Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Cochon et les Moutons

Pour les autres éditions de ce texte, voir Le Cochon et les Moutons.

Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 44r).
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LE COCHON ET LES MOUTONS


Un cochon s’étant mêlé à un troupeau de moutons paissait avec eux. Or un jour le berger s’empara de lui ; alors il se mit à crier et à regimber. Comme les moutons le blâmaient de crier et lui disaient : « Nous, il nous empoigne constamment, et nous ne crions pas », il répliqua : « Mais quand il nous empoigne, vous et moi, ce n’est pas dans la même vue ; car vous, c’est pour votre laine ou votre lait qu’il vous empoigne ; mais moi, c’est pour ma chair. »

Cette fable montre que ceux-là ont raison de gémir qui sont en risque de perdre, non leur argent, mais leur vie.