Fables de La Fontaine (éd. Barbin)/2/Le Geai paré des plumes du Paon

Pour les autres éditions de ce texte, voir Le Geai paré des plumes du paon.





IX.

Le Geay paré des plumes du Paon.




UN Paon muoit ; un Geay prit ſon plumage ;
Puis aprés ſe l’accommoda ;
Puis parmy d’autres Paons tout fier ſe panada,
Croyant eſtre un beau perſonnage.

Quelqu’un le reconnut ; il ſe vit bafoüé,
Berné, ſifflé, moqué, joüé ;
Et par Meſſieurs les Paons plumé d’étrange ſorte :
Meſme vers ſes pareils s’eſtant refugié
Il fut par eux mis à la porte.
Il eſt aſſez de Geais à deux pieds comme luy,
Qui ſe parent ſouvent des dépoüilles d’autruy :
Et que l’on nomme plagiaires.
Je m’en tais ; & ne veux leur cauſer nul ennuy ;
Ce ne ſont pas là mes affaires.