France, Algérie et colonies/France/10

LIbrairie Hachette et Cie (p. 470-579).


CHAPITRE X

LES DÉPARTEMENTS


1o Division par départements, arrondissements, cantons, communes. — Les vieilles provinces firent place, pendant la tourmente révolutionnaire, à des départements qui sont fort inégaux, comme l’étaient ces provinces mêmes.

De 1790 à 1860, ce nouveau damier de la terre française subit quelques remaniements administratifs : on scinda le Rhône-et-Loire en Loire et en Rhône ; on créa le Tarn-et-Garonne en 1808 aux dépens de la Haute-Garonne, du Gers, du Lot-et-Garonne, et du Lot ; enfin on réunit le Golo et le Liamone en un seul département, la Corse.

En 1860, la victoire ayant agrandi la France, nous passâmes de 86 à 89 : départements : la Savoie, la Haute-Savoie, les Alpes-Maritimes apparurent sur le plan de la patrie.

En 1874, la défaite ayant diminué notre sol, le Bas-Rhin, le Haut-Rhin, la Moselle, disparurent de la carte de France : du Haut-Rhin, il resta le Territoire de Belfort ; de la Moselle et de la Meurthe, des tronçons que nous avons réunis, et qu’on appelle Meurthe-et-Moselle.

Et nous n’avons plus que 87 départements : ou plus exactement 86 et un Territoire très inférieur à l’arrondissement moyen.

De ces départements, qu’administre un préfet, les dix plus grands sont : la Gironde, qui dépasse un million d’hectares, les Landes (932 000), la Dordogne (918 000), la Côte-d’Or (876 000), la Corse (875 000), l’Aveyron (874 000), Saône-et-Loire (855 000), l’Isère (829 000), la Marne (818 000), le Puy-de-Dôme (795 000).

Les dix plus petits sont la Seine (47 550 hectares), le Territoire de Belfort (61 000), le Rhône (279 000), Vaucluse (355 000), le Tarn-et-Garonne (372 000), les Pyrénées-Orientales (412 000), les Alpes-Maritimes (420 000), les Hautes-Pyrénées (453 000), la Loire (476 000), l’Ariège (489 000).

La moyenne du département étant de 607 552 hectares, l’Orne (610 000), l’Indre-et-Loire (611 000), la Seine-Inférieure (603 000), les Deux-Sèvres (600 000) se rapprochent le plus de cette moyenne.

Les dix départements les plus peuplés sont, d’après le dénombrement de 1876, la Seine (2 411 000 habitants), le Nord (1 520 000), la Seine-inférieure (798 000), le Pas-de-Calais. (793 000), la Gironde (735 000), le Rhône (705 000), le Finistère (666 000), les Côtes-du-Nord (631 000), Saône-et-Loire (614 000), la Loire-Inférieure (613 000).

Ceux qui ont le moins d’habitants sont : le Territoire de Belfort (69 000 habitants), les Hautes-Alpes (119 000), les Basses-Alpes (136 000), la Lozère (138 000), les Pyrénées-Orientales (198 000), les Alpes-Maritimes (204 000), le Tarn-et-Garonne (221 000), Le Cantal (231 000), les Hautes-Pyrénées (238 000), l’Ariège (245 000).

Le département moyen ayant 424 200 habitants, le Gard (424 000), les Basses-Pyrénées (432 000), l’Aveyron (414 000) se rapprochent le plus de cette moyenne de population.

Chaque département se divise en arrondissements ayant à leur tête un sous-préfet : la France avait 373 arrondissements avant la dernière guerre : elle en a perdu 8 entièrement, 6 en partie. Il ne lui en reste plus que 362. En moyenne, l’arrondissement a 8 cantons, 146 000 hectares et 102 000 âmes. Le plus grand de tous c’est celui de Mont-de-Marsan, dans les Landes : vaste de 518 436 hectares, il est supérieur en étendue à nombre de départements, mais sa population de 109 000 habitants seulement dépasse à peine celle de l’arrondissement moyen, ce pays n’étant que sables, alios, bruyères, landes rases, bois de pins, étangs littoraux et dunes. Les plus petits arrondissements sont ceux de la Seine, Paris, Saint-Denis et Sceaux. — Ces deux derniers en voie de suppression ; — et en dehors de la Seine, qui n’est en somme qu’une ville et non pas un pays, celui de Gex (39 845 hectares), dans l’Ain, à la frontière de Suisse. Le plus peuplé, c’est celui de Lille (591 000 habitants), dans le Nord, fait des campagnes les moins rurales de la France : au fond, cet arrondissement-là est un petit Paris dispersé sur 87 409 hectares. Le moins peuplé, c’est celui de Barcelonnette (14 704 habitants), dans les Basses-Alpes : sur ses 105 962 hectares, il aurait 715 000 âmes si la population y était aussi dense que dans l’arrondissement de Lille ; à surface égale il est donc 48 à 49 fois moins peuplé.

Chaque arrondissement se divise en cantons. Le canton est un ensemble de communes ayant le même juge de paix et nommant ensemble un conseiller général : avant 1870, il y avait en France 2 941 cantons. Les désastres qui ont ébréché le pays nous en ont enlevé 84 entièrement, et 13 en partie. Il nous en reste 2 863. En moyenne, le canton a 18 463 hectares, avec 12 900 habitants. Le plus vaste des cantons, c’est celui de Castelnau-de-Médoc, qui, malgré ce mot de Médoc, est surtout un terrain de Landes ; il s’étend de la Gironde à la mer, sur 80 864 hectares, le double de l’arrondissement de Gex. Les cantons les plus petits sont ceux qui se partagent certaines de nos grandes et de nos moyennes villes avec ou sans la banlieue, les cantons urbains, par opposition aux ruraux. Le moins peuplé c’est celui de Barcelonnette (853 habitants), dans l’arrondissement de Gap (Hautes-Alpes).

Nous avions 37 548 communes. Sedan, Metz et Paris nous en ont pris 1 689. La France en a maintenant 36 056, d’une surface moyenne de 1 468 hectares, d’une population moyenne de 1 023 à 1 024 habitants. Comme étendue, comme population, ces communes sont incroyablement inégales. La plus grande, Arles, a 119 053 hectares, soit les 4/5 d’un arrondissement moyen ; les deux plus petites n’en ont que neuf : le Plessis-Balisson, dans les Côtes-du-Nord[1], à 5 kilomètres de la Manche, sur une abrupte colline presque cernée de ruisseaux ; et Tudy, celle-ci tout à fait entourée d’eau, car c’est une île de l’Atlantique, sur la côte du Finistère[2]. La plus peuplée, Paris, approche de 2 millions d’âmes, de 2 500 000 avec la banlieue ; la moins peuplée, dans la Haute-Marne, n’en a que quinze : on l’appelle Morteau[3] ; elle regarde la vallée de prairies d’un affluent de la Marne, le Rognon, et des forêts bordent ces prairies.

Arles doit l’immensité de son territoire à ce qu’elle règne sur deux contrées encore désertes, la Camargue et la Crau, où l’homme lutte contre plusieurs puissances de la nature et contre un de ses pires fléaux, puisqu’il y combat à la fois un grand et fantasque fleuve en bataille éternelle avec la mer, de vastes marais sous un lourd soleil, des plaines de boue, des champs de cailloux et la fièvre. Et comme Arles, fille de Grecs, les grandes communes de France commandent presque toutes à des solitudes :

À des glaces, à des névés, à des roches, à des éboulis des Alpes, comme Saint-Christophe-en-Oisans (24 286 hectares) au pied du Pelvoux, et Chamonix (16 309) au pied du Mont-Blanc ;

À des pics, à des bois, à des pâtis des Pyrénées, comme Laruns (23 872) et Cauterets (15 755) ;

À des monts, à des terres vagues, à des communaux, à des maquis, comme Sartène (20 244) et Corte (18 248) ;

À des collines d’oliviers, à des langues de sable, à des salines, comme Hyères (22 264) ; à de petites montagnes ravinées, comme Marseille (22 800) ; à des garrigues, comme Nîmes (16 142) ; à des étangs et à des cordons de sable, comme Agde (56 736) et Narbonne (17 415) ;

À des causses, comme Millau (16 823) et Nant (10 941) ou Sévérac-le-Château (10 597) ;

À des landes mêlées de pins, comme le Porge (22 157) ; à des étangs et à des dunes, comme la-Teste-de-Buch (19 126) et Biscarosse (19 217) ;

À des bois, à des étangs de Sologne, comme Brinon (11 365) et Salbris-sur-Sauldre (10 641) ;

À des bruyères de Bretagne comme Scaër (11 759) ; à des landes, à des caps nus, à de noirs écueils, comme Crozon (10 730) ;

À de vastes forêts, comme Fontainebleau (17 015).

Les grandes communes sont nombreuses ; il y en a bien 120 supérieures à 10 000 hectares ; les petites le sont également, et surtout celles qui n’ont qu’un nombre d’habitants dérisoire : 3 295 n’ont pas 2 000 âmes, 653 sont inférieures à 400 habitants, plus de 50 n’ont même pas 50 citoyens, 26 n’en ont pas 40, 10 n’en ont pas 30, une est au-dessous de 20 : en tout, 3 000 à 4 000 qui méritent bien le nom, probablement sarcastique, porté par l’une d’entre elles, le Petit-Paris (75 habitants), dans les montagnes de la Drôme[4].


2o Noms des départements. — Nos départements ont été tracés sans soin, nommés sans intelligence ; on y a réuni des pays différant de mœurs et d’histoire, des climats divers, des bassins divergents, des sols disparates, des cantons « étonnés de se trouver ensemble », et, à ces départements ainsi faits au hasard, on a donné trop souvent des limites conventionnelles. Au lieu de s’arrêter à des obstacles naturels, montagnes, faîtes, rivières ou tout au moins ruisseaux, on les voit qui finissent à l’aventure, en plein champ, coupant droit les crêtes au lieu de fléchir avec elles, traversant les eaux dont elles pourraient accompagner l’onduleux voyage. Même certains départements renferment des enclaves : cinq communes des Hautes-Pyrénées sont emprisonnées, en deux blocs, dans les Basses-Pyrénées, et le canton de Valréas, qui dépend de Vaucluse, est encastré dans la Drôme. Il n’y a rien de naturel, rien de vivant, rien de « fatal » dans la plupart de ces frontières : elles sont d’ordre administratif et paperassier ; à celles des arrondissements, des cantons, des communes, on peut faire les mêmes reproches.

Leurs noms aussi laissent à désirer. Quand on désigna les départements, voici bientôt quatre-vingt-dix années, on ne connaissait ni la Terre, ni les climats, ni les hommes ; on n’avait aucune idée de la vertu des neiges éternelles, de la puissance des monts et surtout des plateaux ; on ignorait que ces cimes, que ces plans, partagent les vents, distribuent les climats, attirent les pluies ; on ne se doutait pas qu’ils font les races qui ne veulent pas servir. On ne savait point quelle influence ont les steppes, les déserts, les « champagnes » nues, les forêts.

On n’avait pas de chemins de fer, à peine des chaussées, et les rivières primaient tout ; elles portaient les hommes et les choses, elles prêtaient leurs vallées aux routes ; on n’ignorait pas tout à fait la vapeur, mais on ne lui commandait point ; faute de machines, l’eau courante faisait tourner toutes les meules des moulins, elle agitait toutes les roues et tous les battants de l’industrie.

Comment n’aurait-on pas béni, célébré les rivières ? On les maudissait aussi quelquefois ; sans ponts, elles séparaient bien plus qu’aujourd’hui leurs deux bords, et leur traversée en barque était la grande aventure des voyages.

C’est pour cela que la Plaine, la Montagne, le Plateau, le Causse, le Steppe, la Forêt, la Mer, ont si peu de part à la nomenclature moderne de notre territoire. Sur nos 87 départements un n’est pas encore nommé, c’est le Territoire de Belfort ; un autre, la Corse, a conservé son nom d’île, et deux, la Savoie et la Haute-Savoie, le glorieux nom de leur province ; treize ont des noms de montagnes, parfois mal choisis : Basses-Alpes, Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, Ardennes. Cantal, Côte-d’Or, Jura, Lozère, Puy-de-Dôme, Basses-Pyrénées, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Orientales, Vosges ; cinq, le Pas-de-Calais, le Calvados, la Manche, les Côtes-du-Nord, le Morbihan, doivent leur nom à la mer ou à son rivage ; deux le tiennent de leur situation, le Finistère et le Nord : ce dernier appelant par contraste un département du Midi, qui n’existe pas, non plus qu’un département du Centre ; un seul, les Landes, porte un nom de région naturelle. Restent 62 noms de rivière, dont un, bien mérité, pour la fontaine de Vaucluse : noms simples comme Seine, ou doubles comme Seine-et-Marne, Loir-et-Cher, Tarn-et-Garonne. Le contraire eût mieux valu : 25 noms pour les Rivières, 60 et plus consacrés à la Mer, à la Montagne, aux Plateaux, aux Causses, aux divers grands traits de la nature physique. Combien nos cartes seraient plus franches si l’on y voyait des départements nommés Causses-et-Ségalas, Causses-Inférieures, ou Grands-Causses, Volcans-Éteints, Plateau-de-Millevache, Bresse-et-Jura, Vosges-et-Faucilles, Ardennes-et-Champagne, Beauce-et-Perche, Beauce-et-Sologne, Brenne-et-Bois-chaut, Bocage-et-Marais, Esterel-et-Maures, Cévennes-et-Corbières ! Et parmi ceux qu’on désignerait d’après leurs rivières, il y en aurait dont les noms seraient vrais et charmants à la fois, comme Gaves-et-Nestes, Nants-et-Dorons.


3o Les quatre-vingt-sept départements. — L’Ain tire son nom d’une belle rivière qui le coupe en deux blocs presque égaux avant d’aller se perdre dans le Rhône : on eût pu l’appeler de préférence Bresse-et-Jura ou Dombes-et-Jura, la Dombes et la Bresse partageant son territoire avec les plateaux jurassiens. Ce département frontière, qui touche aux cantons de Vaud et de Genève (Suisse), a son chef-lieu, Bourg-en-Bresse, au sud-est de Paris, à 478 kilomètres par chemin de fer, à 365 seulement en ligne droite.

Sur 580 000 hectares, dont un huitième encore indéfriché, l’Ain nourrit 365 000 habitants, 68 000 à 69 000 de plus qu’au premier recensement du siècle (1801) : cela fait 63 personnes par kilomètre carré ou par 100 hectares, la moyenne de la France étant de 70.

Il a pour fieu le plus haut le Crêt de la Neige (1 723 mètres), qui est en même temps la cime suprême de tous les monts du Jura. Le lieu le plus bas, c’est le passage du Rhône (et aussi celui de la Saône) dans le département du Rhône, 166 mètres environ : ce qui donne au territoire une pente totale de 1 557 mètres, différence de niveau telle que ce pays étage plusieurs climats, plusieurs végétations, depuis la nature molle, douce, des bords de la Saône, jusqu’à la nature âpre, froide, renfrognée, marâtre, des hauts plateaux du Jura. D’ailleurs, l’Ain est fait de deux régions essentiellement disparates : à l’ouest la Plaine, à l’est le Plateau ou Montagne.

Toutes les eaux du territoire vont passer devant Lyon, soit que le Rhône, soit que la Saône les y mène ; le pays est donc tout entier dans le bassin du fleuve de Provence.

Formé de quatre cantons de l’ancienne Bourgogne, Bresse, Dombes, Bugey, pays de Gex, l’Ain a 5 arrondissements, 86 cantons, 453 communes. Il a pour chef-lieu Bourg-en-Bresse, ville de 15 000 à 16 000 habitants ; pour sous-préfectures Belley (5 000 hab.), Gex, (2 700), Nantua (3 400), Trévoux (2 900).


L’Aisne tient son nom d’une rivière qui le traverse de l’est à l’ouest et y baigne Soissons ; comme il est parcouru par d’autres rivières, notamment la Marne et l’Oise, celle-ci au sud de l’Aisne, celle-là au nord, les noms d’Aisne-et-Marne, d’Aisne-et-Oise, d’Oise-et-Marne, auraient été plus complets. Situé dans la région septentrionale de la France, à la frontière de Belgique, il a son chef-lieu, Laon, au nord-est de Paris, à 440 kilomètres par chemin de fer, à 120 seulement à vol d’oiseau.

Sur 735 000 hectares, il entretient 560 000 habitants, soit environ. 134 000 de plus qu’en 1801 : cela fait 76 personnes par 100 hectares, 6 de plus que la moyenne de la France.

De son point le plus bas, qui est l’endroit où l’Oise quitte son territoire par 37 mètres au-dessus des mers, jusqu’à son point le plus haut, qui est une colline de 284 mètres voisine de la Belgique, dans le bois de Wattigny, il n’y a que 247 mètres de différence de niveau. Ce n’est pas assez, pour donner au pays la diversité d’aspects, de climats, de plantes qu’on admire dans la moitié de nos départements ; ce qu’il a de beautés, il le doit à ses grands bois, à ses gracieuses rivières accrues par des sources jaillissant de la craie.

Du nord au sud il comprend la Thiérache, qui a des collines et des forêts, et à l’ouest de la Thiérache le Vermandois, d’où sortent la Somme et l’Escaut ; le Laonnais, terre Crayeuse, çà et là bien nue ; le Soissonnais, rives riantes de l’Aisne ; le Tardenois, petite « Arcadie », pays de hauts coteaux, de bosquets, de vallées profondes, ayant à l’ouest-nord-ouest un coin du Valois avec la forêt de Villers-Cotterets ; enfin, au midi de la Marne sinueuse, la Brie, qui manque d’arbres.

L’Oise avec l’Aisne, la Marne avec l’Oureq, emportent presque toutes ses eaux vers la Seine ; mais l’Escaut naît dans le département et le pays de Saint-Quentin appartient au bassin de la Somme.

Formée de quatre pays de l’Île-de-France (Laonnais. Noyonnais, Soissonnais, Valois) et de deux pays picards (Thiérache et Vermandois), l’Aisne est divisée en 5 arrondissements, 37 cantons, 837 communes.

Son chef-lieu est Laon (12 100 hab.), sa plus grande ville Saint-Quentin (39 000) ; il a pour sous-préfectures Château-Thierry (6 900), Saint-Quentin, Soissons (11 100), Vervins (3 100).


L’Allier est ainsi nommé de la rivière qui y baigne Vichy et Moulins : Allier-et-Cher eût été plus complet. Situé dans la région centrale, il a son chef-lieu, Moulins, au sud-sud-est de Paris, à 313 kilomètres par chemin de fer, à 262 seulement à vol d’oiseau.

Grand de 731 000 hectares, il a 406 000 âmes, soit 157 000 de plus qu’en 1801 : c’est un des départements où la population s’accroît avec le plus de constance. Il nourrit 55 à 56 habitants : par 100 hectares, 14 à 15 de moins que la moyenne de la France.

Sa plus fière montagne, le Puy-de-Montoncel (1 292 mètres), domine de 1 130 mètres le point le plus bas du département, qui est l’endroit où le Cher quitte le territoire par 162 mètres d’altitude. Cette pente comporte plusieurs étages de températures, depuis le climat des bords de la Loire, de l’Allier, du Cher, plein de mansuétude même en hiver, jusqu’à celui des Bois-Noirs et des Monts de la Madeleine, dur même en été. D’autre part, le pays doit une variété : grande à la diversité de ses sols, gneiss, micaschistes, granits, terrains houillers, miocènes, pliocènes, alluvions : si bien qu’on y distingue quelques régions naturelles : la Montagne, à l’angle sud-est ; les Landes[5], semées d’étangs, à l’est de Moulins, autour de Chevagnes ; le massif de Commentry, à l’est et au sud-est de Montluçon ; les collines de Bourbon, à l’ouest de Moulins, autour de Bourbon-l’Archambault. Toutes les eaux vont à la Loire : directement, ou par l’Allier, ou par le Cher.

Il a pour chef-lieu Moulins (21 800 hab.), pour principale ville Montluçon (23 400), pour sous-préfectures Gannat (5 600), Lapalisse (2 700), Montluçon. Commemtry, ville houillère, a 13 000 âmes.


Les Basses-Alpes sont ainsi nommées des monts alpins qui les sillonnent en tous sens et qui, bien que très hauts, n’ont pas l’élévation des Alpes de la Savoie et du Dauphiné. Ce nom, de même que celui des Basses-Pyrénées, a le grand défaut d’évoquer l’idée de petites montagnes à propos d’un pays où de nombreux pics approchent de la neige éternelle. On eût pu l’appeler autrement, d’après telle ou telle de ses chaînes, ou, d’après ses rivières, département du Verdon ou de Var-et-Durance. Département frontière de la région du sud-est, touchant au Piémont (Italie), il a son chef-lieu, Digne, au sud-sud-est de Paris, à 705 kilomètres par chemin de fer, à 610 seulement à vol d’oiseau.

Vaste de 695 000 hectares, il n’a que 136 000 habitants, ce qui ne fait pas même 20 par 100 hectares : relativement, c’est le moins peuplé de nos départements. Sa population dépasse à peine de 2 000 le chiffre de 1801.

Sur la frontière d’Italie, l’Aiguille de Chambeyron a 3 400 mètres ; à l’autre extrémité du territoire, à l’endroit où la Durance le quitte près du confluent du Verdon, la hauteur au-dessus des mers n’est que de 250 mètres : cette énorme différence de niveau et les immenses rugosités d’un sol calcaire ou crayeux créent dans les Basses-Alpes une infinité de climats : tellement que l’olivier croît dans les vallées inférieures, sous un soleil presque italien, déjà provençal, tandis que les monts supérieurs sont une dure Sibérie, neiges blanches et glaciers vitreux.

Sauf à l’est et au nord-est de Castellane où les eaux du pays d’Annot et d’Entrevaux courent vers le Var, fleuve côtier, toutes les neiges, toutes les pluies des Basses-Alpes sont entraînées vers le Rhône par la Nesque, le Caulon et la terrible Durance.

Formées d’une partie de l’ancienne Provence, les Basses-Alpes ont 5 arrondissements. 30 cantons, 251 communes.

Le chef-lieu, c’est Digne (7 200 hab.) ; les sous-préfectures sont Barcelonnette (2 100), Castellane (1 900), Forcalquier (2 700), Sisteron (4 300). Manosque a plus de 6 000 âmes.


Les Hautes-Alpes doivent leur nom à des Alpes qui n’avalent pas de rivales en France avant l’accession de la Savoie. Les noms de Pelvoux ou de Pelvoux-et-Dévoluy convenaient bien à ce département frontière du sud-est, qui touche au Piémont (Italie), et doit le chef-lieu, Gap, est au sud-sud-est de Paris, à 648 kilomètres par les routes, à 565 seulement à vol d’oiseau.

Vaste de 559 000 hectares, il ne supporte que 119 000 habitants, soit 21 à 22 par 100 hectares : pas même le tiers de la densité moyenne de la population en France ; depuis 1801, il n’a guère gagné que 6 000 âmes. D’un recensement à l’autre, tantôt il reste à peu près stationnaire, tantôt il recule. Ce n’est pas qu’il ait peu de naissances ; mais on y meurt plus qu’ailleurs, à cause de la rudesse du climat, du malentretien des chaumières, de l’excès de pauvreté ; puis il en part beaucoup d’émigrants sans esprit de retour, comme aussi des Basses-Alpes.

De 4 103 mètres, altitude suprême de la Barre des Écrins (Pelvoux), le territoire des Hautes-Alpes descend à 455 mètres à l’endroit où le Buech passe dans les Basses-Alpes, soit une pente d’environ 3 650 mètres : un pays étagé sur une pareille différence de niveau, et d’ailleurs appartenant à des roches diverses, gneiss, schistes, granits, craies et calcaires, ne peut manquer d’offrir, suivant les hauteurs, les expositions, les natures de sol, une prodigieuse variété de climats ; et de fait, sur le Pelvoux il a le Pôle, et dans les gorges qui s’ouvrent sur la Durance moyenne et sur le Buech inférieur, le ciel est éclatant, le soleil chaud, comme on peut l’attendre de lieux plus méridionaux que Gênes la Superbe, la ville des palais de marbre.

Tous les torrents des Hautes-Alpes coulent, ou plutôt courent, ou, mieux encore, plongent vers le Rhône : soit par la Romanche et le Drac, rivières du bassin de l’Isère, soit par l’Aygues, soit surtout par la Durance.

Terre de Dauphiné, sauf quelques milliers d’hectares de l’ancienne Provence, les Hautes-Alpes sont divisées en 5 arrondissements, 24 cantons, 189 communes ; elles ont pour chef-lieu Gap (9 300 hab.), pour sous-préfectures Briançon (4 500) et Embrun (4 000).


Les Alpes-Maritimes tirent leur nom de leurs montagnes, Alpes dont la Méditerranée baigne les promontoires. Ce département frontière, qui touche à l’Italie, a son chef-lieu, Nice, au sud-sud-est de Paris, à 1 088 kilomètres par chemin de fer, à 695 seulement à vol d’oiseau.

Vaste de 393 000 hectares, il a 204 000 habitants, soit environ 9 000 de plus qu’en 1861, premier recensement après l’annexion. Sa population spécifique, 51 à 52 personnes par 100 hectares, est de 18 à 19 au-dessous de la moyenne générale de la France.

S’élevant de la Méditerranée à 3 029 mètres, hauteur du sommet de Ciatancias, il connaît de nombreux climats, du printemps presque perpétuel de certains ravins littoraux à l’hiver presque éternel de plusieurs de ses cimes ; par cela même, il étage des zones de végétation, depuis le dattier des rives de la mer jusqu’au sapin ployant sous la neige. C’est là son originalité ; c’est, ce sera sa fortune, car de plus en plus on y bâtit des villas de plaisance et des villas de santé qu’habitent des désœuvrés, des fatigués, des fourbus, des condamnés à la mort et des mourants de toutes les nations du monde : villas d’hiver sur le rivage et dans les vallées basses, villas d’été sur la montagne. Les torrents constants qui puisent à ses hauts frimas, les ravines sèches dont l’orage parfois change le silence en un bruit de tonnerre, amènent leurs eaux à des fleuves côtiers, Siagne, Loup, Cagne, Var, Paillon, Roya ; un petit territoire, à l’est, se verse dans l’Artubi, sous-affluent du Rhône par le Verdon et la Durance.

Formées du comté de Nice, que l’Italie nous a cédé en 1859, et d’un lambeau de Provence que nous possédons depuis des siècles, les Alpes-Maritimes se divisent en 3 arrondissements, 25 cantons, 152 communes.

Leur chef-lieu est Nice (53 400 hab.) ; elles ont pour sous-préfectures Grasse (13 100) et Puget-Theniers (1 400) ; Cannes 14 000 âmes, Menton 7 800, Antibes 6 800.

Nice.


L’Ardèche est ainsi appelée d’un torrent qui baigne la colline d’Aubenas et qui a des eaux vertes, des gorges admirables, mais on eût pu donner de meilleurs noms à ce territoire : département du Mézenc, de sa plus haute montagne ; département du Coiron, de sa chaîne centrale ; département du Pont-d’Arc, de son pont naturel sur l’Ardèche, le plus grandiose qu’il y ait : moins élevé que le Pont d’Icononzo, sur le Rio Grande de la Suma Paz, en Colombie (Amérique du Sud), ce n’est pas comme cette « merveille » néo-grenadine un simple bloc de grès arrêté sur une console de schiste ; c’est un arc de triomphe immense sous lequel passe éternellement le conquérant qui l’a creusé dans le roc, l’Ardèche, dont souvent des orages subits font pour quelques heures l’un des grands fleuves de l’Europe. Située dans la région du sud-est, l’Ardèche a son chef-lieu, Privas, à 667 kilomètres de Paris par chemin de fer, à 480 seulement en ligne droite.

Sur 553 000 hectares, il renferme 384 000 habitants, soit environ 70 par 100 hectares, ce qui est justement la moyenne de la France. Depuis le commencement du siècle, il a gagné 118 000 personnes.

De son lieu le plus bas, l’endroit où le Rhône cesse de longer le département (40 mètres), à son lieu le plus haut, le sommet du Mézenc (1 754 mètres), la différence de niveau, qui est de 1 714 mètres, comporte plusieurs climats, plusieurs zones de végétation, depuis l’olivier et le mûrier jusqu’aux plantes amies du froid demi-polaire. Les eaux de ses montagnes vont au Rhône ou à la Loire : le premier de ces fleuves réclame 500 000 environ hectares ; le second, qui a précisément ses sources dans l’Ardèche, n’y possède que 50 000 hectares ou un peu plus.

Formé du Vivarais, pays de l’ancien Languedoc, l’Ardèche comprend 3 arrondissements, 81 cantons, 339 communes.

Son chef-lieu est Privas (7 800 hab.) ; sa ville la plus grande et la plus riche Annonay (15 800) ; ses sous-préfectures sont Largentière (3 000) et Tournon (6 100). Aubenas a 7 800 âmes.


Le département des Ardennes est ainsi appelé de sa principale protubérance, les Ardennes, collines de schiste soutenant de vastes plateaux. Ardennes-et-Champagne vaudrait mieux : ce nom dirait qu’à côté des Ardennes, humides et boisées, il y a ici des plaines de craie sèche relevant de la Champagne ; mais il manquerait encore à ce nom la mention d’une troisième région naturelle, l’Argonne, coteaux de calcaire jurassique. Département frontière touchant à trois provinces de la Belgique, au Hainaut, à la province de Namur, au Luxembourg, il a son chef-lieu, Mézières, au nord-est de Paris, à 248 kilomètres par chemin de fer, à 198 seulement en ligne droite.

Sur ses 523 000 hectares vivent 327 000 personnes, soit 62 à 65 par 100 hectares : 7 à 8 au-dessous de la moyenne de la France. Il a 66 000 ou 67 000 âmes de plus qu’au dénombrement de 1801.

Du point le plus haut du territoire à l’endroit le plus bas il y a 446 mètres de différence de niveau, la Croix-Scaille, au sud-est de Fumay, près de la frontière belge, s’élevant à 504 mètres, tandis que les plaines où l’Aisne et la Retourne quittent le département ne dépassent pas l’altitude de 58 mètres. Ces 446 mètres de pente ne sauraient donner aux Ardennes une bien grande variété de climats et de végétation ; c’est la nature du sol qui lui vaut ses trois régions disparates, l’Ardenne, l’Argonne, la Champagne. Ses eaux se divisent entre la Meuse et la Seine : à la Meuse accourent, dans l’est et dans le nord, les ruisseaux d’un peu plus de la moitié du territoire ; vers l’Oise et l’Aisne, affluents de la Seine, se dirigent les cours d’eau de l’ouest et du sud.

N’a été formé d’un lambeau du Hainaut, dont la grande part est terre belge ; d’un morceau de la Picardie ; de la principauté de Sedan et de la Champagne propre, pays de l’ancienne Champagne. Il se divise en 5 arrondissements, 31 cantons, 502 communes.

Son chef-lieu est Mézières (5 300 habitants), ses deux principales cités, Sedan (16 600) et Charleville (13 800), ses sous-préfectures Rethel (7 400), Rocroi (2 400), Sedan et Vouziers (3 500).

Vouziers.


L’Ariège tire son nom de sa principale rivière, qui baigne Foix, Pamiers, Saverdun ; Ariège-et-Salat serait plus complet ; deux noms étaient bien meilleurs : département du Montcalm ou département du Vallier, d’après ses deux principales montagnes. Territoire frontière, touchant au sud à la république d’Andorre et à la Catalogne (Espagne), il a son chef-lieu, Foix, au sud-sud-est de Paris, à 831 kilomètres par chemin de fer, à 660 en ligne droite.

Grand de 489 000 hectares seulement, il a 245 000 habitants, soit à peine 50 par 100 hectares : 20 de moins que la moyenne de la France. Depuis 1801, il n’a même pas gagné 50 000 âmes.

Du climat tempéré-chaud au climat semi-polaire, il embrasse toutes les températures, ayant ou peu s’en faut l’hiver dit éternel sur la croupe de ses hautes montagnes, et dans ses basses vallées un ciel tiède, ami des fruits et des fleurs : c’est que sa différence de niveau atteint 2 946 mètres, le point le plus bas étant l’endroit où la Lèze passe en Haute-Garonne (195 mètres), et le plus haut, la cime de la Pique d’Estats (3 141 mètres). Au bassin de la Garonne appartiennent ses torrents sans nombre, sauf ceux qui courent à l’Aude par des clus terribles, sur le quarantième environ du territoire, dans le bout du monde qu’on nomme le Donnézan.

Formé du pays de Foix, et du Couserans, terre de Gascogne, l’Ariège a 3 arrondissements, 20 cantons, 336 communes.

Son chef-lieu est Foix (6 400 habitants), sa plus grande et plus opulente ville Pamiers (9 000), ses sous-préfectures, Pamiers et Saint-Girons (5 000).


L’Aube tire son nom d’une rivière qui le traverse du sud-est au nord-ouest, par Bar et Arcis ; Aube-et-Seine serait plus complet ; Champagne-et-Forêts aurait rappelé que le nord de ce territoire est craie nue de Champagne, mais que de grands bois en couvrent le sud : forêts d’Othe, d’Aumont, de Chaource, de Rumilly, du Grand-Orient, de Soulaine, de Bossigan, de Clairvaux, etc. Il a son chef-lieu, Troyes, au sud-est de Paris, à 167 kilomètres par chemin de fer, à 140 seulement à vol d’oiseau.

Vaste de 600 000 hectares, il ne porte que 255 000 habitants, soit 42 à 45 par 100 hectares : 27 à 28 au-dessous de la densité moyenne de la France. Il a 23 000 personnes seulement de plus qu’en 1801.

Son point le plus bas, l’endroit où la Seine passe en Seine-et-Marne, est à 60 mètres au-dessus des mers ; son point le plus haut, le Bois du Mont, dans la forêt de Clairvaux, au sud de Bar-sur-Aube, à 366 : cette différence de niveau de 506 mètres n’a pas la force de créer plusieurs étages de climats et de végétations ; les diversités de culture et d’aspect y tiennent essentiellement à la nature du sol qui, du sud-est au nord-ouest, appartient surtout à trois espèces de roches : au calcaire oolithique, à la craie inférieure, à la craie supérieure. Tous les ruisselets, tous les ruisseaux vont à la Seine ou à deux de ses affluents, l’Aube et l’Yonne.

Formée d’une portion de la province de Champagne et de lambeaux de la Bourgogne, l’Aube se divise en 5 arrondissements, 26 cantons, 446 communes.

Son chef-lieu est Troyes (41 300 habitants) ; ses sous-préfectures Arcis-sur-Aube (2 800), Bar-sur-Aube (4 500), Bar-sur-Seine (2 800), Nogent-sur-Seine (3 400).


L’Aude a reçu ce nom d’un petit fleuve qui le traverse du sud au nord, puis de l’ouest à l’est, et y baigne Limoux et Carcassonne. Deux autres noms lui auraient mieux convenu : département des Corbières, d’après les chaînons arides qui en couvrent la plus grande partie, ou Corbières-et-Cévennes. Il a son chef-lieu, Carcassonne, au sud de Paris, à 841 kilomètres par chemin de fer, à 630 seulement à vol d’oiseau.

Grand de 631 000 hectares, dont un tiers en triche, il a 300 000 habitants, soit 47 à 48 par 100 hectares : 22 à 25 de moins que la moyenne de la France. Depuis 1801, son gain est de 75 000 personnes.

Département maritime ayant pour point le plus bas le seuil même de la Méditerranée, il s’élève jusqu’à 2 471 mètres, dans les Pyrénées, au pic de Madrès. Cette différence de niveau suffit pour instituer plusieurs climats, plusieurs zones de végétation : le territoire a d’ailleurs diverses natures de sol, notamment plusieurs espèces de craie et de calcaire, et au nord-ouest, avec des collines terreuses, de lourds ruisseaux, dans le Razès et le Lauraguais. Presque toutes ses eaux vont au fleuve d’Aude : au nord-ouest et à l’ouest, la pente est vers le Grand-Hers ou Hers-Vif, et le Petit-Hers ou Hers-Mort, rivières du bassin de la Garonne ; au sud et à l’est, deux fleuves côtiers, la Berre et l’Agly, recueillent les torrents de beaucoup de ravins.

Formé de quatre petits pays de l’ancien Languedoc, le Carcassez, le Lauraguais, le diocèse de Narbonne et le Razès, l’Aude a 4 arrondissements, 31 cantons, 436 communes.

Il a pour chef-lieu Carcassonne (26 000 habitants), pour sous-préfectures Castelnaudary (9 000), Limoux (7 000), Narbonne (20 000).


L’Aveyron s’appelle ainsi d’une rivière de peu d’abondance qui baigne Rodez et Villefranche-de-Rouergue. On avait le choix entre des noms meilleurs : Causses-et-Ségalas, d’après la nature de ses plateaux ; Aubrac-et-Larzac, de ses plus hautes montagnes et de son plateau le plus vaste ; Aubrac-et-Lévézou, etc. Il a son chef-lieu Rodez, au sud de Paris, à 663 kilomètres par chemin de fer, à 505 seulement à vol d’oiseau.

Sur 874 000 hectares, il a 414 000 habitants, soit 47 à 48 par 100 hectares : 22 à 23 au-dessous de la moyenne de la France ; c’est 87 000 personnes de plus qu’au dénombrement de 1801, bien qu’il ait perdu quelques terrains en 1808, à la formation du Tarn-et-Garonne.

Son lieu le plus bas, le passage de l’Aveyron dans le Tarn-et-Garonne, étant à 125 mètres, et son point le plus haut, dans les monts d’Aubrac, sur la frontière de la Lozère, à 1 451, la différence de niveau est de 1 326 mètres, assez pour superposer plusieurs climats, du tempéré au froid, et pour évoquer diverses végétations ; le sol, d’ailleurs, contribue à cette variété de plantes, étant divisé, suivant sa nature, en quatre terrains, causse, ségalas, rougier et rivière : granits, gneiss, schistes, terrain houiller, grès rouge, lias, oolithe, d’autres roches encore, l’Aveyron se distingue par une fort grande diversité de sols et de sous-sols. Toutes ses eaux vont à la Garonne, sauf celles d’une très petite partie du canton de Cornus, où naît l’Orb, tributaire de la Méditerranée.

Formé du Rouergue, pays de Guyenne, l’Aveyron se divise en 5 arrondissements, 42 cantons, 295 communes.

Son chef-lieu est Rodez (13 400 habitants) ; sa plus grande ville, Millau (15 600) ; ses sous-préfectures, Espalion (4 000), Millau, Saint-Affrique (7 600), Villefranche-de-Rouergue (10 100). Aubin, ville de houille, ville de forges, a 9 900 âmes, Decazeville, rivale et voisine d’Aubin, 9 500.


Le département des Bouches-du-Rhône tire son nom sa situation sur les branches inférieures du Rhône, de qui s’y perd en Méditerranée : nom excellent ; on eût pu l’appeler également Alpines-et-Camargue ou Camargue-et-Crau, etc. Ce département maritime a son chef-lieu, Marseille, au sud-sud-est de Paris, à 863 kilomètres par chemin de fer, à 660 seulement à vol d’oiseau.

Vaste de 510 000 hectares, il a 556 000 habitants, soit 109 par 100 hectares, la moyenne de la France étant de 10 ; peu de départements sont aussi densément peuplés. Depuis 1801, il a gagné 272 000 personnes, grâce à l’industrie et au commerce de Marseille : ce n’est pas des roches vives, des lits de cailloux, des marais d’un territoire encore inculte en grande partie qu’il aurait pu tirer un pareil accroissement.

Du niveau de la Méditerranée ses terres montent jusqu’à 1 043 mètres, hauteur du Baou de Bretagne, qui se dresse à l’est d’Aubagne, sur la frontière du Var, dans le massif de la Sainte-Baume. Cette différence de niveau comporte plusieurs étages de climats et de végétations ; les diverses natures du sol, terrains houillers, calcaires, craies, terrains miocènes, cailloux roulés, alluvions, aident également à la diversité des plantes. Ses eaux se divisent entre le Rhône et quelques fleuves côtiers, la Touloubre et l’Arc, affluents de l’étang de Berre, l’Huveaune, rivière de Marseille, etc. Du Rhône dépendent l’arrondissement d’Arles, l’ouest extrême et le nord de celui d’Aix ; c’est plus de la moitié du territoire.

Tronçon de la Provence, les Bouches-du-Rhône ont 3 arrondissements, 27 cantons, 108 communes.

Leur chef-lieu est Marseille (319 000 habitants), leurs sous-préfectures Aix (28 700) et Arles (25 100). Tarascon a 10 400 âmes : avec Beaucaire (Gard), qui lui fait face sur la rive droite du Rhône majestueux, c’est une ville de 19 000 à 20 000 habitants.

Marseille.


Le département du Calvados tire son nom d’un rocher de son littoral, ainsi appelé, par corruption, du Salvador, navire de l’invincible Armada naufragé sur cet écueil. On eût dû lui laisser son premier nom d’Orne-Inférieure ou lui donner, d’après ses principales régions, ceux d’Auge-et-Bocage ou d’Auge-et-Bessin. Ce département maritime a son chef-lieu, Caen, à l’ouest-nord-ouest de Paris, à 239 kilomètres par chemin de fer, à 200 seulement à vol d’oiseau.

Grand de 552 000 hectares, il nourrit 450 000 habitants, soit 81 à 82 par 100 hectares : 11 à 12 de plus que la moyenne de la France. Il a 2 000 personnes de moins qu’au premier dénombrement du siècle.

Il n’y a que 363 mètres de différence de niveau entre la Manche, plan des mers, et le sommet de la colline de Guilberville (363 mètres), au nord de la vallée de la Vire, sur la route de Vire à Saint-Lô : ce n’est pas assez pour créer des végétations et des climats bien divers ; mais les différentes natures du sol, craie, oolithe, lias, trias, terrain houiller, schistes, grès rouges, granits, lui donnent quelque variété, et l’on y distingue plusieurs régions naturelles : le pays d’Auge et le Lieuvin, sur le calcaire et la craie ; la campagne de Caen, sur l’oolithe ; le Bessin, sur de vieux calcaires ; et le Bocage, sur les roches primitives. À l’exception de quelques communes du nord-est qui se versent dans l’estuaire de la Manche, il envoie ses eaux à divers fleuves côtiers : Touques, Dives, Orne, Seulles, Vire.

Formé d’un morceau de la Normandie, il se divise en 6 arrondissements, 38 cantons, 764 communes.

Son chef-lieu est Caen (41 200 habitants) ; il a pour sous-préfectures Bayeux (8 600 habitants), Falaise (8 400), Lisieux (18 400), Pont-l’Évêque (2 800), Vire (6 700).


Le Cantal doit son nom à une montagne volcanique d’une grande beauté, et aussi d’une grande hauteur, puisque, parmi les monts français, elle ne le cède qu’au seul Puy de Sancy. Cantal-et-Margeride ou Canial-et-Planèze seraient des noms plus complets. Il a son chef-lieu, Aurillac, au sud de Paris, à 590 kilomètres par chemin de fer, à 435 seulement à vol d’oiseau.

Sur 574 000 hectares, il n’a que 231 000 habitants, soit 40 par kilomètre carré : 30 au-dessous de la moyenne de la France ; il n’a gagné que 11 000 personnes depuis 1801, non par l’infécondité des familles, mais par suite d’une émigration considérable vers Paris, vers presque toutes les villes de France, et aussi vers l’étranger, notamment vers l’Espagne.

Du sommet du Cantal (1 858 mètres) au lieu le plus bas du territoire, celui où la rive droite du Lot cesse de longer le département (210 mètres), il y a 1 648 mètres de descente : différence de niveau capable d’étager plusieurs climats, plusieurs végétations, depuis la zone tempérée jusqu’à la zone très froide des sapins fléchissant pendant des mois sous la neige ; à cette variété de températures, de plantes et d’aspects, concourt la diversité des sols : granits, gneiss, micaschistes, terrains volcaniques, terrains houillers, terrains tertiaires. — Par la Truyère et le Gélé, tributaires du Lot, par la Dordogne et ses affluents, la Rue, la Sumène, l’Auze, la Maronne, la Cère, tous les ruisseaux du Cantal vont à la Gironde, sauf ceux de quelques cantons du nord-est, dont la Gronce, le Céloux et l’Alagnon emportent les eaux vers l’Allier, frère de la Loire. En somme, le cinquième du territoire coule vers la Loire, les 4/5 vont à la Gironde.

Détaché de l’Auvergne, le Cantal comprend 4 arrondissements, 25 cantons, 266 communes.

Son chef-lieu est Aurillac (11 200 hab.) ; il a pour sous-préfectures Mauriac (3 300), Murat (3 100), Saint-Flour (5 400).


La Charente est ainsi appelée du fleuve qui la traverse du sud-est au nord-ouest, puis du nord au sud, enfin de l’est à l’ouest, et y baigne Angoulême, Jarnac et Cognac. Le nom de Charente-et-Touvre aurait rappelé à la fois l’une de nos plus gracieuses rivières et la source qui verse autant d’eau que Vaucluse elle-même. Ce département a son chef-lieu, Angoulême, au sud-sud-ouest de Paris, à 445 kilomètres par chemin de fer, à 390 seulement en ligne droite.

Ses 594 000 hectares entretiennent 374 000 habitants, soit 63 personnes par 100 hectares : 7 de moins que la moyenne de la France. Depuis le recensement de 1801, ce département a gagné près de 75 000 âmes.

Il a pour point le plus haut une colline à l’est de Confolens, au nord de Montrollet, sur la frontière de la Haute-Vienne (366 mètres) ; pour point le plus bas, l’endroit où le quitte la Charente (6 mètres) : c’est une pente de 360 mètres, insuffisante pour étager les climats et les plantes, mais la nature du sol a fait des granits et des gneiss du pays de Confolens une région à part, appelée Terres Froides, par opposition aux Terres Chaudes (craies et calcaires) du reste du département. De ses trois bassins, celui de la Charente couvre environ 450 000 hectares ; celui de la Gironde (par la Dronne et le Lary), 75 000 ; celui de la Loire (par la Vienne), 68 000.

Formée de l’Angoumois et de morceaux de la Saintonge, du Poitou, du Limousin, la Charente a 5 arrondissements, 29 cantons, 426 communes.

Son chef-lieu est Angoulême (30 500 hab.), ses sous-préfectures, Barbezieux (4 000), Cognac (14 900), Confolens (2 800), Ruffec (3 400).


Le département de la Charente-Inférieure tire son nom du cours inférieur de la Charente, qui baigne sa ville la plus curieuse, Saintes, et sa ville la plus grande. Rochefort. Le nom de Charente-et-Gironde serait plus complet. Il a son chef-lieu, la Rochelle, au sud-ouest de Paris, à 477 kilomètres par chemin de fer, à 380 seulement à vol d’oiseau.

Il renferme 466 000 habitants sur 683 090 hectares, soit près de 69 par 100 hectares : ce qui est un peu moins que la moyenne de la France. Depuis 1801 il a gagné 66 000 personnes : les derniers recensements indiquent un état stationnaire ; quand il était moins riche, la population croissait avec ardeur. Redeviendra-t-elle féconde quand le puceron de la vigne aura ruiné son opulence ?

Du niveau de l’océan Atlantique, son territoire s’élève jusqu’à 172 mètres, hauteur d’une colline voisine de la frontière des Deux-Sèvres, entre la source de la Nie et la forêt d’Aunay ; avec un si faible écart de niveau, les différences de culture et d’aspect tiennent essentiellement aux diverses natures d’un sol crayeux ou calcaire où l’on distingue, les îles à part, le Bocage, les Pays-Bas, la Double, le Marais, la Dune. Ses ruisseaux, ses sources, dont un grand nombre ont beaucoup d’abondance à cause de la texture du sol, s’engloutissent dans la Charente ; dans la Sèvre Niortaise et la Seudre, fleuves côtiers ; dans la Gironde, directement ou par la Dronne, le Lary, la Saye, affluents de l’Isle, laquelle court à la Dordogne. La Charente écoule à elle seule les 3/5 du territoire.

Formée de la Saintonge et de l’Aunis, pays de l’ancien Angoumois, et d’un lambeau du Poitou, la Charente-Inférieure se divise en 6 arrondissements, 40 cantons et 481 communes.

Son chef-lieu est La Rochelle (19 600 hab.) ; sa ville la plus peuplée Rochefort (27 000) ; ses sous-préfectures Jonzac (3 500), Marennes (4 600), Rochefort, Saintes (13 700), Saint-Jean-d’Angély (7 200).

La Rochelle.


Le Cher tient son nom d’une rivière qui baigne Saint-Amand-Mont-Rond et Vierzon : on eût l’appeler département du Centre, car il occupe assez bien le milieu de notre territoire, et, de toutes nos villes, Saint-Amand est la plus centrale ; il aurait aussi fallu nommer département du Midi les Pyrénées-Orientales, qui contiennent les lieux les plus méridionaux de la France : de la sorte, par une très heureuse pondération, nous aurions un département du Nord, un département du Centre, un département du Sud ou du Midi. Le Cher a son chef-lieu, Bourges, au sud de Paris, à 232 kilomètres par chemin de fer, à 195 seulement en ligne droite.

Sur sa vaste surface de 720 000 hectares, il nourrit 546 000 habitants, soit 48 personnes par 100 hectares : 92 de moins que la moyenne de la France. Depuis le premier recensement du siècle, il a gagné 120 000 âmes, et sa population s’accroît avec régularité.

Son point le plus bas, le passage du Cher en Loir-et-Cher, à Thénioux, est à 89 mètres ; son point le plus haut a 508 mètres : c’est le mont de Saint-Marien, à la source de l’Indre, près de Saint-Priest. Cette différence de niveau de 419 mètres ne peut guère créer de climats bien distincts ; les différences de végétation, de température, y ont donc pour cause, non l’étagement du sol, mais la nature des terrains : craies du Sancerrois ; terrains tertiaires de la Sologne ; lias et oolithes du pays de Bourges formant un plateau très peu tourmenté qui couvre la majeure partie du département ; marnes irisées ; granits qui, se rattachant au Plateau Central, s’étendent sur six communes seulement, à l’angle méridional du territoire, de Culan à Saint-Priest. Toutes les eaux vont à la Loire, directement ou par le Cher et l’Indre.

Formé d’une grande partie du Berry et d’un morceau du Bourbonnais, le Cher se divise en 3 arrondissements, 99 cantons, 291 communes.

Son chef-lieu est Bourges (35 800 hab.), ses sous-préfectures Saint-Amand-Mont-Rond (8 500) et Sancerre (3 700).


Le département de la Corrèze s’appelle ainsi d’une rivière qui baigne sa vallée centrale et ses deux grandes villes, Tulle et Brive. En s’en tenant aux cours d’eau, mieux eût valu le nom de département de la Vézère, celle-ci étant plus pittoresque, plus belle, plus grande que la Corrèze ; mieux encore Dordogne-et-Vézère ; mais il aurait été bien préférable de l’appeler département des Monédières, d’un de ses plus hauts massifs, ou département de Millevache, du plateau où prennent leurs sources la Vienne, la Creuse, la Vézère, etc. Il a son chef-lieu, Tulle, au sud-sud-ouest de Paris, à 528 kilomètres par chemin de fer, à 400 seulement à vol d’oiseau.

Ce territoire a 312 000 habitants sur 587 000 hectares, soit 53 à 54 habitants par 100 hectares, la moyenne de la France étant de 70. Depuis 1801, il a gagné 67 000 à 68 000 personnes.

Là où la Vézère passe définitivement en Dordogne : il est à 80 mètres seulement au-dessus des mers, tandis que le Mont-Besson, qui domine le plateau de Millevache, porte la tête à 984 mètres : différence de 904 mètres, capable d’étager plusieurs climats ; et d’ailleurs le sol appartient à des terrains fort divers : granits, gneiss, micaschistes, grès bigarrés, grès rouges, lias, oolithe. Où dominent les trois premières de ces roches, c’est-à-dire dans tout l’est, dans tout le centre, et dans presque tout le nord, ce sont les Terres Froides ; où dominent les autres, dans une portion du pays de Brive, ce sont les Terres Chaudes. Toutes les eaux courent vers la Gironde, par la Dordogne, sauf un petit coin, au nord, qui se déverse dans la Vienne. C’est à peine si 20 000 hectares sur 587 000 s’épanchent vers cet affluent de la Loire.

Tronçon du vieux Limousin, la Corrèze a 3 arrondissements, 29 cantons, 287 communes.

Elle a pour chef-lieu Tulle (15 300 hab.) ; pour sous-préfectures Brive-la-Gaillarde (11 900) et Ussel (4 200).

Tulle.


Le département de la Corse est formé par une île de la Méditerranée située à 180 kilomètres au sud-est de la France. De Paris à son chef-lieu, Ajaccio, il y a par les voies ordinaires environ 1 100 kilomètres : 930 seulement en ligne droite.

Grand de 875 000 hectares, il n’enferme encore que 263 000 habitants : soit 30 personnes par 100 hectares, ou 40 de moins que la moyenne de la France. Depuis 1801, il a gagné bien près de 100 000 âmes.

S’élevant du niveau de la Méditerranée à 2 707 mètres (cime du Cinto), la Corse a tous les climats de l’Europe, de celui qui sourit aux orangers, et même aux palmiers, à celui qui entasse neige sur neige au pied des sapins. La diversité des sols provoque aussi des végétations diverses, l’île ayant des granits, des gneiss, des schistes, des craies, des terrains tertiaires, des alluvions, des lambeaux volcaniques. Parmi les fleuves, les principaux sont le Golo, le Tavignano, le Fiumorbo, le Tavaria, le Taravo, le Prunelli, le Gravone et le Liamone.

Sous les Génois, la Corse était partagée en 10 provinces, Bastia, Cap-Corse, la Balagne, Calvi, Vico, Corte, Aleria, Ajaccio, Sartène et Bonifacio ; ces dix provinces comprenaient 66 pièves ou cantons. Aujourd’hui l’île est divisée en 5 arrondissements, 62 cantons, 363 communes. Jusqu’en 1811, elle forma deux départements, le Golo et le Liamone.

La capitale est Ajaccio (17 000 hab.) ; la ville majeure Bastia (17 600) ; les sous-préfectures Bastia, Calvi (2 000), Corte (5 000), Sartène (4 700).


Le département de la Côte-d’Or tire son nom d’une chaîne calcaire où croît le meilleur vin de Bourgogne. Il a son chef-lieu, Dijon, au sud-est de Paris, à 315 kilomètres par chemin de fer, à 260 seulement à vol d’oiseau.

Il n’a que 378 000 habitants sur 876 000 hectares, soit environ 43 personnes par 100 hectares : 27 de moins que la moyenne de la France ; c’est à peine s’il nourrit 37 000 individus de plus qu’en 1801, premier recensement du siècle.

Son lieu le plus bas, le passage de la Saône en Saône-et-Loire, est à 176 mètres au-dessus des Océans ; son lieu le plus haut est le Mont de Gien (723 mètres), près de Ménessaire, canton de Liernais : soit une différence de niveau de 547 mètres, qui comporte une certaine diversité de climats. Mais c’est plutôt à la nature de ses sols que le pays doit sa variété : si la plus grande partie de son aire appartient à l’oolithe, il possède aussi des alluvions, des terrains tertiaires, des lias, des granits, des gneiss. Dans ce département les calcaires de la Côte d’Or, du Plateau de Langres, du Châtillonnais, se distinguent aisément des lias de l’Auxois et des roches primitives du Morvan. C’est un de ces départements « clef de voûte » où s’ajustent plusieurs bassins ; comme diraient les Franco-Canadiens, la « Hauteur des Terres » serpente sur ce territoire où la Seine commence, où des rivières vont au Rhône, et d’autres à la Loire. Au bassin du Rhône appartiennent 430 000 hectares, presque la moitié du sol ; 382 000 à celui de la Seine, 64 000 à celui de la Loire.

Démembrement de la Bourgogne, la Côte-d’Or a 4 arrondissements, 36 cantons, 717 communes.

Son chef-lieu est Dijon (48 000 hab.) ; ses sous-préfectures Beaune (11 400 hab.), Châtillon-sur-Seine (5 000), Semur-en-Auxois (4 100).


Le département des Côtes-du-Nord tire son nom de sa situation sur la Manche, qui est, en effet, une mer du Nord quand nous la comparons à l’Océan de Gascogne ou de Saintonge et à la Méditerranée. Mais, comme plusieurs de nos territoires ont un rivage plus septentrional, on eût mieux fait de l’appeler autrement : on aurait pu le nommer département du Mené ou Menez, d’après la chaîne de hautes collines qui sépare ici le bassin de la Manche de celui de l’Atlantique. Il a son chef-lieu Saint-Brieuc, à l’ouest de Paris, à 475 kilomètres par chemin de fer, à 370 seulement en ligne droite.

Ses 689 000 hectares portent 631 000 habitants, soit 91 à 92 par 100 hectares : 21 à 22 au-dessus de la moyenne de la France. Sa population augmente avec constance ; elle a crû de près de 127 000 âmes depuis 1801.

Du niveau de la Manche au sommet du Bel-Air (340 mètres), culmen des monts du Mené, la différence n’est pas suffisante pour provoquer des climats distincts ; et, d’autre part, il y a bien peu de variété dans les sols : sauf quelques calcaires et quelques grès dans l’arrondissement de Dinan, tout le pays appartient aux diverses roches granitiques ou schisteuses. Il confie ses eaux à des fleuves côtiers, les uns sujets de la Manche, tels que la Rance, l’Arguenon, le Gouessan, le Gouet, le Trieux, le Tréguier, le Guer ; les autres sujets de l’Atlantique : ces derniers sont l’Aulne et le Blavet, sans parler de l’Oult ou Oust, affluent de la Vilaine.

Démembrées de l’ancienne Bretagne, les Côtes-du-Nord se divisent en 5 arrondissements, 48 cantons, 389 communes.

Leur chef-lieu est Saint-Brieuc (16 400 habitants) ; leurs sous-préfectures Dinan (8 200), Guingamp (7 900), Lannion (6 300), Loudéac (5 900).


Le département de la Creuse tient son nom d’une rivière qui le traverse en entier du sud-est au nord-ouest, et y baigne Aubusson et Guéret. Creuse-et-Cher aurait mieux valu, le Cher ayant son cours supérieur sur ce territoire ; et l’on eût pu le nommer aussi, pour la même raison, Cher-et-Taurion ou Cher-et-Gartempe. Il a son chef-lieu, Guéret, au sud de Paris, à 405 kilomètres par chemin de fer, à 300 seulement à vol d’oiseau.

Il comprend 557 000 hectares, peuplés de 278 000 habitants, ce qui fait 50 individus pour 100 hectares : 20 de moins que la moyenne de la France. Depuis le recensement de 1801, il a gagné 60 000 personnes en dépit de la saignée que lui fait tous les ans le départ de milliers d’adultes, maçons pour la plupart ; ces émigrants vont se perdre dans les grandes villes, et beaucoup ne reviennent plus au village. La Creuse est essentiellement un pays d’émigration, autant que l’Angleterre, l’Écosse, l’Irlande, la Souabe, le Tessin, le Piémont ou la terre des Basques ; seulement elle émigre à l’intérieur.

Son territoire a 756 mètres de montée, de l’endroit où la Creuse passe dans le département de l’Indre (175 mètres) à la cime de la forêt de Châteauvert (931 mètres), près de la Courtine, sur la frontière de la Corrèze. Aux étages du sol répond un étagement de climats : dans l’ensemble le pays est froid, moins peut-être par son altitude que par la nature de ses roches, granits, gneiss, et schistes. Par le Cher, la Creuse, la Gartempe, la Vienne, la Maulde, le Taurion, il se verse à la Loire, sauf au sud-est : là, sur 20 000 hectares à peine, quelques torrents des cantons de la Courtine et de Crocq descendent vers la Dordogne, branche de la Gironde.

Formée de la Marche et de fragments du Berry, du Bourbonnais, du Poitou, du Limousin, la Creuse se divise en 4 arrondissements, 25 cantons, 263 communes.

Elle a pour chef-lieu Guéret (5 900 hab.) ; pour cité majeure Aubusson (6 800) ; pour sous-préfectures Aubusson, Bourganeuf (3 600) et Boussac (1 000).


Le département de la Dordogne tire son nom de la grande rivière qui le traverse de l’est à l’ouest, dans une vallée dont l’amont est magnifiquement pittoresque et l’aval riant et fertile. Il a son chef-lieu, Périgueux, au sud-sud-ouest de Paris, à 499 kilomètres par chemin de fer, à 420 seulement en ligne droite.

490 000 habitants vivent sur ses 918 000 hectares, soit un peu plus de 53 personnes sur 100 hectares : près de 17 au-dessous de la moyenne de la France. Depuis le premier dénombrement du siècle, 81 000 hommes se sont ajoutés à son peuple.

D’une part, le territoire descend presque au niveau des mers, le confluent de la Dordogne et de la Lidoire n’étant qu’à 4 mètres ; et d’autre part, il monte à 478 mètres, hauteur d’une colline de la forêt de Vieillecourt, près de Saini-Pierre-de-Frugie, au sud de la Dronne naissante, à la frontière de la Haute-Vienne. Cette différence de niveau serait incapable d’étager des climats bien divers ; mais la nature du sol détache nettement du reste du pays, au nord, la contrée qu’on nomme le Nontronnais, sur le cours supérieur du Bandiat, de Ia Dronne et de l’Isle : cette région de granits et de gneiss, de bois, d’étangs, d’humbles sources, cette terre froide, contraste avec les calcaires et les craies, les vignes, les puissantes sources des Terres Chaudes qui forment presque tout le territoire de la Dordogne ; il y a cependant aussi beaucoup d’étangs dans la Double, entre l’Isle et la Dronne inférieures. Ce beau pays dépêche ses claires fontaines à la Gironde : par le Dropt, affluent de la Garonne ; et par la Dordogne, dont relèvent de charmantes rivières, la Vézère, l’Isle, l’Auvézère, la Dronne, la Nizonne ; une partie du Nontronnais, moins de 40 000 hectares, descend à la Charente par le Bandiat et la Tardoire.

On l’a formée du Périgord, nom dans lequel revit celui des antiques Petrocorii, et d’un lambeau de l’Agénais, pays de Guyenne comme le Périgord ; elle a pris également un tronçon de l’Angoumois et un tout petit morceau du Limousin. Elle comprend 5 arrondissements, 47 cantons, 582 communes.

Son chef-lieu est Périgueux (24 200 hab.) ; ses sous-préfectures Bergerac (13 100), Nontron (3 400), Ribérac (3 600) et Sarlat (6 600).


Le département du Doubs s’appelle ainsi de la belle rivière qui le traverse deux fois, dans un parcours de plusieurs centaines de kilomètres, en deux directions contraires, du sud-ouest au nord-est, puis du nord-est au sud-ouest, et y baigne Pontarlier, Baume-les-Dames et Besançon. Département frontière touchant aux cantons suisses de Vaud, de Neuchâtel et de Berne, il a son chef-lieu, Besançon, au sud-est de Paris, à 406 kilomètres par chemin de fer, à 325 seulement en ligne droite.

Sur ses 523 000 hectares habitent 306 000 personnes, soit 58 à 59 par 100 hectares : 11 à 12 de moins que les 70 qui sont la moyenne de la France. Depuis 1801, il a gagné 89 000 habitants malgré l’émigration.

Le lieu où l’Ognon cesse de longer le département (200 mètres) est son endroit le plus bas ; 1 463 mètres en est le point le plus élevé (Mont-d’Or, près de Jougne, à la frontière suisse). Cette pente de 1 263 mètres se prête à divers étages de climats ; mais, dans l’ensemble, nous avons peu de départements plus froids : sauf le fond des vallées et les collines entre Doubs et Ognon, le pays se compose de plateaux d’une grande altitude, et le règne des plantes y a peu de variété, la contrée relevant presque en entier du calcaire oolithique. Toutes les eaux vont au Rhône par l’entremise de l’Ognon et du Doubs, affluents de la Saône, excepté le Jouguena, petit torrent qui tombe dans l’Orbe, au pied du Mont-d’Or, en amont de la cascade du Day : par l’Orbe, la Thielle et l’Aar, le Jouguena finit par atteindre le Rhin.

Formé d’une partie de l’ancienne Franche-Comté, le Doubs se divise en 4 arrondissements, 27 cantons et 638 communes.

Il a pour chef-lieu Besançon (54 400 hab.) ; pour sous-préfectures Baume-les-Dames (2 800), Montbéliard (8 900), Pontarlier (5 700).


Le département de la Drôme tire son nom d’un torrent qui y prend ses sources, en traverse le centre, y baigne Die et y tombe dans le Rhône. La Drôme n’étant qu’une rivière médiocre, on eût pu l’appeler Isère-et-Rhône, des deux grands cours d’eau qui s’y rencontrent (les plus abondants de France à l’étiage), ou mieux encore département des Alpes-Crayeuses.

Il a son chef-lieu, Valence, au sud-sud-est de Paris, à 618 kilomètres par chemin de fer, à 542 seulement en ligne droite.

322 000 habitants sur 652 000 hectares, cela fait 49 à 50 personnes par 100 hectares : 20 à 21 de moins que la moyenne de la France. Depuis 1801, la Drôme s’est accrue de près de 87 000 hommes.

Les différences de niveau sont grandes dans ce pays ; qui a pour point le plus bas (50 mètres) l’endroit où la rive gauche du Rhône cesse de longer le territoire, et pour point le plus haut la cime d’un mont de 2 405 mètres faisant partie du Dévoluy, à l’est de Lus-la-Croix-Haute, sur la frontière des Hautes-Alpes : de là plusieurs climats ; mais dans l’ensemble, au fond des vallées, et même sur les montagnes d’une moyenne altitude, la température est chaude, le sol étant presque partout formé de craies ou de calcaires. Toutes les eaux finissent par atteindre le Rhône.

Formée des Baronnies, du Diois, du Tricastin, du Valentinois, du Viennois, pays de l’ancien Dauphiné, et d’un lambeau de la Provence, la Drôme se partage en 4 arrondissements, 29 cantons, 372 communes.

Elle a pour chef-lieu Valence (23 200 hab.) ; pour sous-préfectures Die (3 800), Montélimar (11 900) et Nyons (3 600). Romans a 12 900 âmes, près de 17 800 avec Bourg-du-Péage, dont il est séparé par l’Isère.


Le département de l’Eure s’appelle ainsi d’une rivière qui se perd dans la Seine après avoir traversé Louviers : le nom d’Eure-et-Rille serait plus complet, la Rille, rivière abondante, ayant sur le territoire un cours plus long que l’Eure.

Il a son chef-lieu, Évreux, à l’ouest-nord-ouest de Paris, à 108 kilomètres par chemin de fer, à 85 seulement à vol d’oiseau.

Sa riche population diminuant de plus en plus, faute de naissances, il ne renferme que 374 000 habitants sur 596 000 hectares, soit 62 à 65 personnes par 100 hectares : 7 à 8 de moins que la moyenne de la France. Depuis 1801, il a perdu 29 000 âmes.

De son lieu le plus bas, l’estuaire de la Seine, qui est au niveau de la mer, à son lieu le plus haut, la colline du Mesnil-Rousset (241 mètres), sur la frontière de l’Orne, il n’y a pas assez de pente pour un étagement de climats ; d’ailleurs, la nature des roches y est peu variée : craies ou calcaires, elles forment divers petits pays, plateaux fertiles d’un aspect uniforme, le Vexin normand, le Roumois, le Neubourg, le pays d’Ouche, le Lieuvin. Toutes ses eaux vont à la Seine, excepté celles d’un petit recoin dont la Calonne emporte les sources vers la Touques, fleuve côtier.

Formé de la Normandie propre, du comté d’Évreux, d’un lambeau du Perche (ancienne Normandie), il se divise en 5 arrondissements, 36 cantons, 700 communes.

Il a pour chef-lieu Évreux (14 600 hab.) ; pour sous-préfectures les Andelys (5 600), Bernay (7 600), Louviers (11 000), Pont-Audemer (5 900).


Le département d’Eure-et-Loir s’appelle ainsi de ses deux rivières majeures : l’Eure, qui baigne Chartres ; le Loir, qui passe à Châteaudun. Le vrai nom, c’était Beauce-et-Perche.

Il a son chef-lieu, Chartres, au sud-ouest de Paris, à 88 kilomètres par chemin de fer, à 75 seulement à vol d’oiseau.

283 000 habitants sur 587 000 hectares, cela fait 48 personnes sur 100 hectares : 22 au-dessous de la moyenne de la France. Depuis 1804, ce département peu fécond n’a gagné que 25 000 âmes.

Le point le plus bas, 48 mètres, c’est l’endroit où l’Eure quitte définitivement le territoire en aval d’Ivry-la-Bataille : le lieu le plus élevé, 285 mètres, c’est la colline de Vichères, à l’est de Nogent-le-Rotrou, au sud-ouest de Thiron-Gardais : soit une différence de niveau de 237 mètres, incapable de superposer des climats. Mais la nature du sol provoque un grand contraste entre la Beauce, plaine à céréales qui couvre la majeure partie du pays, et le Perche ou Haute-Terre, région de collines, de bois et de prairies, qui a l’Huisne pour rivière, et pour ville Nogent-le-Rotrou.

Les eaux se partagent, à bassins à peu près égaux, entre la Seine à laquelle va l’Eure, et la Loire où vont le Loir et l’Huisne.

Formé de trois pays normands, le Drouais, le Perche, le Thimerais, et de deux pays de l’Orléanais, la Beauce et le Dunois, l’Eure-et-Loir se divise en 4 arrondissements, 24 cantons, 426 communes.

Il a pour chef-lieu Chartres (20 500 hab.) ; pour sous-préfectures Châteaudun (6 700), Dreux (7 900) et Nogent-le-Rotrou (7 600).


Le département du Finistère se nomme ainsi de ce qu’il est situé à l’extrémité de la Bretagne, au bout, à la pointe, à la fin des terres ; entre la Manche et l’Atlantique.

Il a son chef-lieu, Quimper, à l’ouest de Paris, à 618 kilomètres par chemin de fer, à 480 seulement à vol d’oiseau.

666 000 personnes vivent sur ses 672 000 hectares, soit près de 100 personnes sur 100 hectares : ce vivace département ne cesse de s’accroître ; il a 227 000 habitants de plus qu’en 1801, et il lui reste encore à défricher les deux-cinquièmes de son domaine.

De l’Océan à la cime culminante du territoire, à la chapelle de Saint-Michel-de-Braspart (391 mètres), sur la route de Quimper à Morlaix, la différence de niveau ne peut étager plusieurs climats. Dans l’ensemble, ce pays granitique et schisteux serait froid si le voisinage de la mer, qui pénètre profondément dans le territoire par des estuaires enflés de marée, n’en faisait une contrée très humide, très douce, très tempérée. Sans cette bénignité du ciel, sans la fréquence des pluies, sans les engrais tirés de la mer, il ne nourrirait pas autant de centaines de milliers d’hommes, car il y a moyennement peu d’humus sur son granit et son ardoise. Il envoie tous ses ruisseaux à des fleuves côtiers, dont le plus long est l’Aune ou rivière de Châteaulin.

Démembré de l’ancienne Bretagne, le Finistère a 5 arrondissements, 43 cantons, 287 communes.

Il a pour chef-lieu Quimper-Corentin (13 900 hab.) ; pour ville majeure Brest (66 800), pour sous-préfectures Brest, Châteaulin (3 400), Morlaix (15 200), Quimperlé (6 500).

Morlaix.


Le Gard s’appelle ainsi d’une rivière qui le traverse par le milieu, du nord-ouest au sud-est, et s’y jette dans le Rhône après avoir passé à une quinzaine de kilomètres au nord de Nîmes. De tous nos territoires cévenols, c’est lui qui aurait le mieux mérité le nom de département des Cévennes.

Il a son chef-lieu, Nîmes, au sud-sud-est de Paris, à 725 kilomètres par chemin de fer, à 580 seulement à vol d’oiseau.

424 000 habitants y résident sur 584 000 hectares, ce qui fait 72 à 73 personnes par 100 hectares : 2 à 3 de plus que la moyenne du pays. Son gain depuis 1801 est de 124 000 âmes.

Du bord de la Méditerranée, du niveau des mers, le Gard monte jusqu’à 1 567 mètres, hauteur de l’Aigoual, au nord du Vigan, sur les frontières de la Lozère : d’où plusieurs climats, tellement que dans les Garrigues de Nîmes on a le ciel d’Alger, et dans l’Aigoual celui de la Scandinavie. Le territoire appartient surtout aux roches crayeuses ; mais d’autres natures de sol concourent à la diversité : des plantes ; on rencontre des granits et des gneiss dans le pays du Vigan, des terrains houillers dans le pays d’Alais, des lias, des terrains tertiaires, des plaines d’alluvions dans le pays de Nîmes. Il relève surtout du bassin du Rhône ; plusieurs cantons s’écoulent par trois fleuves côtiers, le Vistre, le Vidourle et l’Hérault ; et au nord-ouest un tout petit recoin, dans le canton de Trèves, confie ses eaux à la Dourbie, sous-affluent de la Gironde.

Tronçon du Languedoc, le Gard se divise en 4 arrondissements, 40 cantons, 348 communes.

Il a pour chef-lieu Nîmes (63 000 hab.) ; pour sous-préfectures Alais (20 000), Uzès (5 600) et le Vigan (5 400). Deux villes de houilles, de forges, d’industrie, ont plus de 10 000 âmes : la Grand’Combe (10 200) et Bessèges (10 700).


Le département de la Haute-Garonne tire son nom du cours supérieur de la Garonne, qui, toute petite encore, y pénètre en France, y coule pendant 250 kilomètres et y passe devant Saint-Gaudens, Muret et Toulouse. Territoire frontière touchant à l’Aragon et à la Catalogne (Espagne), il a son chef-lieu, Toulouse, au sud-ouest de Paris, à 751 kilomètres par chemin de fer, à 585 seulement à vol d’oiseau.

Sur ses 629 009 hectares demeurent 478 000 personnes, soit 76 par 100 hectares : 6 de plus que la moyenne de la France. Grâce principalement à sa grande ville de Toulouse, il a gagné, depuis 1801, près de 75 000 habitants, tout en ayant perdu quelque territoire en 1808 quand on forma le Tarn-et-Garonne.

Qui va de l’endroit où le Tarn sort du département, par 75 mètres d’altitude, à la cime du pic du port de Portillon (3 220 mètres), montagne au sud-ouest de Bagnères-de-Luchon, s’élève de 3 145 mètres, différence de niveau capable d’étager de nombreux climats, jusqu’au climat arctique. Mais en somme, comme les Pyrénées, faites de granits, de grès verts, de calcaire jurassique, y ont peu de profondeur et peu de largeur, et que les Cévennes, ici nommées les monts de Saint-Félix, n’y sont que des coteaux, la Haute-Garonne a réellement deux natures de pays, avec deux climats : la plus grande de ces deux régions, la Plaine et Colline, occupe au delà des trois quarts du territoire ; la Montagne comprend ce qu’on peut nommer les grandes et les petites Pyrénées. Toutes les eaux finissent par gagner la Garonne.

Formée de deux pays du Languedoc (diocèse de Toulouse et Lauraguais) et de cinq pays de Guyenne-et-Gascogne (Lomagne, Comminges, Couserans, Nébouzan, Quatre-Vallées), la Haute-Garonne contient 4 arrondissements, 39 cantons, 585 communes.

Elle a pour chef-lieu Toulouse (131 600 hab.) ; pour sous-préfectures Muret (4 000), Saint-Gaudens (6 000) et Villefranche-de-Lauraguais (2 500).

Toulouse.


Le Gers tient son nom d’une rivière qui le traverse en entier, du sud au nord, et y baigne le pied des collines ardues d’Auch et de Lectoure. À le regarder sur la carte, il mériterait par excellence le nom de département des Rivières. Nul pays n’en possède autant : de la frontière des Landes à celle de la Haute-Garonne, on en traverse une douzaine, dans des vallées profondes, et parallèles sauf un léger écartement en faisceau d’éventail ; mais comme ces cours d’eau sont terreux, faibles, prompts à tarir, le nom de département des Rivières convenait avant tout à l’Indre-et-Loire, et celui de Gers-et-Bayse au Gers. Il a son chef-lieu, Auch, au sud-sud-ouest de Paris, à 721 kilomètres par chemin de fer, à 590 seulement en ligne droite.

Ses 628 000 hectares entretiennent 284 000 habitants, soit 45 à 46 par 100 hectares : 24 à 25 de moins que la moyenne de la France. Depuis 4801, il n’a pas gagné 13 000 personnes. — Il faut dire qu’il a perdu quelque territoire en 1808, à la formation du Tarn-et-Garonne.

Ses points culminants sont les collines de 350 à 400 mètres qui serrent les vallons du Gers et de l’Arrats naissants, aux frontières des Hautes-Pyrénées et de la Haute-Garonne, près de Mont-d’Astarac, au sud de Masseube ; l’endroit le plus bas, le passage de la rivière Gers dans le Lot-et-Garonne, est à 55 mètres : c’est une différence de niveau de 300 à 350 mètres, incapable d’échafauder plusieurs climats dans ce pays de terrains tertiaires étendus sur des roches argilo-calcaires. Les trois quarts, ou à peu près, du territoire s’inclinent vers la Garonne, le-reste vers l’Adour.

Formé de cinq pays gascons, Armagnac, Astarac, Comminges, Condomois, Lomagne, le Gers a 5 arrondissements, 29 cantons, 465 communes.

Il a pour chef-lieu Auch (13 800 hab.), pour sous-préfectures Condom (7 900), Lectoure (5 500), Lombez (1 800) et Mirande (3 800).


La Gironde, département maritime, tire son nom du large estuaire où se confondent la Garonne et la Dordogne ; on l’appela d’abord département du Bec-d’Ambès, excellent nom, d’après l’endroit où la Garonne rencontre la Dordogne, lieu du plus majestueux confluent de France. Comme l’estuaire de la Gironde appartient également à la Charente-Inférieure, on eût pu donner au département d’autres noms, tels que Garonne-et-Dordogne, ou bien Médoc-et-Landes, ou bien Entre-Deux-Mers du charmant pays compris entre ses deux grandes rivières.

Il a son chef-lieu, Bordeaux, au sud-ouest de Paris, à 578 kilomètres par chemin de fer, à 500 à peine en ligne droite.

Ce plus vaste des départements a 735 000 habitants sur 1 034 000 hectares : soit 71 personnes par 100 hectares, une de plus que la moyenne de la France ; cela malgré le désert des landes, à cause de Bordeaux. Depuis le premier recensement du siècle, son gain est de 232 000 hommes.

Ce n’est pas la différence de niveau entre le point le plus bas et le plus élevé qui peut y étager plusieurs climats, avec le cortège de leurs plantes : la colline la plus haute, celle de Samazeuil, à l’est de Grignols, à la frontière du Lot-et-Garonne, n’a que 163 mètres. Toutefois la nature du sol partage nettement le pays en deux régions naturelles : à l’est et au nord les Coteaux girondins, terres des vins, des grains et des fruits ; à l’ouest et au sud les Landes, forêts de pins et sables déserts. Dans la belle région des Coteaux on distingue le Bordelais, villas et vignobles autour de Bordeaux, sur la Garonne jusqu’à l’orée de la Lande ; le Médoc, aux vins incomparables, entre la Lande et la Gironde ; le Bazadais, massif de collines entre cette même Lande et le fleuve de Garonne ; l’Entre-Deux-Mers, vergers et vignes phylloxérées entre la Garonne et la Dordogne ; la Double, bois de pins entre l’Isle et la Dronne ; le Libournais, terre d’abondance autour de Libourne, sur la Dordogne et sur l’Isle ; le Fronsadais, sur la Dordogne et la rive droite de la Gironde, avec ses sous-pays — Cubzagais autour de Cubzac, Bourgès autour de Bourg, Blayais autour de Blaye, Marais, plus ou moins desséché, entre la Gironde et le pied des craies du plateau de Saintonge. — Quant aux Landes, elles se divisent en landes et en dunes. — Toutes les eaux vont à la Gironde, sauf les ruisseaux landais qui cherchent la Leyre, affluent du bassin d’Arcachon, et les crastes qui se perdent au pied des dunes. Par à peu près, et d’ailleurs on ne limite pas facilement les bassins sur le sol plat des Landes, 250 000 hectares ne relèvent point du fleuve Gironde : c’est un peu moins que le quart du territoire.

Formée du Bordelais, du Bazadais, de petits tronçons du Périgord et de l’Agénais, tous pays de l’ancienne Guyenne, la Gironde se divise en 6 arrondissements, 48 cantons, 552 communes.

Elle a pour chef-lieu Bordeaux (215 000 hab.) ; pour sous-préfectures Bazas (5 100), Blaye (4 500), Lesparre (3 800), Libourne (15 200), La Réole (4 100). Sur le Bassin d’Arcachon, deux villes voisines, Arcachon et la Teste, ont ensemble plus de 10 000 âmes.


L’Hérault tire son nom d’un fleuve côtier qui le traverse du nord-est au sud-ouest et s’y perd dans la Méditerranée en aval d’Agde. On aurait pu l’appeler département des Étangs, d’après les nappes d’eau salée, immédiatement voisines de la mer, qui s’y suivent d’Agde à la plage d’Aigues-Mortes. Il a son chef-lieu, Montpellier, au sud-sud-est de Paris, à 775 kilomètres par chemin de fer, à 590 seulement en ligne droite.

445 690 habitants sur 620 000 hectares donnent à l’Hérault près de 72 personnes par 100 hectares. Cette densité, quelque peu supérieure à la moyenne de la France, l’Hérault, terre brûlée, rocheuse, qui semblait en partie vouée à la stérilité par trop de soleil et trop peu d’eau sur très peu d’humus, l’Hérault la doit à des vignobles d’une prodigieuse opulence ; il y a telle année où un vrai fleuve de vin, le cinquième ou plus de toutes les cuves de France, est descendu de ses ardentes collines. Mais, de ce plus riche des départements, le phylloxéra pourrait bien faire l’un des plus pauvres ; rapidement il y détruit la vigne. Le gain de l’Hérault, depuis 1801, est de 169 000 hommes.

Du seuil de la Méditerranée, son territoire monte jusqu’à 1 122 mètres, hauteur d’une cime de l’Espinouse, au nord d’Olargues : aussi trois climats règnent sur ce pays varié de roches, craies, calcaires, coteaux houillers de Graissessac, schistes, etc. : le climat semi-africain sur les basses plaines, le tempéré-chaud sur les hautes collines, le tempéré-froid sur les Cévennes et le plateau du Larzac.

Sauf quelques ravins du pays de Saint-Pons dont l’Agoul emporte les eaux vers le Tarn, affluent de la Garonne, tout le département s’incline vers de petits fleuves côtiers, l’Aude, l’Orb, l’Hérault, le Lez, le Vidourle.

Démembrement du Languedoc, l’Hérault se divise en 4 arrondissements, 36 cantons, 336 communes.

Il a pour capitale Montpellier (55 300 hab.) ; pour sous-préfectures Béziers (38 200 hab.), Lodève (10 500), Saint-Pons (5 800). Cette a 28 700 âmes.

Béziers.


Le département d’Ille-et-Vilaine tire son nom de deux rivières qui s’y rencontrent à Rennes : l’Ille, longée par un canal de navigation menant à Saint-Malo ; la Vilaine, qui passe à Vitré, à Rennes et à Redon. Si l’Ille ne baignait un quartier de l’ancienne capitale de la Bretagne, elle n’aurait certes pas contribué au nom du département, car ce n’est qu’un ruisseau : Vilaine tout court aurait mieux valu, ou Vilaine-et-Rance, puisque le bel estuaire de Saint-Malo est son grand port sur la Manche. Il a son chef-lieu, Rennes, à l’ouest-sud-ouest de Paris, à 574 kilomètres par chemin de fer, à 300 seulement en ligne droite.

603 000 habitants y vivent sur 673 000 hectares : cela fait près de 90 personnes par 100 hectares, ou 20 de plus que la moyenne de la France. Depuis 1801, l’Ille-et-Vilaine a gagné 114 000 âmes.

255 mètres, c’est toute la différence de niveau qu’il y a sur ce territoire, entre le seuil de la Manche, niveau général des mers, et le tertre de Haute-Forêt, au sud-ouest de Montfort-sur-Meu, non loin de la frontière du Morbihan. Ce minime étagement de sol ne peut créer des climats bien distincts, et le département d’Ille-et-Vilaine, très peu bombé, très peu varié de roches, soumis partout à l’influence marine, est un des plus uniformes de France ; il appartient aux granits et aux schistes. Ses eaux vont à divers fleuves côtiers qui s’engloutissent dans la Manche, tels que le Couesnon et la Rance ; à la Vilaine, qui se dirige vers l’océan Atlantique ; et quelques petits vallons du pays de Vitré penchent leurs ruisseaux vers la Mayenne, affluent de la Loire.

Tirée de l’ancienne Bretagne, l’Ille-et-Vilaine se divise en 6 arrondissements, 48 cantons, 355 communes.

Elle a pour chef-lieu Rennes (57 200 hab.) ; pour sous-préfectures Fougères (11 900). Montfort-sur-Meu (2 300), Redon (6 400), Saint-Malo (10 300) et Vitré (9 900). Avec Saint-Servan, sa voisine, Saint-Malo a 22 600 âmes.


Le département de l’Indre s’appelle ainsi d’une rivière qui le traverse du sud-est au nord-ouest et y baigne la Châtre et Châteauroux. On eût mieux fait de le nommer Brenne-et-Boischaut, d’après ses deux principales régions naturelles. Il a son chef-lieu, Châteauroux, au sud-sud-ouest de Paris, à 263 kilomètres par chemin de fer, à 230 seulement en ligne droite.

Il y a 281 000 personnes sur ses 689 000 hectares, soit 40 habitants par 100 hectares : 30 au-dessous de la moyenne de la France. Depuis l’aube du dix-neuvième siècle, l’Indre n’a gagné que 72 000 âmes.

Son point le plus bas (62 mètres) est l’endroit où la Creuse sort du département, et le plus haut, la cime d’un coteau de 459 mètres qui se dresse au sud-ouest de Sainte-Sévère, à l’est d’Aigurande, à la source de la Couarde. Cette différence de niveau d’un peu moins de 400 mètres est hors d’état de superposer des climats divers. Toutefois, et cela par la nature des sols, il y a quatre pays distincts dans l’Indre : le Boischaut, occupant plus de 500 000 hectares de terrains jurassiques ; la Champagne, plaine calcaire ; la Brenne ou Petite-Sologne, région d’étangs et de marais ; les Collines granitiques, au sud, dernier talus du Plateau Central : ces deux dernières contrées sont plus froides, plus humides que les deux autres. Toutes les eaux du pays vont à la Loire par le Cher, l’Indre ou la Vienne : 325 000 hectares appartiennent au bassin de la Vienne, 192 000 à celui de l’Indre, 172 000 à celui du Cher.

Formée d’une portion du Berry et de petits tronçons de l’Orléanais et de la Marche, l’Indre se divise en 4 arrondissements, 23 cantons, 245 communes.

Elle a pour chef-lieu Châteauroux (19 400 hab.) ; pour sous-préfectures le Blanc (6 100), la Châtre (5 000), Issoudun (13 700).


L’Indre-et-Loire tire son nom de son fleuve, la Loire, et d’une de ses rivières, l’Indre : la Loire y baigne Amboise et Tours, l’Indre y ruisselle dans les prairies de Loches. Ce territoire, parcouru par la Loire, le Cher, l’Indre, la Creuse, la Vienne, méritait par excellence le nom de département des Rivières. Il a son chef-lieu, Tours, à 236 kilomètres au sud-ouest de Paris par chemin de fer, à 200 seulement à vol d’oiseau.

325 000 hommes habitent ses 611 000 hectares, soit un peu plus de 53 personnes par 100 hectares : 16 ou 17 au-dessous de la moyenne de la France. Depuis 1801, son gain n’est que de 56 000 âmes.

Son point le plus élevé, la colline de la Ronde (188 mètres), au nord de Montrésor, sur la limite du Loir-et-Cher, ne dépasse que de 158 mètres son lieu le plus bas, qui est l’endroit où la Loire le quitte : cette différence de niveau est incapable de varier les climats ; toutefois le territoire comprend six petites régions naturelles : la Gâtine, collines peu fécondes, au nord du fleuve ; la Varenne, plaine fertile entre la Loire et le Cher en aval de Montlouis ; la Champeigne, dos de coteaux entre le Cher et l’Indre ; le Véron, massif de craie entre Loire et Vienne, au nord de Chinon ; le plateau de Sainte-Maure, terre ingrate ; la Brenne, région malsalubre qui se rattache à la Brenne de l’Indre. Tous ses ruisseaux finissent par 8 gagner la Loire.

Dans sa formation sont entrés des lambeaux de l’Anjou, du Poitou et de l’Orléanais, et la Touraine presque entière. Il se divise en 3 arrondissements, 24 cantons, 282 communes.

Elle a pour chef-lieu Tours (48 300 hab.) ; pour sous-préfectures Chinon (6 300) et Loches (5 100).


L’Isére s’appelle ainsi de la grande rivière qui la traverse du nord-est au sud-ouest et y baigne Grenoble. Isère-et-Rhône ou bien Isère-et-Drac eussent été plus complets. On eût pu le nommer aussi, d’après ses montagnes les plus célèbres, département de la Grande-Chartreuse, ou département de Belledonne, ou encore département des Grandes-Rousses ou département de l’Oisans. Il a son chef-lieu, Grenoble, au sud-sud-est de Paris, à 633 kilomètres par chemin de fer, à 480 seulement en ligne droite.

Sur ses 829 000 hectares il y a 581 000 habitants, soit 10 personnes par 100 hectares, exactement la moyenne de la France. L’accroissement, depuis 1801, est de 145 000 âmes.

Son pic le plus élevé, c’est la fameuse Meije ou Aiguille du Midi (3 987 mètres), au sud-est du Bourg-d’Oisans, au-dessus de la vallée de la Romanche, sur la frontière des Hautes-Alpes ; son point le plus bas, l’endroit où le Rhône passe dans la Drôme (134 mètres). De cette énorme pente résultent une infinité de climats locaux, depuis le climat tempéré des bords du Rhône en amont et en aval de Vienne jusqu’au climat polaire des cimes supérieures : l’Isère ne s’avance pas tout à fait jusqu’à la zone de l’olivier, mais elle s’élève jusque dans la glace éternelle. La diversité des natures de sol augmente encore sa variété de plantes, et l’on y distingue beaucoup de régions naturelles : les Grandes Alpes, le Dévoluy, le Trièves, le plateau lacustre de la Matheysine, le Vercors et le Lans au sud de l’Isère ; la Grande-Chartreuse, dans l’intérieur du grand coude de l’Isère, au nord de Grenoble ; la Bièvre et la Valloire, entre la Fure et le département de la Drôme ; les Terres-Froides, au sud de la Tour-du-Pin ; les Terres-Basses, marais desséchés où peut-être passa le Rhône, au nord de la Tour-du-Pin. Toutes ses eaux finissent par gagner le Rhône.

Formée de petits pays de l’ancien Dauphiné, tels que le Graisivaudan, l’Oisans, le Viennois, l’Isère se divise en 4 arrondissements, en 45 cantons et 558 communes.

Elle a pour chef-lieu Grenoble (45 400 hab.) ; pour sous-préfectures Saint-Marcellin (3 300), la Tour-du-Pin (3 200) et Vienne (26 500). Voiron, ville d’industrie, a 11 000 âmes.

Grenoble.


Le Jura tient son nom de montagnes dont les chaînons parallèles et les plateaux élevés occupent environ les deux tiers du territoire. Il eût fallu l’appeler autrement, car il n’a point le « monopole » du Jura, lequel appartient également au Doubs, et à l’Ain où se lèvent ses crêts culminants. Son meilleur nom, c’était Bresse-et-Jura, l’Ain recevant parallèlement celui de Dombes-et-Jura. Ce département frontière, qui touche au canton de Vaud (Suisse), a son chef-lieu, Lons-le-Saulnier, au sud-est de Paris, à 442 kilomètres par chemin de fer, à 395 seulement à vol d’oiseau.

Sur 499 000 hectares, il entretient 289 000 hommes, soit 58 par 100 hectares : 12 de moins que la moyenne de la France. Depuis 1801, il n’a même pas gagné 1 000 personnes, ce qui tient à l’émigration à l’intérieur et à l’étranger, et non point à la stérilité des familles.

Les différences de niveau sont comprises entre 185 mètres, hauteur de l’endroit où le Doubs passe en Saône-et-Loire, et 1 550 mètres, altitude du Noirmont, au sud-est de Morez, au-dessus du lac des Rousses, à la frontière même de la Suisse. Ces 1 365 mètres de pente pourraient étager beaucoup de climats, mais, en somme, la constitution physique du territoire ne le partage qu’en trois régions naturelles, qui sont : le Jura, chaînes calcaires avec de mornes plateaux gélides, tels que le Grandvaux et le Val de Mièges ; le Bon-Pays ou Vignoble, fait de collines peu élevées : la Bresse, plaine renfermée entre la rive gauche de la Saône et le pied du Vignoble et du Jura : au nord, sur les deux rives du Doubs, cette région d’étangs se nomme le Finage. — Tous les ruisseaux fraient au Rhône par l’entremise de la Valserine, de l’Ain et de la Saône, si le canton de Morez ne donnait pas naissance à l’Orbe, rivière du bassin du Rhin.

Extrait de l’ancienne Franche-Comté, le Jura se divise en 4 arrondissements, 32 cantons, 584 communes.

Il a pour chef-lieu Lons-le-Saulnier (11 400 hab.) ; pour ville majeure Dôle (12 900) ; pour sous-préfectures Poligny (5 000) et Saint-Claude (7 500).


Le département des Landes s’appelle ainsi de ses landes, terres sablonneuses, plates en dehors des dunes, stériles, et nues ou couvertes de pins maritimes. C’est un nom incomplet : Landes-et-Chalosse était préférable. Ce territoire maritime a son chef-lieu, Mont-de-Marsan, au sud-sud-ouest de Paris, à 731 kilomètres par chemin de fer, à 585 seulement en ligne droite.

Sur 932 000 hectares, les Landais sont au nombre de 304 000, ou 32 à 33 seulement par hectare : ce qui n’est même pas la moitié de notre population spécifique. Depuis 1801, les Landes ont gagné 79 000 personnes, bien qu’elles aient perdu la ville de Saint-Esprit, annexée à Bayonne (Basses-Pyrénées).

Du niveau des mers, le pays ne s’élève qu’à 227 mètres, hauteur d’un coteau voisin de la frontière des Basses-Pyrénées, au sud-est d’Aire, près de Lauret. Cette pente ne saurait donner à ce pays plusieurs climats et plusieurs zones de végétation ; mais la nature du sol le divise en deux régions parfaitement distinctes, climats à part : au sud-est, la Chalosse, collines fécondes ; partout ailleurs, la Lande. — Les eaux de la plus grande partie du pays vont à l’Adour, le reste descend vers les Courants ou vers la Leyre, sauf quelques ruisseaux que leur pente amène à la Gelise ou au Ciron, rivières du bassin de la Gironde.

Formées de tout ou partie de huit terres Gasconnes, Landes, pays d’Albret, Gabardan, Marsan, Tursan, Labourd, Chalosse, Gondomois, d’un morceau du Béarn et d’un lambeau du Bordelais (qui relevait de la Guyenne), les Landes ont 3 arrondissements, 28 cantons, 333 communes.

Elles ont pour chef-lieu Mont-de-Marsan (9 300 hab.) : pour ville majeure Dax (10 250) ; pour sous-préfectures Dax et Saint-Sever (4 900).


Le Loir-et-Cher tire son nom de ses deux cours d’eau majeurs (la Loire non comprise) : le premier y baigne Vendôme, le second Selles, Saint-Aignan, Montrichard. C’est un département qui méritait surtout le nom de Beauce-et-Sologne. Il a son chef-lieu, Blois, au sud-sud-ouest de Paris, à 179 kilomètres par chemin de fer, à 160 seulement à vol d’oiseau.

Ses 635 000 hectares entretiennent 273 000 hommes, soit 43 individus par 100 hectares : 27 de moins que la moyenne de la France. Son gain, depuis le premier dénombrement du siècle, est ds 63 000 personnes.

201 mètres, c’est toute la pente entre son lieu le plus bas, l’endroit où le Loir quitte le département (55 mètres), et son point le plus haut, la colline de Fontaine-Raoul (256 mètres), au sud-est de Droué, près de la forêt de Fréteval ; ce n’est donc pas l’altitude, c’est la nature du sol qui divise le territoire en trois régions distinctes : au nord du Loir, le Perche boisé ; entre le Loir et la Loire, la fertile Beauce ; entre la Loire et le Cher, la stérile Sologne. — Tous les ruisseaux du Loir-et-Cher finissent par atteindre la Loire.

Formé de tout ou partie de trois pays de l’ancien Orléanais (Blésois, Dunois, Orléanais propre) et d’un morceau de la Touraine, le Loir-et-Cher se divise en 3 arrondissements, 24 cantons, 297 communes.

Il a pour chef-lieu Blois (20 500 hab.) ; pour sous-préfectures Romorantin (7 800) et Vendôme (9 200).


Le département de la Loire s’appelle ainsi du fleuve qui le traverse du sud au nord dans toute sa longueur et y baigne Roanne. On pouvait le nommer département des Monts-du-Forez, ou département du Pilat, ou Forez-et-Pilat, ou Pierre-sur-Haute, de sa cime la plus élevée. Il a son chef-lieu, Saint-Étienne-en-Forez, au sud-sud-est de Paris, à 502 kilomètres par chemin de fer, à 410 seulement en ligne droite.

Il y a 591 000 habitants sur ses 476 000 hectares, soit 124 personnes par 100 hectares, la moyenne de la France n’étant que de 70. Depuis 1801, il a gagné 300 000 âmes, c’est-à-dire qu’il a plus que doublé, grâce à la houille et aux industries de Saint-Étienne et du val du Gier.

La rive droite du Rhône le quitte par 138 mètres ; et, sur la limite du Puy-de-Dôme, au nord-ouest de Montbrison, Pierre-sur-Haute monte à 1 640 mètres : c’est une différence de niveau de 1 502 mètres, qui fait surgir plusieurs climats avec leurs herbes et leurs arbres divers. En somme, ce pays fait de granits, de gneiss, de porphyres, de schistes, de terrains houillers, de terrains tertiaires, avec des jets volcaniques près de Montbrison, se partage nettement en deux régions : le Mont, qui fait tout le tour du territoire, et, au centre, la Plaine du Forez, humide et semée d’étangs. La plus grande partie de l’arrondissement de Saint-Étienne dépêche ses torrents vers le Rhône : c’est environ 60 000 hectares, ou le huitième du pays ; tout le reste appartient au bassin de la Loire.

Formée du Forez et d’un lambeau du Beaujolais, l’un et l’autre relevant du Lyonnais, la Loire se divise en 3 arrondissements, 30 cantons, 329 communes. C’est un démembrement de l’ancien Rhône-et-Loire.

Il a pour chef-lieu Saint-Étienne-en-Forez (126 000 hab.) ; pour sous-préfectures, Montbrison (6 400), qui est l’ancienne capitale, et Roanne (22 800). Trois villes industrielles du pays de Saint-Étienne ont plus de 10 000 âmes : Firminy (12 000), Saint-Chamond (14 400), Rive-de-Gier (15 000) ; et, de fait, la vallée du Gier, au nord-est de Saint-Étienne, et celle de l’Ondaine au sud-ouest, sont deux longues rues d’usines.


Le département de la Haute-Loire tire son nom de sa situation sur le cours de la Loire, qui est ici voisine de ses sources. On aurait pu l’appeler Meygal-et-Margeride, où Meygal-et-Velay, d’après ses chaînes de montagnes, ou encore département des Volcans-Éteints ; nom qui convient également au Puy-de-Dôme. Il a son chef-lieu, le Puy-en-Velay, au sud-sud-est de Paris, à 566 kilomètres par chemin de fer, à 440 seulement en ligne droite.

314 000 habitants, 496 000 hectares, cela fait 63 à 64 personnes par 100 hectares : 6 à 7 de moins que la moyenne de la France. Depuis le premier recensement du siècle, il a gagné 84 000 hommes.

Le point le plus bas du territoire est l’endroit où l’Allier quitte définitivement le pays par 390 mètres ; le plus haut est la cime du Mézenc (1 754 mètres), qui se dresse à la frontière de l’Ardèche, à 30 kilomètres en ligne droite au sud-est du Puy-en-Velay. Cette différence de niveau de 1 364 mètres superpose plusieurs climats, du tempéré jusqu’au mi-polaire (car la tête du Mézenc plonge dans les longs et froids hivers). La diversité des sols contribue aussi à la diversité des plantes : il y a dans la Haute-Loire des granits, des gneiss, des schistes et micaschistes, des grès, et surtout d’immenses revêtements volcaniques. Hors les fontaines de quelques vallons du Mézenc et des Boulières qui vont à la rive droite du Rhône, tous ses torrents gagnent le fleuve de la Loire.

Formée de trois pays du Languedoc (Velay, Gévaudan, Vivarais}, d’un lambeau de l’Auvergne et d’un fragment du Forez (qui dépendait du Lyonnais), la Haute-Loire se divise en 3 arrondissements, 28 cantons et 263 communes.

Elle a pour chef-lieu le Puy-en-Velay (19 250 hab.) ; pour sous-préfectures Brioude (4 700) et Yssingeaux (8 400).


La Loire-Inférieure se nomme ainsi de sa situation sur le cours inférieur de la Loire, qui y baigne Ancenis, Nantes, Paimbœuf et s’y jette dans l’Atlantique à Saint-Nazaire. Elle a son chef-lieu, Nantes, à l’ouest-sud-ouest de Paris, à 390 kilomètres par chemin de fer, à 335 seulement à vol d’oiseau.

613 000 personnes vivent sur ses 687 000 hectares, soit près de 90 habitants sur 100 hectares : 20 de plus que la moyenne de la France. Le gain, depuis 1801, est de 244 000 hommes.

Du seuil de l’Atlantique à la cime de la plus haute colline du territoire, qui se lève à la frontière d’Ille-et-Vilaine, au nord de Châteaubriant, au nord-est de Rougé, à l’orée de la forêt de Javardon, il n’y a que 115 mètres de différence de niveau : c’est beaucoup trop peu pour donner au climat quelque diversité ; par cette absence de relief et par la présence de la mer, la Loire-Inférieure est parmi les pays les plus uniformes de France ; mais si le ciel, traversé de pluies, de brumes, d’effluves marins, y a beaucoup de douceur, la terre, presque partout granitique ou schisteuse, y est froide. À part de tout petits fleuves côtiers, les eaux se partagent entre la Loire et la Vilaine, au désavantage de celle-ci.

Extraite de l’antique Bretagne, la Loire-Inférieure a 5 arrondissements, 45 cantons, 217 communes.

Elle a pour chef-lieu Nantes (122 200 hab.) ; pour sous-préfectures Ancenis (5 200), Châteaubriant (5 200), Paimbœuf (2 660) et Saint-Nazaire (18 300).


Le Loiret tient son nom d’une charmante rivière qui sort, près d’Orléans, du Bouillon et de l’Abîme, fontaines célèbres, et va se perdre dans la Loire. Mais tout gracieux que soit le bleu Loiret, le nom qui convenait au département, c’était Gâtinais-et-Sologne ou Sologne-et-Beauce : nom que le Loir-et-Cher mérite encore plus. Il a son chef-lieu, Orléans, à 121 kilomètres au sud-sud-ouest de Paris par chemin de fer, 110 à vol d’oiseau.

671000 hectares y entretiennent 361 000 habitants, soit 53 à 54 personnes par 160 hectares, 16 à 17 de moins que la moyenne de la France. Depuis l’aurore du siècle, le Loiret a gagné 75 000 âmes.

Il n’y a pas plus de 207 mètres de différence de niveau sur ce territoire ; le Loing sortant du département par 68 mètres, et la colline majeure s’élevant à 275 mètres, en Sologne, à l’est de Cernoy, près des frontières du Cher. Ce n’est pas assez pour superposer des climats ; mais la nature du sol divise nettement le Loiret en trois régions naturelles : au nord-ouest, la Beauce, plate, sèche et féconde ; au nord-est, le Gâtinais, humide et boisé ; au sud du fleuve, la Sologne, pays infertile, empesté par des étangs. Les ruisseaux de ces trois contrées se partagent en deux bassins : près de 360 000 hectares se versent dans la Loire, près de 320 000 dans la Seine par le Loing et l’Essonne.

Formé de trois pays de l’ancien Orléanais (Orléanais propre, Gâtinais, Dunois) et d’un lambeau du Berry, le Loiret contient 4 arrondissements, 54 cantons, 349 communes.

Il a pour chef-lieu Orléans (52 200 hab.) ; pour sous-préfectures Gien (7 600), Montargis (9 200), Pithiviers (5 000).


Le Lot a pris son nom de la sinueuse rivière qui le traverse de l’est à l’ouest et y baigne Cahors. Ce nom ne dit pas toute la vérité : Lot-et-Dordogne aurait mieux valu ; Causses-Inférieurs était préférable encore, l’Aveyron étant Causse-et-Ségalas, et la Lozère Causses-Supérieurs. Il a son chef-lieu, Cahors, au sud-sud-ouest de Paris, à 658 kilomètres par chemin de fer, à 500 seulement en ligne droite.

277 000 habitants sur 521 000 hectares, cela ne fait guère que 53 personnes par 100 hectares : 17 au-dessous de la moyenne de la France. Depuis 1801, il a perdu 100 000 individus ; mais cette diminution n’est qu’apparente : elle vient de ce que la plus riche contrée du département, tel qu’il fut créé vers la fin du siècle dernier, servit, sous Napoléon, à former le meilleur arrondissement du Tarn-et-Garonne, celui de Montauban ; toutefois, depuis le dénombrement de 1821, qui trouva le Lot dans ses limites actuelles, le croît ne dépasse pas 1 000 personnes.

716 mètres de différence de niveau donnent à ce territoire une certaine diversité de climats et de plantes, entre l’altitude de 65 mètres, endroit où le Lot passe dans le Lot-et-Garonne, et 781 mètres, à la Bastide-du-Haut-Mont, sur la limite du Cantal, au nord-est de la Tronquière. La variété des végétations et des températures tient également aux natures du sol : les granits, les porphyres, les gneiss, les serpentines, les schistes du nord-est, dans le pays de la Tronquière et de Saint-Céré, ne peuvent avoir le même aspect, le même climat, les mêmes cultures, toutes altitudes à part, que les causses calcaires du centre ou les collines de l’ouest et du sud. Directement, ou par le Tarn, le Lot et la Dordogne, toutes les eaux du pays vont à la Garonne.

Formé d’un pays de Guyenne, du Quercy, où vit encore le vieux nom des Cadurci, le Lot se divise en 3 arrondissements, 29 cantons, 323 communes.

Il a pour chef-lieu Cahors (13 700 hab.) ; pour sous-préfectures Figeac (7 300) et Gourdon (5 100).


Le Lot-et-Garonne s’appelle ainsi des deux grandes rivières qui se réunissent au pied du fier coteau de Nicole, en aval d’Aiguillon : le Lot y baigne Villeneuve, la Garonne Agen, Tonneins et Marmande. Si les Landes recouvraient plus d’espace, on l’aurait pu nommer Landes-et-Collines. Il a son chef-lieu, Agen, à 651 kilomètres au sud-sud-ouest de Paris par chemin de fer, à 520 seulement en ligne droite.

Agen.

Il y a eu plus de 317 000 habitants sur les 535 000 hectares de ce territoire, qui, sauf ses Landes, est colossalement riche ; mais, faute de naissances, la population y diminue de jour en jour. Depuis 1801, il a perdu 6 000 à 7 000 personnes ; il faut dire aussi qu’une partie de ses terres a contribué, en 1808, à la formation du Tarn-et-Garonne. 317 000 hommes sur 535 000 hectares, c’est un peu moins de 60 par 100 hectares : 10 au-dessous de la moyenne de la France.

De son point le plus haut à son lieu le plus bas, on descend de 267 mètres, la colline de Bélair, au nord de Fumel, sur la frontière de la Dordogne, ayant 273 mètres, et l’endroit où la Garonne passe en Gironde n’en ayant que 6. Cette différence de niveau ne saurait faire surgir des climats divers avec le cortège de leurs plantes ; mais la nature du sol le divise clairement en deux parties inégales : au nord, à l’est, au centre la Colline ; au sud-ouest les Landes, sur l’Avance, le Ciron et les affluents de gauche de la Gélise. Toutes ses eaux vont à la Garonne, vraie mère de la Gironde.

Formé de pays de Guyenne-et-Gascogne (Agénais, Bazadais, Condomois et Lomagne), le Lot-et-Garonne se partage en 4 arrondissements, 35 cantons, 325 communes.

Il a pour chef-lieu Agen (19 500 hab.) ; pour sous-préfectures Marmande (9 000), Nérac (7 600) et Villeneuve-sur-Lot (14 400).

Nérac.


La Lozère s’appelle ainsi de sa plus haute montagne, qui s’élève au sud-est de Mende. D’autres noms lui convenaient autant ou plus : Aubrac-et-Lozère, ou bien Margeride-et-Lozère, ou bien Aubrac-et-Margeride ; et dans un autre ordre d’idées Causse-Méjean, d’après le causse le plus élevé, le mieux défini de France, et mieux encore, département des Causses-Supérieurs. Il a son chef-lieu, Mende, au sud-sud-est de Paris, à 567 kilomètres par les routes, à 485 en ligne droite.

138 000 hommes seulement vivent sur les 517 009 hectares de ce territoire froid et dur, soit un peu moins de 27 par hectare : pas même les 2/5 de la moyenne de la France. Depuis le premier dénombrement du siècle, la Lozère n’a gagné que 11 000 à 12 000 personnes, ce qui ne tient pas à l’infécondité des familles, mais à l’excès d’émigration qui est la caractéristique des gens de la montagne.

Toute en plateaux élevés, la Lozère est peut-être le département le plus haut en moyenne. Elle a pour cime dominante le pic de Finiels (1 702 mètres), tête de la Lozère ; pour point le plus bas, l’endroit où le Tarn passe en Aveyron (380 mètres) : soit une différence de niveau de 1 322 mètres, plus que suffisante pour échelonner plusieurs climats. Toutefois, comme le pays se déroule en plateaux d’une grande altitude, il n’a guère qu’un seul climat, et climat très froid, excepté dans les gorges profondes, comme sont celles du Tarn et du Lot, et dans quelques vallées du bassin du Rhône ouvertes vers le sud-est. La Lozère est à la diramation de plusieurs belles rivières : elle donne naissance au Tarn, au Lot, à l’Allier. Par le Tarn, le Lot, la Truyère, elle verse à la Gironde le plus grand nombre de ses clairs torrents ; 77 000 hectares se penchent vers la Loire par l’Allier ; le reste, à l’est et au sud-est, dépêche ses flots au Rhône par l’entremise de l’Ardèche, de la Cèze et du Gard.

Formée d’un pays de l’ancien Languedoc, le Gévaudan, où habitèrent les Gabali, la Lozère se divise en 3 arrondissements, 24 cantons, 196 communes.

Elle a pour chef-lieu Mende (7 300 hab.) ; pour sous-préfectures Florac (2 200) et Marvejols (4 900).


Le Maine-et-Loire tire son nom de sa principale rivière et de son fleuve : la rivière, qui est la Maine, y baigne Angers ; le fleuve, qui est la Loire, y baigne Saumur. Il a son chef-lieu, Angers, au sud-ouest de Paris, à 308 kilomètres par chemin de fer, à 260 seulement à vol d’oiseau.

Grand de 712 000 hectares, il a 517 000 habitants, soit 72 à 73 par 100 hectares : un peu plus que la moyenne de la France. Son gain, depuis 1801, est de 142 000 âmes.

Par 6 mètres d’altitude la Loire quitte le département, et le coteau des Gardes, au nord-est de Cholet, au sud de Chemillé, s’élève à 210 mètres. Cette pente de 204 mètres seulement est impuissante à varier les climats, et la diversité des paysages et des plantes tient essentiellement à la nature du sol, ici composé de granit (surtout au sud-ouest, dans le Bocage) ; là de feldspath ; là de schiste ; ailleurs, de terrains tertiaires, ou, sur de petits espaces, de craie et de calcaire jurassique ; ailleurs encore de terrains d’alluvion, notamment dans le val de Loire et au bord des principales rivières. En dehors de quelques hectares dont les eaux gagnent le Don ou Uldon, tributaire de la Vilaine, tout le Maine-et-Loire se verse dans la Loire.

Le Maine-et-Loire, tiré de l’ancien Anjou, comprend 5 arrondissements, 34 cantons, 381 communes.

Il a pour chef-lieu Angers (56 900 hab.) ; pour sous-préfectures Baugé (3 400), Cholet (14 300), Saumur (13 800) et Segré (2 900).


La Manche tire son nom du bras de mer où elle s’avance en presqu’île et sur lequel elle n’a pas moins de 330 kilomètres de littoral ; si le Mont-Saint-Michel ne lui était pas extérieur, situé comme il est dans un golfe, et d’ailleurs assez près du territoire d’Ille-et-Vilaine, elle eût pu s’appeler département du Mont-Saint-Michel, d’après l’îlot qu’on range parmi les plus nobles curiosités de la France. Elle a son chef-lieu, Saint-Lô, à l’ouest-nord-ouest de Paris, à 314 kilomètres par chemin de fer, à 250 seulement en ligne directe.

Ses 593 000 hectares nourrissent 540 000 hommes, soit 90 à 94 personnes par 100 hectares : 20 à 21 de plus que la moyenne de la France. Depuis 1801 elle n’a gagné que 9 000 âmes, et même voici quelques années qu’elle diminue, faute de naissances, et non par excès de morts, le territoire étant des plus sains.

Son plus haut sommet, c’est le coteau de Saint-Martin-de-Chaulieu, au nord-est de Mortain, près des frontières de l’Orne et de Calvados, dans la contrée qu’on nomme le Bocage normand : il ne domine que de 368 mètres le seuil de la Manche, et cette différence de niveau ne saurait créer des climats divers et des zones de plantes. La variété des cultures y tient essentiellement à la nature du sol, et précisément, du granit aux alluvions modernes et aux sables des dunes, qu’on appelle ici des mielles, ce pays des pommiers a presque tous les terrains ; toutefois le schiste domine, et après lui le granit, roches qu’un climat très doux, qu’une pluie fine et fréquente, sauvent ici de l’infécondité qui leur est habituelle. À part quelques ruisseaux de l’arrondissement de Mortain versant leurs eaux dans la Mayenne (bassin de la Loire), toute la Manche coule à des fleuves côtiers, dont le plus grand est la Vire.

Tirée de la Normandie, la Manche se divise en 6 arrondissements, 48 cantons, 643 communes.

Elle a pour chef-lieu Saint-Lô (9 700 hab.) ; pour ville majeure Cherbourg (37 200) ; pour sous-préfectures Avranches (8 200), Cherbourg, Coutances (8 000), Mortain (2 300) et Valognes (5 800). Granville, cité marine, a 12 500 âmes.


La Marne s’appelle ainsi de sa plus grande rivière, qui la parcourt dans toute sa largeur, du sud-est au nord-ouest, et y baigne Vitry-le-François, Châlons et Épernay. Le nom d’Argonne-et-Champagne eût été préférable, il semble. Ce territoire a son chef-lieu, Châlons-sur-Marne, à l’est de Paris, à 173 kilomètres par chemin de fer, à 148 seulement en ligne droite.

Il y a 408 000 habitants sur ses 814 000 hectares, soit 50 personnes sur 100 hectares : 20 de moins que la moyenne de la France. Depuis 1801, le gain monte à 104 000 âmes, accroissement qui tient surtout aux industries de Reims.

Entre Condé-sur-Suippe et Berry-au-Bac l’Aisne quitte ce département par 50 mètres d’altitude ; au-dessus des plates campagnes sillonnées par la Vesle, près de Verzy, un coteau de la Montagne de Reims se dresse à 280 mètres : cette différence de 230 mètres ne saurait varier grandement le climat et la végétation de ce pays ; mais la nature du terrain sépare très bien la Champagne Pouilleuse, craie dure, triste, inféconde et nue, des petites régions naturelles situées tant à l’ouest qu’à l’est de ce laid plateau : la Montagne de Reims, entre la Marne et la Vesle ; la Montagne de Sezanne, entre Marne et Seine ; le Bocage, sur la rive gauche de la Marne, au sud de Vitry-le-François ; le Perthois, sur la Saulx et l’Ornain : et enfin l’Argonne, sur l’Aisne supérieure. Par l’Aube, la Marne et l’Aisne, toutes les eaux vont à la Seine.

Formée de la Champagne Propre, du Rémois et du Châlonnais, pays de l’ancienne Champagne, la Marne comprend 5 arrondissements, 32 cantons, 665 communes.

Elle a pour chef-lieu Châlons-sur-Marne (20 200 hab.) ; pour grande ville Reims, (81 300) ; pour sous-préfectures Épernay (15 500), Reims, Sainte-Menehould (4 300) et Vitry-le-François (7 600).

Cathédrale de Reims.


La Haute-Marne tire son nom de sa situation sur le : cours supérieur de la Marne, qui y prend sa source et y passe devant Langres, Chaumont et Saint-Dizier. On eût mieux fait de l’appeler département du Plateau de Langres, ou de lui donner tel autre nom hydrographique plus complet que Haute-Marne, notamment Marne-et-Meuse. Elle a son chef-lieu, Chaumont-en-Bassigny, à l’est-sud-est de Paris, à 262 kilomètres par chemin de fer, à 215 seulement à vol d’oiseau.

Ses 622 000 hectares, dont 169 000 en forêts, ne nourrissent que 252 000 habitants, soit 40 à 41 par 100 hectares : 29 à 30 de moins que la moyenne de la France. Depuis le premier recensement du siècle, il n’a gagné que 36 000 âmes.

406 mètres, c’est la différence entre le point le plus bas et le point le plus haut du territoire, entre 110 mètres, à l’endroit où la Voire sort du département, et 516 mètres, cime du Haut-du-Sec, à la source de l’Aujon, à l’est d’Auberive, au sud-est de Langres. Cette faible pente ne suffit pas pour étager plusieurs climats sur un sol uniforme, appartenant surtout au calcaire jurassique (et aussi à la craie, au lias, au trias). Le département envoie ses eaux à la Seine, au Rhône par la Saône, à la Meuse. De ces trois bassins, celui de la Seine prend à lui seul les deux tiers du territoire.

Formée de pays de la Champagne (Bassigny, Perthois, Vallage) et d’un très petit morceau de la Bourgogne, la Haute-Marne se divise en 5 arrondissements, 28 cantons, 550 communes.

Elle a pour chef-lieu Chaumont-en-Bassigny (9 200 hab.) ; pour ville majeure Saint-Dizier (12 800) ; pour sous-préfectures Langres (10 400) et Vassy-sur-Blaise (3 300).


La Mayenne se nomme ainsi de la rivière qui la traverse du nord au sud et y baigne Mayenne, Laval et Château-Gontier. On aurait pu l’appeler département des Couévrons, bien que cette chaîne de collines qui fournit à Paris des pavés de porphyre ne soit pas très élevée. Il a son chef-lieu, Laval, à l’ouest-sud-ouest de Paris, à 304 kilomètres par chemin de fer, à 240 seulement à vol d’oiseau.

Il y a 352 000 habitants sur un territoire de 517 000 hectares, soit 68 personnes par 100 hectares : 2 de moins que la moyenne de la France. L’accroissement depuis 1861 est de 46 000 âmes.

La Sarthe abandonne le département par 20 mètres d’altitude à peine, et le mont des Avaloirs, sur la frontière de l’Orne et de la Sarthe, près de Pré-en-Pail, dans la forêt de Multonne, élève sa tête à 417 mètres : soit une pente de 397 mètres, incapable de varier beaucoup le climat et les plantes ; et d’ailleurs les roches de ce territoire ont peu de diversité : on y trouve surtout des schistes, des gneiss, des porphyres. À part un certain nombre de ruisseaux du nord-ouest et de l’ouest, qui se versent dans la Sélune et dans la Vilaine, fleuves côtiers, la Mayenne envoie ses eaux à la Loire par la Maine.

Formée de petits pays, Passais, Pail, etc., relevant du Maine et d’un morceau de l’Anjou, la Mayenne a 3 arrondissements, 27 cantons, 276 communes.

Elle a pour chef-lieu Laval (27 100 hab.) ; pour sous-préfectures Château-Gontier (7 200) et Mayenne (10 100).


La Meurthe-et-Moselle, reste de nos anciens départements de la Moselle et de la Meurthe, démembrés en 1871, doit son nom à ses deux principales rivières : à la Meurthe qui baigne Lunéville et Nancy, et à la Moselle qui passe à Toul et reçoit la Meurthe. Elle a son chef-lieu, Nancy, à l’est de Paris, à 353 kilomètres par chemin de fer, à 280 seulement en ligne droite.

Sur 524 000 hectares, ce département nourrit 405 000 habitants, soit 77 à 78 personnes par 100 hectares : 7 à 8 de plus que la moyenne de la France. De 1872 à 1876 il a gagné 39 000 âmes, grâce à l’immigration des Alsaciens-Lorrains et au développement de l’industrie.

Son lieu le plus bas, c’est l’endroit où la Moselle passe en Allemagne, frontière nouvelle, par 170 mètres environ ; ses points les plus hauts, les cimes des Vosges, sur la lisière de l’Alsace-Lorraine, ont environ 900 mètres, ce qui donne une différence de 730 mètres, suffisante pour varier le climat ; le département, d’ailleurs, a des sols fort divers : l’oolithe, le trias et le lias y dominent. Toutes ses eaux vont au Rhin par la Moselle ou par la Meuse.

Formé d’une portion de l’ancienne Lorraine, ainsi que d’une partie des Trois-Évêchés de Metz, Toul et Verdun, il se divise en 4 arrondissements, 27 cantons et 596 communes.

Il a pour chef-lieu Nancy (66 300 hab.) ; pour sous-préfectures Briey (2 100), Lunéville, (16 000) et Toul (10 100).


Le département de la Meuse s’appelle ainsi de la rivière qui le traverse du sud au nord par Commercy, Saint-Mihiel et Verdun. Un meilleur nom c’était Argonne-et-Woëvre, d’après ses plus hautes collines et sa plus large plaine. Il a son chef-lieu, Bar-le-Duc, à l’est de Paris, à 254 kilomètres par chemin de fer, à 205 seulement à vol d’oiseau.

Ce territoire fait vivre 294 000 habitants sur 623 000 hectares, soit 47 à 48 personnes par 100 hectares : 22 à 23 de moins que la moyenne de la France. Son gain de population depuis 1801 n’est que de 24 000 personnes.

308 mètres, c’est toute la différence de niveau du pays, entre l’endroit où le quitte la Saulx (445 mètres) et la cime du Buisson d’Amanty (423 mètres), entre Gondrecourt et la vallée de la Meuse. Cette pente-là ne peut superposer des climats bien divers, sur un sol de jura, de craies, de grès verts ayant d’ailleurs peu de variété : toutefois on y distingue essentiellement l’Argonne ou Montagne de la Woëvre ou Plaine. Les ruisseaux vont au Rhin par l’Orne de Woëvre, affluent de la Moselle, et par la Meuse et son tributaire la Chiers ; à la Seine par la Saulx, l’Ornain, l’Aisne et l’Aire : dans ce partage, le bassin du Rhin l’emporte sur celui de la Seine.

Fait principalement de la Lorraine et des Trois-Évêchés de Metz, Toul et Verdun, et un peu de la Champagne, ce département a 4 arrondissements, 28 cantons et 586 communes.

Il a pour chef-lieu Bar-le-Duc ou Bar-sur-Ornain (16 700 hab.) ; pour sous-préfectures Commercy (5 200), Montmédy (2 600) et Verdun-sur-Meuse (15 800).


Le Morbihan tire son nom du grand golfe, constellé d’îles, dont les marées de l’Atlantique font remonter les flots jusqu’aux environs de Vannes. Il a son chef-lieu, Vannes, à l’ouest-sud-ouest de Paris, à 499 kilomètres par chemin de fer, à 390 seulement en ligne droite.

Il y a 507 000 habitants sur ses 680 000 hectares, soit 74 à 75 personnes par 100 hectares : 4 à 5 au-dessus de la moyenne de la France. Depuis le dénombrement de 1801 il a gagné 105 000 âmes.

Du niveau de l’Atlantique à la cime du coteau de 297 mètres qui se lève au nord-est de Gourin, sur la frontière des Côtes-du-Nord, dans les Montagnes Noires, la pente n’est point capable de modifier sensiblement le climat ; et, d’autre part, les roches du sol appartiennent uniformément aux granits et aux schistes. Ses ruisseaux coulent à divers fleuves côtiers, Laïta ou rivière de Quimperlé, Blavet, rivière d’Auray, Vilaine.

Extrait de l’ancienne Bretagne, le Morbihan se divise en 4 arrondissements, 37 cantons, 249 communes.

Il a pour chef-lieu Vannes (17 900 hab.) ; pour ville majeure Lorient (35 200), pour sous-préfectures Lorient, Ploërmel (5 500) et Pontivy (8 300).


La Nièvre s’appelle ainsi d’une rivière qui tombe dans la Loire à Nevers ; mais cette rivière n’est qu’un ruisseau, et d’autres noms auraient mieux convenu : tels Yonne-et-Loire ; ou Loire-et-Allier ; ou Bec-d’Allier, du confluent de ses deux grandes rivières ; ou Morvan-et-Puisaye ; enfin Morvan tout court.

Elle a son chef-lieu, Nevers, au sud-sud-est de Paris, à 234 kilomètres par chemin de fer, à 215 seulement en ligne droite.

Sur ses 682 000 hectares vivent 347 000 habitants, soit 51 personnes par 100 hectares : 19 au-dessous de la moyenne de la France. Depuis 1801, elle a gagné 114 000 âmes.

La pente de ce territoire est de 715 mètres, le département ayant pour point le plus bas l’endroit où le quitte définitivement la Loire (135 mètres) et pour lieu le plus haut la cime du Préneley (850 mètres), au-dessus de la source de l’Yonne, au sud-est de Château-Chinon, sur la frontière de Saône-et-Loire. Cette différence de niveau, capable de modifier singulièrement le climat, s’allie à la diversité des roches pour donner à la Nièvre une grande variété d’aspects : granits, porphyres, gneiss, lias, calcaires, grès, etc., s’y partagent le sol. Les deux grands tiers des eaux du pays vont à la Loire, le reste à la Seine.

Formée du Nivernais et d’un tronçon de l’Orléanais, elle a 4 arrondissements, 25 cantons, 313 communes.

Elle a pour chef-lieu Nevers (22 700 hab.) ; pour sous-préfectures Château-Chinon (2 700), Clamecy (5 400), Cosne (6 900).


Le Nord, qu’on aurait aussi pu nommer Ardennes-et-Flandre, s’appelle ainsi de sa situation dans l’extrême nord de la France. Il a son chef-lieu, Lille, au nord-nord-est de Paris, à 250 kilomètres par chemin de fer, à 205 seulement à vol d’oiseau.

Sur ses 568 000 hectares, ce département maritime entretient 4 520 000 habitants, soit 267 à 268 personnes par 100 hectares : près de 4 fois la moyenne de la France. Depuis l’an 1801, il a gagné 755 000 âmes, c’est-à-dire que la population y a doublé, grâce aux prodigieux développements de l’industrie.

Du seuil de la Manche à la cime d’une colline du bois de Saint-Hubert, au sud de Trélon, sur la frontière de la Belgique et de l’Aisne, la montée n’est que de 266 mètres, différence de niveau parfaitement incapable d’étager des zones de plantes. Mais le relief et la nature du sol divisent en trois régions naturelles ce département à taille fine, le plus long[6] et le plus étroit[7] de France : au sud-est, dans les environs d’Avesnes, l’Ardenne ou Colline ; au nord, entre la montagne de Cassel et les dunes du littoral, le Marais ou Wateringues ; partout ailleurs la Plaine. Le Nord incline ses eaux vers l’Escaut, qui draine plus des deux tiers du territoire ; vers l’Yser et l’Aa, fleuves côtiers ; vers la Meuse, par la Sambre ; vers la Seine, par quelques ruisseaux des environs d’Anor, dans l’angle sud-est du territoire.

Formé de la Flandre française, qui comprenait également le Hainaut français et le Cambrésis, le Nord se divise en 7 arrondissements, 61 cantons, 662 communes.

Il a pour chef-lieu Lille (162 800 hab.) : pour sous-préfectures Avesnes (4 600), Cambrai (22 100), Douai (27 000), Dunkerque (35 000), Hazebrouck (9 900) et Valenciennes (26 000). Dans ce premier des départements industriels, les puits de houille, les usines, les sucreries, les gares, les boutiques, les cabarets s’amassent en immenses bourgades, et çà et là en grandes villes : Saint-Amand a 10 700 âmes, Fourmies 11 900, Bailleul 13 000, Halluin 13 800, Maubeuge 14 400, Denain 14 500, Wattrelos 15 300, Armentières 21 700, Tourcoing 48 600, Roubaix 83 700.


Le département de l’Oise se nomme ainsi de sa principale rivière, qui le traverse du nord-est au sud-ouest et y arrose Compiègne. Il a son chef-lieu, Beauvais, au nord-nord-ouest de Paris, à 88 kilomètres par chemin de fer, à moins de 70 en ligne droite.

402 000 personnes vivent sur ses 586 000 hectares, soit 68 à 69 individus par 100 hectares, un peu moins que la moyenne de la France. Depuis 1801, l’Oise a gagné 51 000 habitants.

Son lieu le plus bas étant à 20 mètres (là où l’Oise passe en Seine-et-Oise) et son lieu le plus haut à 235 mètres seulement (cime d’un coteau voisin de la forêt de Thelle, entre Beauvais et Chaumont-en-Vexin), le territoire n’a que 215 mètres de pente, et cette différence de niveau ne peut point étager de climats. Le sol, peu mouvementé, se divise entre les craies, les calcaires et les terrains tertiaires. Sauf les quelques sources qui se dirigent, au nord, vers la Somme et la Bresle, fleuves côtiers, la Seine absorbe toutes ses eaux.

Formée de pays de l’ancienne Île-de-France (Île-de-France propre, Noyonnais, Soissonnais, Beauvaisis, Valois), et de terres de la Picardie (Amiénois, Santerre), l’Oise comprend 4 arrondissements, 35 cantons, 701 communes.

Elle a pour chef-lieu Beauvais (16 600 hab.) ; pour sous-préfectures Clermont-d’Oise (6 100), Compiègne (13 400) et Senlis (6 500).


L’Orne s’appelle ainsi du fleuve côtier qui y prend sa source et y baigne Séez et Argentan. Orne-et-Huisne était un nom plus complet ; Perche-et-Bocage valait encore mieux ; enfin le nom de Monts-Normands lui convenait aussi, puisque sa forêt d’Écouves possède la cime la plus haute de l’ancienne Normandie.

Il a son chef-lieu, Alençon, à l’ouest-sud-ouest de Paris, à 267 kilomètres par chemin de fer, à 165 seulement à vol d’oiseau.

Sur 610 000 hectares il n’a plus que 393 000 personnes, sa population diminuant maintenant faute de naissances ; et même, l’Orne, comme deux autres départements normands, l’Eure et le Calvados, a moins d’habitants aujourd’hui qu’en 1801 (toutefois la perte ne dépasse guère 1 000 individus). Il entretient 64 à 65 personnes par 100 hectares : 5 à 6 de moins que la moyenne de la France.

Du lieu où l’Orne quitte le département par 50 mètres à la cime de la forêt d’Écouves (417 mètres) au nord d’Alençon, la montée est de 367 mètres : pas assez pour influer beaucoup sur le climat et les plantes ; mais le pays ne manque pas de diversité, grâce à la variété de ses roches, l’Orne possédant à peu près tous les sols, granits et schistes, calcaires jurassiques, craies, terrains tertiaires. Ses ruisseaux vont à la mer par cinq routes : par la Seine, vers laquelle courent l’Eure, l’Avre, l’Iton, la Rille, la Charentonne ; par la Touques, la Dives et l’Orne, fleuves côtiers ; par la Loire, dont relèvent l’Auisne, la Sarthe, la Mayenne et la Varenne.

Formée de pays normands. (Normandie propre et duché d’Alençon) et d’un morceau du Perche, dépendance du Maine, l’Orne se divise en 4 arrondissements, 36 cantons, 511 communes.

Il a pour chef-lieu Alençon (16 600 hab.) ; pour sous-préfectures Argentan (5 800), Domfront (4 600) et Mortagne (4 700). L’industrieuse Flers à 11 100 âmes.


Le Pas-de-Calais tire son nom du détroit qui fait communiquer la mer du Nord et la Manche et sur lequel est situé le port de Calais. Il a son chef-lieu, Arras, au nord-nord-est de Paris, à 192 kilomètres par chemin de fer, à 165 seulement en ligne droite.

Ses 661 600 hectares entretiennent 793 000 habitants, soit 120 personnes par 100 hectares : 50 de plus que la moyenne de la France. Depuis le premier recensement du siècle, il a gagné 288 000 âmes, par le développement de l’industrie plus encore que par celui de l’agriculture.

Du seuil de la Manche à la cime de la colline de 212 mètres qui se dresse au-dessus de Desvres, la différence de niveau n’est pas capable de superposer des climats ; et, en outre, il y a peu de variété dans la nature du sol, qui se compose de craie, et dans le Boulonnais de grès verts et d’oolithe. On peut le diviser en quatre régions fort inégales : le très monotone Plateau d’Artois ; le Boulonnais ou Colline ; les Pays-Bas, terres fangeuses au nord de Béthune ; le Marais, plus ou moins bien desséché, dans le Calaisis, entre la mer et les coteaux du Boulonnais. Les eaux se partagent entre le bassin de l’Escaut à l’est, et celui de divers petits fleuves côtiers au nord et à l’ouest : l’Aa, la Liane, l’Authie ; quelques terres des environs de Bapaume ont leur pente vers la Somme.

Formé de la province d’Artois, et du Boulonnais, du Calaisis, du Ponthieu, pays picards, le Pas-de-Calais comprend 6 arrondissements, 44 cantons et 904 communes, plus qu’aucun autre département.

Il a pour chef-lieu Arras (26 800 hab.) ; pour première ville Boulogne-sur-Mer (40 100) ; pour sous-préfectures Béthune (9 300), Boulogne, Montreuil-sur-Mer (4 500), Saint-Omer (21 900) et Saint-Pol-sur-Ternoise (3 900). Calais a 12 600 âmes, Saint-Pierre-lès-Calais, lieu d’industrie, 25 600 ; en réunissant ces deux cités, la dernière prolongeant réellement la première, qui est une place murée dans l’impuissance de s’agrandir, on a une ville de 38 000 habitants, bien plus grande qu’Arras et presque égale à Boulogne.


Le Puy-de-Dôme se nomme ainsi d’un superbe volcan éteint de 1 465 mètres de hauteur, dominant Clermont et la plaine de la Limagne. D’autres noms auraient peut-être mieux valu, notamment : Volcans-Éteints, désignation qui convient également à la Haute-Loire ; Dore-et-Dôme, de ses deux principales protubérances ; Puy-de-Sancy, d’après la plus haute montagne de la France centrale ; Dôme-et-Limagne, de son grand volcan et de sa grande plaine, etc. Il a son chef-lieu, Clermont-Ferrand, au sud-sud-est de Paris, à 420 kilomètres par chemin de fer, à 350 seulement à vol de corbeau, comme disent les Anglais.

Il y a 570 000 habitants sur ses 795 000 hectares, soit 71 à 72 personnes par 100 hectares : un peu plus que la moyenne de la France. Depuis 1801, le Puy-de-Dôme a gagné 63 000 hommes, et ce gain serait bien plus grand sans l’émigration à l’intérieur qui décime la jeunesse d’Auvergne.

Son lieu le plus haut, tête de la France du Centre, le Puy-de-Sancy (1 886 mètres), domine de 1 625 mètres son lieu le plus bas, qui est l’endroit où l’Allier quitte définitivement le territoire (261 mètres). Cette pente de 1 625 mètres étage plusieurs climats, depuis le tempéré jusqu’au semi-polaire, et si la Limagne ou val d’Allier n’a point un hiver rigoureux, des neiges profondes couvrent pendant plusieurs mois les gneiss, les micaschistes, les granits, les roches volcaniques de la Montagne ou Plateau. Sauf les affluents de la Dordogne naissante (bassin de la Gironde), au sud-ouest du pays, tous ses torrents vont à la Loire, surtout par l’Allier, où tombent deux belles rivières, la Dore et la Sioule.

Formé d’une partie de l’Auvergne, d’un morceau du Bourbonnais, d’un lambeau du Forez, terre de Lyonnais, le Puy-de-Dôme comprend 5 arrondissements, 50 cantons, 465 communes.

Il a pour chef-lieu Clermont-Ferrand (41 800 hab.) ; pour sous-préfectures Ambert (7 800), Issoire (6 250), Riom (10 800) et Thiers (16 300).


Le département des Basses-Pyrénées s’appelle ainsi de sa situation au pied des Pyrénées, qui, bien que fort élevées ici, le sont moins que dans les Hautes-Pyrénées, territoire voisin. Ce nom a le grand tort de faire supposer que ses montagnes sont basses. On eût pu l’appeler département de l’Adour, ce fleuve étant, avec la Durance, le seul de nos grands cours d’eau qui ne désigne aucun des successeurs de nos provinces ; ou département des Gaves, des beaux torrents nommés ainsi par les Béarnais ; et mieux encore Adour-et-Gaves. Il a son chef-lieu, Pau, au sud-sud-ouest de Paris, à 816 kilomètres par chemin de fer, à 650 seulement en ligne droite.

Les 762 000 hectares de ce pays frontière touchant à l’Aragon, à la Navarre, au Guipúzcoa (Espagne), portent 432 000 habitants, soit 56 à 57 personnes par 100 hectares : 13 à 14 au-dessous de la moyenne de la France. Or, c’est un pays de beaucoup supérieur à l’ensemble de notre patrie, comme sol et surtout comme climat ; mais il a 317 000 hectares en touyas ou bruyères. Son gain, depuis 1801, dépasse 75 000 âmes ; il est vrai qu’une annexion lui a donné la petite ville de Saint-Esprit, détachée des Landes pour faire corps avec Bayonne ; mais, d’autre part, aucun département n’envoie plus d’émigrants au delà des mers ; sans la fécondité de ses familles, il aurait beaucoup diminué depuis le commencement du siècle.

De la vague de l’Atlantique ce territoire monte jusqu’à 2 976 mètres, altitude du pic de Cuje-la-Palas, au sud-est de Laruns, sur la frontière des Hautes-Pyrénées. Cette différence de niveau de près de 3 000 mètres suscite plusieurs climats, de la zone de la vigne, et presque de l’olivier, à celle des frimas éternels ; le sol, d’ailleurs, est de nature variée : granits, schistes, grès, craies, terrains tertiaires, alluvions. On y peut distinguer quatre régions : la Montagne, au midi d’une ligne irrégulière allant de Saint-Jean-de-Luz à Nay par Cambo, Iholdy, Mauléon, Saint-Christau, Rébénac ; la Colline, entre la Montagne, le Pont-Long et l’Adour ; le Pont-Long, touyas qui suivent le cours du Luy-de-Béarn, de la banlieue de Pau jusqu’au département des Landes ; la Chalosse, pays de hautes collines, de vaux serrés et profonds, entre le Pont-Long, les Hautes-Pyrénées, le Gers et les Landes. À l’exception de l’Irati, beau torrent à l’Èbre, fleuve espagnol, les eaux des Basses-Pyrénées vont à Adour, ou, bien à la Nivelle et à la Bidassoa, fleuves côtiers.

Formées de pays de l’ancienne Gascogne : Béarn, Soule, Navarre et Labourd, les Basses-Pyrénées se divisent en 5 arrondissements, 40 cantons, 558 communes.

Elles ont pour chef-lieu Pau (28 900 hab.) ; pour sous-préfectures Bayonne (27 400), Mauléon (2 100), Oloron-Sainte-Marie (8 600), Orthez (6 600).

Oloron-Sainte-Marie.


Le département des Hautes-Pyrénées s’appelle ainsi de ce qu’il s’appuie aux Pyrénées françaises les plus élevées. On l’eût pu nommer : département du Vignemale, de sa montagne majeure ; département des Cirques, en l’honneur des amphithéâtres de Gavarnie et de Troumouse ; département du Plateau de Lannemezan, de la triste lande où naissent tant de tristes rivières ; ou encore Gaves-et-Nestes, d’après les beaux torrents qui portent ce nom. Il a son chef-lieu, Tarbes, au sud-sud-ouest de Paris, à 829 kilomètres par chemin de fer, à 650 seulement à vol d’oiseau.

Il y a 238 000 habitants sur les 453 000 hectares de ce département frontière qui touche à l’Aragon (Espagne), soit un peu plus de 52 personnes par 100 hectares : 18 de moins que la moyenne de la France. Depuis 1801 il a gagné 63 000 âmes.

La cime du Vignemale (3 290 mètres) domine de 3 170 mètres le lieu le plus bas du territoire, qui est l’endroit où l’Adour en sort, par 120 mètres. Cette pente étage de nombreux climats, de celui qui fait fleurir la vigne à celui qui ne peut fondre en été toutes les glaces de l’hiver. Granits, schistes, calcaires, craies, terrains tertiares, il se divise en trois régions : le Mont, qui couvre plus de la moitié du pays ; la belle Plaine de Bigorre ; et le Plateau de Lannemezan. Les deux tiers du pays se versent dans l’Adour, directement ou par le Gave de Pau ; l’autre tiers dans la Garonne, par la Neste et les rivières lannemezanaises.

Formé de pays de l’ancienne Guyenne-et-Gascogne, avant tout du Bigorre, puis des Quatre-Vallées, du Nébouzan, de l’Astarac, d’un lambeau de l’Armagnac, le département des Hautes-Pyrénées se divise en 3 arrondissements, 26 cantons, 480 communes.

Il a pour chef-lieu Tarbes (21 300 hab.) ; pour sous-préfectures Argelès (1 700) et Bagnères-de-Bigorre (9 500).

Bagnères-de-Bigorre.


Le département des Pyrénées Orientales tire son nom de ce qu’il est presque entièrement couvert par la portion orientale de la grande chaîne hispano-française. On eût pu l’appeler département du Canigou, de sa plus célèbre montagne ; et mieux encore département du Midi, car c’est notre territoire le plus méridional ; il aurait ainsi fait contraste avec le département du Nord et le département du Centre (qui est le Cher). Il a son chef-lieu, Perpignan, au sud-sud-est de Paris, à 937 kilomètres par chemin de fer, à 680 seulement en ligne droite.

Ce département frontière, touchant à la Catalogne (Espagne), a 198 000 habitants sur 412 000 hectares, ou 48 personnes sur 100 hectares : 22 de moins que la moyenne de la France. Depuis 1801, il a gagné 86 000 âmes, en dépit de l’émigration vers l’Algérie.

Du niveau de la Méditerranée, ce département s’élève jusqu’à 2 921 mètres, au Puy-de-Carlitte : c’est dire qu’on y trouve tous les climats, de celui qu’aime le frileux olivier à celui des neiges pérennes. Ses granits, ses schistes, ses craies versent leurs torrents au Tech, à la Têt, à l’Agly, à l’Aude, fleuves côtiers ; les eaux de la Cerdagne française, jaillissant sur le revers méridional des Pyrénées, vont à la Sègre, affluent de l’Èbre, fleuve espagnol. Enfin la Mouge (Muga), torrent d’Espagne, et l’Ariège, rivière du bassin de la Gironde, ont leurs premières fontaines sur ce territoire.

Formées de pays de l’ancien Roussillon (Capsir, Cerdagne, Conflent, Vallée de Carol, Vallspire), et de territoires du Languedoc (Fenouilladès et pays de Sournia), les Pyrénées-Orientales ont 3 arrondissements, 17 cantons, 231 communes.

Elles ont pour chef-lieu Perpignan (28 400 hab.) ; pour sous-préfectures Céret (3 600 hab.) et Prades (3 900).


Le Rhône s’appelle ainsi du fleuve qui y baigne Lyon et Givors. Saône-et-Rhône eût été plus complet. Il a son chef-lieu, Lyon, au sud-sud-est de Paris, à 507 kilomètres par chemin de fer, à moins de 390 en ligne droite.

705 000 habitants vivent sur ses 279 000 hectares, soit 252 à 253 par 100 hectares : plus de 3 fois la moyenne de la France. Depuis 1801, le Rhône a gagné 407 000 âmes ; il a donc plus que doublé dans ces 75 années, grâce aux industries lyonnaises.

De l’endroit où la rive droite du Rhône passe en Ardèche (140 mètres) à la cime du Saint-Rigaud (1 012 mètres), dans les monts du Beaujolais, au-dessus de Monsols, on s’élève de 872 mètres, différence de niveau capable de modifier singulièrement le climat, les plantes, les cultures. Le territoire appartient d’ailleurs à des roches fort diverses : granits, gneiss, schistes, lias, calcaires, etc., sans parler des alluvions des vallées de la Saône et du Rhône. Sauf quelques torrents de l’ouest du pays, tributaires de la Loire, tout le Rhône appartient au bassin du fleuve dont il porte le nom.

Formé du Lyonnais et de son annexe, le Beaujolais, le Rhône est un démembrement de l’ancien Rhône-et-Loire ; il se divise en 2 arrondissements, 29 cantons, 264 communes.

Il a pour chef-lieu Lyon (342 800 hab.) ; pour sous-préfecture Villefranche-sur-Saône (12 500). Tarare a 14 400 âmes, Givors 11 900.

Lyon.


La Haute-Saône s’appelle ainsi du cours supérieur de la Saône, qui n’est guère qu’un ruisseau quand elle pénètre sur son territoire. Peut-être eût-on dû le nommer département du Frais-Puits, d’après la plus énorme de nos fontaines accidentelles : ce nom aurait rappelé que la Haute-Saône est pleine de filtrations, de gerçures, de cassures, de ruisseaux perdus et retrouvés, de fonts abondantes et de sources adventives. Il a son chef-lieu, Vesoul, au sud-est de Paris, à 381 kilomètres par chemin de fer, à 310 à peu près en ligne droite.

Il y a 304 000 habitants sur ses 534 000 hectares, ce qui donne environ 57 personnes par 100 hectares : 13 au-dessous de la moyenne de la France. Depuis le dénombrement de 1801, il n’a gagné que 12 000 à 13 000 âmes ; c’est la faute de l’émigration à l’étranger, et surtout à l’intérieur, et non celle des familles.

Le Ballon de Servance, dôme des Vosges, haut de 1 189 mètres, domine d’un peu plus de 1 000 mètres le point le plus bas du territoire, l’endroit où la Saône reçoit l’Ognon par 186 mètres. C’est assez pour étager des climats et des plantes ; et, d’autre part, le pays appartient à des roches diverses : granits, porphyres, schistes, grès rouges, grès des Vosges, grès bigarrés, lias, calcaires. Toutefois on peut le diviser en deux régions naturelles : au nord-est, les Vosges, contrée froide, boisée, montagneuse ; partout ailleurs le Plateau, lierres hâchées, fissurées où règne surtout l’oolithe. Par la Saône, toutes les eaux vont au Rhône.

Tirée de la Franche-Comté, la Haute-Saône a 3 arrondissements, 28 cantons, 583 communes.

Elle a pour chef-lieu Vesoul (9 200 hab.) ; pour sous-préfectures Gray (7 400) et Lure (4 000).


Le département de Saône-et-Loire s’appelle ainsi de sa principale rivière, la Saône, qui coule devant Châlon, Tournus et Mâcon, et, de son fleuve, la Loire. Excellent nom, comme le serait aussi celui Bresse-et-Morvan. Pris entre la Saône et la Loire, c’est un pays « clef de voûte », un passage de canaux, de chemins de fer, de grandes routes nationales, comme celui de la Côte-d’Or, entre les bassins de la Seine et de la Saône, et celui de la Loire entre la Loire et le Rhône. Il a son chef-lieu, Mâcon, au sud-est de Paris, à 441 kilomètres par chemin de fer, à 335 seulement à vol d’oiseau.

Ses 855 000 hectares entretiennent 614 000 habitants, soit 74 à 72 personnes par 100 hectares, un peu lus que la moyenne de la France. Depuis 1801, il a gagné 162 000 ânes, ce qui tient pour une grande part à la houille et aux industries du Creusot.

De l’endroit où la Saône quitte son territoire par 469 mètres, à la cime du Haut-Folin (902 mètres), au nord-ouest d’Autun, sur la frontière de la Nièvre, on monte de 735 mètres, pente qui suffit pour modifier le climat et le règne des plantes ; d’ailleurs, le territoire appartient à des natures de sol fort diverses : granits, gneiss, micaschistes, schistes, grès, lias, calcaires, terrains tertiaires, alluvions. On y distingue quatre régions naturelles : le Morvan, au nord-ouest, contrée la plus haute et la plus froide ; le Charolats, au sud-ouest, terre froide aussi riche en pâtures ; les Coteaux, entre Morvan, Charolais et Saône ; la Bresse, à l’est de la Saône, au pied du Jura. Ses ruisseaux et rivières se partagent entre le bassin du Rhône et celui de la Loire, un peu à l’avantage du premier.

Formé de l’Autunais, du Brionnais, du Chalonnais, du Charolais, du Mâconnaïs, tous pays de Bourgogne, le département de Saône-et-Loire se partage en 5 arrondissements, 50 cantons, 589 communes.

Il a pour chef-lieu Mâcon (17 600 hab.) ; pour maîtresse ville le Creusot (26 400), immense usine à fer ; pour sous-préfectures, Autun (12 900), Châlon-sur-Saône (19 100), Charolles (3 300) et Louhans (4 200).


La Sarthe doit son nom à sa principale rivière, qui baigne le Mans et Sablé : Loir-et-Sarthe, Huisne-et-Sarthe, eussent été plus complets. Il a son chef-lieu, le Mans, au sud-ouest de Paris, à 211 kilomètres par chemin de fer, à 185 seulement en ligne droite.

Il y a 446 000 habitants sur ses 621 000 hectares, soit 71 à 72 individus par 100 hectares : un peu plus que la moyenne de la France. Le gain, depuis l’aurore du siècle, est de 57 000 à 58 000 âmes.

La Sarthe sort du département par 20 mètres : c’est le lieu le plus bas du territoire ; au nord-ouest de Mamers, un coteau de la forêt de Perseigne monte à 340 mètres. Cette faible pente ne modifie que très peu le climat, et les différences d’aspect tiennent surtout à la diversité des natures de sol, schiste, grès rouge, oolithe, craie, terrains tertiaires, alluvions. Toutes les eaux courantes gagnent la Sarthe et le Loir, branches de la Maine, qui tombe dans la Loire.

Formée d’une partie du Maine, d’un morceau de l’Anjou et d’un très faible lambeau du Perche, la Sarthe a réuni divers petits pays, Perche, Saosnois, Fertois, etc. Elle comprend 4 arrondissements, 33 cantons, 386 communes.

Elle a pour chef-lieu le Mans (50 200 habitants) ; pour sous-préfectures La Flèche (9 400), Mamers (5 300) et Saint-Calais (3 500).


Le département de la Savoie, revenu en 1860 à la France, s’appelait, sous le Premier Empire, département du Mont-Blanc ; mais alors il était plus grand qu’aujourd’hui. Il ne possède point maintenant le plus haut de nos monts et des monts de l’Europe. Au lieu de lui conserver le nom de la province dont il faisait partie, on aurait pu l’appeler Haute-Isère, du cours supérieur d’une belle rivière ; ou Arc-et-Isère, de ses deux grands cours d’eau, et, mieux encore, département de la Vanoise, d’un magnifique massif étincelant de glaciers. Il a son chef-lieu, Chambéry, au sud-est de Paris, à 596 kilomètres par chemin de fer, à 450 seulement à vol d’oiseau.

Ce département frontière (il touche au Piémont (Italie)) porte 268 000 habitants sur 591 000 hectares, soit 45 à 46 personnes sur 100 hectares : 24 à 25 de moins que la moyenne de la France. Depuis 1861, premier dénombrement après l’annexion, il a gagné 7 000 âmes seulement : la cause n’en est pas à l’infécondité des familles, mais à une constante émigration vers les villes de France, l’Amérique platéenne, et aussi vers l’Algérie.

Ce territoire de gneiss, de micaschistes, de calcaires, de craies, a tous les climats, de la zone de la vigne aux frimas éternels, grâce à de colossales différences de niveau : son lieu le plus bas, le confluent du Rhône et du Guiers, n’est qu’à 212 mètres, tandis que l’Aiguille de la Vanoise darde sa plus haute roche neigeuse à 3 861 mètres : soit une différence de niveau de 3 649 mètres. Tous les torrents du pays ont pour terme le Rhône.

Formé de la Maurienne, de la Savoie, de la Haute-Savoie et de la Tarantaise, tous pays de l’ancienne Savoie, il se divise en 4 arrondissements, 29 cantons, 327 communes.

Il a pour chef-lieu Chambéry (18 500 hab.) ; pour sous-préfectures, Albertville (4 750), Moutiers (2 000) et Saint-Jean-de-Maurienne (3 100).


Le département de la Haute-Savoie s’appela sous le Premier Empire, département du Léman. Ce nom lui conviendrait encore, mais aucun ne vaudrait celui de département du Mont-Blanc : il est étrange que la plus fière montagne de l’Europe ne désigne pas le territoire qu’elle domine de ses glaciers et de ses aiguilles. On a préféré laisser au pays le nom de la province dont il dépendait avant son annexion en 1860. Département frontière confinant au Piémont (Italie) et aux deux cantons du Valais et de Genève (Suisse), il a son chef-lieu, Annecy, au sud-est de Paris, à 622 kilomètres par chemin de fer, à 435 seulement à vol d’oiseau.

274 000 habitants vivent sur ses 467 000 hectares, soit un peu moins de 59 personnes sur 100 hectares : 11 au-dessous de la moyenne de la France. Depuis 1861, premier recensement après l’annexion, il a gagné 7 000 hommes ; mais son croît serait bien plus rapide s’il n’envoyait pas tant d’émigrants : à l’intérieur, vers Paris et les grandes villes ; : à l’extérieur, vers l’Amérique et l’Algérie.

Bien que souvent l’éblouissant soleil verse à flots la chaleur sur sa neige immaculée, le Mont-Blanc, haut de 4 810 mètres, a son front dans l’éternel hiver ; de cette pointe suprême de l’Europe au lieu le plus bas du département (confluent du Rhône et du Fier, 250 mètres), la pente est de 4 560 mètres. Aussi le climat varie-t-il à l’infini sur ce territoire de gneiss, de schistes cristallins, de calcaires, de craies, depuis la zone des mousses élémentaires, des perce-neige et des rhododendrons jusqu’à celle des fruits et des vins généreux. C’est le Rhône qui boit tous ses torrents.

Formé du Chablais, du Faucigny, du Génevois, de l’intendance d’Annecy, tous pays de l’ancienne Savoie, le département comprend 4 arrondissements, 28 cantons, 314 communes.

Il a pour chef-lieu Annecy (11 000 hab.) ; pour sous-préfectures, Bonneville (2 200), Saint-Julien (1 300) et Thonon (5 500).


Le département de la Seine tire son nom du fleuve qui baigne Paris.

Sur moins de 48 000 hectares, 2 411 000 personnes y grouillent, sans compter une immense population flottante : cela fait plus de 50 personnes par hectare, 5 000 par kilomètre carré. Depuis 1801, la Seine, grâce à Paris, a gagné 1 779 000 âmes ; elle a quadruplé la nation qu’elle porte.

Sur un si petit espace, dans un pays dont la pente est comprise entre 169 mètres (colline voisine de Sceaux) et 23 mètres (lieu où la Seine passe en Seine-et-Oise), il ne peut régner qu’un seul et même climat. Tous les ruisseaux, tous les fossés, tous les égouts versent leurs eaux, et surtout leurs ordures à la Seine.

Lambeau de l’Île-de-France, elle renferme 3 arrondissements, dont deux vont être supprimés, 28 cantons, 72 communes.

Elle a pour chef-lieu Paris (1 989 000 hab.) ; pour sous-préfectures, qui vont disparaître, Saint-Denis (34 900) et Sceaux (2 500). Saint-Ouen a 11 300 âmes, Gentilly 11 400, Courbevoie 11 900, Puteaux 12 200, Montreuil 13 600, Pantin 13 700, Aubervilliers 14 300, Ivry 15 200, Clichy 17 400, Vincennes 18 200, Neuilly 20 800, Boulogne 21 600, Levallois-Perret 22 700. En réalité, tout ce qui environne Paris, en Seine et en Seine-et-Oise, est un immense faubourg de la métropole.


Le département de Seine-et-Marne tient son nom du fleuve qui y baigne Montereau et Melun, et de la sinueuse rivière qui passe à Meaux. Son vrai nom c’était département de la Brie, d’après la région fertile, plate, aux pluies maigres, aux eaux rares, aux puits profonds, qui forme, au nord de la Seine, les deux grands tiers de son territoire. Il a son chef-lieu, Melun, au sud-est de Paris, à 45 kilomètres par chemin de fer, à 40 à vol d’oiseau.

Ses 574 000 hectares portent 347 000 habitants : cela fait 60 personnes par 100 hectares, 10 de moins que la moyenne de la France. Depuis 1801, son gain n’est que de 48 000 hommes.

La Seine le quitte par 34 mètres, c’est le lieu le plus bas ; la butte Saint-Georges, près du Petit-Morin, non loin de Verdelot, canton de Rebais, dans le voisinage de l’Aisne, s’élève à 215 mètres, c’est le lieu le plus haut. Cette différence de 181 mètres ne peut varier que très insensiblement le climat de ce territoire composé des sables, des grès, des calcaires et des meulières des terrains éocène et miocène. Par l’Yonne, le Loing, l’Essonne, l’Yères, la Marne, toutes ses eaux vont à la Seine.

Formé d’une portion de l’ancienne Île-de-France (Île-de-France et Gâtinais français) et d’un morceau de la Champagne, il se partage en 5 arrondissements, en 29 cantons, en 530 communes.

Il a pour chef-lieu Melun (11 200 hab.) ; pour sous-préfectures Coulommiers (5 200), Fontainebleau (11 650), Meaux (11 700) et Provins (7 600).


Le département de Seine-et-Oise enveloppe celui de la Seine. Il tire son nom de son fleuve, la Seine, qui baigne Corbeil, Saint-Cloud, Saint-Germain en Laye, Mantes, et de sa maîtresse rivière, l’Oise, qui passe à Pontoise. Il a son chef-lieu, Versailles, à 48 kilomètres à l’ouest de Paris.

562 000 personnes vivent sur ses 560 000 hectares ; c’est un peu plus de 100 personnes sur 100 hectares : 30 au-dessus de la moyenne de la France, grâce aux villes de la banlieue de Paris. Il a gagné 141 000 habitants depuis 1801.

De l’endroit où la Seine le quitte par 12 mètres, à la cime d’une colline de 210 mètres qui s’élève au nord-est de Marines, sur la frontière de l’Oise, il n’y a que 198 mètres de montée : trop peu pour qu’il règne plus d’un climat sur ce territoire éocène, miocène et crayeux, où l’on distingue cependant plusieurs régions naturelles : tout d’abord le Val de Seine ; puis, au nord du fleuve, le Vexin Français, plateau qui va s’unir au Vexin Normand ; le Hurepoix, pays de forêts et d’étangs entre Mantes et Rambouillet ; la Beauce et le Gâtinais, au sud-ouest et au sud du territoire ; la Brie sur la lisière de l’est. La Seine boit toutes ses eaux.

Formé de pays relevant de l’Île-de-France (Hurepoix, Mantais, Vexin Français, etc.), ce département contient 6 arrondissements, 36 cantons, 686 communes.

Il a pour chef-lieu Versailles (49 800 hab.) ; pour sous-préfectures Corbeil (6 400), Étampes (7 800), Mantes (5 600), Pontoise (6 400) et Rambouillet (4 750). Saint-Germain en Laye a 17 200 âmes, et dans la banlieue de Paris, Meudon, Sèvres et Saint-Cloud font en réalité une ville de 18 000 personnes.

La Seine à Saint-Germain.


La Seine-Inférieure s’appelle ainsi de la basse Seine, qui s’y perd dans la Manche entre le Havre et Honfleur, après avoir baigné Rouen. Un nom court, de tout point excellent, Caux-et-Bray, aurait pu rappeler en trois syllabes les deux plateaux, Pays de Caux et Pays de Bray, qui forment presque tout le territoire. Un autre nom parfait, c’était département des Falaises, d’après son magnifique escarpement littoral. Ce département maritime a son chef-lieu, Rouen, au nord-ouest de Paris, à 136 kilomètres par chemin de fer, à 112 seulement à vol d’oiseau.

Il y a 798 000 hommes sur ses 604 000 hectares : soit un peu plus de 132 personnes par 100 hectares, bien près du double de la moyenne de la France. Depuis 1801, la Seine-Inférieure a gagné 188 000 âmes, croît qui tient surtout aux industries de Rouen.

Du seuil de la Manche à sa cime la plus élevée, colline de 246 mètres entre Neufchâtel et le val de Bresle, près de la frontière de l’Oise, la différence de niveau n’est pas capable d’influer beaucoup sur le climat et les plantes de ce territoire où règnent la craie et les terrains miocène et pliocène. Les ruisseaux suivent deux pentes : ceux du midi vont à la Seine, ceux du nord à la Manche par des fleuves côtiers, tels que la Bresle et l’Arques.

Formée de divers pays de l’ancienne Normandie, Vexin Normand, Pays de Caux, Pays de Bray, Roumois, la Seine-Inférieure se divise en 5 arrondissements, 51 cantons, 759 communes.

Elle a pour chef-lieu Rouen (104 900 hab.) ; pour sous-préfectures Dieppe (20 500), le Havre (92 100), Neufchâtel-en-Bray (3 700) et Yvetot (8 400). Bolbec, lieu de fabriques, a 11 100 âmes ; Sotteville, simple faubourg de Rouen, comme plusieurs autres cités qui augmenteraient notablement la population réelle de la métropole normande, 11 800 ; Fécamp, grand port de pêche, 12 700 ; Elbeuf, ville industrielle, 22 200, et 33 500 avec Caudebec-lès-Elbeuf.

Le Havre.


Le département des Deux-Sèvres s’appelle ainsi de deux rivières également nommées Sèvre : l’une d’elles, la Sèvre Niortaise, baigne Saint-Maixent et Niort ; l’autre, la Sèvre Nantaise, est un tributaire de la Loire. Son vrai nom, c’était département de la Gâtine. Il a son chef-lieu, Niort, au sud-ouest de Paris, à 410 kilomètres par chemin de fer, à 350 en ligne droite.

Ses 600 000 hectares entretiennent 337 000 habitants, soit 56 à 57 personnes par 100 hectares : 13 ou 14 de moins que là moyenne de la France. Depuis le premier dénombrement du siècle, il s’est accru de 95 000 âmes.

Le lieu le plus bas des Deux-Sèvres, l’endroit où la Sèvre Niortaise le quitte, n’est qu’à 3 mètres au-dessus des mers. De cet endroit à la cime du terrier de Saint-Martin-du-Fouilloux (272 mètres), au sud-est de Parthenay, l’on ne monte que de 269 mètres, ce qui ne saurait suffire pour étager des climats ; mais la nature du sol distingue nettement trois régions naturelles : la Gâtine, contrée de granits, de gneiss, de quartz, de schistes, terre fraîche, humide, boisée ; la Plaine, lias et calcaires, campagne sèche et nue ; le Marais, terres noyées, sur la Sèvre Niortaise en aval de Niort ; ces deux derniers pays ne font guère que le tiers du territoire, les deux autres tiers étant à la Gâtine. La moitié des ruisseaux prend le chemin de la Loire, l’autre moitié court vers la Sèvre-Niortaise, fleuve côtier, ou vers la Charente.

Fait de démembrements de trois provinces, Poitou, Aunis, Saintonge, ce département contient 4 arrondissements, 34 cantons, 356 communes.

Il a pour chef-lieu Niort (20 900 hab) ; pour sous-préfectures Bressuire (3 500), Melle (2 500), Parthenay (5 100).


La Somme tire son nom du petit fleuve qui y baigne Péronne, Amiens, Abbeville, et s’y perd dans la Manche. Elle a son chef-lieu, Amiens, au nord de Paris, à 133 kilomètres par chemin de fer, à moins de 120 en ligne directe.

Son territoire de 616 000 hectares nourrit 557 000 habitants, ou 90 à 91 personnes par 100 hectares : soit 20 à 21 de plus que la moyenne de la France. Depuis 1801, la Somme a gagné 98 000 âmes.

De la Manche, niveau des mers, au sommet de la colline qui domine la Bresle à l’ouest du Hornois, près de la frontière de la Seine-Inférieure, on ne monte que de 210 mètres. Aussi n’y at-il qu’un seul et même climat dans ce pays, qui relève de la craie supérieure et de divers terrains tertiaires. Ses eaux vont à quatre fleuves côtiers, qui sont, du nord au sud, l’Authie, la Maye, la Somme et la Bresle.

Faite d’un mince lambeau de l’Artois et de divers pays picards (Amiénois, Marquenterre, Ponthieu, Santerre, Vermandois, Vimeu), la Somme se partage en 5 arrondissements, 41 cantons, 835 communes.

Elle a pour chef-lieu Amiens (66 900 hab.) ; pour sous-préfectures Abbeville (19 400), Doullens (4 800), Montdidier (4 400) et Péronne (4 400).


Le Tarn s’appelle ainsi de la sinueuse rivière qui le traverse de l’est à l’ouest, par Albi et Gaillac. Agout-et-Tarn eût été plus complet, l’Agout, beau cours d’eau qui passe à Castres, méritant de désigner un de nos 87 territoires. Un autre nom, c’était département de la Montagne-Noire, d’après la chaîne qui domine Mazamet, chaîne d’ailleurs presque extérieure et qui n’appartient pas seulement au Tarn, mais aussi à l’Aude, et quelque peu à l’Hérault. Le Tarn a son chef-lieu, Albi, au sud de Paris, à 778 kilomètres par chemin de fer, à 650 à vol d’oiseau.

Il y a 359 000 personnes sur ses 574 000 hectares, ou près de 63 habitants par 100 hectares : 7 de moins que la moyenne de la France. L’accroissement est de 88 000 âmes depuis 1861.

Si l’endroit où le Tarn sort du département n’est qu’à 88 mètres au-dessus des mers, le roc de Montalet, au sud-est de Lacaune, a 1 266 mètres d’altitude : il s’ensuit qu’il y a sur ce territoire une pente de 1 178 mètres, et, par cela même, divers climats, de celui qui n’a que peu ou pas d’hiver à celui dont la saison mauvaise est longue, froide et neigeuse. Le pays se divise nettement en deux parties : à l’est et au sud la Montagne, Cévennes, Montagne-Noire, Sidobre, etc. ; à l’ouest la Plaine et le Coteau. Dans la Montagne, à l’est de Castres et d’Albi, règnent le gneiss, le micaschiste, le schiste ; dans la Plaine et le Coteau règnent la craie inférieure et l’étage miocène du terrain tertiaire. Sauf quelques torrents de la Montagne Noire qui se dirigent vers l’Aude, toute la contrée épanche ses ruisseaux vers la Garonne, branche mère de la Gironde.

Formé de trois évêchés du Languedoc, le Tarn a 4 arrondissements, 35 cantons, 318 communes.

Il a pour chef-lieu Albi (19 200 hab.) ; pour ville majeure Castres (25 900) ; pour sous-préfectures Castres, Gaillac (8 100) et Lavaur (7 600). Mazamet, ville de fabriques, a 14 200 âmes.


Le Tarn-et-Garonne tire son nom du Tarn, qui baigne Montauban et Moissac, et de la Garonne, qui passe près de Castel-Sarrasin. Il a son chef-lieu, Montauban, au sud-sud-ouest de Paris, à 721 kilomètres par chemin de fer, à moins de 650 à vol d’oiseau.

Malgré la fertilité du sol, la salubrité de la plaine et du coteau, l’agrément du climat, ses 372 000 hectares n’entretiennent que 221 000 habitants, soit à peine 60 personnes par 100 hectares : 10 au-dessous de la moyenne de la France. Les familles y sont intentionnellement stériles. Depuis le recensement de 1821 — le département n’existait pas en 1801 — il a perdu 17 000 âmes.

Un seul climat domine sur ce territoire qui n’a que 448 mètres de pente, d’une colline de 498 mètres sise à la frontière de l’Aveyron, à l’est de Caylus, jusqu’au lieu où la Garonne sort du département par 50 mètres. Tout le sol, lias, oolithe, terrain miocène, alluvions profondes, envoie ses eaux à la Garonne ou Gironde.

Fait, en 1808, de morceaux du Lot, du Lot-et-Garonne, du Gers et de la Haute-Garonne, il a un lambeau de son territoire dans l’ancien Languedoc, un plus grand dans la Gascogne (Lomagne, Armagnac), un plus grand encore dans la Guyenne (Agénais, Querey, Rouergue). Il comprend 3 arrondissements, 24 cantons, 194 communes.

Il a pour chef-lieu Montauban (27 000 hab.) ; pour sous-préfectures Castel-Sarrasin (6 900) et Moissac (9 100).


Le Var s’appelle ainsi du torrent qui le séparait autrefois de l’Italie. Depuis l’annexion du comté de Nice et la réunion de l’arrondissement de Grasse aux Alpes-Maritimes, le torrent ne lui appartient plus, mais le nom lui est resté. Le jour où l’on réparera cette erreur, on pourra l’appeler département de la Méditerranée, d’après sa mer superbe ; ou, d’après ses belles montagnes, Estérel-et-Maures ; ou, d’après son charmant fleuve, département de l’Argens. Il a son chef-lieu, Draguignan, au sud-est de Paris, à 930 kilomètres par chemin de fer, à 660 seulement en ligne droite.

Sur ses 603 000 hectares habitent 296 000 personnes, soit 49 par 100 hectares : 21 de moins que la moyenne de la France. Son gain, depuis 1801, est de 77 000 âmes.

La cime la plus haute, la montagne de Lachen, au nord de Fayence, à la frontière des Alpes-Maritimes, domine la Méditerranée de 1715 mètres. Cette pente donne, suivant les hauteurs, des climats très divers aux bourgs du département, de la zone du palmier à celle où les neiges durent plusieurs mois. D’ailleurs, la variété des sols y est grande, et, par suite, grande est la différence des cultures, des aspects, des plantes : on y trouve des gneiss, des micaschistes, des schistes, des roches volcaniques, du trias, de l’oolithe, des craies, etc. À part les foux ou sources du nord qui vont au Rhône par la Durance, le Var dépêche ses torrents à des fleuves côtiers, tels que le Gapeau, l’Argens et le Siagne.

Tiré de la Provence se divise en 3 arrondissements, 28 cantons, 145 communes.

Il a pour chef-lieu Draguignan (9 200 hab.) ; pour maîtresse ville Toulon (70 500) : pour sous-préfectures Brignoles (5 800) et Toulon. La Seyne, succursale de Toulon, a 10 700 âmes ; Hyères, ville d’hiver, en a 12 300.


Le département de Vaucluse s’appelle ainsi de sa fontaine, source magnifique de la Sorgues : c’est un excellent nom. On eût pu l’appeler aussi bien département du Ventoux, de sa célèbre montagne ; Ventoux-et-Lubéron, de ses deux chaînes extrêmes ; Rhône-et-Durance, de son fleuve et de son grand torrent. Il a son chef-lieu, Avignon, au sud-sud-est de Paris, à 742 kilomètres par chemin de fer, à 560 à vol d’oiseau.

Il y a 256 000 habitants sur les 355 000 hectares de ce département, l’un des plus riches de France avant que la garance fût détrônée par les couleurs tirées de la houille et que le phylloxéra détruisit ses vignobles. Cela fait 72 personnes sur 100 hectares : un peu plus que la moyenne de la France. Depuis 1801 il a gagné 65 000 âmes ; depuis 1872 il a perdu près de 8 000 hommes, dont un grand nombre partis pour l’Algérie.

Le confluent du Rhône et de la Durance, point infime du département, étant à 8 ou 10 mètres au-dessus des mers, et le mont Ventoux, point supérieur, montant à 1912 mètres, le Vaucluse a divers climats, de celui de l’olivier à celui des neiges de longue durée. Le sol appartient à la craie, au grès vert et à l’étage miocène du terrain tertiaire. Toutes les eaux vont directement ou indirectement au Rhône.

Formé du Comtat Venaissin, d’une partie de la Provence et de la principauté d’Orange, ce département comprend 4 arrondissements, 22 cantons, 150 communes.

Il a pour chef-lieu Avignon (38 000 hab.) ; pour sous-préfectures Apt (5 700), Carpentras (10 500) et Orange (10 200).


La Vendée tire son nom d’une rivière de très peu d’abondance qui y traverse Fontenay, dans sa route vers la Sèvre Niortaise : on eût pu l’appeler département du Lay, de son fleuve central ; département de Bocage-et-Marais de ses deux natures de pays ; département des Dunes, les mamelons de sable occupant presque tout son rivage. — Pays maritime de la région de l’ouest, il a son chef-lieu, la Roche-sur-Yon, au sud-ouest de Paris, à 448 kilomètres par chemin de fer, à 360 seulement à vol d’oiseau.

Sur un territoire de 670 000 hectares, il porte 412 000 habitants, soit 61 à 62 personnes par 100 hectares : 8 à 9 au-dessous de la moyenne de la France. Depuis 1801 il a gagné 169 000 âmes.

Sa cime la plus haute, à quatre kilomètres à l’ouest de Pouzauges, ayant 288 mètres seulement au-dessus de l’Atlantique, la Vendée ne peut avoir qu’un seul climat, qui est le tempéré ; mais la nature et le relief du sol partagent le pays en trois régions : le Bocage, plus grand que les deux autres régions ensemble, gneiss, micaschistes, granits, croupes et plateaux boisés ; la Plaine (vers Fontenay), lias et calcaire, campagne nue ; le Marais (vers Luçon et aussi vers Beauvoir), alluvions plus ou moins desséchées par d’innombrables canaux. Les ruisseaux de la moindre partie du territoire vont à la Loire par la Sèvre Nantaise et la Boulogne ; ceux qui ne gagnent pas la rivière de Nantes se partagent entre des fleuves côtiers, Vie, Lay, Sèvre Niortaise, etc.

Démembrement du Poitou, la Vendée se divise en 3 arrondissements, en 30 cantons, en 299 communes.

Elle a pour chef-lieu la Roche-sur-Yon ou Napoléon-Vendée (9 500 hab.) ; pour sous-préfectures Fontenay-le-Comte (8 500), ancienne capitale, et les Sables-d’Olonne (9 400).


La Vienne s’appelle ainsi de sa grande rivière, qui la traverse du sud au nord et y baigne Châtellerault. Le nom de Vienne-et-Charente eût été plus complet. Elle a son chef-lieu, Poitiers, au sud-ouest de Paris, à 332 kilomètres par chemin de fer, à 295 seulement à vol d’oiseau.

Grand de 697 000 hectares, ce département renferme 331 000 habitants, soit 47 à 48 personnes par 100 hectares : 22 à 23 de moins que la moyenne de la France. Depuis 1801, le gain est de 90 000 âmes.

La Vienne quitte le territoire par 35 mètres, et la colline de Prun, voisine de la Haute-Vienne, au nord-est de l’Île-Jourdain, n’en a pas plus de 233. Cette faible pente ne saurait étager plusieurs climats dans ce pays dont le sud relève de l’oolithe, le nord de la craie et du terrain éocène. Sauf le sud extrême du département, où 20 000 hectares s’écoulent dans la Charente, sauf encore 9 000 hectares pour le bassin de la Sèvre Niortaise, tous les ruisseaux vont à la Loire, par la Vienne, où vont se confondre le Clain et la Creuse, grossie de la Gartempe, et par le Thouet, qui reçoit la Dive du Nord.

Tiré surtout du Poitou, puis de territoires qui appartinrent au Berry ou à la Touraine, la Vienne se partage en 5 arrondissements, 31 cantons, 300 communes.

Elle a pour chef-lieu Poitiers (33 300 habitants} ; pour sous-préfectures Châtellerault (18 100), Civray (2 300), Loudun (4 500) et Montmorillon (5 100).


La Haute-Vienne se nomme ainsi de sa principale rivière, qui la traverse de l’est à l’ouest et y baigne Limoges et Saint-Junien. Vienne-et-Gartempe eût été plus complet. Elle a son chef-lieu, Limoges, au sud-sud-ouest de Paris, à 400 kilomètres par chemin de fer, à 345 seulement à vol d’oiseau.

Il y a 336 000 habitants sur ses 552 000 hectares, soit environ 60 par 100 hectares : 10 de moins que la moyenne de la France. Depuis le premier dénombrement du siècle, elle a gagné 91 000 personnes.

Ce territoire, dont le grand tiers est en prairies et pâtures, se compose de gneiss, de schistes cristallins, de granits ; il a pour lieu le plus bas l’endroit où le quitte la Gartempe (125 mètres) ; et son lieu le plus haut, au sud d’Eymoutiers, sur la frontière de la Corrèze, n’atteint que 778 mètres ; toutefois, grâce à ses roches dures, imperméables, c’est un pays humide, froid, neigeux en temps d’hiver. Au sud, de petites rivières, Boucheuse, Loue, Isle, Dronne, environ 50 000 hectares, appartiennent au bassin de la Gironde par la Dordogne ; au sud-ouest naissent la Charente et ses affluents, le Bandiat et la Tardoire qui, tous trois réunis, n’écoulent pas 30 000 hectares : le reste prend le chemin du fleuve de Loire, auquel reviennent ainsi plus de 470 000 hectares.

Formée d’une partie de l’ancien Limousin, puis de morceaux du Berry, de la Marche et du Poitou, la Haute-Vienne se divise en 4 arrondissements, 27 cantons 203 communes.

Elle a pour chef-lieu Limoges (59 000 hab.) ; pour sous-préfectures Bellac (4 000), Rochechouart (4 100) et Saint-Yrieix-la-Perche (7 400).

Limoges.


Le département des Vosges tire son nom de la chaîne de montagnes qui le séparait du Haut-Rhin, qui le sépare aujourd’hui de l’Alsace-Lorraine, province de l’Empire évangélique. Il a son chef-lieu, Épinal, à l’est-sud-est de Paris, à 427 kilomètres par chemin de fer, à 310 seulement en ligne droite.

Sur les 586 000 hectares qui lui restent depuis 1870, — l’ « année terrible » lui a pris 21 500 hectares, passés à l’Allemagne — le département des Vosges nourrit 407 000 habitants, soit 69 à 70 personnes par 100 hectares : c’est la moyenne de la France. Malgré cette perte de 21 500 hectares, il a 98 000 âmes de plus qu’en 1801 : depuis 1871, c’est un des lieux d’élection de l’immigration alsacienne-lorraine.

De l’air tempéré des vallées profondes au dur et neigeux hiver des plateaux et des dômes, il y a plusieurs degrés dans le climat des Vosges, et cela grâce à une pente de plus de 1 100 mètres : l’endroit où la Saône quitte ce département boisé n’est qu’à 250 mètres au-dessus des mers, et le Haut d’Honeck, à la frontière de l’Alsace-Lorraine, s’élève à 1 366 mètres. La Montagne appartient aux gneiss, aux granits, aux grès rouges, aux grès des Vosges ; la Colline se divise entre le trias, le lias et l’oolithe. Dans le sud-ouest du pays, les eaux vont au Rhône par la Saône ; la pointe occidentale du pays de Neufchâteau (quelques communes seulement) envoie ses sources à l’Ornain, sous-affluent de la Seine ; mais c’est le Rhin qui reçoit le grand tribut de la contrée, par la Moselle et par la Meuse : de lui relèvent environ 490 000 hectares, du Rhône 90 000, de la Seine 6 000 à 7 000 seulement.

Tiré de la Lorraine, à l’aide de petits territoires qui appartenaient à la Franche-Comté et à la Champagne, il se partage en 5 arrondissements, 29 cantons, 531 communes.

Il a pour chef-lieu Épinal (14 900 hab.) ; pour sous-préfectures Mirecourt (5 300), Neufchâteau (5 900), Remiremont (7 900) et Saint-Dié (14 500).


L’Yonne s’appelle ainsi de sa principale rivière, qui le traverse du sud-sud-est au nord-nord-ouest par Auxerre, Joigny et Sens. Il a son chef-lieu, Auxerre, à 175 kilomètres au sud-est de Paris par chemin de fer, à moins de 150 à vol d’oiseau.

C’est un pays peu prolifique n’ayant gagné que 38 000 personnes depuis le dénombrement de 1801 ; sur ses 743 000 hectares vivent 359 000 hommes, 48 à 49 par 100 hectares : 21 à 22 au-dessous de la moyenne de la France.

L’Yonne quitte le pays par 55 mètres d’altitude ; et sur la frontière de la Nièvre, au midi de Quarré-les-Tombes, au-dessus des gorges de la Cure, un coteau du Bois de Papeirouse monte à 609 mètres ; cette différence de niveau de 554 mètres ne contribue pas autant que les diverses natures du sol à varier le climat, les plantes, les cultures, les aspects de l’Yonne : gneiss, micaschistes, lias, oolithe, craie inférieure, craie supérieure, terrains miocènes se partagent ce grand département, qu’on peut diviser en trois régions naturelles : le Morvan, élevé, froid, humide, pays de : bois et de pâtures (c’est le sud-est du territoire, la contrée d’Avallon) ; la Puisaye, à l’angle sud-ouest, région de forêts et d’étangs ; partout ailleurs le Vignoble ou, si l’on veut, la Colline qui, elle non plus, ne manque pas de forêts. Sauf deux ou trois ruisseaux du bassin de la Loire, dans la Puisaye, au sud de Saint-Sauveur et de Saint-Fargeau, tous les cours d’eau s’inclinent vers la Seine.

Tirée de la Bourgogne propre et de l’Auxerrois (Bourgogne), de la Champagne propre et du Sénonais (Champagne), du Gâtinais d’Orléans (Orléanais), l’Yonne se divise en 5 arrondissements, 81 cantons, 485 communes.

Elle a pour chef-lieu Auxerre (16 200 hab.) ; pour sous-préfectures, Avallon (5 900), Joigny (6 300), Sens (12 300) et Tonnerre (5 500).

Auxerre.


Le Territoire de Belfort, qui semble la pierre d’attente d’un futur département, est un faible débris de ce qui fut le Haut-Rhin : il représente à peu près la partie française de ce ci-devant Haut-Rhin, par opposition à celle où l’allemand était la langue la plus répandue.

Grand de 61 000 hectares, il renferme 68 600 habitants, soit environ 12 000 de plus qu’en 1872, grâce à l’immigration d’un grand nombre d’Alsaciens. Il nourrit 112 à 113 personnes par 100 hectares : 42 à 43 de plus que la moyenne de la France.

Le lieu le plus haut du pays, c’est le Ballon d’Alsace (1 257 mètres) ; le plus bas, c’est le confluent de la Rivière de Saint-Nicolas ou Bourbeuse avec l’Allaine (330 mètres), soit une différence de niveau de plus de 900 mètres : aussi le climat varie-t-il singulièrement suivant les altitudes, dans cette toute petite contrée aux sols variés : grès vosgiens, lias, oolithe, terrain pliocène. Toutes les eaux vont au Rhône, par l’Allaine, affluent du Doubs, et la Savoureuse, affluent de l’Allaine.

Divisé en 6 cantons et en 406 communes, il a pour chef-lieu Belfort (15 200 hab.).



  1. Canton de Plancoët, arrondissement de Dinan.
  2. Dans l’anse de Bénodet, canton de Pont-l’Abbé, arrondissement de Quimper.
  3. Canton d’Andelot, arrondissement de Chaumont-en-Bassigny.
  4. Canton de la Motte-Chalançon, arrondissement de Die.
  5. Appelées aussi Sologne Bourbonnaise.
  6. 190 kilomètres.
  7. 6 kilomètres à l’endroit le plus resserré.