Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Les Deux Ennemis (bilingue)

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LES DEUX ENNEMIS


Deux hommes qui se haïssaient naviguaient sur le même vaisseau ; l’un s’était posté à la poupe et l’autre à la proue. Une tempête étant survenue et le vaisseau étant sur le point de couler, l’homme qui était à la poupe demanda au pilote quelle partie du navire devait sombrer la première, « La proue, » dit le pilote. « Alors, reprit l’homme, la mort n’a rien de triste pour moi, si je dois voir mon ennemi mourir avant moi. »

Cette fable montre que beaucoup de gens ne s’inquiètent aucunement du dommage qui leur arrive, pourvu qu’ils voient leurs ennemis endommagés avant eux.

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Ἐχθροὶ δύο.


Δύο τινὲς ἀλλήλοις ἐχθραίνοντες ἐπὶ τῆς αὐτῆς νεὼς ἔπλεον, ὧν ἅτερος μὲν ἐπὶ τῆς πρύμνης, ἅτερος δὲ ἐπὶ τῆς πρῴρας ἐκάθητο. Χειμῶνος δὲ ἐπιγενομένου καὶ τῆς νεὼς μελλούσης ἤδη καταποντίζεσθαι, ὁ ἐπὶ τῆς πρύμνης τὸν κυβερνήτην ἤρετο πότερον τῶν μερῶν τοῦ πλοίου πρότερον μέλλει καταβαπτίζεσθαι. Τοῦ δὲ τὴν πρῴραν εἰπόντος· « Ἀλλ᾿ ἔμοιγε οὐκ ἔστι λυπηρόν, εἶπεν, ὁ θάνατος, εἴγε ὁρᾶν μέλλω πρὸ ἐμοῦ τὸν ἐχθρὸν ἀποθνῄσκοντα. »

Ὁ μῦθος δηλοῖ ὅτι πολλοὶ τῶν ἀνθρώπων οὐδὲν τῆς ἑαυτῶν βλάβης φροντίζουσιν, ἐὰν τοὺς ἐχθροὺς μόνον ἴδωσι πρὸ αὐτῶν κακουμένους.