Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/L’Enfant voleur et sa Mère
Pour les autres éditions de ce texte, voir L’Enfant voleur et sa Mère.
Un enfant déroba à l’école les tablettes de son camarade et
les apporta à sa mère, qui, au lieu de le corriger, le loua.
Une autre fois il vola un manteau et le lui apporta ; elle le
loua encore davantage. Dès lors, croissant en âge et devenu
jeune homme, il se porta à des vols plus importants. Mais
un jour il fut pris sur le fait ; on lui lia les mains derrière le
dos, et on le conduisit au bourreau. Sa mère l’accompagnait
et se frappait la poitrine. Il déclara qu’il voulait lui dire
quelque chose à l’oreille. Aussitôt qu’elle se fut approchée, il
lui saisit le lobe de l’oreille et le trancha d’un coup de dents.
Elle lui reprocha son impiété : non content des crimes qu’il
avait déjà commis, il venait encore de mutiler sa mère ! Il
répondit : « Si au temps ou je t’apportai pour la première
fois la tablette que j’avais volée, tu m’avais battu, je n’en
serais pas venu au point où j’en suis : on ne me conduirait
pas à la mort. »
Cette fable montre que ce qu’on ne réprime pas dès le début grandit et s’accroît.