Grammaire et exercices de la langue internationale Esperanto/Exercice 39

39e EXERCICE
Suffixes marquant la possibilité, eblle mérite, indle penchant, ou l’habitude, eml’unité partielle, er.
(Voir pages 34 à 36).

La ŝtalo estas fleksebla, sed la fero ne estas fleksebla. — La vitro estas rompebla kaj diafana. — Ne ĉiu kreskaĵo estas manĝebla. — Via parolo estas tute nekomprenebla kaj viaj leteroj estas ĉiam skribitaj tute nelegeble. — Rakontu al mi vian malfeliĉon, ĉar eble mi povos helpi al vi, — Li rakontis al mi historion tute ne kredeblan. — Ĉu vi amas vian patron ? Kia demando ! kompreneble, ke mi lin amas. — Mi kredeble ne povos veni al vi hodiaŭ, ĉar mi pensas, ke mi mem havos hodiaŭ gastojn. — Li estas homo ne kredinda. — Via ago estas tre laŭdinda. — Tiu ĉi grava tago restos por mi ĉiam memorinda. — Lia edzino estas tre laborema kaj ŝparema, sed ŝi estas ankaŭ tre babilema kaj kriema. — Li estas tre ekkolerema kaj ekscitiĝas ofte ĉe la plej malgranda bagatelo ; tamen li estas tre pardonema, li ne portas longe la koleron kaj li tute ne estas venĝema. — Li estas tre kredema : eĉ la plej nekredeblajn aferojn, kiujn rakontas al li la plej nekredindaj homoj, li tuj kredas. — Centimo, pfenigo kaj kopeko estas moneroj. — Sablero enfalis en mian okulon. — Li estas tre purema, kaj eĉ unu polveron vi ne trovos sur lia vesto. — Unu fajrero estas sufiĉa, por eksplodigi pulvon.

ŝtalo acier.
fleksi fléchir, ployer.
vitro verre (matière).
rompi rompre, casser. .
diafana diaphane, transparent.
laŭdi louer, vanter.
memori se souvenir, se rappeler.
ŝpari ménager, épargner.
bagatelo bagatelle,
venĝi se venger,
eksciti exciter, émouvoir.
er marque l’unité ; ex. sablo sable — sablero un grain de sable.
polvo poussière.
fajro feu.
eksplodi faire explosion.
pulvo poudre à tirer.

Ebl et Ind.

Le premier de ces suffixes signifie qui peut être... Ex. : videbla qui peut être vu, visible ; komprenebla qui peut être compris, compréhensible.

Mais remarquons-le avec grand soin, le suffixe ebl ne signifie pas du tout qui mérite d’être. Pour cette idée, que nos langues confondent illogiquement le plus souvent avec la première, il existe en Esperanto un autre suffixe tout spécial, qui est le suivant :

Ind signifie, et signifie uniquement, qui mérite d’être... Ex. : honorinda qui mérite d’être honoré ; aminda qui mérite d’être aimé.

Mais de même qu’on ne doit pas employer le suffixe ebl au lieu de ind, de même on doit faire soigneusement attention à ne pas prendre ind à la place de ebl, car on obtiendrait des sens absolument faux.

Ainsi, par exemple, d’après l’Esperanto, tout homme est honorebla ou amebla, car on peut toujours honorer ou aimer même un homme qui ne le mérite pas. Mais, d’après la même langue, tout homme n’est pas honorinda ou aminda, car il y a beaucoup d’hommes qui ne méritent pas qu’on les honore ni qu’on les aime.

Em

Ce suffixe, comme on l’a vu à la page 34, marque le penchant à… l’habitude de… sous forme adjective : kredema crédule ; ou sous forme substantive : kredemo crédulité. Il ne se soude qu’à des racines marquant l’action. L’idée qu’il rend en Esperanto se trouve exprimée en français par les suffixes les plus divers, entre autres eur et ard. Exemples : Rieur, travailleur, dormeur, joueur, babillard, criard, qui se disent en Esperanto, ridema, laborema, dormema, ludema, babilema, kriema. Par un phénomène bizarre qui d’ailleurs n’est pas rare en français, l’idée rendue sous forme adjective ne peut l’être sous forme substantive ; il nous faut recourir à une périphrase et dire : le penchant à rire ou l’habitude de rire, le penchant au travail ou le goût du travail, le penchant au sommeil ou l’amour du sommeil, le penchant au jeu ou l’amour du jeu, le penchant au babillage ou l’amour du babillage, le penchant à crier ou l’habitude de crier ! Rien n’est plus gênant. L’Esperanto, naturellement, n’a qu’à substituer l’o du substantif à l’a des adjectifs pour éviter cette gêne. Avec ridemo, laboremo, domemo, ludemo, babilemo, kriemo nous l’évitons pleinement et donnons aux adjectifs les substantifs correspondants que réclame la logique.

Remarque. — En principe l’Esperanto ne greffe pas sur le suffixe em l’affixe ec de la qualité abstraite. L’idée étant pleinement rendue par emo, l’addition de ec sous la forme emeco serait une pure surérogation.

Er

Ramène à l’élément, à l’unité partielle, disons-nous à la page 35. Il ne faut donc pas le croire synonyme de unu, bien que forcément la traduction amène à tout instant les mots un, une. Ainsi malsanero que nous verrons dans l’exercice 40, ne signifie pas du tout une maladie, mais un des éléments, une des parties constituantes, un des principes d’une maladie qui peut en compter bien d’autres à côté. Aussi l’Esperanto dira-t-il, à l’occasion, que tel malsanero d’une maladie donne naissance à tel simptomo.

La pièce de monnaie, le grain de poudre, de poussière ou de sable, etc., sont bien réellement l’unité partielle de l’argent (monnaie), de la poudre, de la poussière ou du sable pris en totalité. Nous sommes donc dans la vérité logique en disant monero une pièce de monnaie, pulvero un grain de poudre (à canon, fusil), polvero un grain de poussière, sablero un grain de sable. Quant au mot fajrero étincelle, que le dictionnaire traduit par : « parcelle enflammée, lumineuse qui se détache d’un corps en combustion » nous ne voyons pas quel mot meilleur l’Esperanto aurait pu prendre pour l’exprimer, s’il voulait lui laisser le lien logique qui la rattache essentiellement au feu fajro. Et n’est-il pas conforme au gros bon sens de regarder l’étincelle comme une particule du feu ?