Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Trompeur (bilingue)

Pour les autres éditions de ce texte, voir Le Trompeur.

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LE TROMPEUR


Un homme pauvre, étant malade et mal en point, promit aux dieux de leur sacrifier cent bœufs, s’ils le sauvaient de la mort. Les dieux, voulant le mettre à l’épreuve, lui firent très vite recouvrer la santé, et il se leva de son lit. Mais, comme il n’avait pas de vrais bœufs, il en modela cent avec du suif, et les consuma sur un autel, en disant : « Recevez mon vœu, ô dieux. » Mais les dieux, voulant le mystifier à leur tour, lui envoyèrent un songe, et l’engagèrent à se rendre sur le rivage : il y trouverait mille drachmes attiques. Ne se tenant plus de joie, il courut à la grève, où il tomba sur des pirates, qui l’emmenèrent, et, vendu par eux, il trouva ainsi mille drachmes.

Cette fable s’applique bien au menteur.

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Ἀνὴρ φέναξ.


Ἀνὴρ πένης νοσῶν καὶ κακῶς διακείμενος ηὔξατο τοῖς θεοῖς ἑκατὸν βόας τελέσειν, εἰ περισώσειαν αὐτόν. Οἱ δὲ ἀπόπειραν αὑτοῦ ποιήσασθαι βουλόμενοι ῥαΐσαι τάχιστα αὐτὸν παρεσκεύασαν. Κἀκεῖνος ἐξαναστάς, ἐπειδὴ ἀληθινῶν βοῶν ἠπόρει, στεατίνους ἑκατὸν πλάσας ἐπί τινος βωμοῦ κατέκαυσεν εἰπών· « Ἀπέχετε τὴν εὐχήν, ὦ δαίμονες. » Οἱ δε θεοὶ βουλόμενοι αὐτὸν ἐν μέρει ἀντιβουκολῆσαι ὄναρ αὐτῷ ἔπεμψαν, παραινοῦντες ἐλθεῖν εἰς τὸν αἰγιαλόν· ἐκεῖ γὰρ αὑτὸν εὑρήσειν ἀττικὰς χιλίας. Καὶ ὃς περιχαρὴς γενόμενος δρομαῖος ἧκεν ἐπὶ τὴν ἠιόνα. Ἔνθα δὴ λῃσταῖς περιπεσὼν ἀπήχθη, καὶ ὑπ᾿ αὐτῶν πωλούμενος εὗρε δράχμας χιλίας.

Ὁ λόγος εὔκαιρος πρὸς ἄνδρα ψευδολόγον.