Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Les Voyageurs et le Platane (bilingue)

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LES VOYAGEURS ET LE PLATANE


En été, vers l’heure de midi, deux voyageurs, fatigués par l’ardeur du soleil, ayant aperçu un platane, se réfugièrent sous ses branches et, s’étendant à son ombre, se reposèrent. Or, ayant levé les yeux vers le platane, ils se dirent l’un à l’autre : « Voilà un arbre qui est stérile et inutile à l’homme. » Le platane prenant la parole : « Ingrats, dit-il, au moment même où vous jouissez de ma bienfaisance, vous me traitez d’inutile et de stérile. »

Il en est ainsi chez les hommes : certains sont si malchanceux que, même en obligeant leurs voisins, ils ne peuvent faire croire à leur bienfaisance.

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Ὁδοιπόροι καὶ πλάτανος.

Ὁδοιπόροι θέρους ὥρᾳ περὶ μεσημβρίαν ὑπὸ καύματος τρυχόμενοι, ὡς ἐθεάσαντο πλάτανον, ὑπὸ ταύτην καταντήσαντες καὶ ἐν τῇ σκιᾷ κατακλιθέντες ἀνεπαύοντο. Ἀναβλέψαντες δὲ εἰς τὴν πλάτανον ἔλεγον πρὸς ἀλλήλους ὡς ἀνωφελές ἐστιν ἀνθρώποις τοῦτο ἄκαρπον τὸ δένδρον. Ἡ δὲ ὑποτυχοῦσα ἔφη· « Ὦ ἀχάριστοι, ἔτι τῆς ἐξ ἐμοῦ εὐεργεσίας ἀπολαύοντες, ἀχρείαν με καὶ ἄκαρπον ἀποκαλεῖτε. »

Οὕτω καὶ τῶν ἀνθρώπων τινὲς ἀτυχεῖς εἰσιν ὡς καὶ εὐεργετοῦντες τοὺς πέλας ἐπὶ τῇ χρηστότητι ἀπιστεῖσθαι.