Fabre dEnvieu - Noms locaux tudesques/Chapitre 10

E. Thorin ; Édouard Privat (p. 287-306).

CHAPITRE X

COUPS D’ŒIL SUR QUELQUES ÉPITHÈTES QUI SERVENT D’ÉLÉMENT
DÉTERMINANT (Bestimmungswort) DANS LES NOMS DE LIEUX.


L’orientation des lieux : points cardinaux (Himmelsgegenden).Ost, Osten, est, Orient (m. h. all. oster, v. norr. austr)[1] : Ostende, extrémité orientale : Ende, fin, bout ; ville qui est à l’ouest de l’Europe ; mais qui est à l’est, relativement à Westende [fin occidentale], située plus à l’ouest et également sur la mer), Ostdorf, Osthaus, Osthausen (jad. Ossinhuns, vg. B.-R.), Ostheim, Osthofen ; Ostendorf ; — Osterburg ; -horn, -kamp (champ), Ostermarsch (Marsch, pays marécageux), Osterwald (nom que l’on a rattaché à la déesse Ostara [P., p. 165] et qui n’offre peut-être qu’une opposition avec un Westerwald (forêt de l’ouest) ; Ostwald (vg. B.-R. qui doit son nom à la fontaine de Saint-Ostwald pour Oswald ; P., p. 465) ; forme hollandaise oost : Oosterhuis (maison de l’est), Oosterwik (village oriental), Osterzeele (manoir oriental) ; — l’empire d’Autriche, das östliche Reich, voy. p. 269).

West, ouest, couchant[2], Westheim, Westhofen, Westmünster ; — -dorf, -feld, -holz, -rieder, -see ; — Westerburg, -dorf, -hard, -haus, -horn, -marsch, -hausen, -heim, -kotten, -loo, -mühlen, -wald, Wester-Zelle ; — Westphalie (plaine occidentale, p.  190) ; — le Far West (l’ouest éloigné : angl. far, éloigné).

On trouve aussi cette racine dans les noms de Wesen-Ufer (petite ville située à l’ouest de l’Inn, en face de Passau qui est situé au sud-est : Ufer, rivage), de Wesen (ville située sur la rive occcidentale du Wallenstädter See), et le nom du Weser (jad. Wisahara = fleuve occidental, par rapport aux tribus celto-cimbriques qui venaient des bords de la mer Noire et aux hordes tudesques dont le centre d’émigration était au-delà du Caucase. Voyez plutôt, au sujet de ce fleuve, l’App. T).

Süd, sud, midi (holl. zuid, angl. south) ; süder, méridional. Ce mot dériverait de l’ancienne forme sundar (nach der Sonne hin). Le vieux h. all. sund paraît être en rapport avec Sonne (soleil) et indiquerait le sunny south (le sud ensoleillé) des Anglais[3] : Südgau (partie de l’Alsace nommée jadis Sundgau, expression qui ne doit pas se rattacher à gesund = angl. sound, sain ; — district sain ; mais district du sud), Südheim, -hausen, -holz, -Kirchen ; — Südenburg, Südendorf ; — Süderland, etc. ; — Sudètes (monts).

Le nom de Sondershausen, localité située au sud d’une ville nommée Nordhausen, paraît dériver du vieux sundar et signifier non pas « aux maisons séparées, » mais « aux maisons du sud. » Comme le mot sundar avait vieilli, on a pris ce mot pour un équivalent de sonder (jad. séparé, auj. sans ; cfr. sonderbar, séparable ; singulier, étrange ; sondern, séparer ; besonder, séparé).

Holland. zuid (sud) : Zuyderzee (mer du sud : zuider du sud ; zee = See, mer), Zutphen (jad. Zutfania et Sudven [tourbière ou marécage du sud : veen, = tourbière]).

Nord, Norden, nord[4] : Noricum, Norici ; — Nordburg, Norddorf, -eck, Norden (= Nordheim), Nordenberg, Norderau, Nordgau, Nordhausen, Nordheim (vg. du B.-R. situé au Nord par rapport au palais mérovingien de Kirchheim), Nordhof, Nordholz, Nordkirchen, Nordstedt, Nordstrand (Strand, rivage), Nordweil, Norderwick ; — Nördlingen, etc. ; — Noordschote (place de défense du nord), etc.

Norwège, en suédois et en danois Norrige, Norge, et Norrike on Norryke. Ce dernier nom peut signifier le royaume du Nord (Nord — Reich)[5]. Les formes allemande et anglaise : Norwegen et Norway paraissent avoir le sens de « chemin » du Nord, Weg des Nordens, (Weg, voie, chemin ; angl. way). Mais la Norvège s’est nommée aussi jadis Norwaege, et il est plus vraisemblable que weg est ici une forme viciée de Woge, vague (besonders die grosse Welle), lame, flot. (suéd. våg, holl. waeg ; cfr. Wag, Woog, haute marée, flux). Le nom de Norwège signifie donc la contrée qui est au nord et qui est baiguée par la mer. En effet, cette contrée est entourée par la mer septentrionale, et cette dénomination la distingue du Westerweg (mer occidentale que nous appelons mer du Nord) et de l’Austürweg ou Ostsee (mer de l’Est) ou mer Baltique. Les anciens connaissaient la Norwège sous le nom de Nerigon (Pline, lib. IV, c. 16).

De la situation élevée ou basse. — Un autre caractère distinctif de quelques noms de lieux est tiré des mots Ober et Unter — ou Nieder — (en franç. le haut et le bas) : on se sert aussi des adverbes oben (en haut), unten (en bas). Dans l’Allemagne méridionale, surtout en Autriche, on emploie, avec la même signification, ob et nid.

Ober, supérieur, élevé (voy. aussi hoch, Hoh. ; — en opposition avec unter et avec nieder) : Ober-Acker, Ober-Aeschenbach, Ober-Altenheim, Oberbaum, Oberbergstrass, Oberdorf, Oberfeld, Obergrund, Oberhammerstein, Oberhaus, Oberkirch, Obermühl, Obermünster, Oberseebach (ou Seebach-le-haut ; vg. du B.-R.), Oberstein, Oberwald, Oberweiler, Ober-Wesel (Vesalia superior), Ober-Westerheim, Oberzell, etc. En Suisse : Oberalp (opposé à Unteralp), Oberalpsee, Oberalppass (du lat. passus, passage de montagne, gorge, col), Oberalpstock, Oberbrunnen ; — Oberland (dans le Wurtemberg, entre la Rauhe Alp et le Bodensee), l’Oberland bernois, etc. (en opposition avec Unterland) ; Obenberg, Obenbrück, Obenhausen ; — Ob dem Wald (au-dessus du bois), — Oppenheimn (demeure d’en haut)[6]. Les formes up, uf, auf (sur, à, pour) : Upspring, Aufhausen, Aufkirchen.

Über, par-dessus, au-delà, sur (lat. super, grec ὑπέρ ; angl. upper, supérieur, haut, dessus) : Uebersee, Ueberwasser ; — de là le nom d’Ypres (uppre = le [canal] supérieur ; par opposition à une autre partie du canal qui se nomme encore aujourd’hui Nederinge = l’Inférieur).

Unter, au-dessous ; se joint à des noms de lieux par opposition à Ober : Unter-Aeschenbach, Unterberg, Unterburg, Unter-Kirchberg, Unter-Münkheim, Unter-Steinbach, Unter-Westerheim, Unter-Zell, etc. ; — Unterwalden (sous les forêts, au pied des forêts, lat. Subsylvania), canton suisse ; Untersee (lac inférieur), etc.

Nieder, inférieur, situé au-dessous (angl. netter ; holl. neer) : Niederau, Niederbaum, Nieder-Bergstrasse ; etc. Niederbronn (v. du B.-R. qui possède des eaux minérales), Niederbruck (vg. du H.-R.), Niederhausbergen (vg. du B.-R.), Niederbergheim (vg. du H.-R.), Nieder-Steinbach (vg. du B.-R.), Niedersteinbrunn (= Steinbrunn-le-Bas), etc. ; Neerlanden pour die Niederlande (les Pays-Bas) ; la province de Néricie (= pays-bas), en Suède, par opposition à l’Upland (= Haut Pays). En Suisse, nid est une abréviation de Nieder : Nid-dem-Wald, partie du canton d’Underwalden qui est au-dessous du bois ;

Division des noms de lieux exprimée par les mots hinter (en plattdeutsch, achter), postérieur, qui est en arrière, et par vor, devant (holl. voor) ou vorder, antérieur, de devant : Hinterbrühl, Hintereisferner (Eis, glace ; ferner, ultérieur), Hinterhausen, -holzen, -mühle, -see ; — Hinderburg, Hinderwald ; — Hindeburg, Hindenburg, Hindfeld ; — Achterwasser ;

Vorarlberg, Vorau, Vorbach, Vorbach-zimmern, Vorburg, Vorbrück, Vorwald, Vorneck, Vorort (dans le faubourg de Hanovre) ; — Forheim, Voorburg (jad. Foreburg, près de Leyde) peuvent, comme Forbach et Forchheim, se rattacher à l’ancien foraha ou Fohre (pin) ; — Vorderbrühl, Vorder-Hornbach, Vorderjoch, Vordernberg, Vorder-Schwangau, etc. ; — Furnes ou Veurne (de voorne ou veurne, avant), était un avant-poste contre les Normands.

Quelques noms offrent l’idée de milieu (die Mitte, milieu, centre ; mittel, qui est situé au milieu, qui occupe le milieu) et indiquent que certaines localités occupent un point central, qu’elles sont situées entre des montagnes, des cours d’eau, ou bien qu’elles sont situées à moitié chemin d’une hauteur. On trouve les formes Mitten, Mitter et, en plattdeutsch, Middel : Mittelbergheim, vg. du B.-R. situé sur une montagne au bas d’une côte et dominé par des montagnes), Mittelhausen (vg. du B.-R.) ; Mittelau, Mittelkirchen, Mittelsee, Mittelstein, Mittelwald ; — Mittenwald, Mitterburg ; — Mittelwalde ; — Middelburg, etc. — Interlaken et Unterseen (unter pour le lat. inter, entre ; inter lacus, entre-lacs), doivent leur nom à leur situation entre les lacs de Brienz et de Thun. Interlachen est formé, par corruption, de inter, forme gauloise de la prép. irl. indir, idir, corn. inter, ynter, dans).

Ant (a quelquefois le sens de contre, en face de ; grec ἀντ͘ί ; cfr. lat. ante) : Antfeld, Antholz ; — Antwerpen.

Une autre opposition est indiquée par les mots fern (adj. lointain ; adv. loin), et nah, nahe (adj. et adv. rapproché, voisin, près ; superl. nächst : Fernst-Neuendorf et Nächstneuendorf ; — Ferndorf, Fern-Wünsdorf ;

Nächst-Wünsdorf, Nahausen, Näher-Memmingen, Nastetten, Natrup. — Quelquefois nah prend l’orthographe nau, surtout en Saxe : Nauendorf, Nauenheim, Nauheim, Naumburg, Naundorf, Naunhain, Naunhof, Nauroth. Dans les contrées conquises sur les Slaves, nau est quelquefois pour novo (nouveau) : Naugard pour Neuenburg.

De quelques autres prépositions. — Quelques prépositions sont employées avec l’article : Ainsi am, pour an dem ; im, pour in dem ; vorm, pour vor dem ; zur et zum pour zu der, zu dem ; et quelquefois beim, pour bei dem : — An der Matt (à la prairie : prov. Matt = Matte, prairie)[7] ; — Ambach, Amberg, Amdorf, Ampass, Amwalde ; Amberg (an dem Berg), Anemolter (= an dem molter ; — Multhausen : de Molte, goth. mulda, angl. mould = Mull, Müll, terre meuble, lockere Erde) ; — Imberg, Imbroch, Imhorst (in dem Horst), Imrade, Imrück ; — Indemmose (Moos, mousse), In dem Tobel (dans la vallée) ; Jenhorst (de gegen, vers, du côté de ; contre) ; — Il y a un Gaganheim (v. h. all. gagan, contre) ; — Vormbach, Vormberg, Vormbusch, Vormholz, Vormhagen ; — Zembühel (= zu dem Bühel) ; Zembuochen ; Zermatt (zu der) ; — Zumbach, Zumhof, Zumloch, Zumried, Zumroda, zum See ; Zurheide ; Zurlauben (faubourg de Trier ou Trèves), Zurmühle[8] ;

Beimbach, Beienberg, Beimhofen ; — Biedenkopf (= by den Köpfen = bei den Hügeln, auprès des collines), Bidorf.

Une autre opposition très frappante est exprimée par les mots gross (grand) et klein (petit). Deux localités voisines sont souvent, en effet, distinguées par ces deux adjectifs : Grossburg, Gros-Holbach, Gros-Neudorf ; Grossalbershof (Alber, peuplier blanc), Grossaltdorf, Gross-Arl (aigle), Gross-Arlthal, Gros-Anheim, Grossbachthal, Grossglockner, Grosse-Linde (tilleul), Grossenberg ; — Gross- Iena, Gross-Spiegelberg, etc.

Mais l’idée de « grand » était aussi exprimée jadis, chez les Allemands, par les mots magan ou mekin (voy. Macht, P., p. 145), desquels sont provenus, dans quelques noms de lieux, les termes main ou mein : Mainburg, Mainheim ; — Meinhardt (p. 134), Meiningen ; — Main-Bernheim ( = grand Bernheim). Les deux plus grandes îles du groupe Orkney et Shetland se nomment Mainland (grande ou principale terre : angl. main, principal, grand)[9].

Le même radical se présente sous la forme michel = grand : Michelau, Michelbach, Micheldorf, -feld, -rieth, -berg, -stadt et Micheln tout court ; le nom de Mecklenburg (jad. Mikilinborg) paraît se rattacher à cet adjectif. Quelques-unes de ces localités peuvent avoir reçu leur nom de leur patron saint Michael.

Ragin et regin expriment aussi l’idée de « grand » et de « puissant » (v. P., p. 186) et ces mots prennent la forme rein : Reinberg, Reinheim, Reinfels, etc. Toutefois, les localités qui ont des noms commençant par rein et qui sont d’ailleurs situées auprès du Rhin, doivent ce préfixe au nom même du fleuve : Reinbeck, Reinberg, Reindorf, etc. Dans d’autres noms on peut rattacher le rein initial à l’adjectif rein (pur, clair, limpide, net) ou au subst. Rain (limite ; lisière ; pacage).

Klein, petit : Kleinburg, Kleindorf, Kleinglockner, Kleinheubach ; — Klein-Hohenheim, Klein-Iena, Klein-Laufenburg, Klein-München, Kleinsee, Kleinenberg, etc.

Pour désigner l’idée de « petitesse, » on emploie aussi le mot lützel (petit) et, en bas allemand lütken et lütgen[10] : Lützelburg (Luxemburg, v. p. 216), Lützelbuch (Buche, hêtre ; bois de hêtres), Lützeldorf, Lützelstein (la Petite-Pierre), en Alsace ; Lützelwich ; — Lutkenheide, Lutkewierum ; — Lütgendorf, Lütgenhof, Lütgenrode, etc. En Suisse : Lützelau (petite île), île du lac de Zurich, Lützelfluh (petit rocher). Dans les pays slaves, les noms comme Lützen, Lützow, Liessen, etc., se rattachent à lesso (bois de petite taille et situé dans un terrain marécageux ; hallier).

Noms propres exprimant les idées de « longueur, » de « largeur, » d’ « étroitesse, » et de « rétrécissement. »Lang, long, grand, haut : Langen, Langenau, Langenbach, Langenberg, -brück, -dorf, -eck, -feld, -hagen, -hain, -heide, -hof, -holzhausen, -horn, -horst, -scheid, -stein, -thal, -werk, -wiese ; — Lange Reihe (rangée, série ; enfilade), — Langestraten, Langewang, Langfeld, Langheim, etc.

Breit, large : Breite-Busch, Breitenau, Breitenbach, Breitenberg, Breitenburg, -bronn, -eck, -feld, -furt, -holz, -lohe, -reuth, -rode, -see, -stein ; — Breitscheid ; — Breidenbach, -feld, -see, -stein ; — Bredelar ;  ? Breda.

Eng, étroit, resserré : Engen, Engerode, Enghausen, Enghien ; — Engstfeld ; les Enge-Gebirge (montagnes étroites).

Schmal, étroit : Schmale Aue (riv.), Schmaleck, Schmalenbecke, Schmalenberg, Schmalkalden (sur la Schmalkalde ; kalde, ruisseau, fontaine ; forme de Quelle, source).

Noms de lieux diversifiés par des adjectifs qui désignent les couleurs (Farben). — Quatre couleurs sont surtout indiquées dans les noms de lieux : le vert, le blanc, le rouge et le noir. Le vert est la couleur que revêt la terre en s’alliant au règne végétal. Le blanc indique les idées de clarté (hell, blank, leuchtend), et le noir les idées d’obscurité (dunkel, finster). La couleur rouge des rochers et du terrain, la couleur rougeâtre des eaux ont été quelquefois prises en considération :

Grün, vert : Grünau, Grünberg, Grünebach, Grüneberg, -feld, Grünenbach, Grüne-Plan, Grünewald, Grüne Wiesen, Grünfurth, Grünhagen, Grünhaus, Grünhain, Grünhof, Grüningen, Grünkraut (Kraut, herbe), Grünthal, etc. ; — angl., green : Greenwich ; holl. groen : Groenland (terre verte), Groningue (champ vert), etc.

Weiss, blanc : Weisbach, Weisse-Elster, Weissenau, Weissenbach, -bad, -berg, -born, -burg, -brunn, -dorf, -feld, -fels, -haus, -horn, -kirchberg, -kirchen, -see, -stadt, -stein, -thurn, -warte ; — Weissholz, -kirch ; — Weisweiler ; — Weisshorn est nommé, dans le dialecte du pays, Wysshorn (pic dont la couleur est celle de la neige), mot dont nous avons fait Mont Viso. En plattdeutsch, witten : Witten, Wittenbeck, -berg, -burg, -dorf, -feld, -gau, -hagen, -heim, -stein, -weiler. Mais en certains cas, on s’expose à faire fausse route, car witt est quelquefois pour l’ancien subst. vidu (anglo-sax. vudu, angl. wood, bois) : Wittstock (signifie un défrichement d’un bois)[11], Witlage, Wittelohe, Wittich, Wittmund, Wittingen ; — Wittgendorf, Wittgenstein, etc.

Hell, clair, lumineux : Hellbrunn, Hellefeld, Hellenstein, Hellingen, Hellinghausen, Hellmühl, Hellweg ;

En holl. helder (transparent, propre, serein, éclatant ; — quelquefois, ce mot est employé pour le plattdeustch heller, promontoire ; — helder et polder sont opposés) : Le Helder, ville et péninsule septentrionale de la Hollande.

Pour les noms composés de licht (lumineux, clair, éclairci), voy. p. 182

Blank, blanc, éclatant : Blankenau, -berg, -burg, -fels, -hagen, -heim, -loch, -rode, -see, -stein, -wald.

Klar (lat. clarus), clair, limpide, manifeste : Clarenbeck, -berg, -thal.

Bert (voy. P., p. 166), brillant : Berthendael (= Clairval), Berteveld (= clairchamp), Berthem (= claire habitation).

Heiter, clair, transparent, serein, gai : Heiterried, Heitersheim, Heiterwang ; peut-être aussi Heidelberg, pour Heiterberg.

Blau, bleu : Blau (riv. wegen der blauen Farbe des Wassers so genannt), Blaubauern (doit son nom à la Blau), Blauen, Blauenstein, Blaufelden, Blausee (petit lac du canton de Glaris qui doit son nom à la couleur de ses eaux), Blautopf (Topp, prov. pointe, sommet, cime ; pour Zopf, sommet, cime), etc.

Braun, brun ; Braunau, Brauneck, Braunfels, -hof, -lage, -rode, -weiler ; — Braunsberg, Braunsdorf, etc. Quelquefois, braun est pour le nom personnel Bruno, comme dans Braunschweig.

Le petit lac du Gemmi se nomme Daubensee (non pas parce qu’il serait sourd ou stérile [taub] ou parce qu’il y aurait des pigeons [Tauben], mais à cause de sa couleur brune : du celt. dubh, duv, noir).

Grau, gris : — Grauenstein, Grauerried, Grauhof, Graumühle.

Roth, rouge : — Roth, Rothbach (petite riv. et vg. du B.-R.), Rotheberg, Rothe Hütte, Rothehof, Rothenacker, -berg, -burg, -fels, -haus, -hof, -kirchen, -statt, -stein, -thal ; Roth-Schloss ; — Rothfelden, -gau, -horn, -münster ; — Roth-Schœnberg, Rothwasser, Rothweil. Un Rothenberg (der rothe Berg), qui doit son nom à la couleur rouge du sable cuivreux que l’on y trouve, porta jadis le nom de Würtemberg (v. App. I), qu’il a laissé à un royaume ; — Rothenburg (Rougemont, Rubeus mons, vg. du H.-R.), Rothgraben (Graben, fossé), etc.

Quelquefois, les adjectifs roth, blau, etc., ont trait à des objets coloriés ou peints par l’homme, et se joignent aux mots Haus, Thurm, etc. : Rothkirchen, Rothehütte, Rothemühle, Rothwarte, Rothweil, Rothenthurm (Arx ruber, tour rouge). Nous avons déjà vu que certains noms qui commencent ou qui finissent par roth se rattachent à Reut, lieu défriché ; v. p. 182).

Lauter, clair, pur : Lauter, Lauteraach (benannt nach dem krystallhellen Bach, welcher hier entspringt), vg. près de Bregenz ; — Lauterbad, Lauterberg, -burg, -bronn, -eck, -hofen, Lautern, Lautersberg, Lauterstein, Lauterthal ; — Lauterbrunnen (aux claires fontaines), vallée de l’Oberland bernois. ·

Schwarz, noir : Schwarz, Schwarzau, Schwarzburg, -dorf, — Schwarzenau, -berg, -burg, -feld, -fels, -mühlen, -raben, -stein, -thal, -wang ; Schwarzhausen, -hofen, -wald, -waldau ; — Der Schwarzwald (est formé de forêts de sapins qui ont une couleur sombre, benannt von den dunkeln Tannwäldern, welche ihn bedecken). Schwarzhorn (pic qui contraste avec le Weisshorn, etc.

Cet adjectif désigne aussi des rivières à la couleur sombre : Schwarzach, -bach, Schwarze, Schwarze-Elster ; — Schwarzenbeck, Schwarzenborn ; — Schwarze-See (lac), Schwarze-Wasser, Schwarzwasser. Schwarzenbach (l’épithète indique que le ravin est obscur)[12]. Neiruz et Schwarzwasser, rivières du canton de Fribourg, dont les noms signifient « ruisseau noir, » « eau noire. »

Finster, ténébreux : Finsterbach, -berg, -wald.

Dunkel, sombre : Dunkelhausen, Dunkelsbühl. — De Dungauboden (= sol de la contrée danubienne : Donau, Gau, Boden), les Bavarois ont fait Dunkelboden (qui offrirait le sens de « terre sombre » ), nom qui désigne le pays compris entre Ratisbonne et le confluent de l’Isar.

Nouveau et vieux. — Mentionnons encore deux qualités qui offrent aussi un contraste et qui sont exprimées par les mots neu (nouveau) et alt (vieux).

Neu, nouveau, récent (lat. novus, angl. new, dan. ny). On a compté plus de quatre mille localités dont le nom offre l’adjectif neu : Neubau, -berg, -beuern, -burg (= château neuf), -bronn, -brück, Neudorf (52 fois dans la Prusse seulement). Neudörfchen, Neudörfgen, Neudörfel ; — Neue Brunn, Neue Hütte, Neueland, Neuenburg, -damm, -dorf, -feld, -hagen, -haus, -hain, -hof, -kirchen, -rode, -stadt, -stein, -wald, -weg ; — Neuewerk, Neufeld, -fels, -garten, -gasse, -hagen, -haus, -kirche ; Neumarkt (plus de 30 fois), Neumünster, Neuschloss, Neustadt (= ville neuve, Neapolis)[13].

Alt, vieux, ancien. Ce mot est aussi très répandu ; mais pas autant que le précédent : Altbach, Altburg, Altdorf, Alte Burg, Altehütte, Altenau, Altenberg, Altenburg, Altenbruch, Altendorf, -feld, -fels, -hagen, etc. — Aldenau, Aldendorf, etc.[14]. Dans notre Alsace, Altkirch (vieille église), Altstadt (vetus villa), Altwiller.

Dans l’Allemagne septentrionale, on emploie une forme plattdeutsch olden ou ollen : Oldenburg, Oldendorf, Oldenrode, Oldenstadt : En Hollande et en Belgique, on se sert de la forme oude : Oudenaarde, Oudenburgh, etc.

Altena pourrait être pour Altenau (vieille prairie). Une ancienne seigneurie de ce nom, située sur la rive droite de la Meuse, a pris les formes Autena, Authona, Othenay et, par abréviation, Thenay.

Altona, ville dont le nom vient d’un ruisseau nommé aujourd’hui Altenau, qui la séparait de Hamburg[15].

Firni (jad. vieux ; cfr. firn, adj. de l’année dernière ; fern, éloigné) : Virnenburg, Virngrund.

Le froid et le chaud, le climat. — Kalt, froid : — Kaltbrunn ; Kaltenbach, -brunn, -hof, -nordheim, -thal ; — Caldenbach, Kaldekirchen ; — peut-être aussi Kaltern (Tyrol) ; — Neukalden, Schmalkalden (jad. Smalacalta ; v. p. 298), sur la rivière de ce nom, laquelle reçoit en cet endroit la Stille (calme, tranquille). — Kallenhard (en Westphalie) est pour Kaltenhart.

Warm, chaud : — Warmbronn, -brunn, Warme Bode, Warmenau, -thal ; Warmsdorf, -ried ;

Winter, hiver : — Winterbach, -berg, -sohl (Sohle, Sol, marais) ; Königswinter (p. 285) devrait son nom à la culture de la vigne (Weinbau ; — goth. veinatria = Weinstock, vigne, cep de vigne) ; — cfr. Schneeberg, etc.

Sommer, été : — Sommerauerhof, Sommerfeld, -hausen, -ingen, -land ; Sommersdorf, Sommerstedt.

Herbst, automne : — Herbsthausen ; — Hervest (= Herbst).

Wind, vent : — Windau, Windeck, Windsheim ; — Wintrop (pour Wintdorp).

Luft, air : Luftstein (en Autriche).

Sturm, vent impétueux, tempête : — Sturmfels ; — Stormfels ;

Kühle, fraîcheur, frais ; Kühlenfels, Kühlhorst, Kühlsheim, Kühlstætt.

Nass, humide : Nassau.

Feucht, humide : — Feucht, Feuchting, Feuchtwangen.

Adjectifs qui expriment la beauté, l’agrément, la fertilité, etc.Schön, beau : — Schœnau, Schœnbach, Schœnberg, -born, -burg, -bronn, -brunn (belle source), -buch (forêt), -dorf, -eck, -eiche ; — Schœnebeck, -berg, -feld ; — Schœnenbach, -berg, -walde.

Lieb, agréable, aimable ; — Liebau ; — Liebenau, Liebenberg, -burg, -eck, -feld, -grün, -scheid, -stein, -thal, -walde, -zell ; — Liebsdorf, Liebstadt, Liebthal.

Froh, gai, joyeux : Frohsdorf.

Reich (primit. étendu, grand, puissant), abondant, fertile ; riche ; Reichenau (voy. p. 123), -bach, -berg, -born, -eck, -fels, -hall, -hausen, -hofen, -stein, -walde ; Reichthal, etc.

Geil, exubérant, très gras : Geilenfelde, Geilenkirchen, Geilsdorf.

Schmalz (graisse fondue, beurre) indique un terroir fertile : Schmalzgrub.

Wüst (désert, inculte), voy. p. 204

Rauh, rude, raboteux, hérissé, inculte, stérile : — Raubach ; — Rauenberg, -dal, -stein, -thal ; — Rauhe Alb (= Alp, hauteur), Rauhe Kopf, Rauhe Kulm, — Rauheneck, -stein, -zell ; — Rauherwald ; — Rauthal.

Arg, mauvais, pauvre, triste : Argendorf, -fels, -gau, -hart, -schwang, -thal.

Adjectifs divers.All, tout : Allenbach (rivière de tous), Allendorf, Aller (rivière ; voy. App. T), Allerstaedt, etc. Quelquefois allen est pour alten ( Allendorf, cinq fois dans la Hesse, Allentrop, en Wesphalie), et quelquefois pour Hallen (salines). Allen et ellen peuvent dériver aussi du gothique aljan (force).

Kahl, chauve, dénudé : — Kahlenberg, Kahlwang ; — Kalenberg, Kalefeld, Kalau ; — Kallenberg.

Platt, plat, aplati : Platten, Plattenberg, -burg, -hart.

Krumm, courbe, sinueux : — Krumbach, Krummendorf, -teich, Krumme See (lac), Krumme Wasser (riv.).

Stark, fort, gros : Starkenberg, -burg ; — Starkstadt.

Hart, dur, résistant : — Hartau, Hartburg, -feld, -hausen, -heim, -kirchen, -wald ; — Hartenberg, -fels, -rod, -stein ; — Hardehausen, Hardenberg, Harderode.

Agréments et désagréments.Freude, joie, contentement : Freudenbach, -berg, -eck, -stadt, -steig, -stein, -thal.

Wohl, bien : Wohlau, Wohldorf, Wohlenrode.

Les noms du Paradis et de l’enfer indiquent le contraste qu’offre un pays agréable avec une contrée agreste, sauvage, inculte. Ainsi, dans le Rheinwald, on oppose Paradies à Hölle (enfer). En Suisse le Höllenthal (vallée de l’enfer) est opposé au Himmelreich (royaume du ciel).

Les noms de nombre : — Fünfkirchen, Siebenbürgen, Zweibrücken ; — Hundhoven (pour hundert, cent), etc.

Les sentiments que l’on éprouve ont produit les noms modernes suivants : Gewissensruhe (paix de la conscience : Gewissen, conscience ; Ruhe, tranquillité ; sentiment supérieur à celui qu’exprime le mot Sans-souci), Freudenfeuer (feu de joie), Schöne Aussicht (belle vue, beau point de vue), Gutentag (bon jour ; en polonais Dobrodcyn), etc.

Par contre, certaines localités ont été nommées : In der Noth (dans le besoin, dans la misère), Geschrei (cris, lamentations), Nesselgraben (fossé d’orties), etc.

Des colons allemands ont bâti, en Hongrie ou en Serbie, un village auquel ils ont donné le nom de Trübeswetter (temps nébuleux : trüb, nuageux ; — Wetter, temps, mauvais temps). Arrivés sans doute pendant la mauvaise saison, ces émigrants ont voulu perpétuer le souvenir de leur mécompte.

Du côté de la Baltique, les noms du dernier village prussien et du premier village russe caractérisent très bien le peuple tudesque : le premier se nomme Nimmersatt (jamais rassasié) ; et le second : Immersatt (toujours soûl : satt, rassasié, repu ; cfr. lat. satur ; sat, satis).

Noms de la géographie d’un pays transportés par les émigrants dans d’autres contrées. — Les émigrants aiment à retrouver dans leur nouveau séjour des noms qui rappellent la patrie absente. Ils imposent donc à des lieux, nouveaux pour eux, les noms des lieux où s’est écoulée leur enfance, où ils ont laissé des parents et des amis : La Nouvelle-Orléans (New Orleans), le Maine (France et Etats-Unis), Rochester (Anglet. et Amérique), Carthagène (Espagne et Colombie), etc.

Les colons allemands qui se répandent dans la Crimée ont fondé Neusatz, Friedenthal, Heilbronn, Kronenthal. En Bosnie, une colonie de Hanovriens s’est donné le nom de Windhorst. Des colons Suisses, établis sur les bords de la Wolga, ont fondé Schaffhausen, Basel, Zurich, Luzern, Unterwalden.




  1. Ce mot se rattache au sanscrit us (brûler), usa (le point du jour ; l’aurore), au grec ἠώς, ἀώς l’aurore), et au lat. aurora (pour ausora). Cfr. lat. auster (vent du sud : d’ausere, aurere, urere, brûler) ; l’hébreu esch (feu), et l’all. Eisen (fer), mot qui dérive de eisen, brûler, briller, luire ; comme le latin æs (génit. æris ; airain, cuivre, bronze) dérive de la même racine qui a donné (æsere (brûler), æstas (été) et aurum (or). L’est et le sud avaient jadis un même nom : le pays de l’aurore, le côté du feu, du jour (voy. Onomatologie de la géographie grecque, p. 8).
  2. Le subst. West (couchant, le point de l’horizon où le soleil semble se coucher ; en lat. occidens, occasus ; occido, je tombe ; je me couche) se rattache au v. h. all. wesan, goth. visan (reposer), ves (repos). De sorte que West signifie le repos du soleil, le pays où le soleil se repose. En sanscrit vas signifie « rester, demeurer, » et ensuite « être. » Dans ce cas, West signifie le pays où « séjourne » le soleil. D’un autre côté, vas signifie « couvrir, » et l’ouest était regardé comme le pays des nuages, des brouillards, le pays de la nuit. (Voy. Onomatologie de la géographie grecque, p. 8). Chez les Hindous, Vasati signifie la nuit (c’est-à-dire le temps du repos). Vas (couvrir) a donné les mots sanscrits vastya (enclos), vas-tu (maison), les mots grecs ἄστυ (ville), ἑστία (foyer ; maison, asile, résidence), ἐσθής (habit, vêtement), le latin vestis, vestimentum. La même racine se trouve dans l’anglais : I was (j’étais).
  3. Le mot sud se rattache à zünden, prendre feu, s’enflammer ; mettre en combustion ; allumer, enflammer (latin cendo, incendo) et à sieden, bouillir, bouillonner ; être en ébullition ; faire bouillir (dan. syde, suéd. sioda, angl. to seeth, bouillir). Ceux qui prenaient leur part de la victime dans les sacrifices se nommaient sudnautar = Sudgenossen (compagnons de l’objet cuit, rôti ou bouilli). Le sud est le côté du bouillonnement, de la cuisson, de la chaleur. En sanscr. svid signifie « sueur ; » en v. norois svid, sveid, svidum (je brûle), svidinn (brûlé) ; en suéd. sveda (brûler) ; dan. svie, svedja (dejectis arboribus ignem subjicere, ut in cineribus frumentum seratur) ; en v. h. all. suid (renversement, abatis, destruction) indique l’idée d’abattre et de mettre le feu (voy. p. 184).

    La même racine a donné le lat. sidus (astre, étoile, constellation ; — c.-à-d. [objet] brillant, à l’instar d’un feu qui resplendit et rayonne), le grec σίδηρος (fer) ; le sanscrit svîta (blanc) ; angl. white (= weiss, blanc), slave svent (brillant) ; angl. wheat (froment, blé, grec σῖτος, blé) à cause de sa couleur, comme πῦρ (feu) et πυρός (blé, froment).

    Cfr. arabe sudah (noir) : Soudan ou Beled-es Soudan (pays des noirs). Le nom accadien (touranien) du point cardinal du sud est sidi (= la droite), mot équivalent à l’expression arabe yemin. En effet, le sud est situé à la droite de celui qui se tourne vers l’Orient.

  4. On peut dériver ce mot d’une racine que nous offrent le grec νηρός, ναρός (humide), Nérée (dieu marin), néréide ; grec moderne νερόν (eau), le celtique nor, noor, noer, nar (eau), et le sanscrit nîra (eau). Le subst. Nord indiquerait ainsi les contrées humides et froides des pays septentrionaux : das Nordland serait das feuchte, neblige und kalte Land. Le Nord est, en effet, le pays de l’humidité et des brouillards et par suite de l’obscurité.

    D’un autre côté, dans la mythologie scandinave qui s’est mêlée aux opinions des Celto-Cimbres de la Chersonèse cimbrique, nóri et nörvi exprime le déclin (du jour [le soir] de la vie [la mort]), et Nörvi (crépusculaire) était un lotne (géant), le père de la Nuit, la personnification du Crépuscule du soir. Rattaché à ce radical, le mot nord désignerait le « côté du soir de la nuit, » c’est-à-dire l’Occident et le Nord (voy. Onomatologie de la géographie grecque, p. 8).

    Peut-être aussi pourrions-nous avoir recours au mot Ort, lieu, endroit ; extrémité, fin ; jadis canton (comme dans Vorort, canton suisse qui avait la présidence, canton directeur ; ort était le nom général des cantons) ou au celtique or (bord) qui est apparenté au lat. ora (bord, extrémité, frontière ; rivage). Nos ancêtres qui émigraient de la Crimée vers la Baltique auraient dit qu’ils allaient vers le novo-ort ou le neu-ort. C’est ainsi que nous avons donné à l’Amérique le nom de « Nouveau-Monde. » Ceux qui prenaient la route qui menait aux pays inconnus s’avançaient vers le no-ort et ce mot désigna plus spécialement les sombres régions de l’Europe septentrionale.

  5. On a dit que ce nom indiquant une position relative, ne pouvait être national, puisqu’il était donné par des voisins. Mais on peut répondre qu’un fait semblable se trouve dans le nom d’Österreich et dans beaucoup d’autres noms qui ont trait à l’orientation. Nous laisserons donc à quelques étymologistes le plaisir de recourir à un certain Nor, descendant de Thor, premier roi de Norwège. Nous n’ignorons pas, du reste, qu’il est question, dans la mythologie, d’un dverg (nain, Zwerg) Nori dont le nom signifie « crépusculaire. » Mais on peut aussi très bien comprendre que le nain ait dû son nom au mot nor qui avait pris le sens d’obscurité et de ténèbres.
  6. Ville située sur le Rhin, appelée jadis Uppenheim, mot qui a la même signification (up, en haut), mais qu’on a rattaché au nom propre individuel Hupp, qui signifie « fier ; vivant dans l’abondance. » V. Ubbo, P., p. 204.

    Berg-op-Zoom (élévation au-dessus du bord des marécages : du holl. op, sur, au-dessus de ; zoom, bord, bordure ; rivage ; all. Saum, bord, bordure).

  7. Dans quelques noms, an peut s’interpréter d’après l’analogie de Anhöhe (hauteur, élévation, éminence : an, près de) : Anhalt (acclivis), Anholt (près du bois : Holz), Anrath (près du défrichement).
  8. Dans le Tyrol on trouve le village de Schopernau dont le nom n’est qu’une corruption de z’ obern Au (à la prairie d’en haut).

    C’est d’une façon analogue que s’est probablement formé le nom de Troppau, ville que les Polonais nomment Opawa d’après la rivière Oppa sur les bords de laquelle elle est située. Le gué près duquel s’élevèrent d’abord quelques maisons fut désigné par l’expression Zur Oppa qui devint z’r Oppa et puis Tr-oppa et Troppau.

  9. D’après quelques érudits, on devrait rattacher à cet adjectif le nom du Main (pour Maginaha = grand fleuve), affluent du Rhin. Le nom du Main aurait formé celui de la ville de Mainz (= Mayence). Mais le nom latin Mœnus et celui de Moguntiacum demandent une autre origine (voy. App. T). Du reste, il est vrai que le nom moderne du Main se retrouve dans celui de quelques localités situées sur les bords de ce fleuve ; ainsi : Mainberg, Mainstockheim, etc.
  10. Ces mots dérivent de la racine qui nous a donné les diminutifs let, lette, roitelet, osselet, fillette ; en languedocien âouselet (petit oiseau), ramelet, curbelet, etc. Du primitif let ou lyt proviennent aussi l’anglais little et le hollandais luttel (petit).
  11. Witt est quelquefois pour weit (éloigné) : Weitenau, Weitendorf, Weitingen, Weitsee.
  12. Les localités qui sont près de ces cours d’eau prennent leur nom de celui de ces cours d’eau et elles ne l’empruntent pas à leur propre couleur. Ainsi Schwarzburg est situé près de la Schwarza.
  13. L’adjectif neu prend souvent la forme neun (qui n’a rien à voir avec le nom de nombre neun). On dit Neundorf pour Neuendorf (= Nouveau-village), Neunheim, Neunkirchen (nom qui n’indique pas neuf églises). Le même adjectif s’exprime aussi par nien ; en holl. par nieuw, en scandin. par nye, en suéd. et en dan. par ny : Nienborg, Nienburg, Nienhagen ; — Nieuwenhagen, Nieuwenholen ; Nieuwkerk (= Église neuve), Neindorf, Neinstadt, Nieuwstadt ; — Nyested, Nyland (Nouvelle terre), Nystad (70 fois), etc.
  14. Altenstädt (vg. près de Naumburg) ne signifie pas locus vetus. Cette localité se nommait jadis Alahstadt (du v. h. all. alah, temple). Mais comme on avait perdu le sens du préfixe primitif, on crut qu’il y avait là une prononciation vicieuse ; on réforma le nom et on en fit Altenstädt.
  15. Ce nom est celtique, comme le montre suffisamment le suffixe on (eau). Le nom du cours l’eau était Altona, nom qui, pour être compris, fut changé en Altenau. Pour expliquer le nom d’Altona, on a eu recours à une étymologie enfantine, à une réponse qu’un roi de Danemarck, fondateur de cette ville, aurait faite à des ambassadeurs de Hamburg. Voulant empêcher cette construction qui les offusquait, ces ambassadeurs ne cessaient de répéter dans leur harangue : Sie ist all to na ; ce qui signifie en haut allemand : Sie ist gar zu nahe. Le roi aurait répondu qu’il ne pouvait pas s’empêcher de construire cette ville ; et que tout ce qu’il pouvait faire, pour leur être agréable, était de la nommer Altona.