Grammaire et exercices de la langue internationale Esperanto/Règle 14

Règle 14[1]. — L’EMPLOI DES PRÉPOSITIONS

L’emploi des prépositions est fixé par le sens immuable et bien déterminé que chacune d’elles possède en Esperanto. Il faut donc bien se garder de traduire, sans examen attentif, une préposition française par sa correspondante apparente en Esperanto. En agissant ainsi, on ferait fausse route huit fois sur dix et on ne rendrait pas le rapport.

Prenez toujours la préposition qui, de par son sens en Esperanto, exprime bien l’idée que vous avez à rendre.

Exemples. — Je parle de mon cheval, mi parolas pri mia ĉevalo (pri et non de, en Esperanto, parce que le de français signifie bien ici sur, touchant, au sujet de). — J’ai tout fait de mes dix doigts, mi ĉion faris per miaj dek fingroj (per parce que de français signifie bien ici par, au moyen de). — L’amour de Dieu, la amo de Dio (celui qu’il nous porte, qui va de lui à nous). La amo al Dio (celui que nous lui portons, celui qui va vers lui).

Si, après une recherche attentive, vous ne voyez pas de préposition qui rende l’idée d’une manière pleinement satisfaisante, employez la préposition je qui seule, en Esperanto, n’a pas de signification déterminée.

Exemples. — Remplir de sable un tonneau avec les mains, plenigi barelon je sablo per la manoj (à l’aide, au moyen des mains. Kun, avec, marquant uniquement l’accompagnement, en Esperanto, serait aussi faux devant le mot sablo que devant le mot manoj). — À neuf heures, je la naŭa horo (à la neuvième heure).

La clarté du langage ne souffre aucunement de cet emploi de la préposition je restreint aux cas analogues. En effet, chaque peuple traduit alors nécessairement par la préposition que sa langue lui suggère. Puis, dans ces cas-là, nos idiomes emploient une préposition quelconque, pourvu qu’elle soit sanctionnée par l’usage. Il n’y a donc pas d’inconvénient à ce que l’Esperanto adopte pour cet office la seule préposition je. À sa place on peut aussi employer l’accusatif, quand aucune amphibologie n’est à craindre.


  1. À voir avec les exercices 26 et 27.