’Orléans. « C’est ce dernier, dit M. de Mirecourt, qui posta l’auteur d’Antony sur le passage du roi. On assure que le jeune prince répondit un jour à des personnes qui lui conseillaient de ne plus recevoir Alexandre Dumas : « Que voulez-vous ? Il m’amuse. » « Quelques mois plus tard, le célébra romancier ayant eu l’étourderie de conduire Mlle Ida Ferrier à un bal chez le duc d’Orléans, le prince s’approcha du couple : « Il est entendu, mon cher Dumas, lui dit-il, que vous n’avez pu me présenter que votre femme. » Ces paroles renfermaient un ordre exprès, dont l’inexécution eût été suivie d’une disgrâce. Le mariage eut lieu. Toute la littérature y fut conviée. Chateaubriand daigna servir de témoin au marié, qui se fit appeler plus que jamais marquis de la Pailleterie. Mme la marquise et son époux dépensaient gros pour soutenir l’éclat de leur noblesse. Ils ne furent ni économes ni sages. Bientôt une séparation devint nécessaire, et la marquise alla vivre à Florence ; Dumas avait sans cesse les hommes de chicane à ses trousses. Voici à ce propos une excellente histoire qui date de cette époque et que raconte M. de Mirecourt :

« Un huissier de province, n’ayant pu réussir dans sa petite ville, ne fut pas plus heureux à Paris, où il avait cherché refuge. Il mourut de chagrin et de misère dans un pauvre logement de la rue Cadet. Les voisins furent obligés de faire une collecte et de s’adresser aux notables du quartier pour obtenir la somme nécessaire aux frais du convoi. Naturellement Alexandre Dumas se trouvait en tête de la liste des personnes auxquelles on pouvait avoir recours. On se présente chez lui. Sans s’informer des droits du défunt à sa commisération, il ouvre son secrétaire et donne quinze francs. « Ah ! monsieur Dumas, dit l’individu chargé de la collecte, si tout le monde se montrait aussi généreux que vous, nous pourrions avoir un convoi de deuxième classe, et ce serait plus convenable, car ce pauvre M… a longtemps exercé les fonctions d’huissier. — Peste ! c’est donc un huissier qu’on enterre ? Tenez ! tenez ! voici quinze autres francs… tâchez d’en faire enterrer deux ! »

Une fois orné du ruban rouge, Alexandre Dumas dirigea ses regards vers l’Institut.

À la mort de Casimir Delavigne, qui laissait deux places vacantes, l’une à l’Académie, l’autre à la bibliothèque de Fontainebleau, M. Dumas estima que la première lui revenait de droit, et que la seconde irait merveilleusement à son fils. Ses prétentions à la bibliothèque échouent les premières. M. Dumas envoie alors au Siècle la lettre suivante : « Plusieurs journaux ont annoncé que j’avais sollicité et obtenu la place de bibliothécaire à Fontainebleau. Veuillez, je vous prie, démentir cette nouvelle, qui n’a aucun fondement. Si j’avais ambitionné un des fauteuils que l’illustre auteur des Messéniennes et de l’École des Vieillards a laissés vacants, c’eût été seulement son fauteuil académique. »

Après la mort du duc d’Orléans, M. Dumas parvint à se faire bien venir du duc de Montpensier, qu’il accompagna en Espagne, en qualité d’historiographe, lors du mariage de ce prince. Un peu plus tard, on mit à sa disposition le Véloce, bâtiment à vapeur de l’État qui transporta en Afrique le célèbre romancier. À son retour en France, il obtenait le privilège du Théâtre-Historique, qui devait d’abord porter le titre de Théâtre Montpensier. « Prends garde, Montpensier ! avait dit Louis-Philippe. Tu n’es pas riche. Donne-toi, si bon te semble, la fantaisie d’un théâtre ; mais songe qu’il n’est pas permis à un prince de la famille royale de faire banqueroute. » Le duc retira sa parole.

La révolution de 1848 éclata. M. Dumas fonda la Liberté et le Mois, journaux qui n’eurent qu’une existence éphémère. Plus tard, le châtelain qui, dans son fol orgueil, avait bâti Monte-Cristo, se réfugia en Belgique pour échapper à de graves embarras financiers. Il créa à son retour le journal le Mousquetaire, appelé depuis le Monte-Cristo. Il publia ses Mémoires, chef-d’œuvre d’égotisme ; des Causeries, etc., etc. Puis il devint l’ami de Garibaldi, et s’imagina, de bonne foi, avoir contribué à la délivrance du royaume de Naples. Il est vrai qu’après avoir pris la Sicile il est venu tout simplement faire des conférences publiques au théâtre Saint-Germain et au grand Théâtre-Parisien.

M. Dumas, doué d’une imagination vive et d’une facilité de style incroyable, est, sans contredit, le premier amuseur du siècle, et, cependant nous croyons que ce sont les parties de son œuvre qui ont le moins réussi auprès des masses qui feront vivre le nom de leur auteur. Doué d’une activité et d’une organisation exceptionnelles, il peut passer pour le juif errant de la littérature et de son époque. Il marche, marche toujours, glisse parfois, mais se relève, grâce à une étincelle de sincérité et de cœur que tous ses travers n’ont pu éteindre. Il a triomphé dans son procès avec les directeurs de la Presse et du Constitutionnel (1847), procès qui prouvait ce fait que M. Dumas s’était engagé envers ces journaux à produire par année plus de volumes que n’en pourrait copier le plus habile expéditionnaire. Les critiques de M. de Mirecourt, l’exploitation bien prouvée à laquelle il a eu recours envers certains de ses collaborateurs, rien n’a prévalu contre la popularité d’Alexandre Dumas, et, ajoutons, contre l’honnêteté de son caractère. Les fautes de cet homme ont quelque chose d’enfantin, qui, à la longue, désarme les ennemis les plus acharnés. Il a gagné des millions, mais sa poche est un tonneau des Danaïdes, mais son cœur s’émeut à l’aspect d’une misère ! Il lui a été beaucoup pardonné, parce qu’il a beaucoup donné. S’il avait pu contenir la fougue de sa nature, il aurait écrit des chefs-d’œuvre ; il a dépensé son génie en détail !

Pour bien faire connaître M. Dumas, nous ne pouvons mieux faire que d’emprunter à la Revue des Deux-Mondes le portrait suivant : « M. Dumas est une des plus curieuses expressions de l’époque actuelle. Passionné par tempérament, rusé par instinct, courageux par vanité, bon de cœur, faible de raison, imprévoyant de caractère, c’est tout Antony pour l’amour, c’est presque Richard pour l’ambition, ce ne sera jamais Sentinelli pour la vengeance. Superstitieux quand il pense, religieux quand il écrit, sceptique quand il parle, nègre d’origine et Français de naissance, il est léger même dans ses plus fougueuses ardeurs ; son sang est une lave, sa pensée une étincelle ; l’être le moins logicien qui soit, le plus anti-musical que je connaisse, menteur en sa qualité de poète, avide en sa qualité d’artiste, généreux parce qu’il est artiste et poète ; trop libéral en amitié, trop despote en amour, vain comme une femme, ferme comme un homme, égoïste comme Dieu ; franc avec indiscrétion, obligeant sans discernement, oublieux jusqu’à l’insouciance, vagabond de corps et d’âme, cosmopolite par goût, patriote d’opinion, riche en illusions et en caprices, pauvre de sagesse et d’expérience ; gai d’esprit, médisant de langage, spirituel d’à-propos ; don Juan la nuit, Alcibiade le jour ; véritable protée échappant à tous et à lui-même ; aussi aimable par ses défauts que par ses qualités ; plus séduisant par ses vices que par ses vertus : voilà Dumas tel. qu’on l’aime, tel qu’il est, ou du moins tel qu’il me paraît en ce moment ; car, obligé de l’évoquer pour le peindre, je n’ose affirmer qu’en face du fantôme qui pose devant moi je ne sois pas sous quelque charme magique ou sous quelque magnétique influence. » À côté de cette appréciation, qui, par le choc des antithèses accumulées comme à plaisir, étourdit le lecteur et ne lui laisse pas, pour ainsi dire, le temps de se former une opinion bien nette, sinon du caractère, au moins du talent littéraire d’Alexandre Dumas, nous en placerons une autre, qui paraîtra peut-être trop sévère à quelques-uns de nos lecteurs, tandis que d’autres, en revanche, la trouveront trop indulgente. Nous croyons, pour notre compte, que c’est, de tous les jugements, celui qui résume le plus impartialement les qualités et les défauts de l’auteur d’Antony. C’est à M. Nettement que nous l’empruntons : « Un caractère aventureux dans une destinée d’aventurier, tel est toujours l’idéal de M. Alexandre Dumas, qui aime à mettre l’individu aux prises avec la société, et à donner l’avantage à la force individuelle contre l’autorité sociale. Ce type lui est d’abord apparu sous les traits de Saint-Mégrin, dans son drame de Henri III ; puis, quand il a cédé à l’influence transitoire de la passion révolutionnaire, sous les traits de Robespierre dans l’histoire, d’Antony dans le drame ; dès que la passion de 1830 est refroidie, on voit reparaître dans ses ouvrages toute une famille de personnages dont Saint-Mégrin est l’aîné, intelligences avisées et pleines de ressources, caractères sans peur et sans scrupules, poignets vigoureux, beaux joueurs qui se font place dans le monde à la pointe de l’esprit et de l’épée : Saint-Mégrin dans Henri III ; d’Artagnan, dans les Mousquetaires ; Bussy, dans la Dame de Montsoreau. Puis le même type, après avoir traversé la Reine Margot, s’agrandit jusqu’à prendre des proportions féeriques et devient, dans le Comte de Monte-Cristo, Edmond Dantès, cet homme supérieur à la société tout entière, et à qui, comme il le dit lui-même, « Dieu n’a rien à refuser… » Sans doute, M. Dumas est un remarquable conteur ; il sait intéresser le lecteur par les qualités d’une imagination brillante qui, au don heureux de l’invention dramatique, joint la verve, l’action, la rapidité du récit, l’agilité d’un style qui court à son but et s’arrête peu pour décrire, encore moins pour prouver, car l’auteur n’a pas de systèmes ; mais cependant, avec tous ces avantages, ses succès n’auraient pas été aussi grands s’il ne s’était pas servi de ces trois mobiles : la glorification de la personnalité humaine, les peintures hardies qui troublent les sens, les lieux communs du scepticisme voltairien. Il remplace par ces trois torts une qualité littéraire qui manque à tous ses écrits, la maturité qui donne la réflexion. Ses romans, agréables par les grâces qui naissent d’une génération spontanée, pèchent par l’incohérence du plan, l’invraisemblance des situations, le défaut de suite des caractères, résultat de l’absence de réflexion. Si le bruit et le mouvement n’y manquent pas, la vérité, l’harmonie, la raison y manquent presque toujours. Par suite do cette même habitude d’improvisation, son style, semblable à ces plantes éphémères qui naissent à la surface du sol, n’a ni couleur ni caractère ; il est ordinairement naturel et assez prompt, mais il est sans force, parce que la pensée dont il est l’expression n’a point de racine ; il est au style des grands écrivains ce que la lithographie est à la gravure. »

M. Dumas était depuis 1837 chevalier do l’ordre de Léopold (Belgique). Comme on trouvera dans le Grand Dictionnaire l’analyse des pièces et des romans célèbres de cet auteur, nous nous bornerons à donner ici une liste très-abrégée des œuvres sans nombre de M. Dumas. Littérature : Dévouement de Lamoignon de Malesherbes (1820, 1 vol. in-8o) ; Élégie sur la mort du général Foy (1825, l vol. in-8o) ; Canaris, dithyrambe (1825, in-12) ; Nouvelles contemporaines (1826, 1 vol. in-12) ; Gaule et France (l vol.) ; Madame et la Vendée (1832), ouvrage légitimiste ; Isabelle de Bavière (1835) ; Souvenirs d’Antony (1835) ; la Salle d’armes(1838) ; le Capitaine Paul (1838) ; les Crimes célèbres (1839 et suiv., 15 vol.) ; Acté (1839) ; Pauline ; les Impressions de voyage (ouvrage qui obtint beaucoup de succès en 1836) ; le Chevalier d’Harmental ; Sylvandire ; Gabriel Lambert ; Amaury ; Fernande ; une Fille du régent ; les Frères corses ; Louis XIV et son siècle ; le Chevalier de Maison-Rouge ; la Dame de Montsoreau ; les Deux Dianes ; le Collier de la reine ; les Trois mousquetaires ; le Comte de Monte-Cristo ; la Reine Margot ; Isaac Laquedem (ce roman parut d’abord en feuilletons dans le Constitutionnel. Épouvanté de voir mettre en scène le Christ et la Vierge au début du livre, le directeur du journal biffa les chapitres profanateurs ; M. Dumas s’obstinant à vouloir rétablir les pages supprimées, le Constitutionnel s’adressa aux tribunaux, et l’œuvre sacrilège fut suspendue). Citons encore le Pasteur d’Ashbourn (roman publié dans le journal le Pays, et copié littéralement d’une traduction, faite par Mme de Montolieu, d’un ouvrage allemand d’Auguste Lafontaine, intitulé : Nouveaux tableaux de famille ou Vie d’un pauvre ministre de village et de ses enfants (le seul travail de M. Dumas fut de changer les noms allemands en noms anglais) ; Ange Pitou (écrit, dit-on, par M. Maquet, et pillé dans l’Histoire de la Révolution de M. Villiaumé) ; les Compagnons de Jéhu ; les Louves de Machecoul ; les Mémoires d’Horace ; les Mémoires de Garibaldi, etc., etc. — Théâtre : Henri III ; Christine ; Antony ; Charles VII chez ses grands vassaux ; Napoléon Bonaparte ; Térésa ; le Mari de la veuve ; la Tour de Nesle, dont M. Frédéric Gaillardet réclama avec succès la paternité. M. Jules Janin a écrit la tirade des grandes dames ; Angèle ; la Vénitienne ; le Fils de l’émigré ; Catherine Howard ; Don Juan de Marana ; Kean ou Désordre et génie, avec Théaulon et de Courcy (Variétés, 31 août 1836) : M. Dumas niait naguère, en 1867, qu’il eût eu des collaborateurs pour cet ouvrage ; il affirmait que Théaulon n’avait touché un droit que pour lui avoir cédé le pas, ayant traité le même sujet ; Mme Théaulon, dans une lettre fort digne, a rappelé que son mari n’acceptait jamais d’argent pour une pièce à laquelle il n’avait pas travaillé ; Piquillo, opéra-comique, musique de Monpou ; Caligula, tragédie (les répétitions furent longues et très-orageuses : l’auteur avait donné des ordres pour introduire des chevaux sur le théâtre, et il fallut toute l’énergie de M. Védel pour que les prescriptions formelles du directeur de la Comédie-Française fussent respectées ; le prologue était charmant) ; Paul Jones, drame en cinq actes ; Mademoiselle de Belle-Isle ; Léo Burckard (signé Gérard de Nerval) ; le Marquis de Brunoy ; Bathilde ; le Mariage au tambour ; Louise Bernard ; Jarvis l’honnête homme ; Sylvandire ; Échec et mat (signé Octave Feuillet et Paul Bocage) ; Jeannie le Breton (signé Eugène Bourgeois) ; un Mariage sous Louis XV (la première scène, entre la comtesse et Lisette, est la copie littérale d’une scène de la Surprise de l’amour, de Marivaux) ; Lorenzino ; Halifax ; les Demoiselles de Saint—Cyr ; le Laird de Dumbreky ; les Mousquetaires ; la Reine Margot ; le Chevalier de Maison-Rouge ; la Jeunesse des mousquetaires ; Monte-Cristo ; le Chevalier d’Harmental ; Hamlet ; Catilina ; le Comte Hermann ; Urbain Grandier ; le Cachemire vert ; la Chasse au châtre ; la Barrière de Clichy ; Romulus (pris tout entier dans un épisode du premier volume du Village de Lobenstein, roman d’Auguste Lafontaine, le Marbrier ; la Conscience (imitation d’une trilogie d’Iffland) ; les Gardes forestiers ; le Verrou de la reine ; l’Invitation à la valse (un acte fort joli, représenté au Gymnase en 1859) ; l’Honneur est satisfait ; les Mohicans de Paris, défendus par la censure. À ce sujet, l’auteur écrivit à l’empereur dans des termes qui réjouirent beaucoup ses ennemis. Voici la liste des collaborateurs principaux de M. Dumas : Anicet-Bourgeois, Hippolyte Auger, Paul Bocage, Brunswick, de Leuven, Fiorentino, Gérard de Nerval, Auguste Maquet, Eugène Nus, Emile Souvestre, Octave Feuillet, Paul Meurice, Louis Couailhao, etc., etc.