Fables nouvelles/Préface

PRÉFACE.


LA FAUVETTE
ET
LA BANDE D’ÉTOURNEAUX.

Sur le ton de l’allégorie
Une Fauvette un jour chantait.
Simple et sans nulle afféterie,
Sur les sots et les fous son humeur s’exerçait :
C’est rire de chacun, et pourtant de personne ;
La volatile était si bonne
Que sa voix s’égayait sur ses propres défauts.
Son chant déplut à quelques Étourneaux :
– Entendez-vous la pédagogue,
Criaient les plus vains des oiseaux,
Qui nous siffle dans l’apologue ?
Croit-elle avec ses chiens, ses chats et ses oisons,
Nous cacher le dessein d’une amère satire ?

De nous a-t-elle droit de rire ?
Devons-nous souffrir ses chansons ?
Grand débat sur ces questions.
Et pourquoi pas, dit-on, si la nature
Lui départit quelque filet de voix ?
Instruire, ou se permettre une sage censure
Est-ce un mal ? C’est un bien, je crois.
Puis, le prend-elle en style académique ?
À Philomèle elle céda toujours ;
Laissons la chanter les beaux jours,
Même pardonnons-lui quelques traits de critique ;
Ou, pour nous en venger, croyez-moi, chantons mieux :
C’est ainsi que devraient faire les envieux.
Dès-lors de la Fauvette on souffrit la musique.