Grammaire élémentaire de l’ancien français/Préface

PRÉFACE


Ce petit livre n’a pas besoin d’une longue introduction. Il est le résumé d’un enseignement élémentaire donné pendant la guerre à un auditoire restreint de jeunes étudiants et surtout de jeunes étudiantes, dont les connaissances philologiques étaient de beaucoup inférieures à la bonne volonté et à la curiosité de s’instruire. Je crois d’après mon expérience de l’enseignement — et même d’après mes souvenirs d’étudiant — que cet ouvrage pourra rendre d’appréciables services aux personnes qui commencent l’étude de notre ancienne langue ; plusieurs d’entre elles sont découragées dès le début, car « les longs ouvrages leur font peur ».

Nous avons voulu rédiger à leur intention un manuel qui puisse leur servir d’introduction non seulement à l’étude d’ouvrages plus complets, mais encore et surtout à l’étude des textes. Tout en condensant le plus possible notre matière, nous avons visé à donner le nécessaire et l’essentiel. En ce qui concerne principalement la Morphologie, les étudiants pourront revoir rapidement les formes les plus importantes dont la connaissance est indispensable pour une composition de grammaire historique ou pour une explication de textes.

La grammaire historique de l’ancien français n’est pas seulement obligatoire dans certains examens et concours de l’enseignement supérieur ; elle a sa place marquée officiellement dans l’enseignement secondaire et dans les écoles normales, comme elle l’a dans les examens et concours de l’enseignement secondaire des jeunes filles. Peut-être, grâce à la simplicité de l’exposition, ce petit livre sera-t-il accessible à cette catégorie de jeunes lecteurs.

Enfin nous serions heureux si quelques amateurs éclairés, curieux de notre passé — l’espèce en est moins rare qu’on ne pense — pouvaient trouver ici une introduction assez commode à l’étude de notre ancienne langue et par là de notre ancienne littérature. Car les commotions qui agitent les peuples et qui ébranlent les nations rappellent aux uns et aux autres leurs origines ; n’oublions pas, maintenant plus que jamais, qu’au moyen âge nous avons conquis le monde par la poésie lyrique ou épique et que nous sommes les héritiers d’un passé très grand et d’une très belle civilisation : noblesse oblige ! Dans notre plan primitif cette Grammaire élémentaire ne devait comprendre que la Phonétique et la Morphologie ; à la demande de mes éditeurs, j’y ai ajouté une Syntaxe. Cette dernière partie est conçue dans le même esprit que les deux autres : j’ai cherché à donner l’essentiel, en évitant l’inutile et le superflu. Le départ n’est pas toujours facile à faire et je ne me flatte pas d’y avoir complètement réussi. J’ai tenu à multiplier les rapprochements entre la syntaxe de l’ancien français et la syntaxe du XVIIe, pour donner au moins au lecteur un aperçu de la syntaxe historique et une idée de l’intérêt que présente son étude.

Mes collègues et amis, MM. Ed. Bourciez, professeur à l’Université de Bordeaux, et M. Grammont, professeur à l’Université de Montpellier, ont bien voulu lire une épreuve de cet ouvrage ; je leur dois maintes observations précieuses et je leur en exprime mes plus sincères remerciements.

Toulouse, septembre 1917.