Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Ésope dans un chantier naval

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Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 12r).
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ÉSOPE DANS UN CHANTIER NAVAL


Un jour Ésope le fabuliste étant de loisir entra dans un chantier de construction navale. Les ouvriers le raillèrent et le provoquèrent à la réplique. Alors Esope leur dit : « Autrefois il n’y avait que le chaos et l’eau ; mais Zeus voulant faire apparaître un autre élément, la terre, l’engagea à avaler la mer par trois fois. La terre se mit à l’œuvre une première fois, et elle dégagea les montagnes ; puis elle avala la mer une deuxième fois et mit à nu les plaines ; si elle se décide à absorber l’eau une troisième fois, votre art deviendra sans usage. »

Cette fable montre qu’à railler plus fin que soi, on s’attire imprudemment des répliques d’autant plus cuisantes.