Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Avesta (zend)

Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 4p. 1063-1064).

Avesta (Zend), nom-sous lequel on désigne généralement les livres sacrés des Parsis ou adorateurs du feu, et dont on attribue la composition à Zarathustra, autrement dit Zoroastre. Cependant, il serait plus logique de les appeler Avesta tout court, au lieu de Zend-Avesta, car le mot Avesta signifie littéralement texte, tandis que Zend désigne le commentaire destiné à interpréter ce texte ; c’est pour cette raison que nous préférons, dans le Grand Dictionnaire du XIXe siècle, désigner ces livres sous le titre d’Avesta. Les traditions des Parsis nous apprennent que les livres sacrés dont il est question étaient originairement partagés en trente-deux sections ou volumes ; mais qu’Alexandre le Grand, vainqueur de Darius, les avait brûlés, après s’être contenté d’en faire traduire tout ce qu’ils contenaient de renseignements scientifiques, principalement sur la médecine et l’astronomie. Il y a beaucoup de motifs qui doivent nous mettre en garde contre l’authenticité de cette traduction ; mais il n’en est pas moins vrai, en tout cas, que la conquête grecque eut des résultats désastreux pour l’ancienne religion nationale de la Perse et pour ses monuments littéraires. Ce n’est que lors de l’avènement au trône d’Ardéchir (V. plus haut ce mot), le premier des princes Sassanides, vers l’an 220 apr. J.-C., que l’on s’occupa de recueillir les textes dispersés par la conquête ou de restaurer ceux qui avaient été mutilés. Ce roi et ses successeurs s’occupèrent activement de rassembler tous ces fragments et de les réunir en un seul corps, constituant l’Avesta qui nous est parvenu. Cependant tous les livres réputés sacrés par les Parsis ne doivent pas rigoureusement être compris sous le nom d’Avesta. Cette dénomination appartient plus spécialement aux trois appelés Vendidad, Vispered et Yaçna ; les autres sont plutôt désignés sous le nom générique de Khorda-Avesta, c’est-à-dire Petit Avesta. On divise aussi quelquefois l’Avesta d’une manière différente:en Vendidad-Sadé, comprenant le Vendidad, le Yaçna, le Vispered, et en Boundehech, œuvre beaucoup plus récente, écrite en pehlvi, et probablement traduite d’un ancien original zend qui a disparu.

Le Vendidad est partagé en vingt-deux fargards ou divisions, qui traitent principalement de cosmogonie, et peuvent être considérées comme le code civil et religieux des anciens Parsis. Le premier fargard raconte comment Ahura-Mazda (l’Ormuzd des Persans modernes), l’esprit excellent et parfait, créa les mondes au nombre de seize, et comment Angro-Mainyu (l’Ahriman des Persans modernes), le principe du mal, donna naissance à tous les démons qui les infestent. Dans le second fargard, Zarathustra (Zerdoucht ou Zoroastre) ordonne à Yima d’annoncer à l’humanité la loi sacrée qu’il lui a enseignée. Le troisième fargard commence par l’énumération des cinq choses les plus agréables, des cinq choses les plus désagréables et des cinq choses qui peuvent procurer le plus de satisfaction dans ce monde. Le quatrième fargard peut être considéré comme le code criminel de l’Avesta ; il entre dans les détails des différents crimes et délits qui peuvent être commis, et prononce les.peines qui doivent être appliquées à ceux qui s’en sont rendus coupables. Les huit fargards suivants donnent différentes recommandations à propos des impuretés causées par le contact des cadavres. Le treizième fargard décrit deux espèces de chiens, l’une créée par Ahura-Mazda, et qu’il faut respecter, l’autre créée par Angro-Mainyu, et qu’il est méritoire de tuer ; le reste de ce fargard et le contenu du fargard suivant tout entier sont exclusivement consacrés à la manière dont doivent être traités les chiens, question très-importante dans une contrée qui semble avoir été désolée par les loups. Le seizième fargard, après avoir parlé des enfants illégitimes, termine encore par la manière dont on doit élever les jeunes chiens. Le dix-septième a rapport aux impuretés contractées en coupant ses cheveux ou en nettoyant ses ongles. Le dix-huitième parle des diverses cérémonies qui doivent être pratiquées pendant la nuit et au lever du soleil ; il donne, en outre, différents préceptes de morale, de décence, etc. Le dix-neuvième raconte comment Angro-Mainyu essaye de tuer Zarathustra, et comment celui-ci, à l’aide des armes que lui a fournies



nom sous lequel on désigne géneràïéji’iehf’lés livres sacrés des Parsis ou adorateurs" du fo.ù,’, e]t dont oh attribue |acompositiîm hrZ’qva’flms’fr(f, autrement’dit Zoroasir’è. Cêgçndàni ! il « serait » plu ? logique do les appeler Avés’tà tout court, au lieu de Zcml-^ Âvesta, car le mot Avesta'signifie littéralement 'fextè’, tandis enie Zqnd désigne le commentaire destiné k interpréter ce texte ; c’est pour cetté raison qué nç-ui préférons, dans le (Irhntl Dictionnaire dtïXlfr siècle, désigner ces livres sous le titreJ<TAûrà/ «:Lés traditionsdes Parsis nous’apprennent qué les livres sacrés don’t’ïl est question étaient originairement partages en trente-deux sections où volumes ; niais qu’AJexandréléGrand, vainqueur de Darius, les avait’briffés, après s’être contenté Û’éri faire.traduire tout ce qu’ils contenaient dé « renseignements » soientiii’qûes, principalenîent sur ld médecine eï l’astronomie. Il y a beaucoup de motifs qui doivent ; nous mettre en gardé contre l’authenticité de cette traduction; mais.’il’n’en’ést pas m’oins vrai, en tout bas’, que la’cônqùètegrécqùe eut des résultats désastreux pour l’ancienne religicin nationale dé l’a Perse et’poûr’ses monuments littéraires. Ce ri’éstquéloi-s de l’àvênement’àu trône à’Ar■dcéhir (V.’pHis’haut’ce mot)’, le premier des princes Saèsanides1, vers" l’an 220 apr. J.-C, que l’on s’occupa’de recueillir’les textes dispersés par’! a""côriquête ou de restaurer ceux qui’avaient fété’mutilés. Ce roi’et ses successeurs s’oebupérent activement de rassembler tous’c’ès fragments’et de les réunir en un s’eut corpsV’constituant VAoesta qui nous es’t parvenu. Cependant tous" lès livres réputés Sacrés par Tes parsis ne doivent pas rigoureusement être compris soùs’le nom d’Avesta. Cettç’dénominatiôh appartient plus spéciale-méntaux’t’rôis appelés VendidadI’Vispercd et 'Yaçna ; les autres sont’plijtot Uésigriés sous le nom générique âéKnordd-Â’iesla, c’est-àdire Petit Avesta. On divise aussi quelquefois YAvesià d’urie iii’arii’èrè’différentô  : en’Vèndidad-Sadé,’comprenant le Vendidad, le Yàçna, le Vispered, « ét’<m » tBbùndeftech, œuvi-ébeaucoup pïuê’Véééntè’, écrité en pehlyî, et probablement’ traduite d’un’ancien original send qui a dispaxu.

Le Vçndida4 es, t partagé en.vingt-deux fargards ou arasions’, qui traitent principalement de cosmogonie, et’peuvent’être considérées commé le code civil et religieux des anciens Parsis. Le premier faryard raconte comment Almra-yazda’iyprmûzd. des Persans.modernes), l’esprit excellent et partait, créa les mondé^ au’nombre "de scige ; et comment.’Angr’o-Alàinyù (i’Ah’rim’an des Persans modernes), le principe du mal’, donna naissance h tous les Semons qui les ïnfés.tent. Çans lesecond fargard] Z’àrat/mslra (ferdoùc/rf ou "Zàroast’re) ordonne à’'Yimà d’annoncer.a l’humanité la loi sacrée qu’iJ’Jufa.ense.ignéc. Le ïroisième fargqrd commence par l’énumeration des cinq choses les plus agréables ; des cinq chosesTes plus’désagréables et des cinq choses qui péùyen’.t procurer le plus de satisfaction dans co monde ! Le quatrième targard peut être "considéré’comme le code criminel déi’AuflA^a, — ilcn.t’re dans’.les détails des différents criniès et délita qui peuvent êtrecommis, çt prononce les peines qui doivent être’appliquées’V ceux qui s’en sont rendus coupables’. Les huit’fargards suivants donnent ’différentes’recommandations à propos des’impuretés causées parle contact des cadavres. Le treizième faryard.décrit deux espèces de* chiens, l’uné créée par AlmraMazda, et qu’il faut respecter, l’autre créée par Angro-Mainyu, et’qu’il est méritoire de tuer ;’le reste de ce 'fargard’et le bon, tenu du fargard suivant t’ont entier’sont exclusivement consacres àlâ manière dont doivent être traités’les chiens,’qi ; ést ; on très-.iniportiinte "dans une contrée qui semblé avoir été désolée par les loups. Le"’seizième 'fargard, après avoir parlé des enfants illégitimes, termine encore par, 1a manière dont’on doit élever les jeunes chiens." Lé dix-septième a rapport aux impuretés’contractées" on coupant ses cheveux ou en nettoyant ses ongles. Lé dix-huitième parie des diverses cérémonies qui doivent être pratiquées « pendant là » nuit et au lever du soleil ; il donne, eu’outre, différents préceptes de morale, de décence, etc. Le dixneuvième raconte comment’Angro-Mainyu essaye de tuer Zarathustra, et comment celui-ci, à i’: iide des armes que lui a fournies Ahura-Mazda, résiste victorieusement aux efforts sanguinaires du mauvais esprit. Angro-Mainyu, vaincu, a alors recours à la ruse et emploie contre son adversaire la puissance des tentations ; mais cet essai est tout aussi infructueux que le précédent. Le vingtième fargard nous donne des détails sur le premier homme qui parvint à guérir les maladies. Le vingt et unième est tout entier consacré à l’explication des phénomènes célestes et des lois auxquelles obéissent les corps lumineux. Enfin, le dernier fargard rapporte comment, Angro-Mainyu ayant fait naître différents maux, Ahura-Mazda veut y remédier à l’aide du mot mystérieux et tout-puissant manthra-spenta ; mais ce moyen ayant échoué, il envoie Nairyo-Sanqha à Airyama pour lui demander de créer différents animaux et différentes choses dans ce but ; ce dernier obéit et crée successivement neuf espèces de chevaux, neuf espèces de chameaux, neuf espèces de bœufs, neuf espèces de bêtes à cornes et neuf espèces de pâturages.

La forme de ces vingt-deux fargards est généralement celle d’un dialogue entre Ahura-Mazda et Zarathustra, de même que dans les deux autres ouvrages dont nous allons nous occuper, et qui constituent, avec le Vendidad, l’Avesta proprement dit.

Le Vispered et le Yaçna diffèrent sensiblement du Vendidad par la nature de leur contenu, qui porte un caractère éminemment liturgique. Ils contiennent un nombre considérable d’invocations à la nature, aux forces qui la dirigent, aux personnifications de ces forces, symbolisées dans des entités divines. On y trouve de très-curieuses théories spéculatives sur l’origine et la formation du monde ; en un mot, ces deux livres peuvent être considérés comme représentant le code religieux et liturgique des anciens Parsis, tandis que le Vendidad a généralement — mais non pas exclusivement — rapport à l’organisation de la vie sociale et journalière.

D’après les données renfermées dans l’Avesta, et dont nous avons essayé de présenter une idée succincte à nos lecteurs, la théogonie et le système philosophique des anciens Parsis repose sur un dualisme très-caractéristique, représenté d’un côté par Ahura-Mazda, le bon principe, et de l’autre par Angro-Mainyu, le mauvais principe. Les génies subordonnés au premier sont les Ameshas-Spentas, dont six sont nommés dans le Yaçna, à savoir : Vohumand, protecteur des êtres vivants ; Asha-Vahista, génie du feu ; Kahathra-Vairya, génie des métaux ; Spenta-Armaiti, génie féminin de la terre ; Haurvat, génie de l’eau ; Ameretât, génie des arbres. Ils sont en lutte perpétuelle avec les démons ou daevas, qui obéissent à Angro-Mainyu : Akomand, Andar, Saurva, Nàonghaithi, Tauru et Zairicha. On rencontre encore d’autres démons dans le dixième fargard du Vendidad. Ces deux principes diamétralement opposés, qui, dans le langage philosophique de la seconde partie du Yaçna (le fiâthâs), sont conçus comme les principes d’existence et de non-existence, de vie et de mort, de bien et de mal, sont en hostilité permanente dans l’univers entier.

Une chose très-curieuse, et qui a beaucoup intrigué la science moderne, c’est que le nom des daevas est absolument identique à celui des devas (dious), ou bons esprits des Indous, considérés, dans les Védas, comme les protecteurs de l’homme et honorés par des sacrifices. Ainsi, voilà deux peuples de même race, les Iraniens (Persans) et les Indous, qui ont, chacun de leur côté, interprété dans un sens aussi différent une création mythique identique. Cette coïncidence indique évidemment, dans la religion de Zoroastre, de certaines tendances d’antagonisme avec la religion des Aryens établis dans l’Inde ; cette opposition est encore plus fortement accusée et mise en relief par la circonstance suivante : Indra, qui préside à l’atmosphère, un des principaux dieux du Véda, est devenu, dans l’Avesta, un démon, un daeva, sous le nom, légèrement modifié, de Andar ; Nâsatyas s’est transformé en Naànghaithi, et le démon Saurva n’est autre que le célèbre Sarva ou Siva des Indous. Différentes hypothèses ont été émises pour expliquer cette opposition systématique et réciproque ; plusieurs auteurs ont voulu croire que Zoroastre vivait à une époque à laquelle aurait éclaté un grand schisme religieux entre les Iraniens et les Indous. Mais cette hypothèse, un peu aventurée, a été rejetée par des savants plus circonspects.

Le culte institué par Zoroastre semble, d’après ce que nous pouvons en juger par l’Avesta, avoir été de la nature la plus simple, et consistait principalement dans l’adoration du feu. Le culte comprenait des prières et des offrandes, empruntées pour la plupart au règne végétal. Une matière dont la présence était indispensable à tout sacrifice, c’est le suc du haoma ou soma, qui occupe également une place importante dans les rites védiques. Toutefois, ce culte primitif ne doit pas être confondu avec le rituel compliqué créé postérieurement par les Parsis, et qui a pour point de départ l’Avesta, et particulièrement la seconde portion du Yaçna. Les interprètes de l’Avesta ne sont pas d’accord sur la date de la composition de ces livres sacrés, sur l’époque à laquelle vivait Zoroastre, ni sur l’identification de certains personnages historiques qui y figurent (tels que le roi Kavâ— Vistaspa,


dans lequel on a voulu reconnaître l’Hystaspes, dont parlent les historiens grecs).

Quel que soit, dit M. Emile Burnouf, le temps où l’on fasse vivre Zoroastre et où l’on reporte la rédaction définitive de l’Avesta, il est certain que les doctrines contenues dans ces livres étaient admises dans l’Asie centrale à une époque fort reculée et longtemps ayant Darius, fils d’Hystaspe ; les Mages, qui étaient les prêtres de cette religion, sont de beaucoup antérieurs à la dynastie achéménide : Zoroastre n’est donc pas l’auteur premier des dogmes iraniens ; mais on peut dire qu’il les ordonna et qu’il leur donna un ensemble définitif. Les croyances de l’Avesta n’étaient pas seulement celles de la Perse, ni même de la Médie ; elles étaient, sauf les points de dissidence, communes à la plupart des peuples de l’Asie centrale situés à l’O. de la Bactriane, et elles s’étendirent à presque toute l’Asie Mineure ; croyances pleines de grandeur et de pureté, dont la connaissance nous montre dans les Perses, non des barbares, mais des peuples doux et pieux, parvenus à une haute civilisation. Dans la suite, les doctrines de l’Avesta se divisèrent et s’amoindrirent, abaissées par les superstitions populaires ; et lorsque le monde romain, las d’un polythéisme usé, chercha dans l’Orient des dogmes réparateurs, il n’emprunta de la Perse qu’une partie de la religion de Zoroastre, le culte de Mithra.

Ajoutons que le Vendidad fut apporté en Europe dès le commencement du xviiie siècle ; en 1723, il était à la bibliothèque d’Oxford. Mais comme personne n’était à cette époque en état de le lire, l’illustre Anquetil-Duperron prit la résolution hardie d’aller en Orient même étudier cette langue inconnue, et rapporter, s’il était possible, quelques autres monuments littéraires destinés à en faciliter l’interprétation. On sait de quel succès fut couronnée son initiative hardie, et Anquetil-Duperron, de retour des Indes, dota l’Europe savante du texte complet de l’Avesta. Pour plus de détails sur les difficultés que présenta le déchiffrement de ces textes, consultez l’article linguistique consacré au mot Zend langue).