Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/BOURBON (Jean Ier, quatrième duc DE)

Administration du grand dictionnaire universel (2, part. 3p. 1110-1111).

BOURBON (Jean Ier, quatrième duc de), né en 1381, mort à Londres en 1434, était fils aîné du précédent. Longtemps l’ami de Jean sans Peur, il se déclara contre lui, lorsque celui-ci eut fait assassiner le duc d'Orléans, se jeta dans le parti des Armagnacs, et fut un des auteurs du honteux traité qui cédait à Henri IV une partie de la France. Quelque temps après, il se trouvait à Bourges, quand Jean sans Peur vint attaquer cette ville. Il se défendit avec tant d'habileté, que le Bourguignon leva le siège, et consentit à signer à Auxerre un traité, qui avait pour but de rétablir la paix entre les deux partis. Cette paix fut de courte durée, car bientôt après les Armagnacs rentraient dans Paris et forçaient les Bourguignons d’en sortir (1413). Les Parisiens ayant levé une armée pour exterminer les brigands qui infestaient les environs, Jean de Bourbon fut mis à sa tête et poussa les opérations avec une telle vigueur, qu’il purgea de ces bandes dévastatrices, non-seulement l'Île-de-France, mais encore l’Orléanais, la Touraine, le Maine et l'Anjou, et prit en terminant cette expédition la ville de Soubise, qui était entre les mains des Anglais. En 1414, il enleva aux Bourguignons Compiègne, Bapaume, alla rejoindre le roi et le connétable d’Albret, qui assiégeaient Arras, s'empara du commandement, malgré la présence du connétable, conduisit fort mal les opérations du siège, et fut envoyé en Guyenne pour y combattre les Anglais. Ami des plaisirs, passionné pour les fêtes, la galanterie et les aventures, il fit publier dans toute l’Europe un cartel (1415), par lequel lui et seize autres chevaliers, portant les plus grands noms de France, s’engageaient à garder pendant deux années, à la jambe senestre, en l'honneur de leur belle, un fer de prisonnier pendant à une chaîne, à moins qu’un même nombre de chevaliers ne vînt les combattre à outrance et leur enlever ces fers. Bientôt après, Jean de Bourbon était fait prisonnier à la bataille d’Azincourt (1415) et conduit en Angleterre, où il passa les dix-huit dernières années de sa vie. Vainement il paya, à trois reprises, sa rançon de 300,000 écus ; Henri V ne voulut pas consentir à lui rendre la liberté. Voulant à tout prix quitter l'Angleterre, il offrit, non-seulement de payer une quatrième fois sa rançon, mais encore de reconnaître Henri VI pour roi de France et de lui abandonner les villes les plus importantes qu’il possédait. Il conclut un traité en ce sens ; mais son fils refusa de le ratifier, et Jean de Bourbon mourut à Londres, sans avoir pu revoir la France.