Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Attila (tragédie de corneille)

Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 3p. 896).

Attila, tragédie de Corneille, en cinq actes et en vers, représentée en 1667. Cette pièce est encore plus faible qu’Agésilas, qui l’avait précédée d’une année. L’amour continuait à envahir le théâtre : Corneille alla chercher Attila, roi des Huns, pour s’opposer à cette irruption ; mais Attila n’y suffit pas. La fable est mal conçue, le dialogue dur, incorrect. D’ailleurs, la pièce avait le malheur de paraître la même année qu’Andromaque, où Racine donnait à la langue une harmonie, un charme inconnus jusque-là : le style de Corneille n’en devait paraître que plus raboteux. Boileau avait laissé passer Agésilas sans rien dire, mais après Attila, le trait satirique lui échappa :

J’ai vu l’Agésilas,
Hélas !
Mais après l’Attila,
Holà !

Attila renferme cependant de belles pensées, où l’on retrouve encore l’inspiration cornélienne. On remarque surtout la scène où le roi des Huns délibère s’il doit s’allier à l’empire romain, qui tombe, ou à la France, qui s’élève. On rapporte que Turenne, assistant à une représentation de Sertorius, s’écria : « Où Corneille a-t-il appris la guerre ? » Dans Attila, l’homme d’État pourrait dire : « Où Corneille a-t-il appris les secrets de la politique ? »