Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Cavalier chauve

Pour les autres éditions de ce texte, voir Le Cavalier chauve.

Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 148r-149r).
343


LE CAVALIER CHAUVE


Un homme chauve qui portait perruque cheminait à cheval. Le vent, s’étant mis à souffler, lui enleva ses faux cheveux, et les témoins de sa mésaventure se mirent à rire aux éclats. Alors le cavalier, arrêtant son cheval, dit : « Qu’y a-t-il d’étrange à ce que des cheveux qui ne sont pas les miens me quittent, eux qui ont abandonné même leur vrai propriétaire, avec qui la nature les a fait naître ? »

Il ne faut pas nous affliger des accidents qui nous surviennent : ce qu’on ne tient pas de sa nature dès sa naissance, on ne saurait le garder : nus nous sommes venus, nus nous partirons.