Geneviève (Candeille)/Avant-Propos

chez Arthus Bertrand, libraire (p. v--).

AVANT-PROPOS.


Ceci n’est point un ouvrage : nous ne le présentons comme tel ni au public, ni aux critiques éclairés, dont, plus que jamais, nous nous appliquons à suivre les conseils. Huit jours seulement comportent la durée de cette première station d’un voyage dont les détails nous furent transmis il y a vingt-cinq à vingt-six ans, par la personne qui les raconte. L’intérêt et la variété des scènes de ce petit drame populaire, nous engagèrent à en réunir les matériaux, dont les meilleurs, il faut le déclarer, ne nous ont coûté nul effort d’imagination. Le tout serait demeuré au fond du porte-feuille, si le brouillon du manuscrit, rédigé en 1806, et copié en 1817, ne se fût égaré dans un déplacement. Nous livrons donc cette copie à l’impression, moins dans l’espoir ou avec l’ambition d’un succès, que pour gagner de vitesse le contrefacteur ; et nous nous consolerons du peu d’importance de l’œuvre, si, du moins, il fournit la preuve de l’invariabilité de nos opinions sur telles matières qui ne varient jamais ; c’est-à-dire le besoin d’un Dieu, et celui d’un ordre immuable dans l’état et dans les familles.

La dame voyageuse existe encore ; nous la faisons parler, ainsi qu’elle nous parla, pour ne point dépouiller son récit du ton de vérité qui en faisait tout le charme. Peut-être ne lui convenait-il pas de renouveler ce récit… Mais comme elle n’y figure qu’en seconde ou troisième ligne, qu’on n’y rappelle rien qui ne soit à son avantage, et qu’enfin, de tous les petits tableaux renfermés dans ce petit cadre, il n’en est pas un qui ne puisse être offert aux regards les plus innocens, nous espérons qu’elle nous pardonnera d’avoir écrit et publié, de son vivant, l’histoire exacte de huit jours de sa vie.