Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Borée et le Soleil (bilingue)

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BORÉE ET LE SOLEIL


Borée et le Soleil contestaient de leur force. Ils décidèrent d’attribuer la palme à celui d’entre eux qui dépouillerait un voyageur de ses vêtements. Borée commença ; il souffla avec violence. Comme l’homme serrait sur lui son vêtement, il l’assaillit avec plus de force. Mais l’homme incommodé encore davantage par le froid, prit un vêtement de plus, si bien que, rebuté, Borée le livra au Soleil. Celui-ci tout d’abord luisit modérément ; puis, l’homme ayant ôté son vêtement supplémentaire, le Soleil darda des rayons plus ardents, jusqu’à ce que l’homme, ne pouvant plus résister à la chaleur, ôta ses habits et s’en alla prendre un bain dans la rivière voisine.

Cette fable montre que souvent la persuasion est plus efficace que la violence.

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Βορέας καὶ Ἥλιος.


Βορέας καὶ Ἥλιος περὶ δυνάμεως ἤριζον. Ἔδοξε δὲ αὐτοῖς ἐκείνῳ τὴν νίκην ἀπονεῖμαι, ὃς ἂν αὐτῶν ἄνθρωπον ὁδοιπόρον ἀποδύσῃ. Καὶ ὁ Βορέας ἀρξάμενος σφοδρὸς ἦν· τοῦ δὲ ἀνθρώπου ἀντεχομένου τῆς ἐσθῆτος μᾶλλον ἐπέκειτο. Ὁ δὲ ὑπὸ τοῦ ψύχους καταπονούμενος ἔτι μᾶλλον, καὶ περιττοτέραν ἐσθῆτα προσελάμβανεν, ἕως ἀποκαμὼν <ὁ Βορέας> τῷ Ἡλίῳ μεταπαρέδωκε. Κἀκεῖνος τὸ μὲν πρῶτον μετρίως προσέλαμψε· τοῦ δὲ ἀνθρώπου τὰ περισσὰ τῶν ἱματίων ἀποτιθεμένου, σφοδρότερον τὸ καῦμα ἐπέτεινεν, ἕως οὗ πρὸς τὴν ἀλέαν ἀντέχειν μὴ δυνάμενος, ἀποδυσάμενος, ποταμοῦ παραρρέοντος ἐπὶ λουτρὸν ἀπῄει.

Ὁ λόγος δηλοῖ, ὅτι πολλάκις τὸ πείθειν τοῦ βιάζεσθαι ἀνυστικώτερόν ἐστι.