Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/La Mule (bilingue)

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LA MULE


Une mule engraissée d’orge se mit à gambader, se disant à elle-même : « J’ai pour père un cheval rapide à la course, et moi je lui ressemble de tout point. » Mais un jour l’occasion vint où la mule se vit forcée de courir. La course terminée, elle se renfrogna et se souvint soudain de son père l’âne.

Cette fable montre que, même si les circonstances mettent un homme en vue, il ne doit pas oublier son origine ; car cette vie n’est qu’incertitude.

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Ἡμίονος.


Ἡμίονός τις ἐκ κριθῆς παχυνθεῖσα ἀνεσκίρτησε καθ᾿ ἑαυτὴν βοῶσα· « Πατήρ μού ἐστιν ἵππος ὁ ταχυδρόμος, κἀγὼ δὲ αὐτῷ ὅλη ἀφωμοιώθην. » Καὶ δὴ ἐν μιᾷ ἀνάγκης ἐπελθούσης, ἠναγκάζετο ἡ ἡμίονος τρέχειν. Ὡς δὲ τοῦ δρόμου ἐπέπαυτο, σκυθρωπάζουσα πατρὸς τοῦ ὄνου εὐθὺς ἀνεμνήσθη.

Ὁ μῦθος δηλοῖ ὅτι δεῖ, κἂν ὁ χρόνος ἐνέγκῃ τινὰ εἰς δόξαν, τῆς ἑαυτοῦ ἀρχῆς μὴ ἐπιλαθέσθαι· ἀβέβαιος γάρ ἐστιν ὁ βίος οὗτος.